3 Mai 2010

Au matin,

Je ne sentais plus mon corps. Tout me paraissait vague et pourtant les paroles de mon père restaient gravées en moi. Je l'avais déçu, encore une fois. J'essayais de croire que ça ne me faisait ni chaud, ni froid. Que finalement, j'étais destiné à décevoir ma famille. A être le vilain petit canard. Mais c'était faux. Ca me blessait énormément et je m'en voulais de ne pas être à la hauteur de leurs attentes. Il avait raison ... je devais apprendre à grandir. Et ce foutu rituel, j'en prenais conscience, me mettait dans une merde sans nom.

Je pensais vraiment que Winston pourrait me sortir de là. Mais visiblement, nous n'avions pas été frappé de la même manière. Moi je succombais, alors que lui semblait plus fort que jamais. J'essayais de ressentir quelque chose, tentant de bouger un doigt. Je n'entendais que le BIP BIP du moniteur à mes côtés. J'avais cru sentir la présence de ma mère. Elle était là, je le sentais.

- Quand se réveillera-t-il ? Ne pouvait-on pas faire autrement ? Pourquoi as-tu pris cette décision sans m'en parler Eric ?
- Arrête donc de surprotéger cet enfant ! Les Médicomages m'ont demandé l'autorisation dans la précipitation. Je n'avais pas d'autres choix Faith. Et as-tu vraiment ton mot à dire ? Après tout, on en est là parce que tu n'as jamais cessé de le couver.
- En même temps il fallait bien le protéger de ton père non ?! Penses à Mark ... à l'avenir qu'on donne à nos enfants.
- J'y pense tous les jours figure toi ! Je fais tout pour qu'Adrian reste en vie. Mais dès qu'il sera rétabli, s'en sera fini de la mère poule. Je me chargerai de son éducation quitte à serrer d'avantage les visses. Il est temps qu'il grandisse.

Ma mère ne répondit rien. Je sentis tout juste ses doigts se resserrer dans la paume de ma main. Mon père quittait la pièce, visiblement irrité. Le temps s'écoula. A mon réveil, il n'y avait personne. Ma vision était flou, mon corps me faisait terriblement mal. Mais je respirais mieux. Comme si on m'avait enlevé un terrible poids. Je me redressais péniblement sur mon coussin, la bouche sèche, arrivant à peine à déglutir. Il se passa un long moment avant qu'une infirmière n'entre dans la chambre pour me porter quelques soins, réajuster la dose de morphine et appliquer un baume puant sur mon thorax. En me penchant légèrement en avant, je pouvais voir une grosse cicatrice sur ma poitrine.

J'avais été opéré la veille. Une lourde opération qui, comme l'avait souligné le Docteur Singler, constitué à me retirer un truc de la taille d'une patate qui compressait mes poumons. C'était l'une des formes que prenait la malédiction, comme une sorte de tumeur invasive qui infectait des zones vitales. J'étais en vie, mais pas sorti d'affaire. Puis le Docteur Singler entra en compagnie de mes parents. Elle me fit un large sourire et l'infirmière acheva son pansement avant de quitter la chambre.

- Bonjour Adrian. Comment te sens-tu après cette opération ?
- Pas très bien ... nauséeux et faible.

Ma mère se précipita vers moi en me regardant avec un air plein de compassion. Elle m'attrapa la main, y fixa un baiser tendre, tandis que mon père lui jetait un regard froid et fatigué. La médicomage sortit un dossier qu'elle feuilleta.

- C'est normal. Tu as subi une lourde opération hier soir. C'est déjà très bien que tu te sois réveillé. Le Chirurgien Blair a réussi à extraire les deux formes de la malédiction qui s'étaient accrochés à tes poumons. Tu devrais réussir à respirer bien mieux. Malheureusement, nous n'avons pas pu tout extraire. Il reste encore beaucoup de résidus qui circulent dans ton corps. Tu devrais voir apparaitre quelques symptômes dans les jours suivants, c'est pour cela que nous allons te garder en observation pour encore quelques jours. Avec des collègues, nous allons également tenter plusieurs protocoles différents pour extraire cette malédiction. C'est pour cela qu'il faudra être le plus honnête possible avec nous Adrian ... qu'on sache ce qui s'est vraiment passé et comment tu as procédé au rituel. Nous allons également devoir te transférer dans une autre chambre demain.

