@Ackley Bridge

Une crispation sur le regard de l'adolescent alors qu'il regarde par la fenêtre. Balthazar aime la pluie, lorsqu'il est couché, et que les gouttes tamponnent contre la petite fenêtre de son dortoir, pour l'aider à s'endormir. Mais une fois debout, il déteste voir cette tombée constante qui annonce dès lors que toute activité extérieure sera humide et désagréable. C'était le mois d'avril, ils étaient sensés être au printemps. Mais apparemment, l'Ecosse avait toujours un train de retard à ce niveau. Les nuages gris, la brume, la pluie laissaient comprendre que l'hiver des Highlands étaient du genre à rester tard, à profiter de son confort avant de daigner s'en aller et laisser la place.

Il souffla, mais il savait qu'il n'y échapperait pas. Oak lui bondirait dessus et le soulèverait pour le jeter de hors s'il ne venait pas à l'entraînement quotidien. Se rapprochant de son lit, le garçon en sortit sa valise qui servait également d'armoire et en sortit son short plié et lavé (par les elfes de maison). Il l'enfila au-dessus d'un vêtement sombre qui entourait ses jambes, un tissu cher qui maintenait le corps chaud et filtrait la transpiration. Un vêtement similaire vint entourer son torse et ses bras jusqu'aux poignées. Le parfait petit attirail du coureur. Posant sa jambe sur son lit, le jeune homme se plia en deux et commença dès lors quelques étirements du matin. Un rituel qu'il exerçait tous les matins, pour se réveiller. Car Balthazar était généralement grincheux au réveil, et n'allait pas bien jusqu'à avoir éveillé ses muscles un tant soit peu.

Il descendit jusqu'à la salle de bain, et entendit la voix d'Oak. Il tourna sa tête en direction de la cabine occupée par son ami qui était pris dans son chantonnement, il y était, et y serait pour un bon moment probablement. Balthazar faillit l'interpeller, il vit la serviette de son ami qui pendouillait, et la tentation fut forte de la retirer et de la cacher. Une petite facétie dont l'un et l'autre étaient capables. Mais il se retint pour cette fois. Les blagues les plus courtes étaient les meilleures, et répéter la même encore et encore n'avait plus rien de drôle. Il patienta une minute, voir si son ami allait sortir de la douche et se laisser surprendre par Balthazar qui l'attendait en tenue dans la salle de bain, une manière de lui dire : "Oui, tu es en retard mon coco." Balthazar n'avait jamais compris pourquoi Oak prenait sa douche juste avant l'exercice. C'était un peu stupide selon lui, étant donné qu'ils allaient devoir y retourner après l'effort. Mais le jour où il lui avait demandé, Oak avait laissé entendre qu'il se lavait à l'eau glacée le matin. La simple idée fit frissonner Balthazar. C'était drastique, comme moyen de se réveiller. Trop drastique.

Il se redressa, et abandonna son ami à sa chansonnette. Il le rejoindrait bien assez tôt après tout. Oak n'était pas le parfait limier, mais lorsqu'il s'agissait de le retrouver dans un lieu précis pour aller faire du sport, il devenait le roi de l'orientation. Le jeune homme marcha tranquillement à travers les couloirs encore calme de Poudlard, uniquement ponctué d'armures claquantes et murmurantes, de fantômes flottant, et des discussions calmes entre les tableaux. Le jeune homme aperçut un elfe de maison qui lui fit une courbette sur son passage. Balthazar ne lui rendit pas, mais il apprécia le geste de respect que la créature lui devait, bien entendu. Il continua sa marche jusqu'à l'extérieur du château, pénétrant la brume du matin où il s'interrompit. Il commença son échauffement, suite logique de ses étirements du réveil. Il commençait à se mettre dans le bain, ça y est. La pluie s'était changée en fine bruine qui se collait à sa peau. Un moyen moins extrême qu'Oak pour éveiller le corps. Il sentait ses muscles se préparer à l'effort alors qu'il pliait et dépliait ses jambes et ses bras à répétitions. Il se redressa quand il entendit une voix qu'il ne connaissait que trop bien, son ami Oak qui arrivait, l'interpellant à grandes huées et grands gestes.

"Ici mon garçon, ici !"

Parfois, il s'amusait à l'appeler ainsi, lui parlant comme à un enfant ou un petit chien, quand le comportement d'Oak se voulait enfantin. Une petite boutade complice et affectueuse, un moyen de lui dire qu'il se montrait peut-être un peu trop en spectacle. Balthazar évitait la condescendance, contrairement à Claude. Il suggérait, souvent subtilement à son ami, de prêter attention à ses dires ou son comportement. Parfois, cela fonctionnait, et parfois, le message était simplement ... trop subtil pour l'esprit carré du sportif.

"Tu as fini ta petite chansonnette à ce que je vois."

