Il manque de chuter dans le couloir, le ventre noué, profondément barbouillé. Embaumé dans une profonde gueule de bois, il passe des heures à établir de l’ordre dans ses pensées. Son esprit ressemble à une toile d’araignée abîmée, aux fils emmêlés qu’il tente navrement de dénouer. Il n’a presque rien oublié, mais le sorcier a du mal à restructurer de manière chronologique les évènements. Le fouilli qui structure ses souvenirs lui donne un sérieux mal de crâne : ça, ou bien l'alcool. Lorsqu’il émerge de la salle de bain, c’est son elfe qui l’accueille. Il est vêtu de son habituelle perruque orange flashy, d’un costume de disco pailleté rose, et d’un maquillage soigneux sur ses larges paupières. Il tient un petit plateau doré entre ses mains, où se tient une potion que le Crowley ne tarde pas à avaler : un somptueux mélange contre la gueule de bois qui a le mérite de plutôt bien fonctionner. Son crâne n'est plus aussi douloureux, même la lumière ne paraît plus aussi agressive. Rafraîchit, et avec une odeur acceptable, il descend l’étage pour rejoindre les salles communes… Mais si son elfe lui informe d’avoir préparer le petit-déjeuner, il se tâte doucement à manger, pas bien certain que le repas ne ressorte pas aussitôt. Sa gourmandise n’est cependant pas effacée.. prêt à avaler plusieurs assiettes… faut dire qu’il se souvenait pas bien d‘avoir mangé dernièrement. Bu, oui. Mangé ? C’était souvent un détail.

Son corps est lourd, alourdi par des courbatures : Hannah le tuerait probablement dans cet état en voyant qu’il était incapable de prendre soin de lui. Peut-être qu’il irait courir demain, pour la forme… mouais. Peut-être. Faut dire que rien ne le motive, il plonge dans cet état de déférence, parce qu’il estimait qu’il pourrait jamais être heureux. Il se prenait plein de refus en pleine gueule, des claques à foison. La lassitude prenait le pas sur le reste, l'englobant dans cet état d’indécision perpétuel. Première clope, la fumée entoure sa silhouette, encrasse ses pensées. Son pas est lourd, pâteux : mais ses sourcils se froncent en entendant la délicieuse sonnerie de sa cloche magique qui lui informe que quelqu’un rentrait dans la propriété. Il espère sincèrement que ce n‘est pas Ruka qui vient lui demander davantage d’explications, Gus n’a pas envie de confrontation. Pas pour le moment, pas avant d’être préparé. Mais c’est Elis qui apparaît lorsqu’il lui ouvre la porte : un sourire ne tarde pas à s’afficher sur ses lèvres. Même s’il est paumé en ce moment, il ne dit jamais non à la visite d’un pote, bwarf, ça lui ferait pas mal de rire un peu.

« Eh mon salaud, j’ai crû comprendre que t’avais passé une bonne soirée. »

Il lâche dans un petit rire pointilleux, l’oeil malicieux, alors qu’il l’invite à rentrer d’un mouvement de tête. Elis fera face à une maison entièrement peinturée, de nombreux graffitis et dessins sont sur les murs : un art soigneusement conçu par Gus qui se destinait initialement comme peintre.

« Vif-Argent a justement préparé le p’tit déj, ça te tente ?  »

L’elfe est justement non loin, toujours autant pailleté. Puis il a cette mauvaise habitude d’en préparer des tas, y a toujours des restes. Gus s’approche de l’étudiant, glisse un bras sur son épaule, avant de se pencher doucement vers lui avec un petit rictus moqueur.

« J’peux comprendre en même temps… il a un putain de sourire… » il lâche de sa voix rauque, un grand sourire aux lèvres.

J’avoue, putain de sourire.