Je hochais la tête sans conviction. Le Docteur Singler me souris, puis demanda à mon père de le suivre dans le couloir. Ma mère resta à mes côtés.

- Je ne pouvais pas t'apporter des crêpes, mais je t'ai acheté des Draguées Surprises. Je sais que tu aimes ça. Ton frère va essayer de venir te voir dans l'après-midi. Si tu as besoin de quoique ce ça, n'hésite pas à m'écrire mon lapin.

Je lui fis un énorme câlin. Le temps des visites était terminé et curieusement, cette entrevue m'avait épuisé. Je m'endormis. A mon réveil, je restais nauséeux, observant du coin de l'oeil le plateau repas qui avait été déposé pendant mon sommeil, sur une petite table en bois à côté de mon lit. Je tentais de me redresser, mais je n'y arrivais pas. Cloué au lit, mon corps était trop faible et douloureux. Une larme coula le long de ma joue. J'étais vraiment trop con ... trop con d'avoir cru que la nécromancie ce n'était pas si grave. Je détestais cette sensation de ne plus pouvoir rien faire. D'être malade. De peut-être ne jamais m'en sortir. Car je n'étais pas dupe. Les Médicomages n'avaient pas dit que j'allais m'en sortir ... ils disaient simplement ce qu'ils comptaient faire pour me soigner. Essayer du moins ...

Soudain quelqu'un frappa à ma porte. Joren ? Ma mère m'avait dit qu'il viendrait me rendre visite. Je me redressais avec beaucoup de difficulté, grinçant des dents pour ne pas laisser échapper un cri de douleur. J'étais branché de partout.

- Oui ? En ... entrez !

La porte s'ouvrit ...

Joren avait toujours été le chat noir de la famille. Si dans l'idée il suivait les traditions, il avait toujours été plutôt... à part ! Pas vraiment en phase avec les autres membres de sa famille ni à vraiment aimer partager leur espace. Il était souvent en conflit avec ses parents, autant son père que sa mère pour diverses raisons. Et si il lui arrivait de s'entendre avec Mark, il serait mentir de dire que la jalousie et la compétition ne rendait pas parfois leurs échanges difficiles. Quand à Adrian... il n'existait que le conflit entre eux. Pourtant si il y avait bien une chose qui pouvait atteindre Joren et lui faire perdre toute contenance, c'était sa famille. Et avec ce qui venait d'arriver à Adrian... autant dire que Joren n'était pas bien, vraiment pas bien ! Il avait déjà perdu le sommeil à chercher comment se défaire de sa malédiction, mais depuis c'était comme ci son rythme cardiaque ne s'était pas arrêté une seule seconde. Ce n'était pas sensé arriver maintenant pas aussi vite... ces gamins lui avait assuré ! Avait-il été stupide de croire les soit disant dons de gens aussi jeunes ? Fort heureusement Adrian avait survécu, pour l'instant du moins, à l'instar des affaires dans sa chambre après avoir entendu la nouvelle.

Du coup Joren, bien qu'ayant une relation difficile avec sa famille, n'avait qu'une envie, c'était d'aller voir son frère, s'assurer qu'il allait bien. Il avait forcé le passage, fait un réel scandale pour être envoyé avec lui sans succès, ceci à cause de cette foutu directrice qui ne voulait rien entendre. Puis il avait eut le temps de se calmer, surtout en entendant qu'il semblait tiré d'affaire pour le moment. Ce qui lui avait donné la clarté d'esprit d'attendre encore un peu, de ne pas aller le voir en même temps que ses parents lors de leur première visite et de la sienne, car il savait très bien comment ça aurait fini, en disputes et en insultes, allant des deux côtés, chacun se reprochant à l'autre que c'était leur faute. Car d'un côté son père aurait dit que c'était son devoir de veiller sur Adrian, de son côté Joren aurait hurlé qu'il était le seul à le faire et que c'était leur rôle de défendre leur famille, ce qu'ils ne semblaient décidément pas savoir faire après Mark et leur demandant certainement si ils comptaient si ils comptaient aussi balayer tout le drame autours de Adrian sous le tapis. Bref... autant dire que ça aurait vraiment pas été une bonne idée.

