Tâche Bâclée
HildegardeLes couloirs du cloître extérieur résonnent de mes pas fatigués alors que je sors de l'entraînement de Quidditch de mon équipe. Sac de sport sur l'épaule, cheveux encore humides après la douche que j'ai prise, je porte un ensemble de sport adapté à la saison et avance avec un sourire aux lèvres, à la fois charmée par la douceur printanière et contente de nos performances du jour. L'équipe a ses routines, les choses tournent bien. Mon balais vrille légèrement en fin de trajectoire ascendante mais c'est quelque chose qui se corrigera en changeant les crins du fuseau avant le prochain match. Mes pensées, cependant, glissent aussi vers l'idée de rejoindre mon dortoir, de m'allonger dans mon lit et d'utiliser le miroir de poche à double sens qui me permet de rester en contact avec mon petit ami pour notre contact quotidien. Il vit au Campus de Pré au Lard, à quelque pas d'ici. Si on se débrouille pour se voir presque chaque jour, ca se fait souvent en coups de vent, entre deux coups ou entrainement. (Lui aussi est un sportif qui peine à rester inactif longtemps ...) Voilà pourquoi on essaye quand même de se contacter tous les jours, au moins pour se dire bonjour. Et se dire des tas de choses niaises comme seuls deux jeunes gens très amoureux savent le faire au début d'une relation ...
Alors que je traverse les couloirs, mon esprit vagabonde entre le Quidditch et l'anticipation de cette conversation. Soudain,
Antonia, ma jumelle, surgit au détour d'un couloir.
- Sistaaaa ! C'est toi que je cherchais !Elle se jette à mon cou, et avant que je puisse comprendre ce qui se passe, elle me remet un rouleau de parchemin. Elle m'explique de manière confuse qu'il faut remettre ça à un dénommé
Mikko, un camarade de sa maison. (Un gars de notre promo, je le connais bien de vue. Surtout que c'est un bon poursuiveur de son équipe. Un rival sportif donc, même si a subi une blessure récemment).
Le ton pressé
d'Antonia et ses instructions embrouillées laissent entendre qu'elle a un rendez-vous en même temps avec
Marcus, un de ses "amis" (notez les guillemets s'il vous plait) et qu'elle doit partir immédiatement. Au vu de la manière dont elle s'est apprêtée, j'ai dans l'idée qu'ils vont essayer de faire le mur pour sortir boire un verre au village.
- Heuh bah ... d'accord.C'est tout ce que je trouve à dire. On sait toutes les deux qu'elle pourrait me demander de lui décrocher la lune que je me mettrais immédiatement en quête d'un escabeau. Même si l'imprévu n'arrange pas mes plans, je n'imagine pas une seule seconde refuser. Elle se jette à mon cou, m'embrasse sur les deux joues et dit (avec justesse) que je suis la meilleure des soeurs et qu'elle me le revaudra.
- Il m'attend dans 10 minutes devant la salle commune ! Merci merci merci !
Un sourire vague effleure mes lèvres. Je sais qu'elle ferait pareil pour moi. Ou du moins elle ferait des choses comparables ... Je change donc de trajectoire et dirige mes baskets usées vers l'escalier menant au couloir des Gryffondors, celui où
la Grosse Dame règne en maître depuis son cadre. Je sais que ma présence y est tolérée tant que je reste sur un des bancs à l'écart et que je n'essaye pas d'écouter le mot de passe soufflé par les élèves. (Une idée ridicule, surtout que j'aurais un moyen bien plus simple d'apprendre ce mot de passe si jamais je le voulais ...).
Je m'installe donc en tailleur sur un des bancs de marbre du couloir, juste à côté de mon sac contenant mon précieux matériel, dont mes précieuses protections de quidditch qui vont avoir besoin d'un peu d'entretien après quelques chutes faites tantôt. Curieuse et puisque j'ai à priori quelques minutes à perdre, je jette un œil au parchemin qu'
Antonia m'a confié.
C'est alors que je découvre le pot aux roses. Une rédaction de sortilège. La partie d'un travail supposé être réalisé en groupe qui est une esquisse brouillonne truffée de ratures. Même pour moi, élève loin d'être exemplaire, ca me saute aux yeux que le travail a été bâclé ! Je n'ose imaginer la tête du gars à qui je vais remettre ça. Me dire que je vais devoir le regarder dans les yeux en lui tendant le parchemin m'ulcère.
A mi chemin entre l'irritation et le dépit, j'ouvre mon sac de sport et en sors un stylo moldu. Je commence à faire de mon mieux pour corriger le devoir et rattraper (si c'est possible) les choses. Ayant les mêmes cours que ma soeur, le même prof et les mêmes sujets, je reconnais bien de quoi il s'agit. Je doute de réussir à faire quelque chose de formidable, mais n'importe quoi semble préférable à ce que ma sœur a laissé derrière elle. Le temps est compté, mais j'ai pas le choix ! Avec un peu de chance le garçon sera en retard au rendez-vous et ca me laisser la temps de limiter la casse ...