Plusieurs semaines s’étaient écoulées avant de réussir à ouvrir l’étrange grimoire qu’ils avaient trouvé. Contraints à utiliser de plus en plus de stratagèmes alambiqués, Galen et Gus ont forcé l’ouverture. Les pages à peine ouvertes, ils n’ont trouvé que diverses runes méconnues qui allaient nécessiter davantage de temps pour quelques recherches plus poussées. Ils s’étaient alors quittés avec davantage de questions. L’ancien Poufsouffle n’avait décemment pas le temps de s’impliquer correctement : pas autant qu’il l’aurait voulu. Le BDE lui réclamait pas mal de temps à cause des nombreuses soirées organisées pour la fin d’année qui commençait à s'accélérer, tout particulièrement avec l’arrivée des examens. Et puis, sincèrement, faut dire que le râteau d’Alwyn n’avait pas été particulièrement plaisant : et pour digérer tout ce qui se passait dans sa vie Gus passait le plus clair de son temps à dormir et sortir.

Tout a commencé par des rêves résolument simples. Des cauchemars emmêlés de cris, parfois de flammes. Il se réveillait toujours en sursaut, le coeur tremblant, à l’idée de se faire dévorer par le feu. Il sentait encore la chaleur dévorer son épiderme et le tuer à petit feu. Comment faire le lien ? Il avait l’impression que c’était sa culpabilité à l’égard de son père qui lui jouait des tours. Il se réveillait toujours avec un goût amer en bouche, et oubliait bien vite son rêve, comme un mauvais souvenir qu’on préférait taire. Puis vient l’arrivée des hallucinations. Il voyait parfois des flammes, s’il avait été inquiet au début et effrayé, il s’était habitué à leur apparition brève et discrète. Parfois, alors qu’il mangeait calmement, les flammes s’approchaient davantage, grandissaient. Les hurlements remplissaient son crâne, et Gus avait parfois envie de se faire avaler, mais se ravisait rapidement face à la douleur provoquée. Dans la danse des flammes, il sentait cependant une autre présence. Plus sinueuse, plus discrète, des ombres qui dansaient sur les murs et qui l’appelaient. Okay, ça devenait sincèrement grave, mais le vaurien ne savait pas à qui en parler. Hors de question d’invoquer son père dans l’histoire. Hors de question d’invoquer Effy jolie, encore moins Alwyn qui avait piétiné ce qui lui restait de dignité. Ruka se moquerait de lui. Mais alors qu’il doutait, le lien vient de lui-même, par l’apparition d’une petite fille au milieu des flammes. Une fille qui hurlait le prénom de Galen.

Ce n’était pas ses souvenirs qu’il revoyait encore et encore, ni la culpabilité d’avoir brûlé son père. Il était destiné à s’embrumer dans les souvenirs de Galen. C’est dans la précipitation qu’il avait réalisé ça, avant de réaliser lourdement que la fumée qui était sortie du grimoire pouvait être à l’origine de quelque chose de plus fatidique encore. Galen le lui avait raconté : un Mangemort avait détruit sa vie. La cloche magique de sa maison sonne, et alors que Gus tentait de trouver des solutions auprès de son elfe visiblement impuissant, il ne tarde pas à ouvrir. Un bec lui fait face, une silhouette austère qui lui indique clairement que Galen avait également compris, ou qu’il avait de nouvelles informations.

« Je crois qu’on a merdé. Genre, vraiment.» qu’il prononce en premier, affligé.

Il se masse les tempes, invitant son camarade à rentrer dans la grande maison aux murs et meubles peints à la main de manière aléatoire.  Comment allaient-ils s’en sortir ?

« Tu vois des choses aussi, pas vrai ? »

Son regard s’écarquille un instant. La vie de Galen était simple. Enfin, disons qu’il n‘avait pas eu de drame familiaux depuis le feu qui avait pris la vie de ses parents. Il n’était pas particulièrement sociable, si bien que les souvenirs marquants tournaient autour de ce Mangemort et d'excursions que Gus connaissait déjà, pour avoir été avec lui à ce moment-là. Il avait vu les dragues indiscrètes de Ruka, mais sincèrement, Gus le vivait également qu’il avait d’abord pensé que ça venait de ses propres souvenirs. Qu’avait-il vu ? Le départ de sa mère, le fait qu'il ait brûlé son père, ses coucheries avec Alwyn ? La liste de ses écarts était tellement longue que Gus en avait honte.

« Qu’est-ce que tu as vu ? »

Il demande d’une petite voix honteuse, plantant son regard dans les orbites du masque, en quête d’une information qu’il n’aurait jamais : c’est ce qu’il détestait. Galen était illisible.

Ces rêves étaient pour le moins étrange.
Il ne saurait dire d'où cela venait mais ils étaient perturbants. Au moins, cela le changeait des flammes et des larmes.

