Les problèmes s’emmêlent : son compagnon est encore fuyant et elle se retrouve seule au milieu du chaos de ses hormones. Son humeur est souvent changeante, et elle passe son temps à se regarder dans un miroir pour évaluer l’état de sa grossesse et de son ventre qui commence à être visible. Le printemps la suivait dans son sillage : odeur embaumée et florale, robe délicate et légère. Des couleurs toujours très pastelles pour préserver son air angélique et délicieux, aimant se donner un air de légèreté qui contredisaient sans mal son caractère de rose épineuse affamée. Elle est d’autant plus acérée que jamais maintenant qu’elle ne veut à Marcus de se faufiler à Brocéliande… pour “se libérer de son alcoolisme” alors qu’il était probablement en train de s’amuser à boire avec ce Loup mal-léché.
Astrée tentait navrement de s’occuper de son propre appartement et de sa maison qui avait été détruite par Javier. Un reparo suffisait pour les meubles, mais pour la brume… disons qu’elle s’était étrangement calmée ces derniers temps maintenant que l’endroit était inhabitée. Il fallait rester plusieurs heures avant qu’elle n’interagisse avec les vivants. La cloche de sa maison sonne, une cloche magique qui indiquait quand quelqu’un se tenait à la porte. Astrée n’est pas surprise, elle attendait un certain étudiant.

« Devon ! » qu’elle lâche dans un grand sourire splendide lorsqu’elle trouve sa silhouette austère sur son paillasson.

Son accent ressort un brin, il est chantant entre ses lèvres alors qu’elle l’accueille dans cette joie presque intempestive et surréaliste. Elle l’invite à rentrer dans sa splendide maison. L’endroit n’était pas désagréable, loin de là : tout était mis convenablement à sa place. Parfaitement rangé au millimètre près, alors que les couleurs beige marron et crème, donnait un aspect moderne à la pièce. Presque moldu, au final, si on exceptait les nombreux objets magiques dans la pièce. Mais les inspirations venaient du monde moldu. Une petite cheminée brûlait, conférant de la chaleur à la pièce.

 « Rentre et assis-toi. Aaah, attends ne bouge surtout pas. »

D’un mouvement de baguette elle fait disparaître les saletés des chaussures du jeune étudiant, avant de l’inviter à rentrer d’un mouvement de tête. Hors de question qu’il s’amuse à salir l’endroit, ô combien même il lui était utile. Gravant ses rétines dans les siennes, Astrée vient s’asseoir sur l’un des canapés en cuir -onéreux- et s’aide de sa magie pour faire voler une bière vers l’étudiant. Leur relation était purement basée sur les avantages qu’il avait : elle tirait profit de lui et de la facilité avec laquelle il pouvait se rendre dans des lieux louches sans se faire pour autant agresser, et lui profitait allègrement de son argent et des potions qu’elle lui créait. Pour elle ? Une tasse de thé au jasmin vole jusqu’à elle, qu’elle sirote doucement.

 « Tout s'est bien passé ? Pas de soucis en particulier ? »

Astrée l’avait envoyé dans un petit quartier louche de Londres. Un endroit initialement moldu où se terrait des sorciers qui n’avaient rien de bienveillants :

« Si à l’avenir tu as besoin d’être accompagné, tu me le fais savoir. »

Pour le moment les transactions qu’elle exigeait étaient des ingrédiants particulièrement rares, bien moins chers et plus faciles d’accès sur le marché noir. Depuis quelques bonnes années, Astrée travaillait auprès d’un vieil ami à son oncle. Mais les envois par colis étaient plus régulés maintenant, et il était bien plus prudent d’y aller soi-même.

« Tu souhaiterais être payé comment ? »

Ce n’était pas rare qu’elle le paie en gallions, tout comme en potions s’il le désirait. Après tout elle en avait tout un arsenal.

Il jeta sa cigarette sur le trottoir et l'écrasa avec son talon avant de lever les yeux vers la porte et frapper. Dire qu'il s'était pris la tête tout seul à l'autre soirée, avec Ruka … Parce qu'il n'aimait pas être renvoyé à sa bipolarité, que les gens soient au courant ou non. Mais avec Astrée, il n'avait pas eu tant le choix … Parce que s'il ne voulait pas prendre le risque de se taper une année comme la précédente. A quoi bon tenter l'université, si c'était pour finir au fond d'une chambre étudiante … Devon jeta un œil à sa montre, qui sait, il trouverait peut-être le temps de passer chez son frère avant de retourner en Ecosse … Sa main vint frotter son crane alors que la porte s'ouvrait.  Tellement pas l'apparence de quelqu'un qui avait besoin de quoi que ce soit au marché noir … Mais il savait parfaitement qu'il ne fallait pas se fier aux extérieurs …

