Bon sang, où était elle ?!

Émile, d'abord amusé, puis inquiet, puis enfin paniqué, venait de retourner son minuscule coin de chambre pour la cinquième fois. Il avait fouillé son coffre, son lit, son armoire, puis le matelas, puis les rideaux, puis une nouvelle fois le coffre... Et ainsi de suite. Il commençait à sentir son cœur battre la chamade, tant il avait peur. Ce n'était pourtant pas grand chose, c'était un pendentif, au bout d'une chaine en argent. Mais c'était l'une des choses qui était pour lui des plus précieux. C'était un cadeau, fait par Andrew à la demande de son fils, lorsque ce dernier avait eu dix ans. Émile lui avait demandé une simple chose, qu'il pourrait emmener avec lui en permanence, une chose appartenant à son père, afin que ce dernier soit tout le temps avec lui, partout, en toute circonstances. Émile était très attaché à Andrew. Il était toute sa vie, toute son âme. Il n'était pas seulement son géniteur, mais il était son mentor, son plus grand ami, celui dont la simple vision suffisait pour le rendre heureux. Ils étaient fusionnels, les deux faces d'une même pièce. Andrew et son fils étaient une âme commune, c'est pour cela qu'Émile avait demandé ce simple cadeau à son père. Ce dernier l'avait pris au pied de la lettre et avait sacrifié un peu de leurs maigres économies pour faire confectionner un petit pendentif d'apparence toute simple : c'était un corbeau en argent, dont le corps et les ailes étaient recouverts d'une goutte d'ambre. Dans cette dernière, piégée pour l'éternité, se trouvait enroulée trois mèches de cheveux.

Voilà donc pourquoi ce simple bijou était si précieux pour Émile. D'habitude, il ne s'en séparait jamais, sauf lorsqu'il allait prendre sa douche. Et voilà qu'elle avait disparu. Il s'assit, désemparé. Puis, soudain, un petit bruit attira son attention. Un niffleur, au ventre rebondi, était en train de fouiller le coffre d'un de ses camarades. Émile aperçu, dépassant légèrement de sa poche, la chaine du bijou tant recherché. Le jeune homme souffla, rassuré, mais également furieux. Le niffleur s'aperçu qu'il avait été démasqué et, après un petit soupir dépité, il s'enfuit. Émile, baguette en main, commença à lui courir après. La bête était véloce et rapide, elle manqua plus d'une fois de le semer, mais l'adolescent était tenace. Essoufflé, mais tenant bon, il priait pour que l'animal fatigue avant lui. Il comprit qu'il venait sans doute d'arriver au bout de l'énergie du niffleur lorsqu'il ralentit la cadence, et que le Lac Noir apparut devant lui.

Le Niffleur profita qu'il avait levé la tête pour esquiver un rocher et il disparut dans les broussailles. Émile ronchonna, pestant des insultes, quand il entendit une autre voix, une autre personne qui s'exclamait qu'elle allait transformer quelque chose en paires de moufles. L'adolescent reconnu cette fille de Serdaigle. Il l'avait déjà vue plusieurs fois. Elle avait un nom assez insolite. Hilde... Hildemachin, il arrivait pas à s'en rappeler. Mais, grâce à elle, il retrouva la trace du niffleur. Il lança un : Immobillus ! qui arrêta net l'animal dans son élan. Émile courut vers lui et plongea la main dans son ventre, tirant la chaine tant aimée. Il soupira de soulagement, serrant en tremblant le bijou contre son cœur, puis il l'attacha autour de son cou avant de fouiller de nouveau l'animal. Il en tira un autre bijou et, lorsque Hildemachin arriva à sa hauteur, il le lui tendit et dit : C'est à toi je crois. Merci beaucoup, sans toi, je n'aurais pas pu l'arrêter.

Rassuré d'avoir retrouvé son bien, Émile n'avait plus vraiment envie de se venger de la petite créature. Bien au contraire.

Émile regarda la jeune fille qui l'avait aidé à maîtriser l'animal. Il la connaissait de vue seulement, et savait notamment qu'elle venait d'Allemagne, ou d'un autre pays germanique. Son accent et ses exclamations dans sa langue natale avait toujours amusé le jeune homme, bien qu'il n'ait jamais vraiment cherché à l approcher pour faire connaissance. Il avait été un peu trop préoccupé ces derniers temps, notamment par Erin et leur relation naissante, par les quelques problèmes qui étaient survenus et surtout, par les soucis financiers de son paternel. Andrew tenait bon encore, grâce à l'argent envoyé par son fils et par ses deux emplois, mais pour combien de temps ?

Émile se tourna vers la jeune fille et hocha la tête quand elle dit qu'il fallait remettre la créature dans son enclos. Il sortit de sa poche une petite laisse magique, qu'il avait pour habitude d'emporter avec lui quand il allait s'occuper des animaux puis il l'attacha au cou du niffleur avant de rompre le sort de paralysie. Il s'agenouilla vers la créature irritée et lui tendit d'abord une friandise, puis une pièce de son porte monnaie. Il lui dit : Tu veux bien nous raccompagner ? On ne t'en veux pas, tu sais, viens avec nous, tu retrouveras ton nid étincelant. Le niffleur refusa la friandise mais ne put refuser la pièce qu'il arracha des doigts du garçon pour la glisser dans sa poche ventrale. Émile sourit et se releva, tenant la laisse et surveillant l'animal du coin de l'oeil. Il dit à la jeune fille : J'irais l'y reconduire dans un instant.

Elle ramassa ses affaires, envolées de son sac pendant la poursuite et elle se présenta. Émile sourit et répondit : Je suis Émile. Ravi de te rencontrer. Il se baissa et massa sa mauvaise jambe, douloureuse après la course poursuite et il se redressa pour proposer : Une bierraubeurre, ça te dit ? Une fois notre petit voleur déposé chez lui bien entendu. Je m'entends bien avec un des elfes de la cuisine, il pourra nous en préparer. Il souriait, le jeune Poufsouffle, malgré sa tenue de seconde main, sa robe de sorcier rapiécée par endroit, ses cheveux un peu en bataille. Il était heureux d'avoir pu récupérer sa chaîne, et c'était le principal. Il se sentait d'humeur à discuter, à profiter de la journée. Peu importe les problèmes au final