Galen avait commencé à faire ces étranges rêves il y a de cela quelques jours. Ils venaient d'ouvrir le fameux grimoire trouvé dans les catacombes qui avait failli les tuer tous les deux. Pour que cet artefact soit aussi protégé, c'est parce qu'il devait receler un grand nombre de secrets, Galen en était certain. Ils ont mis du temps à l'ouvrir, plusieurs mois même mais ils y sont parvenus à la force de leur baguette et de leur magie. A leur plus grand désespoir, ils n'avaient trouvé que des runes impossible à déchiffrer. Galen avait proposé d'aller dans la Réserve de la bibliothèque pour chercher un ouvrage capable de déchiffrer ces caractères et ils étaient repartis chacun de leur côté. C'est alors que les rêves sont arrivés. Galen y voit toute sortes de choses. Tout d'abord, un homme, pâle, aux cheveux noirs et aux yeux clairs. Il l'avait vite reconnu, il s'agissait du professeur de potions, Gaïus Crowley. Il s'était alors demandé pourquoi son ancien professeur le regardait ainsi, avec tant de colère et de déception. Il ne lui accordait d'habitude que des regards en coin, méprisants pour la plupart mais cela n'allait jamais plus loin. Chacun restait à sa place et tout allait bien.

Il avait ensuite rêvé de cette femme, aux cheveux roux, qui s'éloignait de lui. Il se voyait tendre la main, l'appeler, mais elle ne se retournait pas, elle s'en allait loin de lui et il hurlait son nom. Ensuite... Il se voyait plonger le bras du professeur dans de l'huile bouillante, et il rêva d'une déception amoureuse avec un garçon qu'il ne connaissait que de loin. Galen mis cela sur le fait qu'il avait trop mangé de porridge avant d'aller se coucher, ou qu'il était trop fatigué à cause des cours, mais quand il commença à entendre des serpents siffler dans sa minuscule chambre d'étudiant, quand il entendit les voix du professeur, d'une femme, d'enfants, il comprit que quelque chose n'allait pas. Il resta un moment, immobile, le bec baissé, essayant de méditer, en vain, les voix le harcelaient. Il se leva donc, se transforma et s'envola.

Il atterrit devant la grande maison d'Oengus. Ils s'étaient à peine vus depuis l'ouverture du grimoire et il appréhendait. Lors de leur dernière rencontre, Galen avait ressenti, pour la première fois, quelque chose qu'il ne connaissait pas. Il avait eu chaud, avait du mal à garder un contact visuel avec Gus, même avec son masque. Il avait eu le coeur qui battait la chamade et, surtout, il avait senti son regard dériver sur son camarade, admirant ses formes et ses muscles... Il avait détourné le regard, mais cette vision le hantait. Il appréhendait donc, mais il devait avant tout savoir pourquoi il rêvait et voyait des choses qui appartenaient à son camarade. Il sonna donc et Gus lui ouvrit. Il comprit alors que Galen était venu pour une bonne raison et lui annonça qu'ils avaient merdé. Galen ne dit rien et entra quand Gus l'invita à le faire. Il croisa les bras sur sa poitrine, essayant de ne pas regarder Gus, mais, trop tard, ce dernier parla à nouveau, le forçant à relever le bec vers lui. Il lui demanda ce qu'il avait vu.

Galen lâcha un soupir et, le coeur battant, il dit : "Je vois le professeur Crowley, je me vois en train de brûler son bras, ainsi que sa marque des ténèbres qui disparaît en grésillant. Je vois une femme rousse qui s'éloigne de moi, je vois ta maison, et tes murs qui se couvrent de peinture... Je vois un petit garçon blond sur un lit d'hôpital, je me vois frapper le professeur... Enfin bref... Toutes sortes de souvenirs qui ne m'appartiennent pas." Galen pencha la tête sur le côté et demanda : "Et toi ? Je suppose que tu as vu l'incendie ? Ton expression est révélatrice, tu sais ?"

Sa langue est particulièrement râpeuse, l'amertume s’infiltre dans ses pensées, l’accule. Avaler sa salive est particulièrement pénible, témoignant d’une douleur épineuse qui enserrait son oesophage. Oengus Crowley a passé sa vie entière à construire un solide château autour de sa personne, il s’est vêtu d’une armure solide pour que personne n’affronte jamais les sentiments qu’il enfermait dans sa cage thoracique. Ses souvenirs étaient les siens, enfermées entre ses lèvres : il n’aimait pas parler de lui, si bien qu’il ne le faisait jamais, trouvant aucun réconfort dans les aveux avec autrui. Galen était venu et avait démoli son solide château, il avait la capacité d’en savoir beaucoup trop sur lui. Lorsqu’il porte son regard clair vers son masque, les informations qu’il perçoit ne l’aide pas à être soulagé. Il ne sait rien, comment pourrait-il en savoir davantage alors qu’il a l’impression que Galen évite son regard ? Son coeur s’arrête un bref instant lorsqu’il apprend ce que le brûlé avait vu : le secret de la brûlure de son père n’était donc pas sauf, d’autant plus qu’il savait que Gaïus était un Mangemort. Ce secret ne s’étoufferait pas dans sa tombe : Gus avait-il une entière confiance en cet ami a bec proéminent ? Probablement pas. Mais de tous ses proches, de tous ses camarades, il était assurément celui qui saurait mieux taire ce qu’il venait d’apprendre.

