@Claude Baltimore  @Ryland Beresford

"Vas-y, c'est mon tour."

Fit-il en enfournant une nouvelle cuillère dans le pot de marmelade magique qu'il tenait dans ses mains et se partageait avec Claude. Ils l'avaient entamé en marchant en direction de la salle commune et s'amusaient à le finir, par pure gourmandise, depuis qu'ils s'étaient attablés, leurs bouquins de cours devant eux, prêt à être ouverts pour les révisions intensives et journalières.

Alors qu'ils revenaient de leur dernier cours, Balthazar et Claude avaient croisé un elfe de maison en train de paresser dans un coin. Comprenant bien que l'être était très mal à l'aise d'avoir ainsi été surpris en train de tirer au flanc, il avait surveillé "les jeunes maitres" comme souvent, les elfes appelaient les élèves, de ne rien dire. Facétieux, les deux Gryffondors avaient alors monnayés leur silence contre ce pot de marmelade. Une occasion rêvée de s'approprier cette confiture qui changeait de goût à chaque bougée. Un peu comme les dragées surprises de Berty Crochu, mais sans les mauvaises surprises.

Pour Claude, cela devait faire du bien de retrouver le "vrai" Balthazar. Car même si beaucoup leur prêtaient une relation faussement amicale, conflictuelle, voir rivale, ils n'en restaient pas moins potes. Et surtout, ils appréciaient le petit côté méchant l'un de l'autre, faisant d'eux des "partners in crime" ... si l'idée de taquiner Gibson ou de subtiliser un pot de marmelade était considéré comme un crime en soi. Bien loin des très mauvais coups que Balthazar avait fait avec Ryland à une époque révoluee. Mais les deux Gryffondors partageaient ce côté puéril, et cet aspect jeune enfant riche au-dessus de tout et se sentant intouchable, qui leur permettait souvent d'avoir un aplomb que même Oak, le troisième larron, n'avait pas. Ce dernier se contenant souvent de les suivre aveuglément et avec un grand sourire.

Dire que l'ambiance avait changé dans leur petit groupe depuis ce mois de mai était un euphémisme. Depuis l'accident de son frère Edgar, Balthazar avait été d'une humeur exécrable à longueur de temps. Aisément explicable, vue la situation. Mais Claude avait pu constater que son "ami" n'était pas si inébranlable qu'il ne l'avait laissé croire. Lui qui avait toujours fait mine de ne prêter aucune réelle attention à ses frères, s'était retrouvé dans un état de nervosité constante pendant des jours et des jours. Et même lorsqu'il affichait un sourire faux à tous, jouant le garçon à l'aise et en contrôle, Claude pouvait voir, car il le connaissait assez, pour constater que ce n'était qu'une façade. Nerveux, colérique même, s'étant pris la tête violemment durant l'un des premiers jours avec Coline Cabot des troisièmes années, Balthazar n'avait rien du fils ainé des Rowells, sensé être calme et digne, même dans la douleur. Pire encore, pendant des jours, Oak et lui avaient paru comploté quelque chose sans lui. Toute une affaire apparemment, et qui avait fini par se faire sans le mettre au courant, au vu des blessures au visage et au corps encore apparentes sur Balthazar. Mais ses deux potes avaient joué les innocents. Balthazar n'était pas fou. Claude faisait parti de leur bande. Mais l'affaire qu'ils avaient entrepris n'était pas de celles que Balthazar partagerait avec lui. Il ne lui faisait pas suffisamment confiance.

"Une dernière et après, on s'y met."

Renchérit-il, le sourire aux lèvres, trempant la cuillère dans la marmelade qui changea de couleur, passant du violet au jaune instantanément. Le garçon le mit dans sa bouche et grimaça. Marmelade au citron ... ce n'était pas le mieux sur lequel tomber.
Oui, son humeur avait changé. Balthazar avait repris du poil de la bête, retrouvé sa véritable bonne humeur et facétie, et l'allure qu'il avait habituellement. Le fait que son frère se soit réveillé avait joué beaucoup. Toujours à l'hôpital, certes, mais c'était ça. Le garçon ne se confiait que très peu à ce sujet.

