Ils s’étaient rarement vus récemment : pas par manque de temps, mais parce que Zélie se terrait la plupart du temps dans sa chambre à tenter de rattraper toutes les heures de sommeil qu’elle perdait. Les cauchemars étaient devenus familiers, et les colles s’enchaînaient à cause de l’incident avec Edgar au cours de Défense contre les Forces du Mal. La gamine était fatiguée et retrouver Colline dans sa vie avait été la plus belle chose qui lui soit arrivée dernièrement. La louve avait l’impression de vivre dans un long cauchemar qui s’accumulait, où la pénombre régnait en maître. Et puis, Charlie avait toujours le don pour savoir dans quel état elle se trouvait. Il savait toujours quand elle était triste, fatiguée, malicieuse : ils se connaissaient depuis tout jeunes en même temps. Zélie n’était pas aussi douée à ça, elle arrivait parfois à deviner ce qu’il pensait. Mais lire en lui n’était pas aussi clair qu’il le faisait. La Serpentard n’avait pas constamment envie qu’on devine comment elle se sentait. Elle voulait rester dans son mal-être, dans sa petite bulle d’insécurité, et se terrer dans ses images d’horreur où elle se voyait tuer un braconnier en boucle sous sa forme de louve. Mais lorsqu’elle l’avait vu tapi dans un coin, elle était venue s'asseoir près de lui, et lui avait demandé qu’il lui fasse une natte : elle avait du mal toute seule. Et s’il avait refusé, elle aurait insisté jusqu’à ce qu’il cède.

« On a dit à quel jour pour la cuisine, déjà ? »

Encore une de leurs petites escapades qu’ils avaient très très brièvement programmé l’autre jour. Y avait pas encore de plan, juste une indication : s’attaquer à la cuisine. Après tout, ce sont deux chapardeurs qui n’aiment pas rester en place et deux affamés qui se plaisent à manger : qui n’aimait pas ça ? Puis y avait jamais vraiment de limites avec le serdaigle, la plupart du temps suffisait de proposer et de voir ce que ça donnait.

« Tu me tires les cheveux ! »

Zélie râle dans sa barbe, serrant les dents pour supporter les tirages incessants. Elle grommelle, mais c’était elle qui lui avait réclamé de faire une tresse, alors qu’il n’avait probablement aucune expérience dans l’art. Elle pouvait décemment qu’en prendre à soi-même. Lâchant un énième petit soupir, profondément maussade, elle se laisse tomber en arrière contre lui. Pas par quête de chaleur, ni par quête d’attention. Ou peut-être que si, finalement. La Serpentard a besoin plus que jamais de se sentir rassurée, qu’on évoque les bons mots avec elle. Bane se contente de lui apprendre la dureté du monde et de s’armer contre ça : mais ce n'était pas en lui qu’elle trouverait un brin de réconfort, ou un brin de vérité. Son tuteur se moquerait d’elle si elle commençait à se montrer trop sentimentale et trop femmelette. Il n’y avait pas de place pour les faibles à ses yeux.

« Hé Charlie… » son ton est plus doux, sous le ton de la confidence. « Tu penses que je suis moche ? »

La tête désormais sur ses jambes, elle relève le regard pour croiser le sien, en quête de réponses. Elle s’en fiche qu’il soit celui qui dise la vérité : elle a juste besoin de l’entendre, besoin de faire face aux faits, qu’elle n’était qu’une gamine perdue que personne n’aimerait et n’apprécierait jamais. Pourtant elle avait fait des efforts dernièrement pour être… jolie ? Pas pour se flatter devant le miroir, mais pour se trouver acceptable et d’être moins sauvage. Coline lui avait filé un produit pour les cheveux, elle portait même un maquillage léger alors qu’elle commençait doucement à apprendre des sorts de beauté. Faut dire qu’Adrian et ses insultes sur le physique de la brune avait fait énormément de dégâts.

« Enfin… tu penses que je suis un monstre ?» elle reformule d’une petite voix.

Charlie… c’était différent. C’était Charlie. Il dépassait tous les mots pour le définir. C’était Charlie. C’était bien une des rares personnes en qui elle pouvait avoir confiance.

Il avait dit non. D'abord surpris, avec un regard plein d'espoir, mais ses joues avaient finit par se gonfler. Elle l'avait ignoré trop longtemps ! Donc autant qu'il en fasse de même ! Ce qui dans son cas avait duré très exactement … dix, vingt … Secondes. Un simple non,  pour la forme. Incapable de rejeter qui que ce soit, encore moins quelqu'un dont la présence lui manquait. « Je sais plus, peut-être que j'irais avec Daniel finalement » répondit il, comme si ça ne lui importait pas. Petite vengeance pour son absence Mais ça paraissait aussi crédible que son premier non …  

« C'est même pas vrai ! C'est toi qui tire ta tête » rétorqua le bleu en faisant un peu plus attention. Attrapant une nouvelle mèche pour la caler entre deux autres. Ça le détendait plus qu'il n'aurait cru alors autant ne pas la faire grogner. Déjà que ce n'était pas si difficile. De la faire grommeler, parce que la tresse … Il en avait vu tellement dans le château, et ça semblait simple. Une mèche, puis deux, puis trois, entortillé les une dans les autres … Le résultat était un peu de travers et pas vraiment équilibré … La dernière mèche lui paraissait tellement fine comparé aux deux autres . Est-ce que les filles comptaient chaque cheveux pour les faire normalement, ça devait être tellement long. Charlie tenta un instant, mais au bout du chiffre 5, il arrêta.. De toute manière, il ne voulait pas tout recommencer. Tant pis ! Ça n'était pas si mal !

« Hum ? » laissa t'il, échapper, alors qu'il essayait de de ne pas perdre la tresse des mains, il avait failli tout lâcher quand elle était partie en arrière . Avant de froncer les sourcils et de pencher la tête sur le coté pour regarder Zelie. C'était quoi cette question bizarre. « Je sais pas si la tresse va être si jolie mais, ça ne devrait pas être trop affreux non plus » dit il, en regardant son travail. Ça n'allait pas la rendre magnifique, mais ça ne pouvait pas être si moche que ça non plus ! Il tenta de l’attacher avec difficulté, la lachant à moitié sur le visage de sa nouvelle propriétaire … Pas sur de tout comprendre. Puis la question suivante, le surpris à nouveau. Il écarquilla les yeux … « Bah a part quand tu t’énerves ... » répondit il avec honnêteté. Elle lui faisait peur quand elle était en colère. Mais comme la majorité des gens qui s’énervaient … «  Enfin, un monstre … Tu fais peur dans ce cas là, mais t'as pas encore des cornes démoniaques qui poussent » Heureusement ! Il leva un doigt de chaque coté de sa tête comme pour représenter ce que ça donnerait sur lui. « Quoi que ça serait peut-être cool ! » compléta le bleu avec un léger sourire.