« Et ça ne te fait rien d’aprendre tout ça ? »

Il a envie de le secouer parfois, de le faire vibrer pour qu’il se rattache à la réalité, qu’il cesse de s’emmêler dans ses secrets et sa pénombre. Gus aimerait l’arracher des ténèbres, avoir une action véritable : bonne ou mauvaise. Mais rien qui ne soit cette étrange indifférence : le Crowley a besoin d’émotions, a besoin de savoir si son camarade l’accule ou non pour ce qu’il a fait. Ils s’étaient promis individuellement de ne pas en parler, de garder le secret dans la tiédeur de leurs échanges. Cette promesse serait-elle tenue par le corbac, malgré tout ce qu’il a découvert ? Ses mains tremblent légèrement, Gus l’invite à rentrer pour qu’ils puissent se diriger vers la salle à manger. Personne n’est dans la maison aujourd’hui, si ce n’est lui et son fléreur roux et obèse qui vient se frotter aux pates de l’animagus.

« Est-ce que tu comptes en parler ? » sa voix est hésitante, couverte d’embarras.

Lui-même peine à couvrir son trouble : comment pourrait-il ne pas éprouver de compassion alors qu’il avait vu la famille du corbeau brûler dans les flammes ? Alors qu’il avait vu des moments de solitude dans les cieux en tant que corbac malfamé, et des cris d’une gamine qui résonnait encore dans son crâne ? Sa bouche est tellement sèche, mais aucun verre d’eau n’aurait réussi à étancher la soif qu’il ressentait en cet instant. Oengus vient s’asseoir sur une chaise, regardant ailleurs que ce masque effrayant.

« J’arrive à peine à dormir Galen… c’est… Je suis constamment dans les flammes. »

Il avait l’impression de les voir tout le temps, d’entendre le doux crépitement du feu en un bourdonnement incessant dans ses oreilles. Galen devait connaître cette sensation, connaître cette vive chaleur qui parcourt son corps et ses muscles endoloris qui n'a de cesse de lui rappeler ce qu’il avait perdu. Il daigne enfin relever le regard, venant froncer ses sourcils avec frustration, visiblement soucieux.

« Comment fais-tu pour trouver le sommeil ? »

Gus n’avait jamais eu de problèmes de sommeil, c’était un pacha qui s’endormait où il le voulait quand il le souhaitait. Cette absence de sommeil dans les draps de son lit étrangement glacial, n’était pas normale.

« Vif-argent ? »

Un elfe de maison ne tarde pas à apparaître en transplanant. Il est vêtu d’un costume rose fushia qu’il avait lui-même cousu, d’un maquillage élaboré qui faisait ressortir ses yeux globuleux, alors qu’il portait une perruque azurée.

« Oui, maître ? » piaille le concerné.

« On a un petit problème… on a ouvert un grimoire qui nous a maudit. »

Vif-Argent hoche doucement la tête, comprenant de quoi il parlait : Oengus avait été le voir quelques semaines plus tôt pour obtenir des réponses sur comment l’ouvrir, et malheureusement l’elfe n’avait pas trouvé de solutions.

« Monsieur aurait-il le grimoire sur vous et quelques indices à suggérer à Vif-Argent ? Vif-argent peut être en mesure de l’étudier. » il avait plongé son regard vers Galen, parlant uniquement à lui.

Oengus était visiblement désemparé.

Galen ne pouvait pas faire grand chose. Le consoler ? Non. Après de telles visions, il était difficile de trouver le repos et de la consolation sans craindre de devenir fou. Galen avait du passer par la méditation et une très grande remise en question pour réussir à conserver un état mental à peu près stable. Mais Gus semblait plus perturbé du fait qu'il avait pu voir ses propres souvenirs. Galen, de son côté, s'en fichait bien. C'était certes une vie compliqué, il en avait bavé, mais cela restait à ses yeux du menu fretin, des détails qui pouvaient se régler, difficilement. Un incendie, des morts, une vie brisée, cela ne pouvait se réparer comme ça, c'était impossible. Gus lui demanda si cela lui faisait quelque chose d'apprendre tout ça. Galen gardait le bec tourné de côté et haussa les épaules, las. Il répondit : A vrai dire... Non. C'est ta vie, ce sont tes choix, je n'ai pas à les juger ou à penser quoi que ce soit là dessus. Je respecte ton intimité, c'est tout.

Oengus était mal à l'aise, mais Galen l'était tout autant. Il évitait de le regarder, de peur de se confronter une nouvelle fois à ces émotions qui l'envahissaient à chaque fois que le regard sombre de son camarade croisait le sien. Il était bien content d'être entièrement recouvert, car cela cachait bien ses expressions, ses yeux... Et puis, il valait mieux que cela reste ainsi, au stade d'une amitié naissante et fragile. Galen se souvenait de la réaction de Gus, quand ce dernier avait aperçu sa peau brûlée. Il le trouvait repoussant, il ne voudrait jamais faire quoi que ce soit avec lui, ne serait ce que ressentir autre chose qu'une simple camaraderie. Galen savait que ses espoirs seraient déçus, mais il avait du mal à comprendre et à lutter contre ses propres émotions.