Un léger liseré rouge apparaît sur les joues du jeune étudiant… certes c’est pas bien rare de voir Elis rougir, Oengus ne compte plus le nombre de fois où il avait vu ce spectacle -et sincèrement, ça l'amusait toujours autant de le mettre dans de pareils états au fond-. Sa gêne était un régal pour Oengus, adorant taquiner les petites proies faciles qui craquaient aisément sous ses mots inquisiteurs. « Tu rougis Elis, c’est une preuve de culpabilité ça. » Il lâche dans un petit rire moqueur… il n’avait pas vu de ses propres yeux ce qu’il s’était passé. Mais les rumeurs allaient vite dès qu’il s'agissait de Riley, faut dire qu’il attirait le regard sur lui. Belle gueule, joli sourire, un charisme délicieux pour les rétines. Tout le monde remettait sa sexualité en cause pour une divinité pareille. Dommage, le vaurien avait le regard rivé sur une blonde, et autorisait rarement que des silhouettes s’incruste dans la tempête charnelle qu’il était. Quel foutoir. Au fond Gus aurait aimé dégager autant que lui, au lieu de ça il restait l’idéal ami de tous : mais au moins, c’était un creux à secret. Il finissait toujours par tout savoir. A Riley, on lui disait rien : il était trop secret, trop mystérieux, et n’inspirait certainement pas la confiance.

Lors des explications son sourire s’étale davantage, grandit au fur et à mesure. Il sait que c’est un névrosé, un mec bouffé par son anxiété et tout un tas de trucs néfastes. Gus sait pas bien quoi, il est pas dans son cerveau : l’esprit d’Elis est embaumé d’un état dépressif. Il dégage une sorte de pudeur, une naïveté presque touchante, qui donnait à l’ancien blaireau le désir irrépressible de le protéger, de le préserver de nouvelles pensées néfastes. Il avait inconsciemment envie d’être son armure, de se prendre les balles pour lui, un bouclier pour qu’il garde ce qu’il lui reste d’âme. Pour qu’il prenne le temps de se redresser et de s’envoler. Peut-être pour ça qu’ils sont sortis ensemble et qu’il s’est enivré brièvement de sa personne. « Et dire que je pensais que t’allais passer la soirée à vérifier les bracelets. » qu’il le taquine, lui reprochant parfois de se montrer trop exigeant avec les élèves plus jeunes. Mais c’était drôle de le voir se lâcher à nouveau. Pas désagréable… mais étonnant.

Gus hausse distraitement les épaules face aux soucis dont il faisait preuve. Il en avait profité, non ? C’était le plus important pour le futur auror, qui le regardait avec une pointe de malice qui ne le lâchait pas, même si le mal de tête emmêlait ses pensées. « Mais naaaan, faut pas avoir de regrets, surtout pas pour ça. » Nouveau clin d’oeil, toujours aussi proche. Plus sincèrement ça l’amuse de voir qu’il est aussi débridé, qu’il s’est lâché un peu.. peut-être même trop. Gus tapote doucement son épaule. « T’accordes trop d’importance à ça. Faut juste en profiter à fond, puis les glissades ça arrive. » Bon, certes ça arrivait rarement. Mais fallait profiter à fond de leurs années étudiantes.

Il s’arrête, rompt le contact. Gus est là, toujours à tenter de prouver qu’il est invincible. Mais au final c’est un idiot de livre ouvert, où on voit facilement lorsqu’il est pas dans sa plus grande forme. « Tu t’inquiètes encore pour moi… » Il souffle un peu, visiblement plus touché qu’agacé. Comment pourrait-il l’être ? Elis s’est ramené ici parce qu’il était soucieux. Gus avait des tas et des tas de potes, vraiment. Il s'entendait avec tout le monde, mais c’était rare ceux qui pouvaient se pointer en lendemain de cuite pour ses beaux yeux. Il lui offre son meilleur sourire alors qu’il l’invite à s’approcher dans la cuisine, où une odeur de bacon grillée les attend. « Faut pas Elis… » Il fait briller toutes ses dents pour prouver qu’il allait bien, même s’il se sentait encore poisseux et démoralisé. La cuite aidait pas, faut dire. « J'ai juste pas réussi à doser la soirée, j’ai la tête en pétard. » Il lâche un rire. « Et moi mon lit était vide le matin bande de salauds. » Il est un peu plus aigre malgré lui, l’amertume trempant ses lèvres plus qu’il ne devrait. Mais il a du mal à se relever des deux râteaux consécutifs. Bon, il savait pas exactement ce qu’il s’était passé… mais que ça se passe aussi bien le rendait pas forcément jaloux.. mais le complaisait à croire qu’il était une pauvre merde. « T’sais, Riley c’est une petite anguille. Il est pas méchant, mais si t’espères l’attraper… et que t’as l’impression de l'attraper… c’est qu’il s’apprête bientôt à fuir. » Dit-il en une subtile pirouette pour détourner la conversation.