Lui fit-il avec un grand sourire taquin, laissant entendre que s'il n'avait pas tout vu, il avait tout entendu. Et peut-être qu'il prenait un peu trop de temps sous sa douche.

"Je te l'ai dit Oakie, si tu restes trop longtemps sous la douche comme ça, ton zizi va finir tout riquiqui ... Ou pire ! Il va geler et se craqueler ... se casser ... en mille morceaux."

Il continuait ses échauffements, laissant Oak faire de même. Mais en avait-il vraiment besoin après tout. Son ami était toujours chaud patate, et son corps semblait prêt à l'effort à n'importe quel instant. Balthazar le taquinait, ils ne faisaient que ça. S'ils ne taquinaient ou se moquaient pas des autres, c'étaient eux, qu'ils visaient en priorité.

"C'est madame qui ne serait pas contente ..."

Lui fit-il alors, d'un œil un peu salace. Car à quinze ans, lorsqu'un pote sortait avec une fille, c'était une question qui arrivait bien vite sur toutes les lèvres du groupe. Le fameux ... "ALORS ? Vous l'avez fait ?". Mais Balthazar était un fils de bonne famille. Et plutôt que de poser la question directement, il contournait le sujet et le demandait de manière subtile. Lui, pensait que le fruit avait déjà été croqué par son ami. Pour Claude, c'était certain que ce grand dadais ne savait même pas comment les bébés étaient faits.

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"Mais tu es tellement bon en solo !"

Lui fit-il, toujours avec son sourire complice et moqueur, et dont l'allusion allait plus loin qu'une simple chanson sous la douche. Il lui fit sa boutade, et patienta le temps que l'information monte au cerveau et soit analysée par le flux d'informations super performants de son ami. Il tenta une réponse, et Balthazar le regarda les bras croisés, le regard amusé. Il se demandait si Oak avait vraiment compris sa plaisanterie. Parfois, il fallait répéter ou reformuler. Cela dépendait des jours. Mais aujourd'hui, c'était samedi matin, et son ami sortait d'une douche glacée à rallonge. Cela faisait peut-être des miracles sur le corps, mais probablement moins sur ses facultés mentales. Oak lui confirma avoir compris, lorsqu'il lui posa une question qui faillit faire rire Balthazar autant qu'il déglutit, à l'idée que son ami, non, ne pouvait pas être si naïf.

"Allons ... tu le sais très bien."

Une porte de sortie pour ne pas se ridiculiser et atterrir avec une dignité. Oak pouvait prétendre qu'il savait, quitte à aller vérifier après. Ni vu, ni connu, Balthazar prétendrait qu'il avait bien saisi qu'Oak lui avait réellement demandé confirmation. Il l'admettait, parfois, il désespérait, voir s’inquiétait pour lui. Il suffisait de voir comment Claude, ou Ryland à l'époque, le roulait constamment dans la farine, et souvent, il ne s'en rendait pas compte, ou bien trop tard.

Mais là où Oak peinait en réflexion, il se rattrapait en action. Balthazar continuait de s'échauffer, pour être sur de ne pas se froisser un muscle, surtout avec cette humidité et ce froid. Mais Ackley voulait déjà y aller, le provoquant quelque peu. Balthazar lui fit un grand sourire :

"Allons ... tu sais très bien que ... ce - n'est - pas - possible."

Lui fit-il avec un sourire taquin, voir sournois, référant au temps où il étaient dans la même chambre. Ils s'était déjà vu nu, et Balthazar avait toujours prétendu que la sienne était comme le sang des Gryffondor, toujours chaude et prête à l'emploi. Des blagues salaces d'adolescents en pleine puberté, et qui continuaient depuis lors, lorsqu'ils étaient à deux. Parce qu'Oak était les rares personnes avec qui Balthazar pouvait se permettre d'être puéril, de ne pas se fier aux apparences, du moins certaines. La seule apparence qu'ils respectaient, c'était celle du mâle alpha qu'ils prétendaient chacun être.

Ils se mirent à courir, et Oak continuait à provoquer Balthazar, essayant de reprendre sa blague et de la lui ressortir à toutes les sauces. Du Oak tout craché, ne comprenant pas qu'une fois usée, il n'était pas bon de répéter une blague. Une seconde fois, encore, pouvait passer, mais trois fois, quatre fois, et cela fatiguait. A moins de savoir jouer à la perfection avec l'effet du running-gag. Mais Oak en était incapable malheureusement.

"Regarde devant toi plutôt que de regarder entre mes jambes."

Lui fit-il, sur un ton semi-blague, semi-autoritaire. Balthazar devait toujours être celui qui remettait son ami sur les rails. Autrement, il serait capable de foncer dans un arbre, trop distrait. Il se relèverait, bien sur, et continuerait à courir. Mais Balthazar serait obligé de s'expliquer avec Aurora sur pourquoi son petit copain avait dû aller à l'infirmerie pour une fracture du faciès.