Oengus lui demanda s'il allait parler de ce qu'il avait vu. Galen releva le bec, surpris par la question, et répondit : Comment peux tu penser cela ? Je ne dirais rien, Oengus, je te l'ai déjà promis dans les catacombes. Et puis, qu'est ce que ça m'apporterait ? Je... Je t'apprécie, Gus. Je ne veux pas que tu sois dans la merde à cause de moi. Galen demanda ensuite si son camarade avait vu l'incendie. Gus lui répondit qu'il n'arrivait plus à dormir à cause de cela, avant de demander comment il faisait pour trouver le sommeil. Galen garda le silence pendant quelques secondes, attrapant doucement le flereur roux dans ses bras pour le caresser distraitement. Il aimait les animaux, et leur contact ne le dérangeait pas plus que ça. Le flereur semblait apprécier les caresses, puis il se débattit légèrement et retomba prestement sur le sol. Galen répondit enfin : Le sommeil... C'est un luxe qui est hors de ma portée depuis des années, Gus. Il n'y a pas que ma peau qui a été brulée ce soir là. Je... Je suis sous traitement, pour mes poumons et mon cœur. Les effets secondaires ne m'aident pas beaucoup. Je parviens à trouver le repos en méditant.

Gus appela son elfe de maison, et lui exposa leur situation. L'elfe, dont la tenue vestimentaire étonna Galen, lui demanda le grimoire. Galen ouvrit son sac sans fonds, fouilla un moment et lui tendit le vieil ouvrage. Il demanda à l'elfe, autant qu'à Oengus : Il serait possible de contrer le maléfice ?

C’était rare d’entendre ces mots, tellement rare qu’il lâche un léger rire incrédule, fronçant manifestement des sourcils en constatant qu’il était bel et bien sérieux. Le respect de son intimité n’avait jamais été quelque chose à sa portée : il y avait toujours du monde pour fouiller là où il ne voulait pas. Il y avait toujours des petits curieux et le jeune Gus passait le plus clair de son temps à masquer ses émotions pour éviter que tout ne s’ébruite définitivement. Et maintenant que Galen avait accès à tout, il parlait de respect ? Pas qu’il ne lui faisait pas confiance, il y avait un lien soudé entre eux suite à tout ce qu’il s’était passé et les heures échangées à tenter d’effacer la malédiction… mais vraiment ? Oengus lui-même se montrait désormais tellement curieux, tellement avare… avec cette crainte muette d’en apprendre plus et de finir par savoir quelque chose qui le ferait changer littéralement d’avis sur Galen. Il était… tellement… pur, alors que lui-même se mettait toujours inconsciemment à juger. Sauf que Galen n’avait rien à proprement parler qui puisse être honteux… enfin, rien de flagrant. Non, Gus, d’une méfiance presque paranoïaque ne pouvait décemment pas croire ça. Surtout que Galen se montrait suspicieux à éviter son regard malgré le masque.

« J’sais pas… t’as vu des choses qui sont.. »

Il se mettait dans la merde à évoquer qu’il n’était pas forcément droit : comment Galen pouvait-il ne pas le juger ? Sa droiture en était effrayante. Gus avait brûlé son père pour effacer sa marque. Le reste était presque acceptable et clean. Mais ça, il allait passer à côté alors que sa peau entière était couverte de brûlures. Peut-être même qu’il l’avait pas encore vu. Gus passe une main sur son visage, décontenancé. Plus le temps filait, plus il s’enfonçait dans la brume, dans ce brouillard inconsistant, peinant à savoir qu’en penser. Il aurait préféré mille fois que Galen le questionne, tente d’en savoir davantage, tente de percer ses secrets. Son indifférence était pire à accepter que sa méfiance.

« Tu peux pas parfaitement être intègre, Galen. Vraiment, ça existe pas. »

Gus doutait sincèrement qu’on puisse effacer d’un seul coup toutes les aspérités sans comprendre l’essence même du pourquoi : Galen faisait l’aveugle, affirmant être juste… ça lui paraissait décemment trop beau pour être vrai. Mais le corbeau était intelligent, le sorcier le savait bien, était-il justement en train de placer doucement ses pions ? Son elfe pailleté finit par s’approcher, ses longs doigts difformes étudient longuement les pages, qu’il feuillete par magie.

« Mh…. ce grimoire a été scellé dans l’objectif de n’être ouvert que par l’un des membres de la famille du porteur… les écritures doivent également être un code familial… probablement impossible à décrypter sans avoir accès au code initial. »

Il porte ses petits yeux globuleux vers les deux sorciers, bien incapable de sourire alors que ses commissures se redressement souvent. Mais même Vif-Argent semblait profondément troublé et soucieux : le grimoire dépassait ses compétences accumulées, et les seules informations ne permettrait probablement pas aux deux adolescents de s’en sortir. Mais c’était une aventure trouble qui les attendait, semée d'embûches.

« Il va vous falloir trouver un descendant de celui qui a réalisé le sort, lui seul pourra vous libérer de la malédiction… ou bien il vous faudra accepter partager vos souvenirs toute votre vie. »

Gus accepte l’information difficilement, sa bouche lui paraît tellement sèche, et il peine à avaler le maigre de salive qui lui reste. Hochant la tête, il pensait sans mal qu’il avait gagné quelques cheveux blancs à cause de cette histoire. Vif-Argent semble être d’autant plus concentré, passant sa main au dessus du livre poussiéreux, usant d’une magie qui dépassait de loin les sorciers.

« Voilà l’emblème familial :  » dit l’elfe.

D’un claquement de doigts il fait apparaître un étrange symbole où apparaissait une loutre et un trident entrecroisé : l’emblème est pourpre, révélant que c’est probablement du sang. Oengus y porte un oeil voilé, mais ça ne lui disait rien.