Ses prunelles s’écarquillent lorsqu’il évoque vouloir faire leur petit plan avec Daniel : le Gryffondor est attachant, il a ce grain de folie appréciable et c’était un bon ami à Charlie. C'était d’ailleurs grâce à lui qu’elle avait appris à connaître le fou temporel, mais de là à l’abandonner au profit du bouclé alors qu’ils avaient évoqués le projet sans sa présence ? L’aveu du rouquin ressemblait à une trahison, et Zélie ne comptait pas le laisser défiler aussi facilement. « T’es sérieux ? » Ses mots sont emmêlés de reproches, son regard mêlé d’incompréhension. Parce qu’à ses yeux, ils étaient un duo soudé, elle avait confiance en son petit visage mutin constellé de tâches de rousseur. Serrant la mâchoire, un profond soupir finit par quitter ses lèvres, venant planter ses prunelles dans le regard clair du garçon pour le fusiller du regard, l’air de dire “ose.” « Hors de question que t’y ailles avec Daniel. » C’était pas un conseil, mais un petit ordre hautain, bien destinée à protéger leur petit plan qui avait à peine été concocté. Pourtant l’incompréhension vient se lire sur son visage, la peine couvrant ses traits, incapable de faire face à une nouvelle trahison ? Lui aussi comptait-il l’abandonner ? Zélie comprenait mieux quand Bane disait que les hommes étaient des connards. « Pourquoi tu veux faire ça sans moi ? » Le problème n’était même pas d’inviter Daniel, ça leur arrivait de faire des conneries à trois, passer du temps ensemble, mais qu’il la mette de côté.  

La tresse lui atterrit sur la tête, elle lâche un petit rire mutin en voyant l’état de sa tresse. Bon, c’était pas aussi catastrophique qu’elle l’aurait pensé, mais c’était presque décent. Elle le remercie dans un grand sourire, bon peut-être qu’elle lui redemanderait pas, ou alors il allait devoir s’entraîner un petit peu. Attendant patiemment, Charlie ne répond pas vraiment à la question. Il répond un peu à côté, parce que ouais… personne n’était jamais vraiment joli lorsqu’il était en colère. Pas même Riley. « Tu me prends pour une vélane ou quoi ? » elle lâche dans un petit rire, son arcade sourcilière gauche relevée avec dépit. Sa réponse ne la soulage pas vraiment, mais ça la pousse à renforcer sa croyance qu’ @Adrian Goldwin s’était montré abject ce soir-là. Zélie n’était pas une bombe, loin de là. Mais de là à dire qu’elle était moche ? C’était juste mesquin. « Adrian a dit que j’étais moche… » La plupart du temps Zélie passait au dessus les moqueries, s’en fichant bien par habitude d’en recevoir. Elle s’en moquait qu’on la surnomme de rat, de petite bête velue et boueuse… Mais que ça vienne d’un ami proche, et dans l’unique but de la blesser, c’était différent. « Et que je fais mon intéressante. » Elle ne faisait pas son intéréssante… elle éduquait Ikarus et Adrian à devenir de grandes personnes. Certes elle savait rien dès qu’il s’agissait d’amour.. mais tout le reste, c’était à sa portée. « J’pense que c'est surtout un connard et il aurait mérité que je lui casse au moins son nez. » Elle était directement partie ce soir-là, sans se soucier de l’état dans lequel il s’était retrouvé. Elle s’en fichait bien du Serdaigle maintenant, les rumeurs disant que l’alcool ne faisait qu’avouer les vérités.  « Et chacun de ses os. » Elle grogne, pulsion de sa louve, avant d’avoir un éclair de génie, toujours lové contre les jambes du garçon. « Dis, tu pourrais aller dans son dortoir et lui voler l’attrape-rêve que je lui ai fais ? »

« Absolument » répondit il, le menton un peu haut, prononçant chaque syllabe de manière bien lourde. Il adorait passait du temps avec Daniel, même si ce dernier était parfois un peu trop brusque à son goût, mais ça , c'était leur truc avec Zelie... Donc non, il ne l'était pas du tout ...absolument pas sérieux. Mais elle méritait. Parce que c'était bien beau de l’oublier pour revenir quand ça l'arrangeait. Mais la réponse de la verte lui fit ouvrir sa bouche avec surprise, avant qu'il ne se reprenne. « T'as pas à me donner d'ordres ! » Non mais ! Peut-être que finalement, il allait bien proposer au rouge de venir avec lui ! Non mais ! Il avait presque envie de tirer un peu sur ses cheveux pour qu'elle ravale ses paroles. Mais il se contenta de grommeler un peu, presque par mimétisme de Zelie quelques minutes auparavant.

« Parce que t'es jamais libre de toute manière » répondit Charlie, à moitié entre ses dents. C'était vrai aussi. Mais son visage se détendit devant ses questions suivantes. Ça n’avait pas vraiment de sens à ses yeux. Est-ce que Zelie était moche ? Non. Ça lui paraissait évident que non, alors pourquoi est-ce qu'elle demandait ça ? Oui, elle avait un petit coté monstrueux quand elle s’énervait Mais pas de ses adultes en colère, non , il en avait peur parce qu'il n’aimait pas la voir en colère .. Peut-être qu'elle était plus impressionnante que monstrueuse dans ces moments là surtout. Le serdaigle remua rapidement une mèche de cheveux de cette dernière, qui s'échappait déjà de la tresse. « Elles sont pas toutes blondes ? Mais je suis sure qu'entre elle et toi, t'aurais le dessus. » Il était persuadé qu'il aurait toujours plus peur de Zélie que d'une pseudo beauté infernale.

Charlie fronça les sourcils. « Pourquoi est-ce qu'il a dit ça … » C'était idiot. « Qu'est-ce qu'il en sait lui ? » Après tout, ce n'était qu'un seconde année. Alors il l'avait déjà vu avec une étudiante, jolie oui mais … « Peut-être qu'il aime que les filles plus vieilles. » proposa t'il, en haussant les oreilles. Ça ne rendait pas Zélie moche en soit, juste qu'il avait des goûts un peu bizarres. Un léger rire lui échappa. « Ah, ça par contre c'est vrai ! » répliqua t'il, avec un air taquin. Mais il n’aimait pas trop que d’autres personnes la critique. Il avait aussi un peu envie de lui envoyer son poing dans la figure … C'était un peu gratuit, mais …. « C'est lui qui aurait fini moche … T'aurais du » dit il, simplement. Pourtant pas du genre à être un grand fan de violence. Mais ce n’était que des paroles.

