Ton visage, tes blessures ...
@Émile McRaven & Erin Gibson

C'était une journée comme une autre. Banale. Ou peut-être pas. Erin s'était levée de bonne heure, avait pris son petit déjeuner en compagnie de @Lana Wang et s'était dirigée vers les cours de la journée. Les professeurs mettaient la pression à l'approche des examens et surtout pour les cinquième années. En sortant du double cours de Métamorphose, Erin poussa un lourd soupire.

- Comment veulent-ils qu'on s'en sortent s'ils se mettent tous à chanter le même refrain et à nous donner tous la même quantité de travail ? J'ai l'impression que pour eux notre avenir se joue avec cet examen.

Ce n'était pas totalement faux, mais pas totalement vrai non plus. Erin savait parfaitement ce qu'elle voulait faire plus tard. Cela n'exigeait pas une expertise dans les sortilèges ou les potions, mais plus dans l'art et la manière d'enquêter, d'écrire, d'argumenter ... des choses qu'on exploitait peu à Poudlard. Elle voulait devenir Journaliste, ou travailler pour une association défendant de grandes causes morales ou alors carrément devenir avocate. Elle ne savait pas quelles genre de BUSEs il fallait valider pour le coup. Probablement l'histoire de la magie, les potions et les sortilèges. Les runes peut-être afin de décortiquer les textes anciens ...

Heureusement, la matinée passa vite. Elle sortit du cours de Sortilèges et Enchantements avec la tête sur le point d'exploser. Leur nouveau professeur était particulièrement exigeant et peu enclin à la rigolade. Collée à Lana, elles papotèrent jusqu'à la Grande Salle où elle aperçu Emile qui s'était installé à la table des Poufsouffles pour déjeuner.

- J'avais promis à Emile de manger en tête à tête ... tu me pardonnes ?

Lana avait été mise au courant et fort heureusement, elle s'était organisée pour ne pas passer la pause du midi toute seule. Erin lui fit un clin d'oeil, remonta la hanse de son sac en peau de boursoufle sur l'épaule, puis se dirigea vers Emile. A son arrivée, elle lui flanqua un baiser sur la joue avant de s'asseoir à ses côtés. Elle remarqua aussitôt quelques blessures légères sur son visage.

- Tu vas bien ? Horrible cette matinée ! Vivement qu'on passe ces fichus examens que ce soit fini. A force ils commencent vraiment à me stresser ces profs ... à croire que tout notre avenir se joue là.

Elle parlait vite, en faisant de grands gestes un peu brusques. Erin était animé comme d'habitude par une vitalité exacerbée. Les plats apparurent comme par enchantement sous leurs yeux. Erin piocha quelques légumes, un peu de riz et une part d'osso bucco.

- J'ai une faim de loup ! Pas toi ?

Elle se retourna vers Emile en le dévisageant avec un large sourire. Les blessures sur son visage l'interpelèrent cette fois d'avantage. S'était-il encore battu ? Ca ne serait pas la première fois ... elle espérait que non. Car toute cette histoire avec Rowell sentait la bouse de dragon à des kilomètres. Javier évitait soigneusement Erin et elle doutait qu'il se soit mis sur le chemin d'Emile. Ou alors avait-il fait une chute en balai ?

- Tu as quoi sur le visage ? Tu t'es battu avec un chat ? Impossible que ce soit Ambrose, il ne griffe jamais.

Ambrose c'était le chat d'Erin qui se baladait régulièrement dans les couloirs et qui avait adopté Emile depuis leur première année à Poudlard. Les couverts en suspend au dessus de l'assiette, Erin fixa Emile telle une mère juive attendant la réponse de son fils adoré.

Ton visage, tes blessures ...
@Émile McRaven & Erin Gibson

Bien entendu, il fallait qu'il tombe en panne de baume cicatrisant.

Il en avait tellement utilisé à force de se faire griffer par les fléreurs qu'il s'était retrouvé à court lorsqu'il avait voulu effacer les traces de blessures infligées par @Balthazar Rowell. Il avait pu guérir le plus gros, comme son nez cassé ou ses yeux et ses lèvres enflées, mais il n'avait rien pu faire contre les bleus et les griffures. Dépité, il avait hésité entre soit arborer ces marques fièrement, soit les maquiller. Il avait choisi la fierté, il trouverait bien une excuse auprès des professeurs et de la directrice de sa maison... Il en trouvait toujours. Surtout qu'ils avaient reçu un bébé Bicorne, trouvé sans sa mère et blessé. Il était quelque peu agité et avait déjà frappé le garçon en essayant d'échapper à ses soins. Émile pourrait toujours prétendre qu'il avait failli se faire marcher dessus par le Bicorne... Qui sait.