Un seul avertissement, et l'ainé des Rowells dût interrompre sa course immédiatement, et se mettre en position de réception. Il vit la balle fendra la brume au dernier instant et tenta de l'attraper. Elle vint rebondir sur ses doigts, faisant trembler sa main entière sous la force de l'impact. Il vit le projectile rebondir, courut, et s'élança pour la rattraper, refusant l'échec. Mais il maudissait sans conviction Oak et sa force herculéenne. Il ne pouvait s'empêcher de lui faire des passes surprises, et lançait le projectile avec toute sa force, la transformant en véritable mini-boulet de canon.

Il la rata, se retrouvant couvert de boue sur le coté pour rien. Il s'essuya rapidement, et ramassa la balle.

"Tu lances toujours comme un bourrin ... aucune précision."

Mentit-il, un peu froissé dans sa fierté. Ce n'était qu'à demi-vrai. Oak ne faisait que jouer. Et il savait clairement que son ami, lorsqu'il se concentrait, pouvait être un lanceur précis en plus d'être puissant. Et depuis qu'il était au club de sport, son lancer était encore plus redoutable qu'auparavant. Le fruit d'un entraînement sérieux et constant. Balthazar tendit le bras, et l'élança. La balle fusa vers Oak, pas aussi puissante que lui, mais avec une justesse suffisante pour qu'il puisse la rattraper sans avoir à plonger comme un sauvage.

"Tu vois, c'est COMME CA, qu'on fait une passe monsieur. On fait en sorte que son équipier puisse la rattraper."

Il la laissa lui renvoyer, se préparant malgré tout à ce que son ami l'écoute. En était-il seulement capable dans ses conditions et son état de sportif excité et ne cherchant qu'une chose, tout donner. Mais Balthazar était prêt à recevoir, et à renvoyer chaque balle qu'il lui enverrait. En vérité, il n'y avait pas meilleur partenaire d'entraînement qu'Oak. Car il ne prenait pas de gants.

"Je ne comprends toujours pas ... après tous les progrés que tu as fait, pourquoi tu persistes à rester au club de sport. Tu nous manques dans l'équipe mec ... je suis sur que si tu avais été avec nous, nous n'aurions pas perdu le match contre Serpentard;"

Une défaite rude ... Balthazar avait dû jouer l'interim et être attrapeur pour ce match. Il s'était fait prendre le vif d'or par le fils Crowley. Une victoire juste, mais qui restait dure.

@Ackley Bridge

Amis, complices, mais aussi rivaux, quand il s'agissait de savoir faire sortir le meilleur de l'un, comme de l'autre. Pas besoin d'encouragement amicaux, Oak et Balthazar étaient plus du genre à titiller la fierté de l'autre, touchant celle-ci du bout du doigt, afin que son porteur ne se défonce pour prouver à l'autre, et surtout à lui-même, ce qu'il était vraiment.

"Tu vas voir si je te bichonne ..."

Fit Balthazar avec un sourire défiant. Oak avait fait mouche. S'il voulait de la force, il en aurait alors que l'ainé des Rowells attrapait la balle qui l'attendait à son passage. Quand il s'agissait de se faire des échanges précis, l'un envers l'autre, ils étaient rodés. Oui, c'était un grand vide pour Balthazar de ne plus compter sur quelqu'un comme Oak pendant les matchs. La confiance jouait beaucoup, savoir quand et comment son allié serait positionné pour recevoir la balle et la cogner ou la réceptionner.

Il attrapa le ballon, et l'élança avec force cette fois, bien moins accommodante que la première. Car Oak n'avait pas tort à ce sujet. S'ils ne se reposaient que sur leurs acquis, ils n'évolueraient pas. Voilà pourquoi, d'instinct, son ami cherchait à challenger Balthazar avec ses boulets de canon. Ou peut-être n'était-il qu'un bourrin ... Balthazar se demandait si Oak réfléchissait parfois aussi loin, ou si c'était lui, qui réfléchissait trop à son sujet. Le quatrième année rattrapa la balle de justesse, bien sur qu'il l'avait eu ... Balthazar y comptait bien. L'ayant interrogé sur ses raisons, Oak expliqua pourquoi il ne pouvait rejoindre l'équipe, pas encore ... toujours la même rengaine. Il renvoya la balle que Balthazar attrapa à l'aide d'un petit bond. Son corps s'échauffait, ses muscles pompaient le sang à toute vitesse et lui donnaient l'énergie pour réagir promptement aux lancers de son ami. Et il se prenait enfin au jeu.

"L'équilibre hein ?"