Mais il y avait autre chose, que Balthazar taisait, et qui aidait à son changement d'humeur. Quelque chose qui lui permettait d'avoir la tête ailleurs, et qui lui offrait une évasion à tout ce stress familial, ou des examens à venir. Cela faisait une semaine que Nyx et lui s'offraient l'un à l'autre. Cela leur était tombé dessus, sans prévenir. Et ils s'étaient persuadés que ce ne serait qu'une fois. Un moment d'oubli qui avait fini par se multiplier encore et encore. C'était toujours le même schéma. L'un passait à côté de l'autre, et un regard appuyé était échangé. Très appuyé, mais au final, qui ne devenait louche et remarquable qu'en sachant ce qui suivait après. Ils savaient alors, sans se dire mot, qu'ils se retrouveraient dans leur coin, pour réitérer l'expérience. Ils restaient alors quelques instants ensemble, sans véritablement parler, si ce n'étaient des banalités. Et toujours, il y en avait un pour affirmer que ce serait la dernière fois. Qu'il fallait qu'ils arrêtent. Et l'autre acquiesçait, définitivement d'accord. Cependant, la dernière fois, Balthazar s'était mis à rire et à sourire. Nyx venait encore, car c'était son tour et peut-être était-ce devenu un jeu pour eux, de réaffirmer qu'il n'y aurait pas d'autres fois. Et Balthazar avait approuvé les dires en rigolant. Car à un moment, l'un comme l'autre savaient que non, quand bien même ils voulaient être sincères dans leur refus de l'autre, ils y retourneraient tantôt. Où est-ce que ça allait ? Impossible à dire. C'était une relation étrange, que ni Nyx, ni Balthazar ne parvenaient à comprendre réellement. Mais le Gryffondor commençait à se l'admettre, il appréciait ces moments. Il appréciait l'oubli qu'il trouvait avec Nyx, et se disait que peut-être, peut-être, cela signifiait quelque chose pour eux. Que peut-être pouvaient-ils avoir une relation qui ne soit pas qu'une illusion, un joli décor pour faire plaisir à leur famille. Peut-être pouvaient-ils avoir quelque chose de sincère.

"Bon allez on s'y met."

Fit catégoriquement Balthazar, sourire aux lèvres, ouvrant son livre. Il tourna sa tête vers ses pages, pour relire ses notes maladroites, et se figea sans dire mot. Son sourire disparut pour laisser une seconde seulement, un trouble se lire sur son visage. Dans son cahier se trouvait une photo. De Nyx. Embrassant un autre mec. Ryland.

@Claude Baltimore @Ryland Beresford

Claude, jamais totalement sérieux, même quand la situation s'y prêtait. Bien que cela pouvait parfois avoir du bon, de savoir rire de moments peinant. Et c'était l'un de ces moments, de profonde déception. Balthazar ne dit rien sur le moment, mais cela se voyait que la découverte qu'il venait de faire ne lui donnait pas envie de rire. Claude pouvait lire l'émotion sur le visage du Gryffondor : de la crispation, de la gêne, vis-à-vis de lui-même, et quelque chose de touché dans sa fierté, ou son ego. Il ne sortit de cette expression figée pour regarder froidement dans les yeux quand il évoqua la photographie. Petite pique ? Difficile à savoir. Claude savait qu'Edgar était l'adepte de la photo, sa remarque n'avait rien d'anormale. Mais c'était Claude justement, et il n'était jamais le premier pour lancer une pique méchante, pile au pire moment. Et parce qu'en ce moment, Balthazar connaissait le bruit qui courait sur son frère. Comme il était un pervers, et qu'il usait de son appareil à ces fins. Claude pouvait s'en douter, ce n'était pas le moment de réitérer ce genre de remarque. Balthazar était encore sensible et instable, sa réaction se voyait. Car un mois avant, il se serait gaussé de cette photo. Il n'aurait pas été si troublé.