Il alla donc manger dans la Grande Salle mais, avant de toucher aux plats, il attendit l'élue de son coeur, sa chère Erin. Elle ne tarda pas à arriver, toujours aussi pimpante et superbe. Émile sourit lorsqu'elle déposa un baiser sur sa joue et lui avoua qu'elle avait hâte que les examens soient terminés. Il sourit et répondit : Il n'y a plus beaucoup à attendre, d'ici quelques semaines nous serons tranquilles. Quand il était avec elle, il parvenait à oublier le stress des examens à venir et il profitait de chaque instant passé à ses cotés. Elle se servit de la nourriture et Émile fit de même, préférant les légumes au riz, et du poisson pour changer un peu de la viande. Alors qu'ils se servait, il remarqua son regard sur lui. Il leva les yeux, sourit et demanda : Quoi ? J'ai de l'encre sur la joue ? C'est Peter, il a renversé son encrier sauteur, ce dernier a pourri toute notre table. Elle lui demanda donc, sans détour, ce qu'il avait au visage. Ah. Ils y étaient donc. Émile laissa échapper un rire gêné et passa une main dans ses cheveux. Il finit par répondre : Bah... C'est... Pas grand chose. Ne t'inquiète pas. C'est fini...

Il but une gorgée de son verre d'eau et reprit : C'est pas Ambrose, ne t'inquiète pas. Ton chat est sans doute l'animal le plus pacifiste de ce monde... Sauf quand Bouldeplumes est dans le coin. Bouldeplumes détestait les chats, car il avait failli finir comme déjeuner à l'un d'eux. Depuis, il profitait de chaque occasion pour leur tirer les oreilles ou la queue du bec ou des serres. Émile reprit : C'est Rowell... On s'est disputé, à propos d'Edgar, ça a dégénéré.. Mais c'est terminé désormais.

Ton visage, tes blessures ...
@Émile McRaven & Erin Gibson

Disputés ? Encore ? Ce n’était pas la première fois qu’Emile s’en prenait à quelqu’un. Il s’était déjà battu avec Javier dans les serres de botanique quelques mois plus tôt. Erin connaissait son côté sanguin, mais elle avait toujours du mal à croire qu’Emile pouvait en découdre avec d’autres garçons. Il avait l’air … si docile. Balthazar ou Javier, ça ne l’étonnait pas trop. Ils avaient un look plus « bad boy » ou viril qu’Emile. Et elle l’avait choisi pour sa douceur, sa générosité et sa gentillesse. Erin ne put s’empêcher de froncer les sourcils tout en dévisageant Emile.

« Tu t’es encore battu … Mais pour quelle raison ? Moi qui croyait que tu étais au dessus de ça ! C’est vraiment un comportement de gamin ça … de se battre pour se prouver je ne sais quoi ! Et en plus avec Rowell ? V’là le pompom. »

Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Lui faire la morale. Parce que pour Erin c’était tellement grossier d’en venir aux coups de main. Et visiblement, Balthazar n’y était pas allé de main morte. Elle tendit sa main vers la joue d’Emile, passant ses doigts sur sa peau.

« Ca fait mal ? Tu es allé voir l’infirmière ? »

Elle aurait pu se montrer plus compatissante et surtout soutenir Emile. Après tout, si elle ne le faisait pas, qui d’autre le ferait ? Mais Erin avait un côté borné et ses idées féministes n’approuvaient pas ce côté débile qu’avaient les garçons de se battre pour régler leurs problèmes. Une fois, elle avait entendu sa tante dire qu’aux moins les hommes réglaient leurs comptes à coups de poings, mais qu’une fois la bagarre finie, tout allait mieux. Alors que chez les femmes, c’était plus fourbe et insidieux. Mais était-ce vraiment mieux ? De toute façon, connaissant sa tante, rien de bon ne sortait de sa bouche. Elle picora quelques légumes dans son assiette, sans appétit.

« Franchement, tu n’arranges pas ton cas Emile. Tu cherches quoi au juste ? A te faire renvoyer ? Le frère de Balthazar est à l’hôpital et toi tu bas avec lui … tu as une dent contre cette famille ? Tu sais en plus qu’ils sont riches et puissants … je doute que ton père puisse faire le poids contre eux si Balthazar décide de te dénoncer à la direction. C’est parce qu’il croit que tu es responsable de ce qui est arrivé à Edgar ? »

Erin savait que les Rowell avaient des soupçons et qu’ils n’appréciaient que très peu Emile. Depuis l’incident de l’appareil photo. Pour Erin, Emile avait bien réagit. Peut-être avait-il un peu dépassé les bornes en jetant l’appareil photo du haut d’une tour. Mais parfois, le Poufsouffle étonnait quelque peu sous l’effet de la colère. Il pouvait être tranchant et direct.