Alors il avait attendu, juste un peu plus, pour se retrouver avec Adrian de manière plus posée. Ce serait plus calme, plus simple... enfin simple... ça ne l'était jamais avec Adrian mais... il se sentirait plus à l'aise à l'idée de possiblement craquer. Il s'était donc rendu sur place, maintenant qu'ils avaient enfin daigné le laissé lui ou les proches de Adrian avoir des autorisations pour le faire, fonçant directement vers sa chambre en suivant les instructions données par les sorciers à l'accueil. Et bien que ses parents étaient là, il les ignora. Les engueulades ils les avaient eut en privé, là ça c'était calmé, mais il ne préférait pas tenter le diable, surtout pas avec son père. Il avait alors frappé à la porte, attendant une seconde jusqu'à entendre la voix de son petit frère, une voix qui lui serra le cœur, le forçant à prendre une grande inspiration, avant de pousser la porte et d'entrer. Mais le spectacle qui s'offrait à lui ? Si les énergies qui volaient autours de son petit frère ces derniers temps s'étaient stabilisée, elle n'en restaient pas moins funeste et triste, le tout associés à tous ces appareils à côté de son lit... L'inquiétude et la crainte traversa rapidement son visage, mortifié de voir Adrian dans un tel état, forcé alors de prendre cet air de bulldog dont il avait l'habitude pour cacher ses sentiments le plus possible, même si du coup niveau air chaleureux on faisait mieux. « Hey. » était tout ce que Joren avait trouvé à dire, restant un instant planté là, avant de s'approcher de son lit. Il s'était alors arrêté, l'observant encore un instant en silence, ce visage dur qui donnait presque l'impression qu'il allait l'engueuler... avant de l'attraper par les épaules et de le serrer contre lui, faisant juste assez attention pour ne rien arracher de l'appareillage qui était relié à lui.

L’étreinte était forte, presque douloureuse, avant de finalement le libérer, prenant un air détaché, détournant le regard même et sortant une boîte de sa poche, la tendant vers Adrian « Tiens... des dragées... maman m'a dit de t'en amener... » ou plutôt, comme dans toute bonne famille, ils s'étaient totalement mal compris, tant et si bien que Adrian se retrouvait à la fois avec ceux que leur mère venait de lui prendre et ceux de Joren. « Comment tu te sens... ? » son regard se reposant finalement sur Adrian, sa voix n'était pas particulièrement douce... mais l'étreinte avait déjà été beaucoup trop de démonstration en une fois pour Joren. Pourtant bon sang... ce qu'il avait envie de le serrer encore plus longtemps dans ses bras... tout autant que de le frapper pour sa connerie et l'insulter pour lui faire aussi peur. Son cœur se serra « Adrian je... » il voulait tenter de s'exprimer un peu plus, mais la porte s'ouvrit au même moment, Joren s'attendant à un médicomage ou à sa mère pour être surpris en voyant Hannah, son regard se faisant immédiatement noir « Qu'est-ce que tu fais là... ? » de l'hostilité ? A peine !

Elle n'avait pas hésité à venir ici. Pas du tout, mais maintenant devant la porte, c'était un peu différent. Hannah  marqua un temps d’arrêt Non, parce qu'elle en voulait toujours à Adrian pour cet histoire d’entraînement raté, ou bien parce que cet imbécile avait été idiot.Se retrouver dans cet état et ne rien dire … Elle se sentait idiote aussi, parce qu'elle avait bien remarqué que quelque chose n'allait pas, qu'il semblait moins vaillant que d'habitude. Mais au final, elle avait mis ça de coté, juste agacée qu'il ne fasse pas d'effort et se comporte comme un petit con … Non, ce qui la stressait, c'était de savoir un cousin dans un sale état. Encore … Une sale impression de voir l'histoire se répéter Pas les mêmes circonstances , pas du tout. Mais un, en si peu de temps, c'était assez.

Hannah se reprit et ouvrit la porte, et n'eut même pas vraiment le temps de poser les yeux sur Adrian que Joren enchaîna directement … Son visage neutre se ferma d'un coup, se contenta d'un regard noir, avant de simplement détourner les yeux et de complètement l'ignorer. Elle n'était pas venu là pour se prendre la tête avec lui, ni même expliquer les raisons de sa présence. Si son autre cousin semblait oublier qu'elle était de la famille, elle ne comptait pas à ce que le plus jeune l'oublie aussi. Elle s'avança jusqu'au bout du lit, avec une ombre de sourire sur les lèvres « Tu prends un peu trop d'avance sur nous. Pas encore sur le terrain , mais déjà en soins intensifs … » Elle secoua la tête, comme si c'était ridicule. Pas de mage noir dans cette, pas de manière classique en tout cas … Toute cette histoire lui semblait un peu flou, mais en même temps, elle n’avait eu que des brides d'informations et surtout sur son état actuel que sur les raisons qui l'y avait amené.

