Plongée dans le passé
feat. Mikko et Loup
Je n’étais guère enchanté de recevoir un hibou de mon oncle
@Loup Emrys, encore moins de si bon matin. Ma première idée fût d’ignorer sa lettre et de me recoucher, mais comprenant que tonton Loup avait possiblement trouver quelque chose en lien avec la mort de mes parents et que celui-ci m’attendais de toute urgence à Brocéliande, je ne pus faire autrement que de compléter rapidement ma toilette et de me diriger au point de rendez-vous fixé.
La dernière fois que j’ai vu mon oncle, celui-ci était toujours hospitalisé à Ste-Mangouste et se remettait péniblement de son duel avec le professeur Crowley. Duel auquel j’ai été malencontreusement témoin et qui a jeté un véritable froid entre mon oncle et moi et encore le mot est faible tellement je suis en colère contre mon oncle.
Ne parvenant pas à lui pardonner ses actions, ni à comprendre ses motivations, j’avais coupé les ponts, préférant l’ignorer plutôt que de me quereller continuellement avec lui. Ce n’était guère la situation idéale, mais c'était le mieux que je pouvais faire, en l’occurrence, pour le bien de ma famille. Il me suffisait de croiser le regard de ma petite sœur Maëlys ou encore celui de ma tante pour comprendre clairement qu’elles n’étaient pas en accord avec ma décision, mais que cela valait mieux que de virulentes disputes à n’en plus finir. Il faut dire que je suis d’un naturel plutôt borné et rancunier, du coup le pardon ne me vient pas facilement.
Ce fût donc pour moi tout un choc de revoir mon oncle. Cette barbe sombre, ses traits amaigris et fatigués, sans parler de cet accoutrement poussiéreux, rapiécé en partie et couverts de boue et d’herbes. Il n'y avait plus rien du digne comte de Brocéliande que j’avais jadis connu, à la place se tenait face à moi un homme usé et éreinté par la vie. Toutefois, si je fus si surpris et attristé de voir mon oncle si changé, je ne le montra pas du tout préférant, par orgueil, continuer à lui montrer mon antipathie.
Scellant mes lèvres l’une contre l’autre, je ne prononça pas un seul mot de salutation à l’égard de mon oncle, me contentant d’un simple hochement de tête rapide. Dans l’attente d’en connaître plus sur ses découvertes, je le suivi docilement prenant bien garde à ne pas laisser ma colère jaillir de mes lèvres, chose qui fut encore plus difficile en entendant tonton Loup me dire que nous avions beaucoup à nous dire. Qu'est-ce qui lui fait croire que je souhaite lui parler?
Fronçant les sourcils et soupirant fortement, je ne pus m’empêcher de faire sentir que j’étais en total désaccord avec cette affirmation, mais ma soif de connaître la vérité et de faire justice à mes parents fût plus forte que mes ressentiments si bien que je parvins malgré tout à contenir mes émotions. Cette soif de justice et de vérité se fit encore plus pressante en revoyant les ruines de ce qui fut jadis la maison de ma plus tendre enfance. Sentant les larmes me venir aux yeux, je n’eus d’autres choix que de prendre un petit moment pour m’arrêter afin de chasser les mauvais souvenirs que j’avais de cette nuit tragique. Sentant encore plus durement l’absence de mes parents, il me fallut beaucoup de détermination et de courage pour reprendre ma progression jusqu'à l’arrière du bâtiment et ainsi continuer de suivre mon oncle.
En voyant cette poudre et en écoutant les propos de mon oncle, je compris rapidement que mes doutes sur cette nuit tragique étaient fondés, on a bel et bien volontairement tué mes parents. Qui et surtout pourquoi? Très vite mon incompréhension devint mécontentement, puis colère pour finalement laisser place à une rage des plus virulente qui soit. Ma partie animale s'éveillant alors, je m’accroupis à quatre pattes et commençais à humer les différentes odeurs. Le loup décelant une infime odeur de poudre au travers des différentes effluves parvint à déceler une ancienne piste menant à travers bois et s’éloignant des ruines. Oubliant complètement la présence de mon oncle, je couru aussi vite que me le permettait mes deux jambes, suivant précautionneusement la piste que mon flair m’indiqua de suivre.
Après une traque qui dura une bonne trentaine de minutes, nous arrivâmes, moi et mon oncle, dans une petite clairière délimitée par un cercle de vieux dolmens, vestige d’un ancien lieu de culte sacré et oublié depuis la disparition des derniers celtes. Contournant attentivement les énormes monolithes, je finis par trouver l’emplacement d’une cache dissimulée et taillée à même le roc d’un des dolmens. Constatant que l’ouverture était assez grande pour s’y engouffrer, je me laissa guider par ma curiosité et mon instinct. Le Loup ne percevant aucune présence humaine dans les environs, je me contentai de sortir ma baguette, dans le seul et unique but de faire un peu de lumière dans cette petite caverne secrète.
Le spectacle qui s’offrit alors à nous me laissa présager le pire pour le domaine de mon oncle. Contre l’un des murs de l’antre se trouvait empilé quelques petits barils de poudre. Ceux-ci étaient bien scellés, mais je pouvais aisément sentir, émané d’eux, une forte odeur de cette même poudre que celle trouvée dans les ruines de la maison de mes parents. Également sur une petite table se trouvait quelques cylindres de cuir, ceux ordinairement utilisés pour préserver des cartes et dans lesquels se trouvait des plans détaillés de Shanagan, le fief et domaine de mon oncle. Sur ceux-ci étaient indiqué soigneusement quelques dates et diverses petites notes gribouillées concernant les défenses du château, les contre-sorts utiles et les allées et venues du personnel. Tout ceci, ajouté au fait que le matériel se trouvant dans cette antre secrète montrait des signes d’une activité soutenue et encore toute récente me fit jeté un regard des plus inquiet vers mon oncle.
Mettant alors ma rancœur et mes ressentiments de côté, je posais instinctivement ma main sur l'épaule de mon oncle afin de lui signifier qu'il avait tout mon soutien pour préserver notre famille, notre héritage et tous les gens sous notre protection. J’aurais bien aimé être en mesure de lui dire quelque chose, mais les mots me manquaient. Suis-je prêt à faire la paix? Je ne le crois pas, dû moins pas encore, mais une chose est certaine c'est que tout comme mon oncle je ne laisserai personne causer du tort à notre famille.