Sourire pincé et profondément malicieux sur ses lèvres, il porte un coup d'œil vers le tatoué. « Eh beh, c’est un signe que t’as passé définitivement une bonne soirée. » La rigidité d’Elis était parfois agréable, notamment dès qu’il s’agissait d'éviter de faire faire de la merde aux plus jeunes parce qu’aucun d’entre eux vérifiait vraiment. Parfois cette surveillance était nécessaire… m’enfin, Oengus n’avait rien entendu parler en termes de gravité. Ce dérapage contrôlé était surprenant - certainement pas désagréable-. La réponse est presque machinale lorsqu’il affirme qu’il ne s’en voulait pas. Oengus tique un peu, les sourcils froncés. La laiteur des prunelles de son comparse ne l’aidait pas à savoir s’il était sincère. Il aimerait parfois plonger dans l'éclat de ses prunelles juste pour éclaircir le paysage, y enlever la brume pour savoir ce qu'il pensait sincèrement. Parce qu’au fond ils étaient trop similaires : des poufsouffle qui se faisaient avoir par de beaux sourires. Des idiots qui s’enivraient de rien, qui se tenaient sous le joug de serpents simplement parce qu’on lui accordait un peu d’attention. Ils étaient des cailloux qui se faisaient écraser s’ils ne tombaient pas sur les personnes adéquates.  « Je sais jamais quand t’as cette gueule à quoi tu penses. » Est-ce qu’il était triste ? Ce petit sourire au fond Gus le connaissait bien, en premier lieu parce qu’il était le premier à fournir le même continuellement sans savoir où se situer. Lorsqu’il pataugeait dans le désespoir, dans des tempêtes éternelles où il aurait souhaité se terrer dans un petit terrier pour ne jamais en ressortir. Mais surtout parce qu’il connaissait Elis désormais. Son petit air torturé avait un certain charme, une attirance douceâtre. Mais derrière ce mystère se cachaient des faits plus terrifiants. « Faudrait qu’on se fasse une soirée au veritaserum peut-être pour se dire vraiment les choses. » Qu’il suggère doucement dans un petit rire après son propre refus d’en dire davantage. Des putains de têtus. C’était pas la meilleure idée du siècle : ils finiraient probablement en pleurs à se plaindre à quel point la vie était merdique.

Il soupire doucement, alors qu’il rentre dans la cuisine et invite Elis à le suivre. Oengus cède doucement à se livrer à cause de l’air adorablement piteux du jeune étudiant qui se tient à côté. « En faites y avait un mec à la soirée. Un mec avec qui ça se passait bien, on couchait ensemble, puis on se voyait pas mal donc j’ai tenté de me rapprocher de lui. Mais il m’a mis un énorme stop. » Il est profondément gêné d’en parler, sa voix n’a pas l’assurance habituelle dont il fait preuve, encore moins la présence de son habituel sourire en coin sarcastique. Même son regard était fuyant. M’enfin, en parler à Elis c’est pas dérangeant. C’est certainement le moins craignos de ses potes, et il est sûr qu’avec lui son petit secret ne se propagera pas. « Et je m’en suis pris un deuxième par Ruka Visconti dans la même soirée. » Ruka, alias le plus gros baiseur de Poudlard. Le mec qui disait non à personne. Sauf à lui visiblement. « Bon j’sais qu’en terme de sex-appeal j’suis pas le meilleur… mais j’en ai marre d’entendre “t’es comme un frère”, “j’aimerais sortir avec quelqu’un comme toi.” La friendzone c’est douloureux là. » Qu’il lâche dans un petit rire, parce que l’humour c’était son truc pour faire disparaître la culpabilité, les regrets et son manque cruel de confiance en lui. Sa fierté en prenait définitivement un coup. Venant s’asseoir, sur la table c’est l'opulence incarnée. Des oeufs brouillés, bacon grillé, salade de fruits de saison, des pâtisseries réalisées par l’elfe. « Vas-y, sers-toi. » Alors qu’il sort sa baguette pour faire chauffer la bouilloire sur la table afin d’avoir un peu de thé.