Même si bon, jusque là, elle ne lui avait pas demandé de tuer quelqu'un. Des commandes de la sorte, ça n'était pas vraiment si grave à ses yeux. Mais entre son statue de professeur et son jolie visage, pas la personne qu'on imaginait le plus avoir besoin de ce genre de service.  Devon hocha la tête pour toute salutation, dans le genre poli, y avait mieux …  Le sorcier rentra donc, prêt à aller s'asseoir, quand il fronça les sourcils, s’arrêtant subitement. Quoi ? Il était presque inquiet , mais en se rendant compte de la raison … Il continua son mouvement, posant son pied par terre. Vraiment ? L’américain leva un sourcil, qui voulait exactement dire ça … Vraiment. Le coin de ses lèvres légèrement relevé. Un peu amusé. La parfaite maîtresse de maison. Qui l'envoyait dans des coins craignos … Le contraste vraiment …

Devon s'assit dans le canapé, enlevant sa veste en cuir et la jetant à moitié sur l’accoudoir . Nouveau mouvement de tête à l'arrivée d'une bière. « J'aurais peut-être préféré un thé » dit il, sur un ton un peu sarcastique, mais le coin de ses lèvres, prouvant que ce n'était qu'une plaisanterie. C'était bien un truc qu'il n'avait pas compris chez les anglais, cette passion pour l'eau chaude … « Aucun » répondit il sans réfléchir. Parce que quoi qu'il arrivait là-bas, c'était son problème à lui. « Toujours aussi bien famé » reprit Devon avant de porter sa bière à ses lèvres «  Juste … Vérifie le contenue avant de t'en servir. Il était pas sur du produit … . » Rien de bien grave. Mais tant qu'à ce qu'elle se rende compte que ce n'était pas le bon produit , autant que ce soit le plus rapidement possible. « Tu dois pas être la seule à être livré ... » Est-ce que c'était un soucis de quantité ou de matériel … Alors là … ça n'était pas son soucis. Après, si elle voulait l'envoyer secouer un peu le fournisseur, ça pouvait s'arranger aussi mais … « En gallions. » répondit il, rapidement. Il n'avait pas tant d'avance dans ses médocs … Ouais, nan … Il but une nouvelle gorgée, avant de secouer la tête. « A moins que t'es la même chose que tu m'as filé l'autre fois ?  Ça m'irait aussi. » Même mieux, il préférait ne pas prendre de risque … Appréciant un peu trop l'équilibre que ses potions lui donnaient ces derniers temps. Pas parfait, mais tellement mieux.

Si jeune et déjà si claquant : il dégageait une forme d’aura presque envoûtante. Une aura dont il jouait certainement, jouissant de son air mystérieux pour probablement s’autoriser un peu de solitude… ou pour attirer des petites étudiantes dans son filet. Le bad boy typique, c’en était presque affligeant. Si la sorcière s’amusait à comptabiliser les clichés de l’émo cliché et mystérieux… la liste serait longue. Pas que c’était négatif, loin de là… Astrée adorait les stéréotypes où elle pouvait gentiment mettre les gens dans des cases. L’image renvoyée, c’était tout ce qui importait pour elle. Une tasse de thé, qu’il réclame, de son petit ton sarcastique qui fait naître un sourire sur les lèvres de la sourcière. « Pas à moi Devon… » qu’elle lâche dans un petit rire moqueur : son petit rire paraissait chantant… comme une petite poupée de porcelaine. « Une tasse de thé entre tes mains ferait tâche. » Une tasse de thé parmi ses tatouage, son aura austère et ses crocs prêts à grignoter quelques cous pour s’abreuver dans une carotide… non définitivement. Il risquait de briser un mythe. Il risquait de briser l’image qu’elle avait de lui, et c’était un peu pénible de changer les gens d’une case pour les remettre dans une autre… Même si parfois il lui faisait l’effet d’un petit chaton taquin, qui devenait brusquement un félin à la sombre pelisse, avant de rapetisser presque aussitôt. Il y avait définitivement un prédateur sous ce petit sourire narquois.

Astrée entame son thé, croissant les jambes d’un air parfaitement distingué, avant d’évoquer les faits avec assurance : « De toute manière, si tu as des problèmes… n’hésite pas à les vider de leur sang. » Sortir des mots pareils avec son visage poupon… ça ressemblait étrangement à une petite blague. Mais aucun sarcasme n’avait peint les syllabes malgré son léger accent hispanique. Elle restait même profondément sérieuse, les traits confiants, ne laissant passer aucun doute dans ses mirettes. Histoire qu’il la prenne au sérieux et qu’il voit en elle une voie d’issue si jamais il avait quelques sérieux problèmes. « Je ferais en sorte d’effacer les traces… » Elle se revêt d’un petit sourire fier, l’auriculaire bien dressée avec sa tasse en main. Elle n’avait pas froid aux yeux. Effacer un cadavre ? Astrée l’avait déjà fait. Enfin, disons qu’elle avait quelques noms qui pourraient faire le travail pour elle. Quelques vieux amis, s'ils n'étaient pas en taule. Ou au pire des cas elle devait bien avoir quelques potions corrosives pour effacer les traces… ou une bonne potion pour tout effacer soigneusement.