Si elle avait attendue qu'il aille mieux, parce qu'elle ne voulait pas se laisser penser autrement, Hannah savait qu'elle l'aurait sûrement engueulé. Parce qu’être douce, ça n'était pas simple déjà, et parce que franchement, faire peur aux autres de la sorte, ça méritait bien une leçon. Mais difficile de hausser la voix face à quelqu'un dans cet état … Et puis, le fait que Joren  soit là, n'aidait pas non plus … Elle se sentait encore moins naturelle. Son regard se posa sur le repas … Et elle grimaça. « C'est pas avec ça que tu vas reprendre des forces …C'est plutôt pour pouvoir manger quelque chose de comestible, que tu vas devoir te remettre et sortir d'ici » tenta t'elle, avec un demi-sourire. Il était encore plus faible que quand elle l'avait déjà trouvé plus fragile que d'habitude … Pas surprenant … Mais ça n'était pas facile à voir … Elle n'aimait pas ce genre de situation, à être complètement impuissante. Et peu importe ses propres efforts, ça ne changerait rien. La médicomagie n’était pas son domaine Tout ce qu'elle pouvait faire, c’était croiser les doigts et espérer qu'il irait mieux rapidement.

C'était bien Joren qui venait de rentrer dans la chambre. Il restait là, planté en me saluant froidement. Il n'était pas tactile, contrairement à moi qui cherchait l'attention. Mais aujourd'hui ça m'allait. J'étais tellement mal en point ... Allait-il m'engueuler ? En rajouter une couche ? C'est bon, j'avais déjà eu mon lot avec le père, pas besoin du frère pour enfoncer le clou un peu plus profondément. Mais il fit quelque chose qui me laissa sans voix. Il me serra dans ses bras.

C'était presque ... gênant. Je n'avais pas l'habitude et ce contact si rapproché me rendait plus nerveux qu'il ne m'apaisait. Heureusement, il se retira rapidement, à mon plus grand soulagement. Les embrassades fraternelles ce n'était pas mon truc du tout. Non pas que Joren me répugnait, mais on avait jamais fait ça. Il avait toujours nourri une distance entre nous depuis que je suis né. Mais bon, peut-être qu'il tenait plus à moi qu'il ne laissait le sous entendre la plupart du temps ?

Il sortit de sa poche une boite de dragées ... je lui souris en lui montrant la boite que notre mère venait tout juste de m'offrir avant son arrivée.

- Elle m'a déjà offert une boite. Mais merci, c'est jamais de trop !

Je lui pris la boite des mains sans ménagement et la posa à côté de celle de ma mère. Il fallait que je tombe plus souvent malade moi !

- Bof, pas ouf ... j'ai connu mieux.

Dis-je en haussant mollement des épaules. Je me sentais nauséeux et terriblement mal. Mais j'évitais de le dire à mon frère. Il allait encore lever les yeux au ciel ou s'inquiéter d'avantage. Joren ouvrit la bouche et je le fixais avec de grands yeux dans l'attente qu'il dise quelque chose d'intéressant. Des excuses peut-être ? Ou juste me rassurer ... me dire que tout irait bien et que je pouvais compter sur lui. Parce qu'au fond, j'avais peur. Peur de mourir ... Mais la porte s'ouvrit et ce fut Hannah qui entra à son tour.

Hannah ... je ne m'attendais pas à la voir arriver ici. Est-ce que Luke viendrait lui aussi me rendre visite ? Non. Probablement pas. Il en avait rien à faire de moi.

- Hannah ! T'es venue toi aussi !

M'exclame-je en la voyant. Elle se rapprocha du lit et esquissa un sourire que je lui rendis.

- Ha ha ! Ouais t'as vu ça ? Et j'ai même une grosse cicatrice de warrior maintenant ! J'peux pas te la montrer encore, elle est sous le pansement !

J'essayais de détendre l'atmosphère et voir là ma famille me remontait le moral. Malgré tout je sentais une certaine tension dans l'air. Joren et Hannah ne s'entendaient pas. Et encore moins depuis la mort de Mark. Elle n'avait pas encaissé les accusations non fondés de Joren sur Luke. Et je pouvais la comprendre.