Ses sourcils se froncent avec surprise, peinant à croire ce qu’Elis lui disait. Relevant lentement l’une de ses deux arcades sourcilières, il se montre un brin suspicieux. « Genre, ton lit est vide ? Pitié, t’as pas croqué le fruit défendu à fond ? » On ne pouvait pas résister à Riley, c’était fondamental. Alors quand on l’avait entre ses doigts, il était préférable d’aller jusqu’au bout pour goûter l’aventure dans son entièreté. Au risque de se taper une frustration horrible. « Je crois que je vais aller mettre de la potion détergente dans les yeux… » Il lâche dans un petit rire en imaginant très bien -trop bien- l’anguille de Riley. Enfin bon, les deux avaient déjà été plusieurs fois à poil. Bourrés, à chaque fois. Et pour des conneries. Il poursuit avec tendresse, sachant pas vraiment où se mettre. « J’sais pas… j’suis fier de toi. T’es comme mon fiston un peu. Bon je t’ai pas élevé… mais.. j’sais pas… » Il était heureux de le voir s’épanouir après leur petite aventure lycéenne.

Il y  a comme un léger moment de flottement lorsqu’il évoque sa jumelle. C’était… inhabituel. Disons que Gus n’était jamais à l’aise dès qu’il s’agissait de parler de deuil et de mort prématurée. C’était toujours délicat de trouver les mots adéquats. De comprendre leur peine, puisque le sorcier était forcé de constater qu’il n’avait jamais perdu quelqu’un. L’abandon de sa mère ne comptait pas vraiment puisqu’elle était encore en vie. Petit sourire douceâtre, Gus ne se lance pas dans le réconfort. Après tout, que dire à quelqu’un qui avait perdu un être cher ? Le Crowley était plus attaché aux souvenirs.  « C’est quoi la chose dont tu te souviens le plus d’elle ? » Il espérait que son petit sourire triste disparaîtrait grâce aux souvenirs. C’était peut-être un brin idiot, mais pas déconnant à ses yeux. « Oh putain que oui, on finirait dans un sale état. » Qu’il lâche dans un petit sourire pincé. En effet, ils finiraient mal… et Gus n’avait pas forcément envie qu’Elis sache tout. Il y avait des choses qu’il préférait être gardées par crainte qu’il ne le voit différemment. Lui dire qu’il avait brûlé le bras de son père ? -certes sous la contrainte-. Mais jamais, jamais, il ne saurait ça. Tout ceci devait être enterré à jamais. Petit sourire benêt sur ses lèvres en l’entendant dire qu’il ne dirait rien d’autre que ce qu’il ne dirait déjà sur lui, il le nargue d’un petit rictus moqueur. « Moi je dirais des dingueries sur toi. » Une pure taquinerie, histoire de le tacler gentiment.

Les compliments lui font du bien même s’il n’a pas l’habitude d’en recevoir. Touché, il a ce petit sourire naïf en coin, alors qu’il dévore avec appétit les oeufs. Etait-ce suffisant pour qu’il puisse se détacher de sa lourde peine ? Les sentiers vers la confiance est pourvu d’épines. Gus sait pertinemment qu’il doit être capable de s’en détacher pour s’en sortir. « Un gros ourson… c’est marrant t’es pas le premier à me le dire. » Un gros ourson qu’on adorait câiner. Poilu, rondouillard, adorable. C’était quelque chose qui lui ressemblait bien au final, et c’était ce qu’il voulait donner comme vision à autrui. Donc visiblement, ça marchait bien. « Un de perdu, dix de retrouvés. » Qu’il rétorque machinalement, parce que au fond il est un peu beauf. Beauf et déluré. Même si bon, il savait bien qu’il n’en retrouverait pas dix. Il allait subir encore les méandres de son affection qui s'accrochait aux personnes qu’il ne pouvait avoir, ou qui ne voulait pas de lui. « Bah tiens, j’organiserais ça avec le BDE : une soirée pour célibataires. Bon au risque que ça finisse en orgy…  » L’idée était cruellement démodée… peut-être qu’un système de verres à couleurs différentes en fonction du statut serait mieux ? Ouais, mais c’était comme crier à l’aide… puis il était franchement pas doué pour draguer. Il en devenait maladroit et se prenait une table, renverser son verre sur la personne. Une catastrophe ambulante. « J’sais pas, j’suis un peu paumé. J’ai l’impression de tomber amoureux pour que dalle… au point que je ne sache pas si je suis vraiment amoureux. Tu vois ? » Eh bah, ça bourdonnait bien dans son coeur. Il était un petit papillon bourgeonnant qui tâtait par-ci et là, butinant à souhait dès qu’on lui accordait un peu d’attention. Il se trompait, il n’était jamais amoureux. Mais bien désespéré.