Claude récupéra la photo, que Balthazar avait suffisamment observé. Il ne le regarda pas sur l'instant, les yeux dans le vide. Il imaginait maintenant la scène, la photo ayant été bien assez pour nourrir son imagination. Il n'y avait pas d'erreur. C'était bien Nyx, et Ryland, à en croire la veste qu'il portait, arborant fièrement ses couleurs de Serpentard. Son ami commenta, feignant la surprise de voir Nyx avait Beresford. Non pas parce que c'était Ryland, loin de là. Mais plutôt parce qu'il s'attendait à mieux venant d'elle. Enfin, ce fut ce que sa première réaction fit croire. Non ... il s'imaginait Ryland avoir de meilleurs goûts.

Balthazar se crispa, les mots de Claude commençant à le toucher, et à l'agacer. Et Claude n'arrêtait pas, laissant entendre que ce n'était pas le premier coup de madame. Balthazar, sans bouger ses yeux, tourna ses yeux vers lui. Que voulait-il dire par "attirer tous les sangs-purs" ? Claude semblait être bien au courant des exactions de Nyx. Et cela agaça le Rowell qui lui lança :

"Boucle-la un peu Baltim..."

Mais Claude surenchérit, profitant ardemment que son ami était déstabilisé pour décocher flèche sur flèche. Sa dernière remarque en disait long. "Lui aussi ...", et Balthazar le dévisagea. Claude semblait quelque peu amusé de toute cette situation. Il semblait même, savourer. Et est-ce "lui aussi" voulait dire que Claude avait ... ? Ce dernier demanda à Balthazar ce qu'il faisait avec cette photo, comme s'il était celui qui s'était amusé à garder ce cliché comme marque-page. Bien sur, tous savaient que c'était faux, mais Claude aimait jouer les idiots, faire exprès de ne pas comprendre. Ce n'était pas comme Oak qui n'y pouvait rien, et essayait toujours de faire bien malgré tout. Claude s'évertuait à jouer les crétins lorsqu'il savait que cela blesserait, ou toucherait sa cible. Et l'on ne pouvait alors le confronter, surtout pas Balthazar. Car c'était le cas, Claude ne disait rien frontalement, il faisait mine d'être innocent, de ne pas avoir compris. Et admettre verbalement qu'il faisait semblant, et le confronter, c'était alors reprocher à Oak tout haut ses propres maladresses. Ou pire, admettre qu'Oak était un crétin justement, et que Claude l'imitait en quelque sorte par intelligence. Un vrai finaud.

"Quelqu'un l'y a mis, qu'est-ce que tu crois ?"

Répliqua sèchement Balthazar en arrachant la photo des mains du jeune homme. Balthazar y jeta un nouveau coup d’œil, et alors qu'il écrasait le cliché dans sa main, il lança un regard mauvais à Claude. Cela se voyait qu'il le soupçonnait. Claude semblait trop ravi de ce qui était une blague de très, très mauvais goût.

"Bon, on s'y met ou quoi ?"

Lança t'il alors d'un ton autoritaire et agacé, faisant comme s'il n'était pas touché, que l'histoire était finie, et qu'il voulait réviser. Il ouvrit son livre et fit mine de se pencher dessus pour réviser en silence. Pure poudre aux yeux bien entendu. Balthazar était agacé de ce qu'il avait vu, et cela l'énervait de s'y agacer ainsi, d'y apporter autant d'importance. Que Nyx se tape des mecs, c'était une chose. Elle faisait ce qu'elle voulait après tout. Il pouvait avaler ça, n'être qu'un numéro, qu'une proie parmi tant d'autres. Mais Ryland ? Ca, ça l’écœurait. Et cela le foutait en l'air d'y apporter de l'attention, de savoir que Ryland, l'agaçait. Et peut-être était-ce tout le but.

Il referma son livre d'un coup sec. Sa main posée sur le couverture, s'immobilisant une seconde, comme pris d'une réflexion qui alla à toute vitesse. Puis il se leva d'un coup sec et fit une sortie théâtrale, comme il savait si bien faire. Claude le savait, quand Balthazar était dans cet état, il risquait d'y avoir du spectacle.

