Mon balai perds lentement de l'altitude. Ma destination se rapproche de plus en plus. Le cœur battant, je mets pied à terre dans le jardin du manoir Winchester. 

Je reste quelques minutes à observer la bâtisse. Elle est superbe, mais mais Poudlard restera à jamais dans mon cœur le plus beau lieu au monde. Je lève instinctivement le bras au dessus de ma tête, à l'horizontale et laisse l'immense corbeau se poser dessus. Lorsque je baisse le bras, Bigarrée s'amusa, pendant quelques secondes, à tirer des mèches de mes cheveux. Elle pencha la tête sur le côté, me fixant de ses grands yeux noirs. Tu sais ce que tu as à faire ma belle. Le corbeau s'envola d'un battement d'ailes et fit le tour du bâtiment. Sa mission était toute simple. Survoler le bâtiment, passer devant chaque fenêtre et faire du surplace devant pendant quelques secondes, tout en croassant. Amélia la connait, elle reconnaitra ses plumes noires et blanches, et elle saura que je suis là. C'est ma manière à moi de signaler ma présence quelque part. Pour les gens que j'aime, c'est devenu une habitude de voir Bigarrée annoncer mon arrivée. Ils savent que mon travail me pousse la plupart du temps à agir par surprise, tel un faucon fondant sur sa proie. Ils savent donc aussi que je n'aime pas en faire de même avec eux.

J'entends rapidement le croassement de Bigarrée, alors qu'elle commence à remplir sa mission. Quand je ne l'entendrais plus, cela signifiera qu'elle a été vue, après cela, elle reviendra vers moi. Je m'avance vers la porte. Rien ne sert de toquer. Un dossier à la main, j'arrive devant l'immense porte, toujours bouche bée devant cette fastueuse demeure. Je connais cette bâtisse depuis des années maintenant. Je sers Amélia et sa lignée avec fidélité et dévotion, mais je dois avouer que cet endroit m'a toujours intimidé, me faisant me sentir tout petit, minuscule, insignifiant. Je sors ma baguette et, sans un mot, j'arrange ma tenue, refais le nœud de ma cravate, recoiffe ma tignasse.  

Bientôt j'entends les battements d'ailes puissants du corbeau qui me rejoignit. Bigarrée se posa sur la tête d'une statue, juste à côté de moi, et à cette manière que je trouve étrangement humaine, elle hocha la tête, satisfaite. Je plonge la main dans ma poche, en sort un Miamhibou et le lui tends. L'oiseau l'attrapa et le goba sans cérémonie, avant d'entreprendre de se lisser les plumes. Bien. Elle a rempli sa mission, Amélia sait que je suis là. J'entre comme à mon habitude, dossier sous le bras. La mission qu'elle m'a confié a été menée à bien, même si le prix a été très lourd à payer. Mais je l'ai fait et je le referais pour elle sans hésiter.  

Laissant mon balai sur le pas de la porte, j'entre dans le vaste et somptueux manoir de la famille Winchester.

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux et d'observer le plafond. Il est aussi bien décoré que dans certains bureaux du Ministère de la Magie. Je me dis, avec résignation, que c'était bien là ce qui me différenciait des sorciers bien nés et/ou en possession d'importants moyens financiers. Alors que certains se contentent d'appartement miteux, aux murs blancs délavés ornés de tâches douteuses, d'autres se permettent de décorer ne serait ce que leur plafond, comme s'ils avaient le temps de lever la tête pour l'admirer. Je reviens vers Amélia et lui souris. Heureusement qu'il s'agit d'elle, sinon je ne pense pas que je serais resté plus longtemps. Amélia représente beaucoup à mes yeux. Elle n'est pas seulement mon amante, elle est aussi une amie très chère et j'ai juré de lui être fidèle et de l'aider quand elle en aurait besoin. Et aujourd'hui, c'était le cas, elle avait besoin de moi et de mes capacités. Elle me parut un peu froide sur le moment, mais je mis cela sur le compte de la fatigue, car elle avait de lourdes cernes sous les yeux.

