À l’enfant que je n’aurais jamais,

Je suis certain que tu me demanderas les raisons pour lesquelles je ne voulais pas avoir d’enfant, les raisons pour lesquelles je ne voulais pas de toi. Elles sont nombreuses, elles comprennent notamment le fait que j’aime les hommes et que je ne serais pas en mesure d’avoir un enfant biologique, même si je le voulais, mais la principale est que je ne veux pas perpétuer le nom de Gaunt, le nom d’une famille de sang pur qui est connue pour avoir donné naissance à l’un des plus grands mages noirs de notre siècle.

Je me prénomme Ethelred, comme le mage noir de l’ère médiévale qui était connu pour maudire des personnes innocentes et pour être mort en prison. Contrairement à lui, je ne mourrai cependant pas privé de ma liberté. Plus que tout autre chose, je désire d’être libre de mon nom de famille, ce que je suis parvenu à faire d’une certaine manière. Je suis tellement à l’opposé de ma famille que ma photo a été brûlée sur l’arbre généalogique de celle-ci, quelque chose dont je ne devrais pas vouloir me vanter, mais qui me donne la conviction que j’ai réussi à devenir une personne à part entière.

Je sais que tu ne l’auras pas connu, mais permets-moi de te parler un peu de la vie que tu aurais pu mener si tu avais grandi dans ma famille. Je dis ma famille parce qu’elle ne sera jamais la tienne, parce que je veux t’en mettre à l’abri.

La maison, ou plutôt, la masure, des Gaunt se situe dans les bois à la sortie de Little Hangleton, dans les taillis à flanc de colline. C’est là où je suis né. Les arbres qui bloquaient auparavant la lumière et la vue de la vallée avaient été taillés, mon père, Amadeus Gaunt ayant pris le soin de couper les branches pour que les serpents puissent profiter de la chaleur. Si la demeure, encore délabrée, ne pouvait être qualifiée de chaleureuse, elle était maintenant propre, habitable, prête à accueillir non seulement les serpents, mais surtout, les enfants qu'il aura avec son épouse, Alcippe Beurk.

Dans une autre vie, Amadeus Gaunt et Alcippe Beurk auraient été ton grand-père et ta grand-mère.

Je suis l’ainé de la famille, mais je pense que tu te doutes que je n’étais pas l’héritier. Je suis né aveugle, je suis né sans la capacité de voir le monde autour de moi, je suis né en étant seulement capable d’en distinguer les lumières. C’est probablement dû aux unions consanguines qui ont eu lieu au sein de la famille, mais j’ai été rejeté pour mon handicap. En me prénommant, mes parents m’ont donné le nom d’un mage noir, comme il est coutume au sein de la famille, mais aussi le prénom de Claudius qui veut littéralement dire que je suis pathétique, que je mérite d’être pris en pitié, mais ils ne se doutaient pas de la personne que j’allais devenir.

Après m’avoir donné naissance, mes parents se sont rendu compte que je ne serais pas l’héritier attendu. Ils auront donc tenté de donner naissance à un autre garçon, mais avant cela, ils m’auront donné cinq autres sœurs. Nous sommes donc sept au sein de la fratrie, le nombre magique par excellence, moi, l’aîné, mes cinq sœurs et mon petit frère.  

Les fantômes des serpents de la maison avaient souvent l'habitude de chanter une comptine un peu macabre. Je m’en souviens encore : « Siffle, siffle, petit serpent, glisse, glisse, silencieus'ment et avec Amadeus, sois très doux, sinon, à la porte, il te cloue. » Mon père avait l’habitude de dire que notre don est notre plus grande richesse. Il nous parlait toujours en Fourchelang, jamais en anglais. Ils nous disaient que nous avions perdu notre argent, notre médaillon, notre bague, mais que nous n'avons jamais perdu notre capacité. Nos prénoms nous ont été donné en hommage à des sorciers sombres, mais vous n'êtes pas liés par celui-ci. Nous pouvions devenir encore plus puissants. Ce ne sont ni nos prénoms, ni nos noms qui font de nous ce que nous sommes. Pour cela, je lui suis reconnaissant.

Malgré ces belles paroles, mon père pensait que ma cécité était une faiblesse, que je ne survivrai pas. J’ai parlé Fourchelang à un très jeune âge et je me suis rapidement lié avec les serpents de la demeure. Je me souviens avoir tenté de les convaincre que je pouvais être normal et ils me disaient que non, je ne pouvais pas l’être et que le jour où je m’en rendrai compte, ce serait le jour où je deviendrai un grand sorcier.  