Il ne s’était as trompé, Elis et Riley s’étaient bien roulé dans leurs draps. « Tu joues avec les mots… Alors, bon coup ? » Bouarf, il voulait échapper à la vision des deux s’embrassant… mais il était curieux malgré tout. Daddy… il a un petit frisson de gêne, Gus se permet même un petit rire incrédule pour dissiper la gêne accumulée qui avait causé un léger liseret rouge sur ses joues. « Oh oui, j’avoue. Mais non, on va éviter… on dirait un kink chelou. » Daddy… Sugar Daddy… Ouais, non.

La surprise s'étale sur ses traits alors qu’il mange mollement du bacon, il ne s’était certainement pas attendu à une telle information sur Elis. Ses yeux brillent d’un éclat nouveau, curiosité incisive qui lui trouerait presque l’estomac. Une dulcinée avait tapé dans l’oeil du coréen… Gus allait s’arranger pour qu’ils finissent ensemble. En les enfermant dans des endroits, en les invitant à des soirées, en les conviant à un endroit et en “oubliant” de venir… Oengus était cupidon. « T’as trop parlé Elisounet… » Il lâche sa fourchette, plantant son regard dans le sien. « Je veux le prénom maintenant… » Petit sourire en coin, promettant qu’il ne comptait pas le lâcher tant qu’il n’avait pas quelques indices. « J’veux savoir quel genre de fille te plaît. » Il a même un petit rire, pouvant pas s’empêcher d’être excité.

Au fond, ça a quelque chose de réconfortant de le voir parler d’elle de cette manière. Oengus se sent également nostalgique, imaginant sans mal ce qu’était en train de lui raconter Elis. Peut-être qu’en fermant les yeux, il entendra même la douce mélodie de la guitare tout en imaginant son sourire. Au fond, l’étudiant s’en veut un peu de ne pas être aussi proche avec ses frères. Kael, c’est différent. Il y a toujours eu quelque chose d’aigre et de malencontreux entre eux, Gus l’ayant toujours manifestement accusé de l'abandon de sa mère. Mais les jumeaux… il n’avait jamais vraiment fait l’effort de s’accrocher à eux. C’était peut-être un peu trop tard pours se rapprocher de sa petite soeur, mais pour Ikarus ce n'était probablement pas trop tard. « T’sais, ma mère m'a abandonné. » Qu’il glisse d’un ton grave : ça n’avait pas pour but d’attirer quelconque sympathie de la part d’Elis, c’est pourquoi entre deux bouchées d’omelettes, il ne tarde pas à poursuivre pour expliciter ses propos… histoire de pas donner l’impression qu’il était simplement en train de remettre la lumière sur lui pour qu’on ne s’intéresse qu’à son histoire. « Bon okay elle est toujours en vie. Mais j’comprends ce que c’est de voir quelqu’un partir alors qu’on le veut pas. » C’était différent, mais à l’époque Oengus avait fait toutes les étapes du deuil en pensant qu’elle était décédée. Déni, tristesse, colère, acceptation. Il n’avait eu que la dernière étape il y a quelques semaines. Alors malgré tout, il pouvait effleurer ce qu’avait ressenti Elis. Il pouvait comprendre un peu, sentir les émotions encore vrombir dans sa cage thoracique. « Alors si t’as besoin d’une petite soirée proche d’un feu, avec une couette sur les épaules à papoter nos petites vies malheureuses, j’suis l’homme qu’il te faut. » Qu’il lâche dans un léger sourire complice.

Les secondes s’écoulent, un temps de latence nécessaire avant de recueillir la théorie exposée, qui tirait ses ficelles d’une vérité troublante. Le regard voilé par un épais brouillard indécis, le coeur de Gus bat à tout rompre… est-ce que… c’était vrai ? Après tout il était tellement en recherche d’affection -même lui s’en rendait bien compte- qu’il acceptait toutes celles qu’on lui donnait, sans même se questionner sur l’ampleur et la profondeur de la relation. Et il le découvrait toujours à ses dépens.  « Putain… c’est vraiment pas déconnant ce que tu dis… » Il hoche la tête, approuvant ses mots avec un certain effroi, le regard écarquillé. Il se permet même de donner une petite tape sur l’épaule du brun, le remerciant en venant planter son regard dans le sien, plongeant dans l’abysse de ses prunelles, tout en esquissant un bref sourire. « C’est parce que je cherche que je trouve… mais pas des gens biens, ouais. Enfin… je te compte pas dedans, au cas où. » Il lâche pour se rattraper, sentant ses oreilles se couvrir d’un léger liseré rouge par pure gêne par la simple idée d’évoquer leur rupture. « Peut-être que si j’arrête de chercher… ça me tombera dessus. » Il déclare dans un petit haussement d’épaules, terminant enfin son assiette par la même occasion. Est-ce qu’il y arriverait pour autant ? Probablement pas. Son lit était vide, il était en manque d’affection, de quelqu’un à simplement câliner sans qu’il y ait un drame derrière.