Il se mit à sourire, serrant ses deux mains contre le ballon, comme pour focaliser son énergie en elle avant de la lancer. Il lança :

"Genre, t'en avais avant ..."

Une petite pique, une plaisanterie sur sa chute. Cela aurait pu être blessant pour certains, mais Oak savait. Ils ne parlaient pas de la peur qu'il s'était faite, ou avait provoqué chez les autres. On ne parlait pas de ça. Mais on pouvait en rire, se taquiner, plaisanter, car s'ils le pouvaient, c'est parce qu'Oak était encore parmi eux. Nouveau lancer, en hauteur cette fois, rattrapée par un Oak qui prouvait que sa carrure était composée uniquement de muscles, et pas une seule once de mauvaise graisse. S'il paraissait imposant, c'est parce qu'il s'était construit, mais le jeune homme savait s'étirer, bondir, paraissait parfois léger comme une plume, comme il le prouvait en interceptant la balle de Balthazar après un bond impressionnant. Oui, son ami était un champion, et il n'était pas rare qu'il surprenait des élèves plus habitués à son air pataud et maladroit en classe. Balle renvoyée, Balthazar dut plonger en arrière pour la rattraper à deux mains. Mais pas question de chuter sans contre-attaquer. Il lança le projectile, mais ce fut un jet quelque peu hasardeux cette fois, simplement effectué par fierté et pris dans l'instant. La balle était irrécupérable, même pour Oak, elle alla atterrir et rouler dans la brume, un peu sur le coté. Balthazar chuta, dos dans l'herbe, tellement chargé d'endorphine.

"Oups, ma faute !"

Fit-il, levant le bras, jouant les confus pour cette petite maladresse de sa part. A se moquer de l'équilibre d'Oak, il venait de réitérer, à petite échelle, ce qu'il avait fait durant ce fameux match. S'élancer sans réellement penser à l'après. Aucune incidence, Oak pouvait simplement chercher la balle qui n'avait pas dû finir loin. Mais alors que le garçon eut à peine le temps de bouger, un projectile alla le heurter en pleine face. Douloureux ? Difficile à dire tant l'adolescent semblait parfois imperméable à la douleur. Mais son nez rougi et sa lèvre saigna légèrement. Quelqu'un lui avait renvoyé la balle à bout portant, sans prêter attention à la force qu'il avait mis à son lancer, impossible à anticiper.

"Et bien alors mon gros, tu l'as pas rattrapé celle-là ?"

Une voix bien trop familière. Le troisième larron de la bande. Claude se révélait à travers la brume, un sourire amusé de sa mauvaise plaisanterie. Il regardait Oak d'un oeil défiant et un peu supérieur. Il ne pouvait pas lui en vouloir allons. Ne se vantait-il pas quelques secondes avant d'être un champion ? Un champion aurait rattrapé ce lancer.

"Allez, allez, va chercher ta baballe."

Lui lança t'il alors, comme un ordre qu'il était habitué à lui donner. La balle roulait dans l'herbe.

@Ackley Bridge

C'était bon enfant, entre eux. Ils se poussaient, se titillaient, se défiaient, mais toujours sous une forme de jeu complice qu'ils partageaient depuis trop longtemps pour en douter un instant. C'était à celui qui ressortirait le plus amoché, ou le plus crade de leur jeu de passe. Et à ce moment, Oak gagnait, dominant leur échange. Bien sur, Balthazar n'en avait pas fini. Il était du genre à se pousser toujours plus loin, à se relever encore et encore, tel un véritable champion, bien déterminé à ce que son pote finisse la figure dans la boue à son tour. Mais il n'en eut pas l'occasion, quand, à l'arrivée d'un nouveau protagoniste, l'ambiance changea tout autant.

Claude, le troisième larron de la bande. Balthazar se releva, et fit mine de sourire, amusé par ce qu'il venait de se passer.

"Olàlà, il t'a pas raté Oak !"

Cela l'amusait-il ? Peut-être. Ou alors évitait-il de se mêler de leur querelle, prétextant que tout n'était qu'un jeu également, entre eux. C'était bien plus simple. Car Balthazar savait que jamais Oak n'irait se plaindre que Claude lui ait envoyé la balle ... délibérément ... dans la figure. Comme le blondinet le suggérait si bien, ce n'était qu'un jeu entre eux ... et parfois, on finissait face au sol, dans la boue, ou on se prenait la balle en pleine poire. Oak le savait, lui aussi.

"Tu fais ton jogging le samedi, maintenant, toi ?"

"Oui, c'est plus simple de le caler le week-end que le vendredi ... ça me permet d'aller en études, figures-toi. Car certains ont des BUSES à préparer, je te rappelle."