« ça ferait beaucoup quand même » reprit Charlie, en secouant la tête. Ça devait être douloureux aussi … Mais bon, tant que ce n'était pas lui. Il n’avait rien contre Adrian de base, ce dernier lui laissait souvent prendre ses affaires, c'était gentil. Bon, peut-être pas de manière volontaire mais ça … il n'en avait qu'à moitié conscience. « La prochaine fois qu'il laisse traîner son goûter, j'hésiterais pas » annonça t'il, comme si c'était sa manière de soutenir Zelie. Ça l'était. Même s'il aurait tout de même emprunter le moindre muffin sans ça …  Sauf que ce n'était pas des sucreries que cette dernière voulait. Il fronça les sourcils. « Tu lui as fait un attrape rêve ? » demanda t'il. Récupérer quelque chose n'était pas difficile et vu que c'était Zelie qui l'avait fait, ça n'était pas illogique qu'elle puisse l'avoir à nouveau … Mais pourquoi elle lui avait fait un attrape rêve à lui … Il avait les sourcils un peu froncés. Un peu envieux.

Ses grommellements lui font lâcher un rire, écoutant assez peu ses râleries. Zélie aimait bien commander, mais là, c’était sacré. C’était à la limite de la trahison, donc c’était pas une petite crise à la noix comme il pouvait le penser… De toute manière, ils faisaient parfois que se chamailler… Un roulement d’yeux plus tard, elle lâche un petit soupir, incapable d’avouer qu’elle l’évitait pour les raisons qu’il en savait beaucoup trop sur elle. Zélie avait beaucoup trop de fierté pour ça. « J’étais occupée… » La Serpentard sent bien ses reproches, elle se doute bien qu’il lui en veut. Peut-être pas qu’à cause de son absence, elle en sait rien. Il faut dire qu’elle n’est pas irréprochable, et qu’elle a tout un tas d’amis avec qui passer du temps. Donc oui, Charlie passait parfois au second plan. Il restait pourtant l’ami ultime, son premier et véritable ami. « Mais regarde, j’suis libre là. Fais pas ta tête de mule, s'te plaît Charlie ! Fais le avec moi. On ramène Daniel si tu veux… mais m’vire pas comme une pestiférée. » La gamine lui fait des petits yeux de chiots, battant des cils à répétition pour lui faire céder, puisque lui ordonner ne fonctionnait visiblement pas. Elle lui fait une petite moue attristée, bien déterminée à aller dans la cuisine avec lui coûte que coûte, même si elle devrait par la case bouder.

Ses sourcils se froncent brièvement : les vélanes n’étaient pas vraiment de grands amis des loup-garous. Il faut dire qu’avec leur nature qui invoquait une attirance naturelle pour eux… il y avait de quoi se méfier. « Je ne sais pas, j’en ai jamais vu… Tu crois que ça m’irait les cheveux blonds ? » Zélie demande, pensive, imaginant qu’une belle chevelure peroxydée la rendrait peut-être plus acceptable pour la rétine des autres. Après tout Misty était certainement une des filles les plus connues de l’école et avait de jolis cheveux blonds platine. Avoir Charlie de son côté avait quelque chose de rassurant. Les faits pesaient moins sur ses épaules. « C’est surtout un idiot de première… Tu m’étonnes qu’il traînait avec Lucinda, il ne vaut pas mieux qu’elle. » Elle gromelle, bien incapable de lui trouver des excuses. L’idée qu’elle ne soit pas son type ne l’obligeait pas à être un connard avec elle, même s’il était fâché. Et puis elle en devenait de mauvaise foi, voyant en lui une petite crapule immature… alors que c’était autrefois pour ces qualités qu’elle traînait avec lui.

Mais soudainement l'adolescente se redresse, les yeux ronds: comment ça il n’avait pas tord ? Zélie se tourne alors vers lui pour le fusiller du regard, profondément amère. De quoi il se mêlait ? « Quel menteur ! » Et en réponse parfaitement mature, elle vient pincer les hanches de Charlie, et ne tarde d’ailleurs pas à lui montrer son droit d’honneur. Elle le prenait pas vraiment au sérieux, mais elle avait toujours sa petite fierté… et puis, jamais elle ne pourrait rester silencieuse face à ses provocations. « Je vais te faire avaler tes cheveux. » qu’elle râle entre ses dents, venant graver au même moment un petit sourire en coin sur ses lèvres. Un sourire qui s’étale davantage lorsqu’il vient la soutenir, venant se mettre du côté de la Serpentard… Charlie pouvait bien voler davantage que son gouter, maintenant elle s’en fichait bien.. Enfin, peut-être qu’elle tentait juste de s’en persuader. « Merci… » Qu’elle souffle, toute discrètement. Parce qu’elle a pas l’habitude de faire preuve d’autant de reconnaissance. Zélie ne dit jamais merci, elle préfère répondre par des sourires ou un hochement de tête. Elle préfère se défiler plutôt que d’évoquer réellement ses ressentis. Mais la sorcière passe vite à autre chose, glissant vers un autre terrain pour éviter d’approfondir davantage.  « T’as vu la tête qu’il a ? Il a des cernes jusqu’à ses pieds, j’pensais que lui en faire un ça l’aiderait à dormir… »

Ouais. Bah lui aussi, il allait être occupé ! Voilà ! Mais ces mots là ne sortirent pas, se contentant de garder le menton un peu haut, comme s'il était sur de lui. Tu parles … A partir du moment où elle l'avait relancé sur cette expédition culinaire, il savait déjà qu'il irait avec elle quoi qu'il arrive. Mais ça ne voulait pas dire qu'il allait accepter sans avoir l'air de résister un peu ! Parce que ce n'était pas cool de le laisser de coté dès qu'elle en avait envie ! Et la voir faire ses yeux de chiens battus, réussir à lui faire perdre ses airs hautains complètement idiot sur son visage … Un petit sourire fier glissa pourtant bel et bien sur ses lèvres. Parce qu'il préférait demander comme ça qu'avec des ordres.  « Non, mais je lui ai filé des bonbons l'autre jour, il est pas obligé de venir cette fois ci. » accepta t'il, finalement. Non, parce qu'il n'était pas toujours partageur en soit … Généreux par moment, égoïste le reste du temps.