« Putain, j’connais pas mal d’emblème, mais celui-ci me dit rien. Donc pas sang-pur, soit ils ne viennent pas de Grande Bretagne. »

Et ça les informait au moins d’une chose : ils allaient devoir fouiller dans les familles oublier, ou familles étrangères. Ou pire encore : des familles moldues.

Que cachait il donc comme secret ?

Galen n'avait rien vu de tellement important. Certes, son père était un mangemort, certes il lui avait brulé le bras pour détruire sa marque des Ténèbres, certes il l'avait frappé, certes il y avait eu d'autres actions de sa part qui seraient pour le moins... Contreversées, mais Galen partait du principe que, tant qu'il était en vie, en un seul morceau et tant que sa famille était en bonne santé, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Oengus insista, lui disant qu'il avait vu des choses qui pourraient sans doute changer sa vision sur lui. Galen releva le bec vers lui et, d'un revers de main, il balaya les doutes de son camarade en disant : Tu as besoin que je retire mon masque pour que tu puisse voir la sincérité dans mes yeux, Oengus ? Je te le redis, je te respecte beaucoup, et je me fiche de ce que j'ai pu voir dans mes rêves. Ce que tu m'as montré dans les catacombes suffit pour que j'estime t'accorder toute ma confiance, et même ma vie. Alors cesse de t'inquiéter, une bonne fois pour toute. Mes sentiments ne seront jamais souillés par des rêves qui ne m'appartiennent pas. Ta vie, c'est ta vie, et je n'ai pas à la juger. Et je te promets que cela restera entre nous.

Oengus le regardait, essayant sans doute de percer ses émotions à travers le masque. Galen décida de reprendre son courage à deux mais et garda le bec levé vers lui, afin de ne plus le rendre mal à l'aise, tant pis si lui l'était. Oengus lui dit qu'il ne pouvait pas être parfaitement intègre. Galen pencha la tête sur le côté et répondit, en croisant les bras sur sa poitrine : Alors tu n'as sans doute vu qu'une maigre partie de mon existence. L'incendie n'était qu'un commencement. Mes excursions ne sont que des pauses. Mon bec et mes griffes de corbeau n'ont pas fait que gober des vers et se percher à des branches... Il pense notamment à ces sorciers qui, en tentant soit de l'abattre lui, soit de s'en prendre à d'autres sorciers ou animaux, ont perdu un œil, une oreille, voire ont fini avec la gorge percée. Galen n'a aucun scrupule envers ceux qui s'en prennent aux autres. Lui peut bien attaquer et tuer, mais que quand il a faim, et uniquement des rongeurs, des petits oiseaux ou des insectes, mais le braconnage reste un acte impardonnable. Il reprit donc : Tu as donc raison sur ce point, personne ne peut être parfaitement intègre.

L'elfe de maison de Gus arriva et emprunta le grimoire pour l'étudier. Galen resta silencieux, se penchant une nouvelle fois pour gratter le Flereur qui venait se frotter à ses mollets. L'animal ronronna, et Galen laissa échapper un petit rire amusé en sentant ses bourrelets entre ses doigts. Il reprit son sérieux quand l'elfe annonça qu'ils devaient retrouver une famille ancienne pour être délivrés de leur malédiction. Galen observa le blason et écouta les suppositions de Gus. Il réfléchit un moment et dit : Ils sont anglais. Nous avons déjà vu ce blason, mais il était à moitié détruit, sur l'une des tombes dans les catacombes. J'ai deux solutions pour les identifier : soit on y retourne et on fouille les tombes aux alentours, pour y trouver des indices, ou on demande à un membre d'une famille qui est aussi ancienne que celle ci. La tienne, par exemple. Je me doute que tu ne souhaiteras pas demander conseil à ton père, je le ferais donc. Toi, tu peux demander à Madame Emrys, elle est descendante de Poufsouffle à ce que j'ai entendu. En attendant, nous pouvons toujours consulter les livres de la Bibliothèque... Qu'en penses tu ?

Réussir à y croire est difficile même si Gus tente de s’y persuader. Mais la sincérité dont il fait preuve permet de dissiper toutes les barrières que la vaurien avait mis entre lui et le corbeau. Peinant à inspirer, Gus tente de se persuader en hochant la tête, secouant la tête lorsque Galen se propose de retirer son masque. Non, il n’avait pas besoin, sa voix était suffisante. De toute manière, maintenant, c’était donnant donnant, ils étaient dans le même bâteau : et Galen lui prouvait à nouveau qu’il pouvait lui faire confiance. Quelque chose de consistant prenait forme. Inspirant plus profondément, le sorcier a l’impression de ne pas avoir respiré depuis des siècles. Même ses muscles noués sont endoloris, en peine. « Okay… »Il souffle enfin dans une acceptation significative, démontrant qu’il laissait tomber ses dernières défenses, ses dernières barrières pour faire rentrer le corbeau dans sa vie. L'inquiétude était encore là mais il se raccroche à cette lueur d’espoir qu’il voyait et que lui offrait le masqué. « On est liés jusqu’à la mort maintenant, Galen. » Qu’il déclare, légèrement dramatique… mais ça lui semblait nécessaire. Comme un contrat tacite où les deux n’avoueraient rien sans consentement. Leurs savoirs communs serait désormais un secret, un lourd héritage qui les ferait probablement couler. Mettre des mots dessus, poser des syllabes sur la lourdeur des émotions qu’il ressentait, lui faisait un bien fou. « Au moins, voyons le bon côté… je n’aurais plus le vertige. » Qu’il lâche dans un rire, se cachant à nouveau derrière l’humour pour éviter de faire face à l'ampleur de la situation et aux émotions négatives qui en découlaient. Mais au fond il n’avait pas tord : à force de voir une tonne de vision où il se voyait voler, manger des larves et dégommer des humains à coups de bec… il finirait par ne plus avoir peur du vide. Même si bon, il serait toujours pas attiré par l’idée de manger des asticots, loin de là.