Les rappelait-il à Balthazar, qui faisait mine de s'en moquer, quand bien même il révisait sérieusement de son coté. Ou profitait-il de ce court échange pour rappeler à Oak qu'eux, étaient en cinquième année, dans la cour des grands, tandis que lui, était toujours chez les bébés de quatrième.

"Mais je vous ai entendu jouer à la baballe, et je n'ai pas pu m'empêcher de me joindre à vous ... de quoi ... rendre votre partie un peu plus épicée."

Il fit un sourire défiant, presque charmeur. Mais Claude avait ce sourire avec quiconque, même avec Oak. C'était sa marque de fabrique. Les seuls à qui il n'affichait pas ce visage angélique parfait, c'étaient ceux dont il se moquait éperdument, qui le laissaient de marbre. Oak revint, balle au pied, prêt à accueillir ce vantard comme il se devait. Balthazar recula d'un pas, sachant à qui était destiné le prochain envoi. Oak propulsa un véritable boulet de canon en direction de Claude qui n'eut comme seul réflexe que de se bouger juste à temps pour laisser la balle fuser à travers la brume. Il constata que très certainement, il aurait senti le projectile passer s'il avait tenté de l'intercepter. Claude n'était pas qu'une belle gueule, il avait des réflexes. Et surtout ... il connaissait Oak. Si on le poussait, il poussait plus fort encore.

"Et voilàààààààà ... bien joué lourdaud. Eyh, tu sais que dans le sport, la balle, c'est à l'équipier qu'on l'envoie pour qu'il la "rattrape" ... pas pour le transpercer ? Je te l'ai déjà dit, t'es juste qu'un tas de muscles ... alors apprends au moins à contrôler ta force."

Il regarda au loin, tendit l'oreille, et ajouta :

"Et bien, qu'est-ce que tu attends Baloo ? C'était ta passe non (si on peut appeler ça une passe) ? Donc va la retrouver."

Claude s'amusait toujours à provoquer Oak, à l'amener à faire des erreurs, à ne plus réfléchir aux conséquences de ses actes pour mieux les lui remettre dans la figure. Jamais le blondinet n'irait chercher la balle. Après tout, c'était Oak qui avait tiré ce boulet irrécupérable. Balthazar se tourna vers son ami, et lui fit un sourire moins cruel, plus amical, sur un ton plus diplomate et se voulant objectif :

"Il a raison Oak ... c'était ton tir après tout."

Claude avait lancé la balle de façon à ce qu'Oak ne puisse la récupérer, mais avait laissé entendre qu'il aurait pu, s'il avait eu des réflexes et de la technique. C'était donc de la faute de ce dernier. Cette fois, c'était Oak qui avait fait n'importe quoi avec son tir, rendant suicidaire quiconque aurait voulu l'intercepter. C'était de la faute du sportif, encore. Des années et des années à lui rappeler qu'il était maladroit, balourd, incapable du moindre contrôle, impulsif, irréfléchi, pas assez entraîné au final, afin qu'Oak soit certain que oui, c'était de sa faute et qu'il devait donc réparer.

"OH, et si elle est tombée dans le lac ... et bien ... débrouille-toi, va la chercher à la nage. Nous, on t'attend."

Pointa alors Claude d'un ton condescendant et amusé.

@Ackley Bridge

"Désolé mais non."

Répondit Claude, d'un air définitif à la plainte d'Oak. Balthazar, lui, gonfla ses joues et souffla discrètement, en les écoutant et les observant.

"Tes boulets de canon, tu te les gardes."

Précisa Claude, d'une implacable autorité, mais dit de manière qu'il ne semblait pas fâché, juste surpris que le Gryffondor lui fasse cette remarque. Si Oak faisait n'importe quoi, il ne pouvait se plaindre, ou faire des caprices. Claude n'avait aucun scrupule à refuser ses passes s'il les considérait trop puissantes pour être humainement attrapables.

Balthazar leva les yeux au ciel, quelque peu agacé par les plaintes d'Oak sur l'instant. Dès que Claude entrait en jeu, ça devenait toujours la petite guéguerre, et il se trouvait au milieu. L'un, provoquant, l'autre, entrant en plein dedans.

"Arrête de faire le bébé... Si tu veux pas y aller, j'vais y aller."

Lui fit-il entendre, un peu blasé, préférant passer à l'action plutôt que chouiner parce qu'un tel n'avait pas attrapé la balle, que l'un avait tiré trop fort. Mais Balthazar laissait entendre que clairement, si c'était lui qui devait aller chercher le projectile, alors peut-être Claude avait raison avec ses allusions.

"Dans l'eau glacée à cette heure ? Oui peut-être ... mais toi, t'es tellement chaud que tu ne sentiras rien. Ça te ferait du bien, peut-être ..."