A sa remarque, je tournais la tête vers les paquets de dragées surprises. Je souris faiblement et en ouvrit un pour le tendre à mes ainés.

- T'inquiètes pas Hannah, les infirmières viennent avec des plateaux repas ... de la nourriture dégueulasse à base de légumes bouillis. Ignoble. Vous en voulez ?

Moi, proposer des bonbons ? C'était un geste qui me coûtait quand même beaucoup. D'ordinaire je les aurais gardé rien que pour moi, en bon gosse égoïste que j'étais. Mais bon, ils allaient pas me vider un paquet entier non plus. Je les laissais piocher dedans, mais repris assez rapidement le paquet pour ne pas les laisser se remplir les poches. J'étais généreux, là, mais fallait pas pousser mémé dans les orties non plus.

Je me rallongeai dans le lit en grimaçant, la douleur me lancinant.

- Les médicomages m'ont dit que je devrais rester encore plusieurs jours en observation. Ca veut dire que je vais louper pas mal de cours. C'est cool, mais j'aurai préféré ne pas rester enfermer dans cette chambre stérile. Il s'est passé des trucs de fou à Poudlard pendant mon absence ?

Ca ne faisait que 4 jours qui j'avais quitté le château. Mais j'avais l'impression de manquer des trucs de dingues. Car il se passait toujours des trucs de dingue non ?

- Les Aurors ont mis la raclée aux braconniers ?

Dis-je d'un air narquois en essayant veinement de trouver une position confortable dans ce lit de malheur. Mais rien n'y faisait, j'avais affreusement mal. Joren et Hannah pouvaient facilement le voir sur les mimiques douloureuses qu'affichait mon visage.

Joren affichait un air blasé. Super ! Encore une fois les informations étaient super bien passée dans la famille ! Il poussa un soupir avant de donner la boite à Adrian. Si ce dernier y trouvait son compte... au moins ça avait l'air de le ravir. Quand à sa réponse sur comment il se sentait, ouais, en même temps il ne l'aurait pas cru si il avait tenté de dire le contraire. Cela dit il voyait les efforts qu'il faisait pour minimiser les choses, incroyable venant de son pleurnichard de frère ! Mais... ça ne le rendait pas en joie pour autant... ça lui faisait même atrocement chier de le voir dans cet état, il n'aurait jamais dû finir ainsi en premier lieu, surtout à son âge... « Et même pas tu chiales... han... t'es peut être pas si irrécupérable que ça au final. » des mots qui sonnaient comme une critique, mais c'était au final la manière de Joren d'avoir des mots réconfortant pour son petit frère.

De toute manière il saurait... il était certain qu'il avait comprit après cette étreinte qu'il lui avait donné un peu plus tôt, chose si rare chez le plus âgé. Il avait eut si peur pour ce con... et même si il était soulagé de le savoir mieux pour le moment, Joren avait parfaitement conscience qu'il n'était pas tiré d'affaire. Il y avait encore tellement de travail pour réussir à le tirer de cette malédiction... Mais pour le moment il voulait se laisser aller au soulagement. Il voulait lui parler aussi... s'ouvrir et lui échanger des mots qu'il n'arriverait sans doute pas à lui dire dans d'autres circonstances.

Mais avant d'avoir pu le faire Joren fut coupé par l'arrivée de quelqu'un. Et si déjà Joren n'était pas particulièrement jouasse à l'idée que ses parents entrent dans la pièce pendant qu'il avait son moment avec Adrian, leurs relations étant devenu un peu plus tendu que d'habitude ces derniers temps, il le fut finalement encore moins en voyant que l'invitée importune n'était nulle autre que Hannah. Et autant le dire, l'accueil que venait de lui offrir Joren était... glacial !

Au final heureusement que Adrian était là pour contre balancer, heureux de la voir lui vu que, de toute manière, il l'avait toujours beaucoup aimé. Joren aussi fut un temps, il l'appréciait sincèrement. Mais depuis Mark il était convaincu qu'elle ne jouait pas franc jeu. Elle avait d'ailleurs décider de l'ignorer, ce qui était sans doute pour le mieux, ne se concentrant que sur Adrian, mais Joren ne la lâchait pas du regard, un regard absolument mauvais. Et Joren avait tellement envie d'aboyer, de la faire partir quitte à lui dire les choses les plus horrible qui soit, mais... Adrian semblait vraiment ravi de sa présence, se ventant de ses cicatrices et affichant sa déception de ne pouvoir les montrer.

