Monsieur le Ministre ?

Je lève les yeux de mes papiers et souris à la secrétaire qui vient de passer sa tête à travers la porte : Oui, Melinda ? Le courrier du jour est arrivé. Puis je le déposer dans votre bureau ? Faites. Elle s'exécuta et, juste avant de prendre congé, elle me dit : Votre épouse, madame la comtesse, m'a chargé de vous dire que le bal de ce soir était maintenu. Je lâche un soupir et réponds Je lui ai pourtant dit que je serais absent... Bon, merci, Melinda, vous pouvez disposer. Elle disparut et je replonge la tête dans mes papiers. Depuis que j'ai été élu ministre de la magie, je n'ai plus une seconde à moi, au grand dam de mon épouse, Fordola, née Crowley qui aimerait que je sois plus présent à la maison, bien que le fait qu'elle soit a la fois Comtesse et première dame du monde magique la rende parfois pompeuse et arrogante avec ses interlocuteurs. Elle organise des évènements, des bals, des dîners, pour parfaire nos relations. J'aime mon épouse, mais il ne faut pas oublier que notre mariage a été avant tout convenu par nos parents lorsque nous étions enfants. Je la connais donc depuis toujours, et je suis même un grand ami de son frère, Gaïus. Mais notre mariage n'a jamais été une union d'amour, même si l'attachement a fini par naître au fil des ans. J'estime aujourd'hui que je ne pourrais pas vivre sans elle, car je ne vois pas qui d'autre pourrait me convenir. Nous nous complétons bien, malgré son caractère parfois compliqué. Et c'est ce qui fait que, en vingt ans de mariage, je n'ai jamais fauté.

J'apparais donc aux yeux du monde des sorciers comme la représentation du sorcier modèle : marié, père de trois enfants tous premiers de la classe, sang pur et noble, dont les valeurs et le courage sont reconnues à travers le pays tout entier. Je prone l'égalité, la tolérance mais également un avenir serein pour nos enfants, loin des moldus et de leurs problèmes. J'ai été élu à quelques cheveux de la majorité et, depuis lors, les sondages jouent en ma faveur. Je suis populaire, efficace, le monde des sorciers se porte bien, malgré les nombreux problèmes que je dois traiter tous les jours. Tout cela je le dois à un travail acharné et une détermination sans faille... Ce sont des valeurs que j'essaye d'inculquer à la nouvelle génération. Il y a par exemple ce jeune sorcier, Ruka Visconti, qui est depuis quelques semaines le stagiaire de Melinda, ma secrétaire. Sa famille, réputée pour... Ses connaissances en matière de débauche, a joué des coudes afin d'obtenir une place de stagiaire dans les plus hautes sphères du Ministère. Si j'avais refusé au début, par soucis d'image, je me suis finalement dit que je pouvais donner une chance à ce jeune homme. Et puis, la famille Visconti est appréciée malgré les quelques scandales qui gravitent autour d'elle. Fordola est l'une de leurs clientes par ailleurs. Elle possède dans sa table de nuit un jouet appelé : le Veaudelune enragé. Ce sont deux mots qui ne vont pas ensemble, un Veaudelune est l'incarnation même de la douceur, ce qui revient à désigner cet objet comme quelque chose de particulièrement... Agité. Elle a souhaité l'essayer sur moi. J'ai refusé, préférant une bonne partie de jambes en l'air et l'ancienne.
Cependant, les crèmes aphrodisiaques des Visconti sont responsables de la naissance de mon dernier enfant, ironique non ?

Melinda passa la tête une nouvelle fois par la porte. Je jette un œil à l'horloge. Ciel. Presque midi. Des heures ont passé depuis la dernière visite de Melinda. Elle me dit : Ruka va vous apporter votre repas, monsieur, vous êtes sur que vous ne voulez pas déjeuner au grand salon ? Non, je n'ai pas le temps. Dites à Ruka qu'il ne doit pas oublier la sauce piquante cette fois ci. Bien monsieur. Elle s'éclipsa et quelques minutes plus tard, j'entends toquer à la porte. Je dis : Vous pouvez entrer, Visconti. Je réajuste mon costume gris anthracite taillé sur mesure et replonge le regard dans mes documents. Il y a énormément de travail, je ne sais même pas si j'aurais le temps de déjeuner...