La rougeur d’Elis le fait sincèrement rire, même s’il n’est pas mieux : ses joues sont devenues rougeâtre à la simple idée d’imaginer Elis auprès de deux mecs. Les yeux écarquillés, il ne s’attendait certainement pas à ça de la part de ce mignon et adorable Elis qui paraissait trop pur pour ce monde à rougir pour que dalle. « Eh beh mon salaud. » Il l’observe avec de grands yeux incrédules, une fossette au coin de la joue par pur amusement.  « Est-ce que du coup… » Les questions d’ordre pratique s'accumulent dans son esprit. « C’est mieux seul ou à deux ? Parce que j’ai jamais tenté à plus qu’une personne. » Il pouvait même dire qu’il avait très peu tenté. En terme d’expérience, il avait presque que dalle. Aaaah ! Et dire que tous ses potes étaient des saltimbanques qui couchaient à droite et à gauche. Même sur ça il se sentait frustré.  

Mh ? Okay il voyait qui c’était à force de traîner chez les sportifs grâce aux soirées. Il savait également qu’elle avait en effet une nana. Okay, c’est donc ça son style de meuf. Dans le genre badass, solide sur ses appuis, qui savait ce qu’elle voulait. Même Gus comprenait, elle dégageait carrément un truc. « Okay t’es définitivement un cas autant perdu que moi. » Un petit rire moqueur quitte les lèvres du vaurien, forcé de constater qu’Elis aimait quelqu’un qu’il ne pourrait pas avoir. Bon, Solomia sortait avec une fille… Elis avait l’air éperdument attachée et accrochée. Oengus allait devoir le ramener à la réalité… faut dire qu’il s’était accroché à Alwyn et avait pris une forte douche froide. Alors ouais, il allait pas indiquer à Elis de se jeter dans le vide pour qu’il soit au final profondément déçu. « J’sais pas, tu sais si elle aime les hommes au moins ? Et t’as eu des petits signes comme quoi tu pourrais lui plaire ? » Pour savoir si son espoir était légitime ou non. Néanmoins, Gus privilégie les mots qu’il aurait aimé entendre lui-même. Même s’il ne les aurait probablement pas écouté. « A cause du rateau d’hier, j’peux t’assurer un truc : faut pas rester trop proche et se faire pleins d’espoirs, parce que après ça te tue. » Il a un petit sourire torve, sachant déjà qu’Elis était au courant de ça. Mais au moins les choses étaient posées.

Elis Hunter a écrit:

// Love isn’t always on time

« Love is always in the air.» ♪ ^♫ ♩^♫

 

Pour Elis, le concept, l'idée même qu'un parent pouvait abandonner son enfant était juste incroyable. C'est certain, lui n'avait pas d'enfant et donc n'avait qu'une infime idée de ce que pouvait ressentir un parent envers son enfant, mais dans sa tête, tu ne pouvais pas abandonner un enfant et t'en laver les mains, sans ne rien ressentir. Alors qu'Elis était en train de contempler l'idée de dire haut et fort que certains parents ne devraient juste pas être parents, Gus ajouta une petite phrase qui, malgré tout, serra le cœur d'Elis. "C'est quelque chose que je ne comprendrai jamais. Comment un parent peut faire ça à son enfant et je suis persuadée que d'une certaine façon, c'est pire comme moment dans la vie de quelqu'un. C'est le genre de chose difficile à passer au travers et puis tu sais, pour certains enfants, le simple divorce de leur parent peut être horrible.", fit remarquer le britannique coréen. Il en savait un bout sur le divorce difficile...  "Quand ma sœur est morte, mes parents ont divorcé assez rapidement après. Ma mère est retournée en Corée et je suis partie avec elle, laissant mon père avec Holly (15 ans Gryffondor). Il ne pouvait pas se permettre de quitter la maison, alors il a juste fermé la porte de sa chambre, mis la clef et à continuer. Il ne m'a jamais rien reproché et il m'a accueilli à mon retour les bras grands ouverts. Probablement que de me voir quitter à ce moment a été difficile pour lui. Par-contre, jamais, il n'aurait abandonné Holly ou moi, même avec autant de douleur." Elis pencha la tête légèrement sur le côté, fixant un point vide avant de reprendre une bouchée de son repas puis de sourire légèrement bêtement.