Hrp : Alors je propose : un nouveau rp de Claude, puis j'enchaine et c'est au tour de Ryland =).

@Claude Baltimore @Ryland Beresford

Il s'en allait trouver un autre élève, quelque part, dans le château. Balthazar venait de quitter la salle commune d'un pas ferme, sans un sourire, sans émotion autre qu'une colère contenue. Il avait souvent porté cette expression depuis début mai, depuis l'accident avec Edgar. Il s'était étonnamment détendu alors, après avoir goûté à une certaine volupté auprès de Nyx. Mais à présent qu'il faisait face à la trahison, l'émotion lui était revenue avec une lourde amertume. Et s'il y avait quelque chose que Balthazar détestait, c'était l'inaction. Que l'on se moque de lui, qu'on le provoque, ce n'était pas une chose qu'il laissait passer, surtout lorsque c'était personnel. Nyx, à ce moment, cela l'était.

Il descendit les marches et évolua dans le couloir. Il appréhenda un élève de sixième année, le premier qu'il croisa, posant fermement sa main sur son épaule.

"T'as vu Beresford ?"

Lui fit Balthazar d'un ton ferme et autoritaire. L'élève le dévisagea, reconnaissant le cinquième année.

"Lequel ?"

"Ryland Beresford."

Précisa alors Balthazar d'un ton agacé et impatient. L'élève le dévisagea un instant avant de lui indiquer une direction. Après tout, il n'avait que faire de ce que Balthazar voulait et pourquoi il semblait si hâtif. L'information retenue, Balthazar reprit sa marche, Claude juste derrière lui, arborant un sourire et continuant de titiller son ami. Il lui suggérait de ne pas tuer de sang-pur. Balthazar s'interrompit un moment, et dévisagea Claude d'un regard mauvais, presque assassin. Pendant une seconde, Claude put se demander s'il n'avait pas tiré la corde une fois de trop. Que Balthazar était dans un tel état qu'il ne supporterait pas ses petites phrases piquantes, et que leur soit-disant amitié ne le protégerait pas. Les yeux fixes de colère restèrent ainsi quelques secondes à fixer Claude, avant qu'un regard dédaigneux n'apparaisse et que Balthazar se retourne, reprenant sa marche.

Il trouva enfin Ryland, dans la petite cour extérieure, profitant du soleil et du temps doux, assis sur un petit banc de pierre. Balthazar arriva et le poussa au sol d'un geste brusque.

"Ca va la vie ? Tu t'es bien foutu de moi ?"

Lui fit-il, le laissant se relever, et ne lui donnant aucune information sur les raisons de sa colère. La tension entre les deux sang-purs avait diminué depuis quelques jours, notamment depuis que Balthazar avait accepté l'aide de Ryland par rapport à Emile. Pour le Serpentard, si Balthazar était aussi furax, c'était peut-être parce que ... parce qu'il savait qu'il était celui qui avait amené Edgar à causer l'irréparable. Peut-être ... ou peut-être pas. Car bien que le gryffondor soit hors de ses gonds, sa réaction n'était pas assez excessive. Si Balthazar avait su la vérité, il n'aurait pas même laissé Ryland se relever, il l'aurait massacré.

Balthazar s'approcha et le plaqua contre le pilier de pierre qui retenait la petite toiture qui recouvrait l'entrée de la cour. Le gryffondor s'approcha et plaqua son bras sur la poitrine et quelque peu au niveau de la gorge du Serpentard, pour l'immobiliser.

"Je peux savoir à quel jeu tu joues avec Nyx ?"

Et parce qu'il sut que Ryland ne comprenait pas, ou ne semblait pas comprendre, il sortit de sa poche la photo chiffonée, la déplia et la montra à Ryland, l'exposant juste devant son visage.

"Je te parle de ça. Tu peux me dire ce que ça faisait dans mes affaires espèce de dégénéré ?"

Hrp : Claude et Ryland, je vous laisse répondre dans l'ordre que vous voulez avant de répondre à mon tour.