Mais s'il n'avait pas envie de partager son expédition avec Zélie, avec Daniel. Ce n'était pas lui le problème là, mais Adrian. Pourquoi dire des choses pareilles ? Il avait bien du mal à saisir … Charlie savait qu'il n'était pas toujours au point sur ce qui était vraiment jolie ou à la mode, mais il n'aurait jamais mis son amie dans la case moche, ça c'était certain. Quand à blonde ? Il la regarda, grimaçant un peu … C'était bizarre à imaginer, et un peu instinctivement , il secoua la tête de gauche à droite. Il avait tendance à aimer quand certaines choses restaient tel qu'il les avait toujours connus,  ça serait un trop grand changement à ses yeux. Mais peu importe ce que Adrian ou une Lucinda aurait pu dire, elle n'était pas moche, même s'il ne se gêna pas pour l’embêter sur l'autre sujet … Parce que oui, parfois, elle faisait son intéressante, sa cheffe même à ses yeux . Mais il était habitué, et il l'avait toujours suivi, non sans s'en plaindre. De la même manière que la punition de la verte le fit bien plus rire qu'autre chose, repoussant sa main avant qu'elle ne lui fasse mal, fragile qu'il était, avant de se faire un plaisir de lui rendre son doigt avec un large sourire.

Charlie posa ses deux mains sur sa tête, aplatissant ses boucles avec un air de défi complètement surjoué. Mais qu'elle fasse l’intéressante ou non, il ne comptait pas se mettre du coté des autres serdaigles. Non, des idiots. Et il se ferait un plaisir de piquer encore plus les muffins qu'Adrian laissait traîner Il haussa les épaules, ne voyant pas vraiment pourquoi il avait mérité un merci, c'était logique à ses yeux.  Oh, il n'était pas sur qu'il aurait été capable de la protéger si un élève plus vieux l'avait attaqué physiquement, persuadé que Zélie se démerdait bien mieux que lui , là dessus. Il était presque persuadé qu'il serait parti en courant … Mais prendre son parti à sa manière, ça, c’était absolument logique. Même si la suite le laissa un peu perplexe et pas sur d'aimer beaucoup ça … Autant lui demander de lui emprunter quelque chose, qui d'une certaine manière appartenait à Zélie aussi, ça n'était pas compliqué mais … « Mouais … Je sais bien que c'est lui qui est moche, on s'est déjà mis d'accord là dessus. » reprit Charlie, les sourcils un peu froncés. Mais … lui aussi, ça lui arrivait de mal dormir hein …  « Il ressemble a quoi … Peut-être que Lucinda aussi, lui en a fait un …Faudrait pas que je te ramène le sien » reprit il, en haussant les épaules. Pas sur de ce qu'il racontait. Pas sur de savoir pourquoi il était agacé. ll ramena ses jambes vers lui, avant de finir par se lever. « On peut aller le chercher maintenant » Parce qu'il préférait se débarrasser de cette histoire au plus vite, histoire de ne pas rester dans cet état d'esprit. Ça ne lui plaisait pas.

La Serpentard était loin, mais très loin, de se douter que Charlie était profondément jaloux qu’elle ait offert quelque chose à quelqu’un d’autre qui n’était pas lui. Fuat dire que ça lui passait bien au dessus : Zélie faisait rarement des cadeaux par manque d’argents. A Noel, elle n’était pas capable d’offrir quoique ce soit la plupart du temps ou elle se contenter simplement de coudre des trucs parce qu’elle était un peu débrouillarde ou elle s’arrangeait pour que ça soit faisable avec sa baguette. S’il évite son attaque, il expose une idée qui fait écarquiller les prunelles de la gamine : définitivement, Charlie était un petite génie quand il le voulait. Les commissures de la louve se redressent en un fin sourire malicieux, perdant son amertume au profit d’une vengeance qui serait exquise : au moins, Adrian comprendrait qu’il avait été beaucoup trop loin. « Là maintenant ? » Si c’était une question au préalable, sa surprise laisse place à une détermination vorace.  « Là maintenant. » La jeune se redresse et époussette sa jupe. Ses tresses tombent désormais dans son dos, alors qu’elle invite d’un mouvement de tête au rouquin à en faire de même. Direction la salle commune des aiglons.

Alors, elle commence à mener son pas vers les interminables escaliers qu’ils vont devoir prendre pour se rendre à la salle commune qui se trouvait bien évidemment, sur un perchoir. C’est tout ce qu’on pouvait attendre au final d’oiseaux mal plumés.  « Je ne peux pas m’y rendre comme ça… » Elle prononce en chemin, dans une petite moue sceptique face à sa tenue… qui n’était autre que son uniforme. S’ils ne voulaient pas attirer l’attention, c’était mieux si elle pouvait se fondre dans la masse. Bon avoir l’air intelligent, ça passerait… Zélie retire sa cravate qu’elle cache dans la poche de sa jupe, noue sa cape au blason de sa maison autour de ses hanches pour le camoufler. Désormais en chemise, elle se les gelait un peu. « Attends, bouge-pas. » qu’elle lui glisse alors qu’ils sont au bord à attendre un des escaliers capricieux. Ses doigts viennent attraper la cravate du vaurien, qu’elle défait avec délicatesse par crainte parfois de le briser… il est tellement… émotionnel ? Vibrant. La cravate bronze et bleu finit entre ses mains, pour qu’elle vienne se le nouer à elle-même. « Alors ? C’est crédible ? » Tant qu’elle ne croisait pas quelqu’un de son année, ou Adrian et Lucinda… c’était viable, nan ? Elle jauge silencieusement Charlie, tentant de percevoir en lui un brin de crédibilité pour s’assurer qu’elle ne se jetait pas inconsciemment dans la gueule du loup. « Tu crois que je me fais pas prendre comme ça ? J’ai enfin fini les colles de Mrs Riopse, j’en veux pas d’autres. » Si ça ne tenait qu’à elle, elle se serait terrée sous une capuche. Y a tellement de monde dans la salle commune que personne n’aurait prêté attention à une gamine dissimulée sous une capuche… Si seulement ils avaient des potions d’invisibilité à portée !