Les informations données par l’elfe le pétrifie : encore de nouvelles aventures dans lesquelles il ne voulait pas s’engager mais dans lequel on le forçait intuitivement pour sa propre survie. Okay… donc c’était bien des anglais. Oengus n’avait pas fait gaffe aux inscriptions dans la crypte, probablement trop occupé à survivre au final. Mais il le sentait : ça sentait la boue, le sang et les longues heures passées à risquer de mourir. La faucheuse les recherchait et leur malédiction était une prévention, un avant-goût sinistre de ce qui les attendait. Le plan semblait plus que correct, même s’il savait pas exactement comment approcher la professeure sans paraître particulièrement suspect. Il était pas un ultra bon menteur, ça se voyait gros quand il avait quelque chose sur le coeur. « Ouais, j’aimerais bien éviter de le recroiser, ouais. Pour le moment en tout cas… » S’il peut éviter son père c’ets préférable : parce que ouais, il ne se voyait vraiment pas dire “hey salut ça va ta main ?” après l’avoir consciemment brûlé. Donc, nan vraiment, c’était viable. Et lui-même demanderait à son elfe de faire quelques recherches dans le manoir de son père lorsqu’il était à Poudlard. Peut-être qu’il trouverait quelques trucs intéréssants. « Okay, ça se tente… On fait ça et on se retrouve à nouveau pour voir où en sont les recherches ? » Qu’il propose, portant un bref coup d’oeil vers son elfe coloré.

Liés jusqu'à la mort...

Un peu théâtral certes, mais c'était tout à fait approprié. L'un comme l'autre n'oublierait jamais ce qu'il a vu dans ses rêves, ni les souvenirs de son camarade. Galen garderait à tout jamais cette vision d'un père au bras brûlé, des actions de Gus, de sa colère envers son paternel et envers lui même. Oengus garderait en lui les images d'un violent incendie, de braconniers aux yeux crevés et de nuages dans un vaste ciel étoilé. Liés jusqu'à la mort. Cela plaisait a Galen qui aimait le côté dramatique de la situation. Il pencha la tête en avant et répondit : Ainsi soit il dans ce cas .. Puis, il murmura pour lui même : Si cela pouvait être plus que cela... Il remercia en pensée l'elfe de maison aux allures fluorescentes et extravagantes pour son arrivée et son intervention, car cela permit à Galen de se changer les idées pour se concentrer sur leur problème commun.

Oengus affirma le fait qu'il ne voulait pas voir son père, et proposa d'aller chacun de son côté et de revenir une fois les recherches terminées. Galen dit en hochant le bec : Entendu, faisons cela. Je me mets à la tâche tout de suite... Il se détourna puis, juste avant de franchir le pas de la porte, il s'arrêta, hésita et se retourna vers Gus. Puisqu'il était la .. autant lui poser la question. Il s'avança de quelques pas vers son camarade et il lui demanda : Puis je te demander quelque chose, Oengus ? Il tendit son bras droit et il poursuivit : Cela va sans doute te sembler bizarre mais .. Est ce que tu peux toucher mon bras ou ma main ? J'ai besoin de vérifier quelque chose... Il attendit que son camarade optempère, peu importe sa réaction, puis, lorsqu'il sentit le contact, il releva le bec pour regarder Oengus dans les yeux. Étrange. Vraiment très étrange. D'ordinaire, il ne supportait le contact que de sa soeur et des rares médecins qu'il acceptait de voir. Ici, la main d'Oengus ne le dérangeait pas, bien au contraire, elle l'apaisait. Galen ramena son bras contre lui et détourna le bec, soudain nerveux. Qu'est ce que cela signifiait ? Pourquoi arrivait il à supporter la main de son camarade ? Pourquoi maintenant ?

Galen dit alors, hésitant : Je .. heu... Merci Oengus... Je reviendrais quand j'aurais des résultats, le plus rapidement possible je l'espère. Sur ces mots, il se transforma en corbeau et s'envola en direction de la porte, perturbé et intrigué. Malheureusement il n'eut guère le temps de réfléchir à ces ressentis, car il fonça tout de suite voir le professeur Crowley pour obtenir des réponses...

Il revint le lendemain, et toqua a la porte de son camarade. Il n'avait pas obtenu grand chose mais, espérons le, cela devrait suffire à leur donner un début de piste... Mais cela imposait qu'ils repartent à l'aventure. Galen avait hâte, mais peur, car cela impliquait qu'il se retrouve une nouvelle fois seul avec Gus.