Lui fit-il avec son petit sourire condescendant, et tapotant son crâne du doigt, toujours dans un ton qui semait le trouble. Insulte ou compliment ? Claude savait tâter le chaud et le froid avec suffisamment d'habilité pour troubler Oak, l'empêcher d'avoir réelles raisons de bouillonner véritablement. Quand bien même ses actes, pris avec distance, laisseraient voir avec quelle mesquinerie il jouait avec le garçon.

Au final, Oak se décida à assumer son tir, et récupérer sa balle. Balthazar et Claude en profitaient pour échanger des banalités, notamment sur le match de Quidditch à venir entre Serdaigle et Poufsouffle, ou les compétitions, moins communiquées, du club de sport auquel Oak et le blondinet appartenaient. Le musclé de la bande revint, encore touché par cet échange fumeux, provoquant Claude, lui passant la balle avec la douceur que le blondinet quémandait. Il l'attrapa sans difficultés, souriant allégrement :

"Aaaah, tu vois quand tu veux ? Ca ... c'est un lancer contrôlé."

Il fit mine d'agiter son bras à toute vitesse, comme s'il allait jeter à nouveau la balle en surprise dans la figure d'Oak. Mais il ne le fit pas, se contentant de rigoler. Balthazar s'était déjà mis en garde, réaction immédiate au mouvement de leur camarade si imbu de lui.

"Perds pas tes réflexes nounours ... allez, on y va sérieusement là."

Nounours ... un surnom qui aurait pu être affectueux, ou semblait être affectueux, dans la manière dont il le disait. Un moyen d'enterrer la hache de guerre, comme il attendait qu'Oak le comprenne. Mais en vérité, pour Claude, ce surnom envers le Gryffondor était un peu égal aux autres dont il l'affublait, des surnoms condescendants, reflêtant la manière dont il le percevait.
Il attrapa la balle, et se mit à reculer en pas arrière, encourageant Balthazar et Oak à attraper la balle. L'ainé des Rowell s'approcha de Oak et lui fit une tape sur l'épaule, pour l'encourager ... voir le consoler un peu.

"Allez, à celui qui l'attrape."

Petit défi, chose à laquelle Oak ne pouvait résister. Claude continuait de reculer, regardant légèrement en hauteur, se préparant à une passe longue et un peu courbée. Balthazar commença sa course, légèrement penché et regardant en arrière pour pouvoir scruter où le projectile allait. Le blondinet fit son lancer, un parfait contrôle, la balle fendit l'air, il suffisait à présent à l'un des deux Gryffondors d'être présent pour la récupérer à l’atterrissage, ou en plein vol. Balthazar visait l'atterrissage, le sol quelque peu vallonné, légèrement en pente, autour d'eux rendant la précision d'un saut trop peu certain pour assurer une réception efficace.

Un môme ... Claude ne répondit pas, mais son rictus laissait entendre sa pensée. Un lancer pour les mômes fait par un môme. Mais l'heure n'était plus aux vaines piques trop aisées de toutes façons. L'heure était au jeu, au lancer, au sport. D'un mouvement ample, le blondinet lança la balle à ses deux partenaires qui commencèrent leur course effrénée, à celui qui la rattraperait le premier. Oak était le plus sportif des trois, ou plutôt, le plus énergique et athlétique, mais Claude, tout comme Balthazar, restaient des garçons élancés, vifs et rapides. En tant que membre de l'équipe de Quidditch, l'ainé des Rowells était habitué à se concentrer sur des balles, à jauger leur direction, leur vitesse et où se trouver pour pouvoir les rattraper. La seule différence étant que lui se trouvait habituellement sur un balai, contrairement à Oak, ou Claude, qui étaient entrainés à courir et bondir pour rattraper ces projectiles.

Le terrain en pente rendait l'évolution difficile, nécessitant un peu de prudence de la part de chacun, ou du moins, un certain équilibre. Oak avait peut-être de l'équilibre, mais pas une once de prudence contrairement à son rival du moment. Cela joua sur le rythme de chacun, la posture, la prise de décisions. Impossible de rivaliser avec un taureau incapable de prendre sa propre sécurité en jeu. Déjà, Oak s'élevait, après avoir bondi, et attrapa la balle qu'il serra aussitôt contre lui. Ça, c'était la première étape, et probablement que le garçon n'avait pensé que jusqu'ici. Maintenant, le manteau de brume l'accueillait alors qu'il s'écrasait dans la pente, laissant son corps rouler dans la boue et l'humidité. Balthazar vit la scène, dans un mélange d'inquiétude, de surprise, et une certaine admiration pour cette témérité abrutie. Il dévala à son tour, sans tomber, car au final, il n'avait eu besoin de bondir. Il se rapprocha d'Ackley pour mesurer les dégâts. Chute numéro 1245 depuis qu'ils se connaissaient. Et Balthazar se surprenait encore à faire les grands yeux en voyant son ami faire de telles cascades.