Bigarrée croassa et inclina la tête d'une façon que je trouvais beaucoup trop humaine pour être normale. Je me suis toujours demandé d'où elle venait. Elle est venue à moi tout naturellement, lors d'une mission en forêt. Ses plumes blanches se détachaient dans la nuit. Waldener, mon ancien corbeau, était décédé depuis quelques temps et je n'avais pas songé à reprendre tout de suite un compagnon volant. Bigarrée est arrivée. Elle s'est posée sur une branche à mes côtés et elle m'a regardé, longtemps. Elle a croassé, a grimpé ensuite sur mon épaule et elle ne m'a plus quitté. Je frissonne encore quand je repense à cette rencontre. Je n'ai quasiment pas eu besoin de la dresser. J'ai d'abord pensé qu'elle avait du perdre son ancien sorcier, mais elle a des comportements beaucoup trop humains. Sa grande taille aussi a toujours interpellé ceux qui l'ont rencontré. Elle est aussi grande qu'un hibou grand duc. Je tourne la tête vers elle. Perchée sur mon épaule, elle me renvoie mon regard et claque du bec, comme pour me rappeler ce pour quoi je suis venu.

Je me tourne alors vers Amélia et je lui dis enfin : Je ne te dérangerais pas longtemps. Mais je tenais à te voir... Je me tus quelques secondes et lui dis enfin : Je l'ai trouvée. Je sais qui elle est. Je pouvais me permettre de laa tutoyer quand nous sommes seuls, bien qu'elle soit mon employeuse, elle est aussi mon amante, mon amie... 

Amélia semble perturbée, confuse.

J'arrive surement au mauvais moment, mais j'ai estimé qu'il serait inutile de la faire attendre plus longtemps. Une mère inquiète pour son enfant est capable de tout. Non pas que je sois inquiet, Amélia est une personne intègre, mais je l'aime beaucoup, je ne veux pas qu'elle souffre plus longtemps. J'ai mis du temps pour faire ces découvertes. C'est pour cela que j'ai couru chez elle dés que j'ai appris qui est sa fille. Non seulement elle est encore en vie, mais elle est déjà entrée dans la vie active. J'ai pu l'observer de loin, et j'ai été frappé par sa ressemblance avec Amélia. J'ai également noté chez elle une certaine... férocité. Ce n'est pas étonnant, d'après ce que j'ai appris, elle a été élevée par Pietro Ivanov pour servir les intérêts de ce dernier.

. Je tourne la tête vers Amélia et lui dis, nerveux : Ecoute... J'ai fais des recherches. L'enfant que tu as mis au monde a été vendue aux Ivanov. Elle a grandi parmi eux avec d'autres enfants dans le même cas. Je sors de ma poche une photographie, que j'ai trouvé dans d'anciens dossiers des Ivanov (ne me demandez pas comment j'ai obtenu ça... J'ai failli y laisser ma peau). La photo représente une enfant aux cheveux noirs et aux yeux bleus. Son regard est plein de défi et elle affiche une moue réprobatrice. Je reprends donc : Il y a quelques temps, cette petite, qui est aujourd'hui une jeune femme, a été impliquée dans une agression, celle d'une bonne amie de ma sœur : Alice Cooper. Je sors une deuxième photo, plus récente où l'ont vois une sorcière aider une autre à s'enfuir. Je demande : Je n'ai pas d'autres informations.. Je sais juste qu'elle s'appelle Natasha Ivanov. Elle est introuvable depuis l'agression d'Alice.

Il était rare de voir Amélia dans cet état.