« T'as raison, blague bien sur le fait qu'il ait fini en soin intensif, elle est vachement bonne tiens ! C'est super marrant de voir mes frère finir ici, j'en ris à m'en briser les cottes ! » clairement mauvais, clairement salé. Mais Joren en avait marre... marre de voir ses frères finir en ces lieux lugubres dont il n'était pas certains qu'ils quitteraient vivant tandis que elle et son frère... ils s'en sortaient comme des fleurs, sans aucun dommage et avec tous les bénéfices. C'était absolument dégueulasse...

Joren ne supportait vraiment plus tout ça, soupirant et se faisant violence pour ne pas lâcher tout ce qu'il avait sur le cœur, tentant de faire passer les envies de Adrian en premier lieu. Il avait donc poussé un soupire, faisant mine d'aller voir ce qui se passait à la fenêtre, ses mains posée fermement sur le rebord et la tête baissée. Ce n'est que quand Adrian leur proposa des bonbons que Joren s'était retourné, un regard las sur son petit frère. C'était tellement rare qu'il fasse preuve de générosité... ça en était même limite suspect ! Mais Joren se doutait que c'était en partit sa faute, sans doute à cause de l'atmosphère électrique qu'il créait avec Hannah. Alors autant user de cette proposition pour tenter de faire un effort, alléger l'atmosphère. Et puis... une telle proposition ne se reproduirait peut être pas avant plusieurs décennies, donc autant ne pas rater cette chance. Il était donc revenu en attraper une paire, les glissant un à un dans sa bouche, un de chaque côté, question de symétrie.Il avait eut de la chance, il avait eut des goûts assez classiques.

« Mange bien tes légumes... sinon je viendrais te confisquer tes dragées... » le ton un peu trop froid, pourtant c'était bien de l'humour ! Enfin... à moitié... c'était plus un vrai ordre au final, espérant bien que son petit frère allait bien se comporter et faire ce qu'il fallait pour guérir, à commencer par s'alimenter équilibrement. Le visage de Joren s'était cependant adoucis, affichant des traits inquiets même en voyant la douleur traverser le visage de son petit frère en faisant une action aussi simple que s'allonger. Après pour ce qui était de louper les cours, des devoirs qu'il ferait mieux de tenter de rattraper... en vrai ça il s'en fichait royal. Lui même, dans un soucis de perfection instaurés par les idéaux familiaux, il aurait tenté de rattraper son retard. Mais il comprenait que ce ne soit pas le cas pour Adrian. Mais s'en servir pour le faire flipper un peu... « Peut être devrais-je te ramener tes devoirs ? Car là t'as l'air trop heureux. » un léger sourire se faisant au coin de ses lèvres, bien que disparaissant presque aussitôt en croisant le regard de Hannah.

Joren se fit violence pour reporter son attention sur son petit frère afin de répondre à ses questions. « Non, rien encore en tout cas. Mais ça devrait possiblement bouger bientôt d'après ce que j'ai entendu. » l'avantage d'être dans une famille d'aurors réputés, ils avaient parfois des bribes d'informations sur des opérations secrètes. Hannah devait très certainement avoir dû entendre des trucs à ce propos de la part de ses propres parents. « Par contre il y a un autre élève qui a fini à l'hosto. Un autre mioche qui s'est vidé de son sang dans les bras d'un autre. Dans les bras du copain de ton copain là, Evan là. » Ne se rappelant de son nom que car Joren côtoyait parfois le club de duel pour s'entraîner, mais aussi car Adrian était venu le voir, totalement paumé, pour lui parler de la relation de ce mec avec Ikarus, incapable de concevoir ce qu'était une relation homosexuelle et pourquoi. Ça avait mené a une conversation... étrange... qui avait fini sur des révélations que Joren regrettait un peu fortement vu la capacité de son petit frère à garder un secret... mais bref... « Il doit être là d'ailleurs... si il a pas clamsé... incapable de me rappeler son nom par contre... mais il a affiché la sexualité du fameux Evan devant tout le monde. » il s'en souvenait car ça avait titillé son envie de casser des gueules au nom de la justice, n'appréciant pas un tel geste.