"Tu as survécu, ou faut que j'appelle l'infirmière ?"

Fit-il en se penchant vers lui, vérifiant tout de même qu'il ne s'était rien cassé, ou si son ami respirait encore. Après tout, c'était le même genre de cascade qui l'avait conduit droit à l'hôpital l'année précédente.

Il était bel et bien vivant, se tenant droit dans l'eau glacé. Là où beaucoup se seraient plaints, ou auraient eu l'air abattu, blasé, courbé par le froid, Oak affichait fièrement son trophée, ignorant pleinement que quelques minutes de plus lui vaudrait probablement une pneumonie. Si cela était possible, avec la santé de cheval que tenait son pote. Balthazar le regarda avec un petit sourire amusé. Oak avait ce don de le faire rire, ou du moins sourire avec sincérité. Il était un homme qui ne se plaignait pas, voyait toujours la vie du bon côté, même lorsqu'il se ramassait la figure. Edgar, lui, aurait geint, souhaité arrêté de jouer, se serait massé plaintivement à chaque recoin où il sentait une douleur. Portrait à peine exagéré de la part de l'ainé. Oak était tout autre, un vrai gaillard, que rien n'arrêtait. Le véritable camarade de jeu, qui collait parfaitement à Balthazar.

Il aurait pu lui dire que maintenant, c'était au tour de faire le lac à la nage. Ou qu'il allait lui faire des passes tandis qu'Oak resterait dans l'eau. Mais il s'abstint. Car il suspectait son pote de pouvoir le prendre sérieusement, ou pire, de vouloir le faire sérieusement. Claude en aurait été capable, pour le simple plaisir de voir, en fin de journée, le rude gaillard la goutte au nez. Car même Oak n'était pas invincible. Balthazar, lui, n'avait pas cette cruauté envers ses proches.

"Allez, sors de là maintenant avant d'attraper la mort, ou ce qui y ressemble ... on a encore besoin de temps."

Oak lui envoya gentiment la balle avant de sortir du lac. Balthazar l'attrapa sans mal, la gardant près de lui laissant un temps de sursis à son ami pour qu'il se mette au sec. La partie approchait de la fin après tout. Probablement rentreraient-ils en courant au château, se doucherait, et entamerait la matinée à peine avancée comme il se devait. Petit-déjeuner, léger temps de repos, et révisions, révisions et révisions pour Balthazar et Claude. Soit à deux, soit chacun de leur coté. Cela dépendait.

Mais ce programme fut ébranlé par une remarque qui fit apparaitre une moue d'incompréhension sur la figure de Balthazar.

"Hein ?"

Il tourna la tête, et vit les yeux jetés au ciel de Claude, qui se passait la main sur son visage, définitivement blasé. L'ainé des Rowells comprit immédiatement.

"Oooooh ..."

Et il se passa la main sur son visage, gêné et attendri. Devrait-il le dire ? Casser la joie sincère d'un enfant qui s'affichait sur la figure de son ami ? Il semblait si fier à cet instant. Balthazar fit un léger mouvement de lèvres, signe de réflexion, amusé par l'idée de tout révéler maintenant, et à la fois trop tendre pour infliger cela. Claude ne se serait pas gêné, et s'il avait été à proximité, il ne se serait pas gêné. Mais le blondinet décida de garder le silence, amusé lui aussi, mais bien loin de la tendresse amicale qu'avait Balthazar pour Oak. Claude se demandait quand Balthazar annoncerait à Oak que son anniversaire n'était pas aujourd'hui, mais demain. Si la vérité éclatait au moment de la surprise fortement sous-entendue, ce ne serait que plus plaisant encore.

@Ackley Bridge

"Allez."

Fit Balthazar, qui laissa Ackley mener la barque. Quand il s'agissait de faire du sport, Oak était un individu sur qui se reposer. Il savait motiver ses camarades, les amener à donner le meilleur d'eux-mêmes. Il aurait pu être capitaine, s'il ne vivait pas dans l'ombre de Claude. Peut-être parce que ce dernier savait mieux mener la répartie, était athlétique également, et lui, savait imposer certaines limites qu'Oak n'avait malheureusement pas. Car s'il semblait infatigable, ce n'était pas le cas de ses co-équipiers. Chose qu'il ne comprenait pas toujours. Mais pour Balthazar, c'était plaisant d'avoir un pote qui le tirait toujours plus loin. Après tout, son père était pareil, à toujours le motiver. C'était pour ça qu'il était si endurci aujourd'hui.