Ses sourcils se froncent brutalement à sa proposition. Un mélange de confusion ne tarde pas à se lire sur ses lèvres, toute l’école ou presque sachant pertinemment que Galen faisait en sorte d’éviter tout contact. La confusion est telle qu’il reste d’abord silencieux, peinant à y croire : il a même une petite étincelle de malice dans ses yeux qui s’évanouit tristement en voyant que Galen était parfaitement sérieux. Qu’est-ce qu’il lui prenait, au juste ? Est-ce que c’était une petite expérience à cause de leur malédiction collective ? Oengus finit alors par céder, menant sa main vers le corbeau, et rentre enfin en contact. Même pour lui c’était… étrange. Il faut dire que c’était un nounours qui avait le contact facile, il n’avait jamais besoin de l’autorisation d’autrui parce qu’il se la donnait souvent, sauf lorsqu'il comprenait que c’était indisposé. Sa main est moite, et il jauge le corbeau avec des sourcils froncés, bien incapable de dissiper son incompréhension. Parce que Gus ne ressentait rien au niveau de la malédiction, pas de flash ou de visions en particulier, juste la gêne étrange de leurs corps se touchant enfin. Mais il était un grand brûlé, alors toucher son costume et ses gants, c’était simplement… étrange.

Le contact finit par se taire et l'hésitation dont faire preuve le corbeau ne répond en rien aux questionnements de Gus. Mais l’idiot ne tarde pas à hausser bêtement les épaules, prouvant que ça lui passait au dessus et qu’il s’en moquerait bien. Il finirait par oublier ce moment, peut-être qu’il comprendrait un jour si Galen commençait à lui en parler. Oengus le raccompagne en lui souhaitant bonne chance avec son père : mais il ne doutait pas que Galen parviendrait à se montrer inébranlable et inflexible face à son père malgré ce qu’il avait vu. Faut dire qu’un jour où il verrait Galen avec d’autres émotions que la gêne et son calme impérial, Gus allait devoir sincèrement s’inquiéter. Surtout le jour où il serait en colère.

Ainsi donc commençait leur terrible aventure vers une issue de secours. Ou vers leur mort prochaine, allez savoir.

Gaïus Crowley ne l'avait pas oublié, bien au contraire.

Quand Galen s'était présenté à lui, le professeur de potions l'avait regardé d'un oeil complètement froid et lui avait demandé, sans aucune joie dans la voix, ce qu'il désirait. Gaïus s'était toujours montré cordial avec lui, bien que son aversion pour son sang moldu et sa... Particularité physique soit un frein dans leur relation. Cela convenait à Galen. Gaïus Crowley n'était pour lui qu'un professeur. Mais, maintenant qu'il savait ce qu'il avait fait, maintenant qu'il connaissait son secret, le jeune homme ne ressentait plus la peur et la méfiance qu'il pouvait sentir à son égard lorsqu'il était encore un adolescent. Galen s'était donc approché, lui avait montré le blason et l'avait interrogé. Gaïus avait d'abord prétexté qu'il était occupé, puis, après quelques secondes de réflexion durant lesquelles il avait regardé le blason, il avait annoncé : Qu'est ce que vous leur voulez, aux Otterwood ? Otterwood ? Oui, Fitzgerald. La loutre, le trident, ce sont les emblèmes des Otterwood. Il ne reste aujourd'hui que très peu de membres de cette famille encore en vie, et ce sont pour la plupart des ivrognes qui ont dilapidé l'héritage familial dans l'alcool. Leur domaine a été racheté il y a bien des décennies par d'autres grandes familles... Je possède même quelques acres de leurs terres.  Je repose donc ma question, qu'est ce qu'un jeune sang de bourbe comme vous va faire avec une famille aussi ancienne que les Otterwood ? Galen leva le bec, haussa les épaules et répondit : Remuer un peu de poussière. Rien qui ne doive cous inquiéter, monsieur. Galen se redressa et commença à prendre congé quand il s'arrêta et dit : L'huile de lavande aspic. Pardon ? Pour votre bras, monsieur. L'huile de lavande aspic soulagera la douleur. Bonne nuit, monsieur. Galen se transforma et s'envola.

Le lendemain, il vola vers la maison de Gus. Il toqua et attendit qu'on lui ouvre. Ce fut Vif-Argent qui l'accueillit. Galen le salua et lui tendit un pot de confiture acheté sur le marché de Campolard en bas. Il dit : Avec du pain grillé, ce sera un délice pour Oengus et toi. Ce dernier arriva, visiblement fatigué et quelque peu tourmenté. Galen le salua du bec et dit : Otterwood. C'est le nom de la famille que nous recherchons. Les derniers membres se terrent sans doute dans les environs, mais ton père n'en savait pas plus, et il ne voulait pas m'en dire plus. Il pencha la tête sur le côté, croisa les bras et dit : Soit nous recherchons ces personnes soit nous retournons aux catacombes..' Mais peut être que tu as pu récupérer des informations ? Il accepta la tasse de thé que lui tendit l'elfe. Ce dernier avait même pensé à la paille pour son masque. Galen le remercia avec chaleur et, tout en glissant la paille dans le minuscule espace entre le masque et la cagoule, il dit, juste avant d'aspirer une gorgée de thé : Je.... Il faut que je sois honnête avec toi, Oengus. Comme tu l'as dit, nous sommes liés à présent, et je ne dois rien te dissimuler.