Son nez se fronce légèrement lorsqu’il évoque le fait qu'elle n’ait potentiellement pas ce qu’elle avait demandé. Agacée, elle porte un oeil sur son colis et commence à l’ouvrir. « Avec un prix pareil, il pourrait au moins s'aviser de faire les vérifications lui-même. » Elle commence à observer les ingrédients réclamés, se charge de les sentir uns à uns avec préoccupation : mais Astrée redoublera de vigilance quand elle commencera à les préparer. « Tu lui diras de ma part, la prochaine fois, qu’il cesse de se payer ma tête. Après autant de fidélité, je mériterais d’être traité comme une reine… » Au moins ça. Avec quelques bonnes dizaines de réduction… Heureusement qu’il n’était initialement pas si cher et qu'elle l’appréciait de loin.

Des gallions… ou les petites potions qu’elle testait discrètement sur lui. Un régal pour son désir de potionniste, qui s’occupait de trouver un substitut à son besoin sanguin en lui offrant un effet presque placebo. Elle tentait de récréer les des agonistes d’hormone à la sensation de satiété…. Pas une mince affaire, mais elle adorait définitivement… néanmoins, elle était contrainte à les utiliser sur des animaux au préalable afin d’éviter d’empoisonner son pauvre Devon qui n’avait rien demandé.  Même si elle s’assurait toujours d’être présente à la première prise. « En parlant de ça… » Elle l’étudie du regard. Devon semblait avoir une peau tout à fait normale, pas de pilosité inadaptée…  « Qu’est-ce que tu penses des dernières que je t’ai filé ? » Elle ne tarde pas à ajouter, pointilleuse : « Des effets secondaires ? »

Son coté américain le rattrapait parfois Et oui, le thé aurait fait tache entre ses mains … Parce qu'il n'aurait pas été capable de faire semblant d’apprécier ça. La bière, c'était plus simple, c'était habituel.  Mais si ce bout de conversation là, était amusant, sachant que si les apparences n'étaient pas toujours à croire, lui et une sage tasse de thé, ça ne faisait pas bon ménage, la suite le fit se fermer un peu. Sa bipolarité, c'était une chose et son coté vampire, une autre … Il le vivait relativement bien, habitué à faire peur, pour absolument aucune raison … Mais qu'elle puisse penser qu'il s'en servirait de la sorte. « C’est ça, un petit quatre heure et on aura plus de problème » rétorqua t'il, un peu sombre. Déjà qu'il ne se nourrissait que très peu de la sorte, trop habitué à foutre ce coté alimentaire sous le tapis … Quand il y réfléchissait, c'était peut-être une preuve qu'il ne l'acceptait pas tant que ça … Mais au fond, non. C'était une habitude qu'on lui avait implanté, parce que c'était Elle qui ne l’acceptait pas.

Devon soupira. Autant ne pas penser à sa mère maintenant. Toujours dans son ombre , même à l'autre bout de l'atlantique.  « C'est gentil. Mais logique, ça serait con que ça remonte jusqu'à toi, n'est ce pas » reprit il, sarcastique. Pas dupe.  Par contre, pour ce qui était de la commande … elle risquait potentiellement de vraiment vouloir faire disparaître une personne ou deux.  « Je suis pas un hibou » répliqua Devon, la bière au lèvre. Sachant pourtant qu'il le ferait la prochaine fois qu'il irait. Transmette ce genre de message, ça n'était pas dérangeant. Ça aurait pu, mais l'aura d'Astrée déjà, jouait en sa faveur et vu sa propre apparence, pas sur qu'il y ait des répercussions à la moindre plainte.

Le sorcier haussa les épaules. « Je suppose que ça fait le taff » répondit il, avec simplicité. Il ressentait moins ses états de manques et forcément ça jouait sur son humeur. Un cercle vertueux en quelques sortes. Pas sur que ça l’empêche de craquer, de manière carnivore ou même émotionnellement, mais ça lui donnait un effet de calme, d'équilibre. Peut-être que c'était simplement dans sa tête, et qu'elle se foutait de lui, mais au final, seul le résultat importait.  Devon lui jeta un regard curieux. « ça devrait ? Je dois m'attendre à quoi ? Me retrouver avec des ailes de chauve souris ? Des cornes ? Ou bien des effets bien plus dérangeant comme perdre toutes mes dents, ou la vue ? » Il n'était pas plus effrayé que ça, vu que justement rien n'était arrivé et il ne s’était pas posé la question avant non plus, du genre à foncer sans réfléchir parfois. Mais rien que risquer une amélioration, rien que minime, il était forcément preneur. Devon se redressa, calant ses coudes sur ses cuisses pour se rapprocher, qu'elle puisse l'observer de plus près. « Ou bien quelque chose de nouveau sur mon visage ? » demanda t'il, en observant ses réactions. Est-ce qu'il aurait du s’inquiéter de ses potentiels effets secondaires ?