Mon amante est une femme forte, bien plus qu'elle ne l'imagine. Elle a affronté tellement de malheurs dans sa vie, mais elle est encore là, gardant la tête haute, dirigeant son pensionnat et mordant ses amants avec une certaine férocité... Je ne peux m'empêcher de sourire à demi en repensant à l'une de nos dernières nuits ensemble. Bon sang, j'au du mettre une semaine à guérir de sa morsure. Un passant, une fois, m'a demandé si j'avais été attaqué par un chat en furie. J'ai préféré dire oui, plutôt que de lui avouer que le chat en question était en vérité une femme quelque peu... Sauvage. Je chasse ces pensées pour me concentrer sur ma mission. Amélia écouta, surprise, confuse. Je vois la stupeur sur son visage. Elle prit la photo et l'examina. Je touche distraitement mes côtes, vers mon cœur, et retiens une grimace. Les sutures ont pris un coup après ce vol en balai...

Amélia me demanda si j'étais sur, et j'hoche la tête, n'en disant pas plus, cachant sous ma main le sang qui commence à sortir de la plaie rouverte. Bon sang, ce n'était pas prévu. J'aurais vraiment du aller à Sainte Mangouste me faire examiner avant de venir ici. Mais j'ai préféré foncer pour prévenir mon amante, car c'était plus important à mes yeux que ma propre santé. Amélia ne le remarqua heureusement pas, visiblement sous le choc. Elle ajouta que cette fille était arrivée dans son orphelinat il y a quelques temps, blessée et dans un sale état. Elle s'était occupée d'elle, et la protégeait depuis lors, sans savoir que.. Je demande alors : Attends, tu es en train de me dire que cette fille, ta fille, est arrivée chez toi il y a quelques temps ? Mais c'est formidable ! Je prends conscience alors de la bêtise que je viens de dire, et je me reprends : Je veillerais à ce que le pensionnat soit surveillé si tu veux, pour éviter les mauvaises rencontres. Sinon, n'hésite pas à la confier au Ministère, le temps que ça se calme.

Je me sens alors pâlir, j'ai la tête qui tourne. Je demande alors : Est ce que je peux m'asseoir, s'il te plait ? La recherche n'a pas été facile, je suis un peu fatigué... Ma main cache toujours ma plaie sur mes côtes, et, heureusement, les autres plaies suturées sur mon corps tiennent bon. Béni soit ce médecin moldu qui m'a trouvé inanimé dans la rue...

La main contre ma blessure qui venait de se rouvrir, je tente de faire bonne figure.

Mais même Bigarrée n'est pas dupe. Elle me regarde d'un œil sévère, et croasse avec colère en agitant ses larges ailes. Je l'ignore, sachant bien qu'elle saura me le faire payer un jour ou l'autre. Pour le moment, je reste concentré sur Amélia et sur notre conversation, restant stoïque. Je suis confiant, il n'y a que cette blessure qui s'est rouverte. Les autres ont encore leurs sutures bien serrées, et ne risquent pas de saigner à nouveau. C'est un médecin moldu qui m'a trouvé, et il a passé la nuit à me recoudre, stupéfait de voir autant de plaies sur un homme vivant. Je chasse ces pensées, il y a plus important. Amélia me dit que c'était en effet formidable que sa fille soit désormais à ses côtés, mais qu'il n'y avait pas matière à se réjouir, car les gens à qui elle avait été vendu sont des monstres d'après elle. Je me conte de hocher la tête et de répondre : Je le sais Amélia, crois moi, je le sais...
C'est après tout chez eux que j'avais appris toute ces informations, et c'était également là où j'ai failli laisser ma peau.

Je demande à Amélia si je peux m'asseoir, et c'est là qu'elle remarque que je ne suis pas au mieux de ma forme. J'eus droit à un déluge de questions, avec une petite réprimande en prime. Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle me fit asseoir et m'ordonna de ne pas bouger. Je plisse les lèvres dans une moue désolée. Bigarrée, elle, hoche le bec, satisfaite. Elle approuve visiblement l'attitude d'Amélia, et, si elle en était capable, elle aurait applaudi. Elle revint avec une potion et une compresse et m'ordonna de retirer mon haut, je m'exécute en grimaçant, car le geste tire sur les autres sutures et sur la plaie rouverte. Elle appliqua la compresse sur la blessure sanguinolente, ce qui me fit couiner, mais je parviens à rester calme, malgré la douleur. Sur mon torse, on peut facilement compter trois plaies, j'en ai quatre dans le dos, une sur chaque bras et au moins deux par jambes, même si ces dernières sont encore recouvertes par mon pantalon. Je reste silencieux, laissant Amélia s'occuper de moi. La potion va vite refermer ces plaies, et tout ira maintenant pour le mieux.