Il reposa sa tasse sur la table et, après un soupir, il commença Je ne supporte pas le contact humain. Mis à part ma soeur, Eden, et quelques médecins, je ne peux m'empêcher de repousser et de m'éloigner de ceux qui me touchent. Hier, lorsque tu m'as touché le bras, c'était pour vérifier... Comment l'expliquer... Depuis quelques temps, je suis envahi par des ressentis, des sentiments que je ne connais pas, et ils sont décuplés quand tu es à proximité. Je ne comprends pas ce qui m'arrive, d'autant plus que je supporte ton contact, avec autant de facilité que si cela avait été la main d'Eden... Je ne comprends pas et c'est terrible... Cela me distrait de notre tâche... Connais tu cela ? Peux tu me l'expliquer ?

Impossible de trouver Mrs Emrys. Allez savoir pourquoi… elle s’était envolée d’un seul coup, retournant probablement dans la Forêt de Brocéliande pour s’occuper de son mari après ce qu’il s’était passé. De toute manière, après ce qu’il s’était passé… ça arrangeait plutôt bien Oengus de ne pas être allé la voir. C’était délicat de lui demander de l’aide alors que son mari avait été lamentablement humilié par Gaïus Crowley. Il doutait pas de la générosité de la professeure de botanique… mais la honte l’aurait probablement étripée, il se serait terré dans un coin pendant un loooong moment pour s’assurer qu’il ne s’attirerait pas le courroux des Emrys. M’enfin, peu importe. Il revenait bredouille après avoir emprunté quelques livres sans grand succès. Il n’y avait rien de viable sur une potentielle malédiction qui forçait deux personnes à partager respectivement leurs souvenirs sans pouvoir les arrêter. Leurs destins étaient entremêlés, et ça dérangeait Oengus qui était lassé par ses visions de feu qui concernaient l’histoire tragique de Galen avec le Mangemort. Gêné que ses moindres faits et gestes puissent être épiés par Galen alors qu’il couchait avec Alwyn il y a peu : il avait l’impression que son intimité puisse être dérobées à tout moment. Il n’était pas à l’aise à l’idée qu’on puisse  nu avec son petit corps nuageux à côté de ses potes finement dessinés.

Il enchaîne les soirées. Il s’explose le crâne, commence même les entraînements pour devenir auror. Il veut juste penser à autre chose, il tue le temps, parce que maintenant il a des problèmes avec Ruka. Nouvelle journée avec la gueule de bois. Il se réveille pataud, avec la mauvaise surprise d’avoir un Galen sur son palier. Pas qu’il l’aimait pas, loin de là… Mais vraiment, il était pas dans le mood de partager des informations aussi importantes alors que son crâne explosait. « Fais pas attention à mes souvenirs en ce moment… c’est… flou. » Soirées, alcool, de longues nuits passées dans un lit solitaire à se lamenter sur sa vie à caresser docilement son fléreur obèse. Drogue, recherche de contact, des râteaux d’autant plus douloureux. Et lui qui souriait en faisant mine que tout allait bien. Sa vie était un tas de fracas : voilà, il était le roi de la poussière. Le roi des idiots. « J’ai pas réussi à voir Mrs Emrys. Elle n’est plus à Poudlard. » Il fronce des sourcils, tentant de deviner si le nom évoqué lui disait quelque chose. Mais rien… « J’ai appris par contre que dans toutes les cryptes, il y avait du sang de la famille pour qu’un passage pour les héritiers s’ouvrent naturellement. » Est-ce que c’était une information viable ? Pas encore, Oengus ne tarde pas à rajouter les dernières informations alors que son elfe lui offre une mixture immonde pour lutter contre sa gueule de bois. « Si on récupère le sang, on peut faire un rituel pour trouver l’héritier. Mais… bah voilà, il faut y retourner. » Est-ce que les épreuves seraient les mêmes ? Probablement pas. Est-ce qu’ils allaient devoir se dévoiler à nouveau ? Sûrement.

Ses prunelles s’écarquillent en voyant le sérieux que prenait la discussion. Un virage inattendu qui fait rater un battement chez le jeune vaurien. Il relève le regard, venant l’emmêler à celui de Galen -enfin, plutôt vers les orbites du corbeau- d’un air soucieux. Mais il est incapable de relever le moindre sourire face aux mots évoqués. « Je ne sais pas. » Qu’il glisse d’abord avec prudence, un léger liseré rouge de gêne sur ses joues, glissant peu à peu vers une gêne malencontreuse. Gus avait l’impression de marcher sur des épines : il peine à déglutir en comprenant ce que ça voulait signifier. Il se redresse, se glissant vers Galen, avant de se tenir face à lui. « Galen… t’es vraiment aussi naïf que ça… ? T’as jamais été… en crush sur quelqu’un ? Pas même un petit crush d’enfance.. ? » Oengus a du mal à savoir ce qu’il en pense. Sa pseudo rupture avec Alwyn est tellement récente qu’il peine à se construire une éventualité dans le futur. Il est tellement habitué à se prendre des râteaux… que jamais personne ne lui a fait de déclaration… son monde semblait exploser. Inspirant profondément, se triturant les mains, il se râcle distraitement la gorge. « Ce que tu viens de faire… à ton insu… c’est de m’avouer que je te plais… » Il inspire nerveusement, ne sachant pas vraiment où se mettre.