Une fois arrivés à la salle commune, le corbeau qui sert d’ouverture leur chante une petite énigme : « Un nénuphar dans un étang, double sa surface tous les jours. Au bout de 7 jours, il recouvre la moitié de l’étang. Au bout de combien de jours l'étang est-il recouvert ?  » Zélie laisse Charlie répondre, forcément : c’est lui le Serdaigle. Néanmoins, elle ne tarde pas à questionner doucement. « Tu sais où est leur dortoir au moins ? Putain… j’espère qu’on va pas tomber sur Grant. » Zélie n’avait vraiment pas envie de voir sa tronche de moralisateur qui leur dirait que c’était mal de voler.  

« non, là demain » répliqua Charlie en lui tirant la langue. Évidemment là maintenant. Il n'avait pas cours et rien de prévu, pourquoi est-ce qu'il aurait eu besoin d'attendre un autre jour ! Pour réfléchir à un plan ? Pas vraiment son genre. Mais le serdaigle finit par se lever le second, lançant l'idée mais toujours plus prompt à suivre qu'à mener. Charlie la regarda sans comprendre, levant un sourcil … «  pourquoi pas ? » Il ne voyait pas le soucis … Ne voyant pas vraiment ce qu'elle aurait du changer à sa tenue.... « Tu veux mettre une robe ou un costume ? » demanda t'il, perplexe.  Plus encore en la voyant finir par prendre sa cravate … baissant les yeux sur ses deux mains. Bah pourquoi ?

Mais finalement son air confus finit par s'éclaircir et il secoua la tête. Évidemment … En vrai, il ne voyait pas de problème à faire rentrer quelqu'un dans la salle commune, et il n'avait même pas réfléchi au fait qu'une verte débarque chez les bleus … Il hocha la tête. Oui, c'était crédible. « Je devrais t'en donner une pour que tu puisses revenir quand tu veux » dit il, en hochant encore la tête à cette idée. Charlie haussa les épaules. Il n'en savait trop rien … « On aura qu'à courir au pire » C'était sa solution dans tout les cas. « ça marche en général » Non qu'il ait déjà eu besoin de fuir une salle commune cela dit … Mais sur Pré au lard, ça marchait très souvent. « Et puis, y en a pas mal qui ont toujours la tête dans un livre, personne te verra » finit il par rajouter en hochant la tête, l'air déterminé, il n'avait pas forcément envie qu'elle change d'avis.

A la base, il pensait juste à ce qu'elle attende devant , mais vu son changement de tenue, autant qu'elle en profite un peu ! Personne n'y faisait attention. Certains des bleus ne le connaissaient même pas, ils ne seraient sûrement même pas choqué par un nouveau visage. Pour ce que les serdaigles faisaient attention aux autres de toute manière … Arrivés devant l'entrée, il ouvrit la bouche avant de la refermer , avant de regarder Zelie … Se demandant parfois ce qu'il faisait chez les bleus. Il était débrouillard, mais pas toujours de ce point de vue là. Il fronçant les sourcils, avant de réfléchir, avant de répondre dans une exclamation. 8, 8, 8, c'était 8 ! Le doigt en l'air, comme attendant de voir s'il avait encore dit une bêtise … ça n'aurait pas été la première fois qu'il restait un peu bloqué devant sa salle commune.

« Évidemment que je sais » répliqua Charlie un peu sèchement Il n'aurait pas proposé sinon. Et de toute manière, il avait lui même été en deuxième année ! Le serdaigle hocha la tête, l'air un peu sombre. Oui, lui aussi préféré éviter Grant. La dernière fois, ils s'étaient battus, et autant dire qu'il n'avait toujours pas vraiment compris pourquoi  … Il attrapa la main de la verte pour la tirer dans une direction, longeant un peu  la salle commune, n'ayant aucune envie qu'elle se fasse remarquer maintenant qu'elle lui avait mis en tête qu'elle pouvait chopper des heures de colles. Si se faire discret chez Honeydukes était une chose, devoir le faire ici, c'était nouveau …  Mais arrivé vers l'entrée des dortoirs, il se retourna vers elle . « Mais tu vas pouvoir rentrer ? Tu vas pas te faire expulser ? Comme quand l'escalier se transforme en tobbogan pour aller chez les filles ?» demanda t'il. Les garçons n'avaient  pas le droit de rentrer chez elles, mais il n'était pas sur que l'inverse soit vrai …

Si elle roule allègrement des yeux en constatant qu’il n'avait rien compris à son petit stratagème d’une évidence pourtant flagrante : la jeune sorcière n’a pas besoin d’en dire davantage en remarquant qu’il avait aligné quelques neurones. Zélie doutait sincèrement que cette belle et nouvelle cravate puisse lui donner davantage de QI… mais c’était..; étrange d’avoir un peu de bleu sur elle. C’était inhabituel, mais pour rien elle n’aurait changé de maison. Sauf peut-être passer un peu plus de temps avec le rouquin. Croissant un regard espiègle avec le concerné, un petit sourire perfide vient s’attarder sur les lèvres de la jeune femme face à cette proposition qu’elle ne pourrait jamais décemment refuser : et quelle offre ! Bon, certes, elle n’avait pas l'habitude de résoudre les énigmes du corbeau, mais rester dans le coin, emmitouflé dans un coin à paresser sagement sur Charlie -qui subirait, forcément- était une idée qui la tentait bien. Même si ça signifiait croiser le regard pataud d’Adrian. « Tu me donnes celle-ci ? » Elle a des petits yeux ronds, excitée par l’idée de ce nouvel interdit qu’il lui offrait sous un plateau. Ses doigts lissent la cravate : elle est douce, bien loin de celle toute miteuse de seconde main qu’avait Zélie. « Mmmh… j’sais pas si je te supporterais autant. » Elle lâche dans un petit rire, en pure et douce taquinerie… bien loin de la vérité. La plupart des gens étaient épuisants comme ressources, enfin surtout Milhouse… même Colline où elle devait faire attention à ce qu’elle devait dire pour éviter de la voir pleurer. La porte s’ouvre : la réponse était donc huit.