"Tu sais, je crois que mon psy te dirait un truc du genre' Oengus, l'abandon de votre mère vous pousse à chercher l'amour pour compenser celui que vous n'avez pas eu de votre mère... ' et là, il partirait sur un long monologue à quel point ce n'est pas sain et tout." il rit faiblement puis lui sourit de nouveau. "Quand tu vas trouver TA personne, tu vas rendre cette personne particulièrement heureuse parce que tu vas être heureux toi aussi. Peut-être pas aujourd'hui, peut-être pas demain. Ça va être une surprise." lui promet le brun avant de s'étirer légèrement. La proposition de Gugus lui revint en tête. C'était probablement une excellente idée. Peut-être que son plan de ne jamais parler d'elle n'était pas la meilleure solution pour aller mieux au final... Peut-être que de parler d'elle était une meilleure solution. Oengus était facile à écouter et il avait une bonne écoute lui aussi. Beaucoup plus facile que Riley par exemple. Elis avait de bons amis tout de même depuis son retour à Londres.


La question de Gus sur ses expériences passés le fit rougir. Il prit quelque temps avant de réfléchir puis de hausser légèrement les épaules. "C'est différent. Le plaisir peut être plus intense parfois, mais pas nécessairement. C'est juste différent, plus complexe et moins intime,. Je préfère avec un seul partenaire pour la proximité. Quand j'étais en Corée, je préférais toujours être avec Yumi toute seule, mais je ne refusais pas notre pote non plus... Si elle le demandait, j'acceptais. Pareil quand il demandait à me regarder avec nos deux potes. Mais encore là... Je n'étais pas toujours présent avec toute ma tête non plus. Sa joue un peu." fit remarquer Elis timidement. Il n'était pas fier de son passé avec son énorme consommation de drogues dures. Avec beaucoup d'aide et de force, c'était derrière lui tout ça.

Solomia par contre, c'était autre chose. Cette fille... Elis aimerait pouvoir la garder pour lui seul, la soutenir dans sa musique, non, l'aider, la faire avancer. Mais... Elle était en couple cette merveilleuse jeune femme... Malgré la situation merdique dans laquelle il était, il ne pouvait s'empêcher de sourire en pensant à elle. "J'en sais rien pour Solo et les mecs. Peut-être que oui... Difficile à dire, elle..." Il soupira, rougissant de plus belle. "Jcrois qu'elle aime un peu trop me faire rougir elle aussi. Elle... parle de mes doigts des fois et même si je sais que c'est à cause de la guitare, il y a une implication sexuelle. C'est pas nouveau, mais quand elle me dit des choses comme ça. Ou qu'elle me complimente, je deviens fou. Je sais que ça ne sert à rien, mais... Elle me fait un effet trop intense pour que je l'ignore." avoua Elis qui regardait à présent son assiette vachement diminuer depuis qu'il l'avait rempli.

Elis était un grand sensible... Et le grand sensible qu'il était, est follement amoureux, même s'il essaie de nier la profondeur de ses sentiments.
hrp : @Oengus Crowley