Elle le regarda avec un léger sourire en coin. Un peu désabusé, mais elle voyait encore plus le gamin qu'il était … Un warrior … Comme si une cicatrice voulait dire quoi que ce soit. «  Si je me rappelle bien, à Poudlard, il y en a qui s'est ouvert le crane en se baissant trop près d'un lavabo … Il voulait nouer ses chaussures je crois. Tu crois que ça fait de lui un guerrier ? » Répondit  elle en se tapotant l'index du crane. Elle aurait pu juste dire oui, jouer les optimistes, que tout irait bien et qu'une cicatrice de ce genre le rendrait bien plus courageux... Mais elle ne voulait pas que ce dernier continue à foncer tête baissé pour se rendre plus dur, plus fort , et tout ça, sans entraînement … Comme à leur entraînement, tout dans la position inutile, rien dans la concentration … Hannah eut envie de lever les yeux au ciel, face à son propre comportement. Elle était là pour le voir, parce qu'elle s'inquiétait, pas pour lui faire la leçon … et même si elle l’avait dit sur un ton gentiment moqueur, peut-être qu'elle aurait mieux fait de ne rien rajouter.

Et puis, c'était elle qui avait joué la carte du blessé avant eux … Avant d'elle même grimacer à la cuisine de l’hôpital. « C'est presque ce qui m’inquiète le plus » reprit elle, à moitié sincère … Parce que bon, elle savait que si elle continuait sur cette voie, elle finirait probablement ici. Pas forcément pour de grosses blessures, mais en soit, avoir peur des repas, c’était sans doute bien moindre que tout ce qui pourrait leur tomber dessus...  Mais au final, sa plaisanterie, aucune chance qu'elle s'en excuse vu le comportement de l'autre crétin. « Et bien continue à rire. Ça t'évitera de dire des conneries » répondit elle, sans même le regarder. Passive agressive. Qu'il décharge sa colère sur elle s'il le voulait, elle avait parfaitement décidé de l'ignorer. Si elle avait pu ne pas tomber sur lui ici, ça l'aurait grandement arrangé. « Va crier a l'appel au meurtre du mien, j'en rigolerais bien, qu'on soit quitte ... Ah mais non, c'est déjà fait » ne pu t'elle s’empêcher de rajouter, un sourire faux plaqué sur ses lèvres, les yeux toujours posé sur Adrian, mais répondant bien à son aîné.

Elle avait quand même fini par lever la tête vers lui, préférant le voir se moquer un peu de son cadet. Mais ce fut une erreur. Elle détourna les yeux. « ça ne devrait pas tarder. Aucune chance que des péquenauds des bois tiennent face à eux … Ils mériteraient tous de se faire empaler par une licorne, mais tomber fasse à des aurors , c'est déjà pas si mal ... » Elle hocha la tête, avec un air entendu. Ils prendraient déjà bien cher, et tant mieux.  Hannah leva les sourcils aux révélations de Joren … « C'est devenu n'importe quoi ce château ... »  Autant d'élèves à finir à l’hôpital …  « Même si bon, j'ai cru comprendre que c'est un peu la faute des élèves aussi non ? » reprit elle, en lançant un regard un peu interrogateur à son cousin. Pour l'autre, elle n’était pas sure de savoir de quoi il s'agissait et clairement, elle se fichait bien des ces jeunes années qu'elle ne connaissait pas.

Je n'aimais pas voir mon frère et ma cousine se prendre la tête comme ça. C'était toujours tendu entre eux. Cinglant même. Mais j'essayais de ne pas trop rentrer dans leurs histoires. La dernière fois que je l'avais fait, ça avait rendu les choses encore plus ... compliqué. J'observais Joren, le trouvant un poil trop sérieux. Mais en même temps, il avait raison. Ce qui m'était arrivé était grave et j'espérais que ce petit séjour à Ste Mangouste me remette sur pieds rapidement.

- OH NON ! Mais ... les légumes ici sont vraiment dégueulasses ! Ca se voit que c'est pas toi qui doit les manger hein !

Je prenais sa réflexion au premier degré. Avec Joren je n'arrivais jamais à déceler s'il faisait de l'humour ou non. Il était toujours aussi froid ... surtout en la présence d'Hannah. Je me raidis lorsqu'il me parlait de ramener mes devoirs. Quelle idée débile !! Au moins, ici, j'étais loin de l'école, des profs, des devoirs ... non, qu'ils les laissent bien sagement à Poudlard.