La brume se levait un tantinet, rendant la course plus aisée, moins apte à trébucher dans la boue. Claude les avait abandonnés là, s'en allant faire sa vie, et n'étant probablement pas d'humeur à se laisser mener par Oak. Il était prévu de le retrouver plus tard. Les deux Gryffondors continuèrent leur trot, se faisant parfois une passe ou deux, sans trop se tester pour l'instant, se gardant pour quand ils arriveraient aux enclos qui apparaissaient au loin. Balthazar aperçut une silhouette en contrebas et ne put s'empêcher d'interpeller ce camarade de promo :

"Alors Raven ! Encore les mains dans la merde !"

Il se mit à rire, fier de sa pique, l'une de ses préférées quand il voyait Emile en train de travailler dur, à faire des tâches ingrates. Balthazar regarda Oak d'un air amusé, lui envoyant la balle une nouvelle fois, qui lui rendit avant d'accélérer subitement. Balthazar comprit le message aussitôt. Il prit de l'élan, emprunta une posture qui lui permettrait de faire une passe longue, et jeta la balle droit en avant. C'était une belle, et si Oak voulait l'attraper, il devrait foncer tel un taureau en direction des enclos, pour l'attraper in-extremis avant qu'elle n'y tombe. De quoi tester un peu les limites de son pote.

@Ackley Bridge

Balthazar fronça les sourcils, un très court sentiment de culpabilité envers son ami, en le voyant s'écraser de l'autre côté de la clôture, en plein dans la boue. Il l'avait vu courir comme un beau diable, se placer en usant d'un instinct, mais aussi d'une intelligence très acérée quand il s'agissait d'accomplir un exploit sportif, afin de rattraper cette balle improbable. Oak prouvait, encore une fois en cette session, à quel point il était un as dans sa catégorie. Certains avaient beau se moquer ou le mépriser, ils ne voyaient pas le diamant qu'il était. Quand bien même, Balthazar laissa échapper un rire en voyant la grotesque chute de son ami. Il se rapprocha, un sourire nerveux qu'il ne pouvait pas retirer. Oak était un génie du sport, et la seconde suivante, pouvait se transformer en personnage humoristique tout droit sorti d'un spectacle pour enfants.

"Ca va aller vieux ? Sacré réception."

Balthazar fit un pas de recul, surpris par la relevée direct d'Oak, couvert de boue de la tête au pied. Il était intact, ou semblait l'être, et pas peu fier de sa réussite. Encore une victoire pour ce champion qui admettait néanmoins le besoin d'aller se doucher. Balthazar s'adossa contre la barrière, toujours le sourire aux lèvres :

"Ouais un peu ... surtout que ..."

Il se mit la main contre le nez en illustration :

"Je suis pas sur que ce soit que de la boue dans quoi tu es tombé."

Une odeur un peu nauséabonde s'échappait d'Oak. De la sueur ? Non, ça sentait trop mauvais. Pas besoin de chercher plus loin pour deviner dans quoi son ami s'était vautré.

"Si tu veux, t'as le lac à côté ... dans ton cas, tu sentiras pas la différence."

Blagua Balthazar en entamant la course avec son infatigable ami. Le cinquième année serait rentré en marchant, s'il avait été seul. Mais Oak était toujours motivé pour y aller au trot. Et cela encourageait toujours plus Balthazar à aller plus loin, à se dépasser d'avantage. Vu la température des douches d'Oak, pour sur qu'il aurait été capable de se baigner dans le lac pour gagner du temps. Mais si l'idée le traversait, Balthazar le réfrènerait cette fois. D'une crainte légère qu'Oak attrape (encore) une pneumonie à cause d'une blague prise au sérieux, et parce qu'il était temps de rentrer à présent.

Ils arrivèrent jusqu'à Poudlard et remontèrent au plus vite dans la salle commune, ignorant allégrement les plaintes du concierge qui constatait les empreintes de boue sur le carrelage. Balthazar et Oak blaguaient, commentant leur session, les passes, ou évoquant d'autres pensées puériles mais amusantes. Ils usèrent de la salle de bain, Balthazar se tournant vers son pote avant d'entrer dans la cabine :

"Rassure-moi ... tu vas pas reprendre une douche glacée ?"

Il écouta sa réponse, et s'occupa de la sienne, savourant l'eau chaude qui coulait et le débarrassait de la saleté et de la sueur. Lorsqu'il fut sorti, il constata qu'Oak avait été plus rapide :

"Oak ?"

Aucune réponse, son ami étant parti avant lui. Etrange, pensa t'il alors qu'il finissait de s'essuyer et se rhabilla. Il le retrouverait dans quelques minutes dans la salle commune après tout. Mais il était rare qu'en arrivant à deux dans un lieu, son ami ne s'en aille avant ou après lui. Ce n'était pas pour rien qu'Oak se trainait la réputation de petit toutou de Balthazar. L'ainé des Rowells escalada les marches qui permettaient de rejoindre sa salle commune, savourant déjà l'idée de s'installer près du feu, de se détendre un peu avant d'entamer quelques révisions pour les examens à venir.