"Qu'ai-je fait pour avoir un fils aussi parfait ?"

Fit Skylar Rowell a son fils, son visage rigide ornant un grand sourire sincère. Encore une fois, Balthazar avait réussi à la surprendre en tenant une conversation avec un haut-placé du ministère de la magie, durant un banquet organisé à Londres. Son fils ainé avait même réussi à faire rire cet homme bourru à l'aide d'une boutade bien tournée.

"Cinq points pour les Rowells."

Blagua t'il à sa mère, avec un sourire tout aussi fier. Le sourire de sa mère, c'était la plus chaude des récompenses à ses yeux. Balthazar avait toujours été ainsi, et ce depuis sa plus tendre enfance. Il avait oublié, à présent, mais tout petit, il avait vite saisi le froid, voir glacial caractère de sa mère. Elle n'avait jamais réellement su s'y prendre avec les enfants, et c'était pareil avec les siens. Elle les aimait, mais ne savait pas le montrer ou l'exprimer. Et pour un enfant, ne pas voir ou sentir l'amour d'une mère pouvait être une réelle souffrance.

Mais Balthazar avait compris, dès son plus jeune âge, qu'il était possible de faire sourire Skylar. En la surprenant, et ce d'une manière à faire ce qu'elle attendait de son fils. Bien se comporter, être poli, aimable, amical, souriant, blagueur même, être le fils parfait en société. Voilà tout ce que Skylar voulait, et Balthazar le lui rendait bien. Il savait qu'il avait un rôle, celui d'héritier de la famille, mais aussi celui de redorer leur nom. Une lourde pression pour un gosse, heureusement, son père était là.

Edmond était l'opposé de Skylar, capable d'apporter à ses enfants l'apport émotionnel dont ils avaient besoin. L'homme adorait passer du temps avec son fils, à lui faire découvrir ses passions sportives, notamment le vol, le quidditch, et les grandes virées. Avec Edmond, c'était là toujours un moment de convivialité, mais aussi un moyen pour évacuer, se défouler. Un parfait équilibre.

Seule ombre au tableau, ses frères. Balthazar avait toujours remarqué que là où sa mère lui souriait et le félicitait, elle traitait durement son cadet : Edgar. Témoin constant de ce dur jugement, Balthazar comprit que son frère n'avait pas ce qu'il fallait pour être un modèle familial. Il n'était pas assez bon. Voilà pourquoi, surement, il méritait toutes ces remontrances de la part de leur mère, et le regard un peu blasé de son père. Mais peut-être tout ce dont avait-il besoin n'était que d'encouragements, d'être poussé à faire des choses, à se confronter au danger. Balthazar prit son frère sous son aile, faisant de lui son compagnon, avant qu'il ne devienne que son faire-valoir.

Car Edgar ne brillait pas autant que  @Ryland Beresford . Il rencontra ce dernier vers l'âge de neuf ans, pendant une réception. Ce garçon d'une autre famille brûlait si jeune d'un feu si intense qu'il était dur de ne pas le regarder. Il avait le don pour braver des interdits, tenter des choses que jamais, Balthazar n'aurait imaginé faire avec Edgar. Certes, ses parents seraient déçus s'ils apprenaient les frasques auquel il s'adonnait avec son nouvel ami, mais Ryland avait ce don pour vous mettre au défi, et vous faire faire n'importe quoi. Balthazar fit les 400 coups avec. Trop souvent, ils ne se firent pas prendre. Mais à force de tirer la corde, les deux enfants se mirent dans une situation embarrassante. Rien de si grave en vérité, mais problématique. Et Ryland, toujours de bons conseils, offrit à Balthazar l'alibi idéal pour s'en tirer : Edgar. Amener ses parents à croire que ce dernier était responsable ne fut pas bien difficile. Son frère était trop timide pour parler ou dire la vérité. Et puis, ce n'est pas comme s'il souffrirait d'une quelconque punition. Privé de livres, d'appareil photos ou de sorties, ce n'était pas un drame. Cependant, Balthazar n'oubliait jamais de lui apporter un petit présent chaque fois qu'il eut à réitérer l'expérience. Un livre, une friandise, quelque chose qui plairait à son frère.

Jusqu'au jour où, à douze ans, alors qu'il entrait dans sa chambre. Il vit la scène. Il se figea, alors que la baguette de sa mère faisait bouillir le sang dans le bras de son frère. Balthazar en avait même oublié de quoi il l'avait fait accuser cette fois. Il faisait n'importe quoi en compagnie de Ryland, si bien qu'il ne réfléchissait plus à ce qu'il faisait. Il n'intervint pas. Il observa, sans se faire voir, essayant de comprendre sans y parvenir. Il hésita, et finalement, fit demi-tour. Il n'en parla pas. Ni à son père, ni à sa mère, ni à son frère, pas même à Ryland. Mais ce dernier fut le premier à saisir le changement chez son ami. Il mettait moins d'entrain à la tâche, à l'idée de faire n'importe quoi avec n'importe qui. Et Balthazar ne riait plus à l'idée d'accuser Edgar de tous leurs maux. Si bien que de fil en aiguille, le jour de la rupture arriva. Ryland et Balthazar firent la bêtise de trop. Ryland voulut faire porter le chapeau au frère, et Balthazar refusa, lui-même choqué par l'extrémité des activités avec son ami. Il le voyait, le savait même, que ça ne pouvait plus continuer ainsi. Balthazar avait fini par mûrir, et traça une ligne claire et nette avec Ryland, entre eux, c'était fini. Il continuerait son chemin sans lui, et se concentrerait sur ce qui était attendu de lui : être l'héritier des Rowells.

Il avait su se faire une place au sein de Poudlard. Des amis, une place dans l'équipe de Quidditch, avait su contourner ses soudaines lacunes en études en embauchant discrètement quelqu'un pour l'aider, et il faisait en sorte de garder un œil distant mais certain sur ses frères, notamment Edgar, qui n'en menait pas large. Il tira des ficelles, fit en sorte que son frère rejoigne le journal de l'école, puis, par extension, les oiseaux de proie. Edgar était à Serdaigle et Balthazar ne pouvait veiller sur lui. Ce groupe prendrait soin de lui. Et ainsi, il n'avait pas à être vu en compagnie d'Edgar. Car il avait une réputation à tenir et son frère était pitoyable, contrairement à lui. Moins le rapprochement entre eux était fait, mieux cela valait. Tout, pour ne pas décevoir ses parents, être le fils qu'ils voulaient qu'il soit.