La main de Charlie prend la sienne, les doigts de la sorcière rejoignent les siennes : les serrant inconsciemment lorsqu’elle pénètre dans les lieux. Le contact la rassure. « Pas besoin d’être agressif. » elle marmonne avant d’être littéralement éblouie par les lieux. L’aura bleutée, les lumières chaudes, d’immenses vitres où se tenaient les grandes vallées de Poudlard. La pièce était particulièrement lumineuse, tranchant tout particulièrement avec l’antre austère des serpents. Pas bien habituée à un spectacle aussi somptueux, elle a un grand sourire. Focus Zélie. Focus. Sa mission semblait bien lointaine, alors elle reprend son attention vers le rouquin, visiblement soucieux. La sorcière pensait qu’il était inquiet à l’idée de se faire prendre : elle était loin de se douter qu’elle était complètement à côté de la plaque. « C’est quoi cet air ? Relaaax, on va pas se faire attraper. » Elle emmêle ses doigts aux siens pour lui témoigner qu’ils étaient soudés. Et puis bon, s’ils tombaient, au moins ils tomberaient à deux. « Après tout c’est notre truc de pas se faire attraper… » Plusieurs vols et pour le moment… jamais pris. Ou au moins pas du suffisamment grave.

« Les créateurs étaient misogynes. » Pour appuyer ses mots, elle met un pied sur la première marche, qui ne se transforme pas en toboggan. Privilège de fille, assurément. Quelle connerie, tiens. « T’as donc déjà essayé de monter chez les filles, gros pervers. » Zélie l'accuse en roulant des yeux... forcément, c'était un garçon. Tous les garçons devenaient des idiots dès qu'ils perdaient l'esprit à cause de leurs phéromones. lls montent les marches jusqu’à la porte à ladite porte qui était intéressante… La jeune fille colle son oreille, en quête des moindres bruits qui évoquaient la présence de l’un d’entre eux. « Je crois que c’est vide… » Elle jauge silencieusement Charlie, le coeur battant. Elle craint de voir Grant, Adrian elle s’en moque bien, elle saurait lui rabattre le clapet ou l’ignorer. Grant… il était capable de les dénoncer. « A trois on rentre tous les deux ? Ou alors l’un de nous tente de surveiller la porte et pousse un cri si jamais l’un d’eux arrive ? » Et dans ce cas-là, elle se proposerait pour y aller. Après tout, c'était le plus logique. Elle savait à quoi ressemblait l'attrape-rêve.

Charlie haussa les épaules. Pourquoi pas celle ci effectivement. Maintenant qu'elle l’avait, autant qu'elle la garde. Il ne pensa pas même pas à en demander une en retour, parce qu'à la rigueur s'il avait voulu se rendre dans une autre salle commune, ça aurait été celle des jaunes … De ce qu'il en avait entendu, c'était chaleureux et il y avait de la nourriture. Ça le faisait bien plus rêver que de visiter celle des vertes. Charlie lui tira à nouveau la langue, ne cherchant même pas à savoir si c'était vrai ou non. Préférant ne pas y penser. Oui, il savait qu'il pouvait se montrer un peu chiant à la longue, Daniel ne se cachait pas de le lui dire mais au final, si même ses parents ne voulaient pas rester avec lui, pourquoi est-ce que les autres l'auraient voulu ? Non, il ne voulait vraiment pas commencer à y réfléchir sérieusement.

Mais son esprit avait rapidement dérivé Ne pas se faire prendre. Ne pas croiser Grant. Ça commencer à faire beaucoup. Pour quelque chose qui aurait pu être si simple, s'il s'était contenté de voler ce fichu attrape-tout par lui même. Mais en voyant l'air sur le visage de Zelie à la vue de sa salle commune, il ne pu s’empêcher un petit air fier aussi … Alors que bon, niveau déco de l'endroit, il n'y était pour absolument rien … Pas plus qu'il n'était vraiment au courant des endroits accessibles ou non. Les garçons, chez les filles, c’était mort . Mais l'inverse ? Un petit sourire amusé, contaminé par la confiance de la verte, il hocha cependant la tête. Oui, c'était leur truc de ne pas se faire attraper !

Le bleu haussa à nouveau les épaules. Mysogine. Il n'était pas sur de comprendre toute l’étendu du mot. Et sur le papier, il avait surtout l'impression que les filles avaient accès à plus de lieu qu'eux … C'était un peu injuste non ? Mais sa réflexion fut coupé par les paroles de la verte !  « Je suis pas un pervers ! » se défendit il, un peu fort. Et puis quoi encore ! « Et me fait pas croire que quand t'as pas le droit d'aller à un endroit , t'as pas envie d'y aller ! » Il gonfla ses joues avec agacement. « ça n'a rien à voir avec les filles ! » Tu parles qu'il était rouge cela dit … Oui, il avait déjà tenté, mais plus pour montrer un courage idiot que vraiment s’intéresser aux élèves même. Quoi qu'il avait quand même choisis le dortoir de Nyx à l'époque. Elle était belle aussi,ça n’était pas sa faute.

Charlie continua à grommeler dans sa barbe, essayant de ne pas faire trop de bruit pour que Zelie entende si c'était vide ou non. Mais il n'était pas un pervers ! « J'ai pas envie d'attendre ici » reprit le bleu, pas ravi de l'idée. Mais il jeta un regard en arrière. Si quelqu'un arrivait, la verte aurait plus de chance de pouvoir se cacher … «  Vas y alors » c’était un peu à contre-courant, et ça se sentait. Il continua à grommeler un peu, parce qu'au final, c'était lui qui devait le piquer, pas l'inverse. Ça avait un peu perdu son intérêt. Mais son air agacé tourna rapidement à l'affolé en entendant des pas dans les escaliers. Sans vraiment y réfléchir , il rentra à l'intérieur, et se cala contre la porte comme pour empêcher qui que ce soit d'y entrer. Charlie jeta un regard paniqué à la verte. C'était pas le moment de trainer là !  

Le liseret rouge sur ses joues fait tendrement rire la jeune Serpentard, des gloussements à peine discrets et un peu idiots. Alors Zélie s’enfonce dans le dortoir avec l'accord plus ou moins véridique de Charlie. Allez savoir ce qu'il pensait vraiment, mais son air bougon n’échappait jamais à la sorcière qui se contenta vivement de l’ignorer. Après tout s’ils commençaient à débattre indéfiniment, ils prenaient le risque d’être découverts par Grant et Adrian… et devant leur porte. Au moins à l’intérieur elle pourrait se planquer du mieux qu’elle le pouvait. Le dortoir est plutôt similaire au sien, si ce n’était l’ambiance drastiquement différentes avec les grandes fenêtres qui offraient une vie splendide sur le parc du château. Elle suppose sans mal quel lit est à qui : celui de Grant est impeccable, parfaitement plié, tout semble à sa place. Celui d’Adrian ressemble à n’importe quel lit d’étudiant : débraillé, avec quelques trucs qui traînent sur sa commode. La seule chose qui lui permet d’affirmer que c’est le sien, c’est justement l’attrape-rêve qui se tient juste au-dessus de son lit. Sa vision lui fait un léger pincement au cœur, qui se transforme bien vite en rancœur. Avec violence, elle arrache l’objet après avoir monté sur le lit et sur la pointe des pieds, teinté par le bruit de la porte qui se referme avec vivacité. Elle tombe sous la surprise, mais s’affale uniquement sur le lit : heureusement, elle n’a pas crié. Mais elle n’entend plus que le battement précipité de son cœur. Les bruits que Charlie a entendus, elle ne les entend pas encore.