Mes pouvoirs se sont manifestés quand j’avais six ans, quand mes sœurs ont tenté de me pousser dans la rivière pour que je me noie. Plutôt que de me noyer, j’ai marché sur l’eau. J’ai attaqué mes sœurs avec mes serpents, j’ai tenté de les étrangler, mais ma mère est rapidement intervenue. Si je ne m’entendais pas avec mon père, j’ai toujours eu une pensée pour ma mère qui craignait que je meure en raison de ma faiblesse comme elle le disait. Si elle savait ce que j’étais devenu !

Si elle savait que j’ai envoyé ses filles en prison !

J’ai toujours eu une haine envers ma famille parce qu’elle pensait que je n’avais pas les capacités pour me débrouiller dans le monde, parce qu’elle me sous estimait, parce que ma fratrie plaçait des obstacles dans mon chemin pour me faire tomber, parce que je refusais de l’aide. J’avais dix ans et j’étais sur le point de faire mon entrée à Poudlard lorsque j’ai demandé à mes serpents s’ils acceptaient de devenir mes yeux et de me dire ce qu’il se passait autour de moi.

J’ai fait mon entrée à Poudlard, accompagné de mes serpents, une exception qui m’a été accordé en raison de mon handicap. Lorsque je suis allé sur le tabouret pour ma répartition, le Choixpeau m’a parlé tout de suite de mon ambition et de mon désir de surpasser, si ce n’était de me venger auprès de famille, et que j’aurais tout à fait ma place chez les Serpentard. Je n’en suis pas fier, mais je l’ai supplié de me répartir parmi les Gryffondor. Pourquoi ? Parce que je voulais fuir ma famille, parce que je ne voulais pas être dans le même dortoir que mes frères et mes sœurs, parce que j’avais peur, mais qu’en même temps, je ne voulais pas correspondre aux attentes.

J’ai été réparti chez les Gryffondor, le Choixpeau tenant compte des désirs des élèves où j’ai passé une belle scolarité même si je n’étais pas particulièrement apprécié de tous les élèves en raison des serpents qui m’accompagnaient. Certains disaient que je n’avais rien à faire chez les Gryffondor tout comme c’est le cas de certains parents aujourd’hui qui estiment que je ne devrais pas être à leur tête, mais l’important n’est pas de l’où on vient, mais de ce que l’on devient. J’ai eu des très bons résultats scolaires et j’ai même été préfet, puis préfet-en-chef. J’étais énormément craint durant mes rondes parce que même si j’étais aveugle, je parvenais toujours à trouver les personnes qui contrevenaient au règlement grâce à mes serpents et mes sens qui sont plus développés que la moyenne. C’est également à cette période que je me suis rendu compte que j’aimais les hommes et que, même si je le voulais, je ne plairais jamais à ma famille.

Dans tous les cas, j’ai toujours eu une ambition, celle de me distinguer des membres de ma famille qui me dévalorisaient et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de m’engager sur la voie de la justice magique. Je suis devenu Auror. Je suis devenu Auror à la suite d’une formation de trois ans qui était particulièrement difficile et intensive. À peine cette formation terminée, je suis allé sur le champ de bataille contre les mages noirs. À l’époque, c’était la première grande guerre des sorciers et je me souviens que l’on nous avait donné le droit d’utiliser des sortilèges impardonnables sur les criminels et sur ceux que nous suspections d’être des mages noirs. Je n’en ai jamais fait usage, mais c’était une époque particulièrement éprouvante. Par la suite, Voldemort a disparu avant de revenir, des années plus tard.

Lors de mes années en tant qu’Auror, j’ai envoyé beaucoup de gens en prison, dont mes propres sœurs qui avaient décidé de s’engager sur la voie de la magie noire. C’est à ce moment que mon père a brûlé ma photo sur l’arbre généalogique de la famille, estimant que j’étais un traître envers ma lignée.

Après avoir participé à la deuxième grande guerre des sorciers et que Voldemort ait été vaincu, j’ai décidé de devenir professeur de duels au sein de l’école, un poste que j’occupe encore aujourd’hui. Je suis devenu directeur des Gryffondor et je suis connu pour être présent pour les membres de ma maison. C’est une époque plus paisible, mais dans tous les cas, je n’oublie pas d’où je viens.