- Heu ... sans façon ! En vrai, je suis trop malheureux d'être ici tu sais ?

Gros mytho bonjour ! Ca se voyait sur mon visage que je n'étais pas malheureux. Mais fatigué. La malédiction m'épuisait lourdement et j'étais vraiment dénutri. Heureusement, les infirmières étaient aux petits soins et les Médicomages prévoyaient de me remettre rapidement sur pieds. Ce que je ne savais pas, c'était les lourdes opérations que j'allais subir les jours à venir.
J'étais content de voir Hannah, c'était sûr. Mais elle avait toujours des mots pour me rabaisser. Je ne savais pas trop si c'était à cause de notre entrainement catastrophique, ou si c'était pour me faire redescendre sur terre ... mais je la targuais d'un air blasé à sa remarque.

- Ha ha ... j'me suis pas pris un lavabo moi ! Mais une malédiction !

Bref, ça ne me rendait pas plus héroique pour autant. Mais j'aimais le croire. Il y eu un petit échange entre Joren et Hannah, un poil désagréable, auquel je préférais ne pas répondre. Ca me mettait trop mal à l'aise et c'était leurs problèmes finalement.
Je préférais dévier le sujet sur l'histoire des braconniers. Joren m'informa qu'il ne s'était rien passé, mais que les choses finiraient par bouger. Hannah, elle, était convaincue que les Aurors foutront une raclée monumentale aux braconniers. A sa remarque, un large sourire entailla mon visage creusé par la maladie.

- T'as bien dit Hannah ! C'est vrai qu'les braconniers feront pas l'poids contre une armée d'Aurors héhé !

Joren embraya en évoquant la présence d'un autre élève qui s'était retrouvé à Ste Mangouste en même temps que moi. Qu'Evan aurait retrouvé dans les couloirs en train de se vider de son sang. Je me redressais d'un coup de mon oreiller, exprimant une petite grimace de douleur.

- Tu parles d'Edgar Rowell ?! Mais Joren, tu connais les Rowell quand même ! Ils sont tout le temps présents lors des diners mondains ... Balthazar, c'est son grand frère. Comment c'est possible, pour Edgar ?!

Il était fort probable que Joren ne sache pas vraiment qui était Edgar. Mais Blathazar, il connaissait forcément. De nom du moins. Edgar était toujours très discret et moi même, je ne lui prêtait pas grande attention. Il était aussi transparent qu'un fantôme. Mais waow ... la nouvelle me laissait pantois.

Hannah exprimait son avis, et insinuait lourdement que tout n'était pas dû au hasard. Et il était vrai que je ne lui avais rien dit concernant le rituel. Je me sentais un peu honteux et à la fois confus, ne sachant pas trop comment réagir, ni quoi dire. Alors je baissais mes yeux vers les draps de mon lit, mes doigts s'entremêlant les uns dans les autres. J'avais presque envie que Joren intervienne et qu'il lui dise de se mêler de ses affaires.

- Heu ... bah ... nan mais c'est pas entièrement ma faute tu sais ! Y'avait pas que moi !

Même si j'étais quand même le principal investigateur des opérations. J'avais titillé la curiosité de Winston et de Amore. Puis encouragé Erin et Lana à rejoindre ce rituel. J'avais réussi à manipuler ces élèves dans l'unique but de parler à l'esprit de Mark. Pour connaitre la vérité. Je relevais mes yeux vers Hannah, prenant l'air d'un chien battu. Comme pour essayer de gagner sa pitié.

- C'est juste que j'voulais avoir des réponses. Reprendre contact avec Mark. C'est pas un crime quand même ! A quoi sert la magie si on ne peut pas faire des trucs un peu incroyables ? C'est juste que ... ça s'est pas vraiment passé comme prévu.

Je n'osais même pas me retourner vers Joren. Je connaissais son point de vue sur la situation, il m'avait déjà fait plusieurs fois le reproche de jouer avec des forces qui me dépassaient. J'en avais conscience, mais pour moi, ce n'était pas si grave. On allait me soigner et j'allais reprendre ma vie normale. On était une famille riche et puissante, donc les Médicomages allaient tout faire pour me sauver, et ils allaient y parvenir. J'en étais convaincu.