S’efforçant de reprendre ses esprits, elle porte un regard bref vers Charlie, les prunelles écarquillées, dans une incompréhension complète : « Mais t’étais censé faire diversion si jamais quelqu’un arrivait ! » qu’elle lui chuchote, un brin agressive, sa colère envenimée par sa surprise par crainte de se faire prendre. Pourquoi est-ce qu’il s’était bêtement enfermé avec elle au lieu de les aider à s’en sortir ? Mais son coeur sursaute à nouveau en entendant le bruit caractéristique de la voix nasillarde d’un des garçons qui partageaient leur dortoir. il était en train de rigoler avec un autre camarade que Zélie ne connaissait pas, mais plus le temps passait, plus la voix devenait forte affirmant qu’il allait dans son dortoir. Bloquer la porte ? C’était la pire idée possible pour être cramé. « Cache-toi… » qu'elle lui chuchote en venant s’affaler sous l’un des lits. Par un heureux miracle elle passait.. Allez savoir si Charlie avait eu le temps de se cacher ou pas, ou s’il était bêtement resté debout. Bon, ça serait définitivement louche… mais avoir Charlie ici serait moins étonnant que de la voir elle. Zélie se recroqueville doucement sur elle-même, les yeux mi-clos, priant pour que le nouveau venu ne l’attrape pas.

Ça aurait été tellement plus simple s'il était allé le prendre tout seul. Il n'aurait pas réfléchi à quoi que ce soit, il ne se serait pas méfié de l'arrivée d'un bleu plus jeune. Non, rien de tout ça, il serait rentré, il aurait attrapé l'attrape-reve et voilà ! Mais en acceptant de le faire maintenant, et avec Zélie, les choses s'étaient un peu compliqué ! Parce que si les choses tournaient mal, il ne pouvait pas juste  courir … Enfin si, mais s'enfuir tout seul, c’était plus simple. Et même si avec la jeune fille, il avait déjà échappé à pas mal de chose, là, c'était son dortoir, il devrait forcément y revenir … et c'était elle qui prendrait sûrement. Une verte, chez les garçons. Elle accumulait les problèmes. Et ces toutes ses petites pensées inquiétante qui l’avait fait agir n'importe comment … Non, qu'il soit plus malin parfois … mais son instinct de préservation était meilleure, d’habitude Sa chance aussi.

« Bah ... » Charlie la regarda avec agacement ! C'était facile de dire ça ! « Bah t'as qu'a le faire toi ! » Reprit il, complètement gratuitement … Bien conscient que ça aurait perdu tout intérêt, une fois que les élèves seraient rentrés ici … et qui plus est, autant que Zélie ne se fasse pas remarquer, cravate ou non.  « T'es meilleur que moi pour crier ! » se défendit il, encore. La preuve quand il était rentré ! Mais il aurait pu faire n'importe quoi, le bruit d'une chouette ou d'un hyppogriffe … Même s'il serait sûrement passé pour un dingue à imiter des animaux devant les dortoirs des autres … Cela dit, ça les aurait peut-être retenu un peu. Parce que juste tenir la porte, ça serait encore plus suspicieux  …

Mais malgré son envie de ne pas écouter Zelie, par pur esprit de contradiction. Charlie hocha la tête. Se cacher. Oui, mais où ? Sous un lit ? Il s'élança et tenta de rouler sous le premier qui venait. Son épaule rencontra une mal et grimaça. Pas la place ici et entre lui et la malle, ça ne serait pas lui le vainqueur. Il ressorti, se remettant sur pied comme s'il avait été sur un ressort. La porte s'ouvrit et il se jeta sur le lit le plus proche, attrapant la couverture pour la passer sur sa tête et surtout cacher sa chevelure rousse. « Ah bah lui, il est même pas venu » « J'aimerais bien sécher aussi , rester au fond de mon lit ... » « Vu tes notes, j’éviterais a ta place... Outch » Celui qui venait de parler avait du se prendre un coup, mais apparemment, ça les faisait rire. Pas Charlie, qui espérait surtout qu'ils s'en aillent. « On reste là ou on va à la bibliothèque ? » ALLEZ VOUS EN . Il serra des dents pour ne pas le crier plus fort ! « On sera plus ... » tranquille ici. Charlie était sur de la suite de la phrase. « All ... » Il avait craqué. Merde. Ravalant le reste de la phrase. Mince ! Mince !  « A la ... bibliothèque, y a des étudiants qui donnent des cours aujourd'hui ... »  Sa voix n’était pas stable, et il avait essayé de la changer un  peu, bizarrement plus grave. «  Et ? » « Vu vos notes de merdes, ça vous ferait pas de mal ! » ça, c'était sorti plus facilement. Pas sur de qui était de l'autre coté de la couverture, mais c'était facile d'attaquer les autres.  Un « outch » lui échappa malgré tout. S'étant pris un coussin à vivre allure sans le voir arriver. «  Reste là, on verra qui aura les meilleurs notes !  On va pas rester là à glander nous !» Attaquer les serdaigles sur leurs notes, c'était souvent un coup facile, et ça ne manqua pas ! Charlie laissa échapper un long soupir de soulagement quand la porte claqua, sans pour autant oser sortir de sous ses couvertures même s'il était persuadé qu'ils étaient partis.

Les battements de coeur de la Serpentard bourdonne dans ses oreilles : elle n’entend que cette tragique répétition. Machinalement, pour éviter de faire du bruit ou d’éternuer bêtement, elle porte une main sur ses lèvres. Ses mains sont étrangement moites, et la poussière sous le lit lui donne envie de tousser. Craignant d’être attrapée, elle fronce des sourcils et se concentre sur la conversation sans en comprendre le sens. Comment ça, rester au fond de son lit ? Charlie n’avait tout de même pas… Si, vraisemblablement, il avait osé. Et connaissant le don du Serdaigle pour détruire tout parce qu’il savait franchement pas mentir… elle ne s’attendait pas à grand chose. Bon, elle se doutait qu’il la protégerait du mieux qu’il le pouvait au lieu de méchamment la dénoncer. Mais… étonnamment il s’en sort plutôt bien dans son mensonge. Tellement bien que les camarades de dortoir d’Adrian et Grant ne se rende pas compte de la différence de voix, et qu’il  a une tignasse rousse sous les draps s’ils daignaient y prêter davantage d’attention.