Débattre sur des faits qui ne peuvent être effacés réveillent toujours cette nostalgie qui le poignarde, qui l’éventre à petit feu. Sa mère l’avait laissée, mais il se rappelait encore de sa présence chaleureuse. Avait-il idéalisé les beaux moments passés avec elle ? Il s’était imaginé bêtement une mère parfaite, s’accrochant aux rares aspects positifs, par pur désir de croire qu’elle reviendrait. Maintenant enivré de fatalité, et bien plus mature… il avait accepté les choses comme une évidence. Au fond, il était au courant depuis le début. Les indices s’étaient accumulés dans son esprit, bien qu’il ait fermé ses prunelles pour ne pas voir les épines qui manquaient de l’étreindre. « T’sais, y a des gens qui font des enfants et ils savent pas pourquoi. Et la moitié est pas capable de les assumer..  » Un haussement d’épaules montre son détachement face à la situation : les émotions négatives qu’il en gardait s’effaçait un peu. Mais ça le terrifiait d’être père un jour. Il ne savait pas s’il voulait des enfants, mais il avait peur de le voir se flétrir entre ses doigts, tout comme lui-même s’était senti moisir au contact des mains rêches de son père. Au moins Elis avait eu la chance -non pas d’avoir une enfance tendre et oisive- mais d’avoir un soutien solide pour se remettre à l’époque de ses peines. Gus était encore enfermé dans la cage de ses émotions. Mais pouvait-on appeler cela de la chance ? Oengus était simplement heureux qu’il y ait eu au moins ça de sincère dans sa vie, alors qu’il se remettait peu à peu de ses addictions. « C’est typiquement pour ça que je vais pas voir de psy. » Il n’aimait pas l‘idée qu’on puisse émettre des hypothèses sur ce qu'il ressentait. Il avait tellement de difficultés à poser des mots dessus à force de les enfermer, qu’il finissait par être détaché de tout ce qui l’effleurait. Et puis, il avait grandi dans une famille machiste et patriarcale, les psychomages c’était fermement encrés dans sa personne qu’ils n’avaient d’utilité que pour les fous.

Ses prunelles se glissent sur Elis, alors qu’il croise intuitivement des bras, le jaugeant dans un petit sourire moqueur. « Hâte d’avoir la surprise dans ce cas…  » Gus n’avait pas autant d’espoir que son camarade. Il était naïf autrefois, d’une crédulité douceâtre. On l’avait piétiné depuis, on l’avait sali, sa carcasse tentait encore de se débattre avec de vieux démons. Alors il acceptait peu à peu qu’il n’ait pas le droit à l’amour ; qu’il n’ait le droit à aucune affection. De toute manière, les années passées lui confirmaient quelque chose de trouble : il ne s’en sortait que par soi-même. La tristesse se glisse sans mal sur les traits du jeune Crowley à mesure qu’Elis raconte son histoire : ce n’était pas foncièrement triste. C’était juste… les mots se défilent sans qu’il ne puisse les attraper. Il oscille entre des excuses, ô combien même il n’y était pour rien, et de glisser vers cet humour dans lequel il adore se terrer. « Eh beh mon salaud… t’en auras des choses à raconter à tes gosses. » Qu’il le taquine de son petit ton graveleux, glissant au passage un petit clin d’oeil taquin. « T’sais, au final je pense que c’est surtout un mood à décider avec son partenaire. J’crois que moi j’me sentirais pas capable de partager. Pour rien au monde. » Gus était bien trop jaloux et possessif pour ça. Il avait besoin de posséder, de sentir, de maîtriser. Même si en vérité, il pouvait céder à tout juste pour garder des beaux petits yeux sur lui.

Quant à la douce Solomia et ses allusions passionnées, angus avait pour idée de la ramener dans un piège qui se refermerait sur elle. Dans l’état qu’était Elis, il lui fallait une confession ; il lui fallait des certitudes pour l’oublier ou s’évanouir dans ses bras. « Je t’arrange un coup si tu veux. On s‘organise une petite soirée chill à trois… » La posture de l’ancien poufsouffle se redresse, pour se mettre face à lui. « Et j'oublie sans faire exprès de venir.» Un petit rire quitte ses lèvres, petit diablotin savourant déjà avec passion ses idées. « Et là, PAF ! Petite soirée toute romantique, et tu lui avoues que t’as des sentiments pour elle. » Au “paf” il avait claqué des mains, rajoutant un brin de tragisme à cette histoire digne d’une tragédie théâtrale. Roméo et Juliette. « Comme ça tu sauras si elle est tentée. Tu verras bien s’il y a une petite alchimie ce soir-là… même elle se rendra compte que c'est romantique. » Il donnait la possibilité à Elis de camoufler l’ampleur de ses sentiments ; une possibilité de se terrer discrètement derrière Gus en affirmant que c’était lui qui avait préparé les lieux. Oengus lui donnait la solution ultime de fuite. « Si elle joue le jeu, c’est qu’elle te kiffe un peu. »