Le soulagement réchauffe le corps de la sorcière lorsque la porte claque derrière les deux concernés qui se rendent à la bibliothèque après les conseils de Charlie. Elle reprend une grande inspiration avec l’impression de ne pas avoir respiré depuis des siècles. Ses muscles sont endoloris, restés trop longtemps contractés par crainte qu’elle n’ait à menacer l’un d’entre eux. Zélie porte un oeil vers la porte : lorsqu’elle juge qu’elle a attendu suffisamment longtemps, elle vient se glisser sur le lit dans lequel est emmitouflé le rouquin, pour venir se positionner à côté de lui, sur les draps. « Charlie t’es un génie.» Qu’elle lui glisse dans un petit sourire complice, dans un chuchotement, par crainte qu’ils ne soient à côté. Alors, elle lui montre l’attrape-rêve bleuté qu’elle avait fait à Adrian : « Regarde ce que j’ai trouvé… » Zélie poursuit avec malice, absolument fière de sa petite trouvaille, alors qu’elle commence à tirer les draps pour que Charlie puisse s’en extirper. « Tu crois qu’on peut sortir en toute sécurité ? » Elle chuchote en venant graver ses prunelles dans les siennes, avec un brin de détresse. Mais elle préférait mourir plutôt que d’avouer ouvertement qu’elle craignait d’être prise dans la main dans le sac. Zélie préférait de loin que ce vol reste discret et que Adrian voit les conséquences de ses actions par lui-même. Elle se redresse alors et fouille dans les affaires de l’un des garçons pour récupérer un bonnet qu’elle vient mettre sur sa tête en espérant qu’elle serait plus crédible. Elle tombe même sur quelques pièces qu’elle glisse discrètement dans sa poche : un remboursement pour la bouteille gâchée.

Zélie ouvre doucement la porte pour y mettre son nez : aucun bruit, aucune frimousse susceptible de les mettre en tort. Un préfet traîne dans le coin, mais porte son attention sur des premières années qui sont en train de s’arroser avec des jouets magiques ressemblant à des petits dauphins qui jettent de l’eau. Alors discrètement ils se faufilent en dehors de la salle commune. Une fois sortis, elle se jette dans ses bras dans un rire libérateur, bien heureuse que les entrailles de sa vengeance prennent forme. « On est les meilleurs ! » Elle pétille en sautillant, parfaitement brute : Zélie avait toujours du mal à maîtriser sa force de lycanthrope. Si bien qu’elle le serre avec ardeur, avant de le relâcher dans un grand sourire. « Ce n’est que le début… il va regretter ce qu’il a fait.  » La sorcière est plus amère et acérée.

Il tremblait sous la couverture, de peur de se faire coincer. Même une fois la porte fermé, il n'osa pas sortir de là. Peut-être que c’était un piège et qu'ils étaient devant la porte, prêt à l’empêcher de partir en courant. Charlie préférait être sur Pré au lard pour ce genre de chose, se mettre à courir, c'était bien plus simple là-bas. Et les adultes du village était bien moins agressif que pas mal des élèves ici … là-bas, il avait un peu l’impression d'avoir un passe-droit. Pas ici. La voix de la serpentard le poussa finalement à attraper la couverture et la redescendre sous son menton. D'abord un peu perdu, avant qu'un petit sourire fier ne lui glisse sur les lèvres. Avant qu'une espèce de fierté idiote ne le rattrape. «  Je sais » répondit il, sans réussir à avoir l'air si sur de lui cela dit. Il n'était pas bon dans les plans prévus, et l'improvisation … il ne devait sa réussite qu'à une sacré chance.

Ses yeux se posèrent finalement sur l'attrape rêve et se froncèrent. Adrian ne méritait pas quelque chose comme ça. « J'espère que maintenant, il va faire tout un tas de cauchemar. » Et garder bien éveillé les deux qui venaient de rentrer. Ça leur apprendrait à le stresser comme ça ! Il n'avait rien contre aucun d'entre eux, et il aurait sûrement vite fait d'oublier ce genre de pensée, mais là, ça lui faisait du bien de les maudire un peu. A sa sauce. Charlie, la regarda un instant, avant de repousser la couverture et de se lever, pour aller coller son oreille à la porte … Pas de bruit. Il inspira doucement et poussa un peu celle ci, pour jeter un rapide coup d’œil dehors. Personne. « Si ça se trouve, ils ont répandu mon mensonge pour avoir l'air intelligent … Et toute la salle commune va aller à la bibliothèque pour des révisions » Charlie explosa de rire, collant sa main devant sa bouche. Imaginant tout un tas de bleu, l'air perdu entre les livres. Il fallait qu'ils s'en aillent avant !

Le serdaigle attrapa le bonnet de la jeune fille et tira un peu dessus pendant qu'elle regardait dehors à son tour. Avant de se faufiler à son tour. Les mains vides. Dommage tiens. Mais il n'avait pas vraiment eu le temps de voir quoi que ce soit d'attirant. Peut-être l'attrape-reve, mais il le voulait, autant qu'il était agacé par ce truc.  Charlie se sentait nerveux dans sa propre salle commune, avant de se souvenir que lui, ici, il avait le doit d’être là. Et les quelques élèves ici, ne semblaient pas leur prêter attention. Ça ne l’empêcha pas de lâcher un large soupir en arrivant dans le couloir, un peu couper dans son élan par l'attaque de Zelie. D'abord surpris, puis amusé, tout souriant, partageant sa joie d’être sorti de là ! Avant que son sourire ne s'estompe un peu. « Tu peux me lâcher s'il te plaît » marmonna t'il, habitué, mais en même temps, pas très solide non plus, surtout face à la force de cette dernière.Charlie pencha la tête sur le coté, un peu perplexe, pensant que ça serait tout. «  Tu aurais simplement pu lui dire qu'il était moche aussi » La simplicité … Mais dans tout les cas, il n'aimerait pas être à la place d'Adrian pour le coup. Parce que face à Zelie, ce dernier n'aurait absolument aucune chance !