Amélia me demanda qui avait fait cela. Je baisse la tête vers elle et lui dis, en soupirant : Les mêmes personnes qui ont fait du mal à ta fille. Je me suis rendu dans l'un de leurs repaires, et c'est là que j'ai découvert la vérité. Mais j'ai été découvert... J'ai été idiot, j'ai pris trop de risques en venant seul. J'ai réussi à transplaner, mais un des sorciers, ou plusieurs d'entre eux, je ne sais pas, a réussi à me toucher avec un Diffindo ou un Sectumsempra... Je n'ai pas entendu l'incantation, j'ai juste senti les plaies s'ouvrir, et je me suis retrouvé dans cette ruelle... C'est un moldu qui m'a recousu, il m'a sauvé la vie. Je souffle doucement, chassant le malaise qui menace de me faire perdre connaissance. Qu'est ce que ça peut être douloureux ! Je serre les dents et demande : Promets moi que tu ne t'attaqueras pas à eux. S'il te plait

Grimaçant, je résiste tant bien que mal à l'envie de retirer mon bras des mains d'Amélia. Je sais qu'elle est là pour me soigner, mais ce qu'elle me fait n'est guère agréable.

Je retire d'abord mon haut pour la laisser s'occuper de mes bras, de mon dos et de ma poitrine, qui sont recouverts de plaies et d'éraflures plus ou moins profondes. Le Moldu qui m'a soigné m'a demandé si j'avais été attaqué par un fauve, et j'ai préféré répondre que je venais d'avoir un accident de moto avec un ami, et que j'avais fait la bêtise de refuser d'aller à l'hôpital. Il m'a regardé d'un air dubitatif mais a continué à recoudre mes plaies sans poser plus de questions. Je pensais que les sutures tiendraient mais un seul vol sur mon balai a suffi pour rouvrir la plus grave. Je grimace donc, mais essaye d'oublier la douleur en racontant à mon amante ce qu'il s'est passé. Stoïque, elle me demanda... Non. M'ordonna, d'enlever mon pantalon. Avec une nouvelle grimace et un petit couinement, je me lève et je m'exécute. En temps normal, enlever mon pantalon devant elle annonce de délicieux moments à ses côtés, mais, vu son regard, vu son ton, je doute qu'elle accepte que je la touche ce soir... Dommage. De toute manière, avec mes blessures, je n'aurais pas été en état de faire quoi que ce soit.

Une fois le pantalon retiré, je reste debout afin de la laisser s'occuper de mes cuisses et de mes mollets. Je ne peux m'empêcher de rougir devant la situation. Moi, en caleçon et en chaussettes, dans le hall d'un somptueux manoir, avec la femme que je chéris tant qui m'engueule tout en me soignant. Je rougis donc comme un enfant, et ce n'est pas le regard amusé de Bigarrée qui m'aide à me calmer. Je ne dois pas penser à son visage aussi près de... Non ! Je parviens à rester calme et à ne déclencher aucune réaction au dessous de ma ceinture, fort heureusement, car la douleur m'en empêche. Amélia me dit alors que ces criminels étaient encore là malgré l'arrestation de leur chef, et qu'il allait falloir se montrer plus prudent. Je lui réponds alors : Nous pourrions déjà protéger l'orphelinat... Avec des sortilèges adéquats, tu pourras au moins dormir un peu plus tranquille. De mon côté, je vais essayer de les éloigner de toi, de ta fille...

Quand elle a fini, je me rassoie, haletant mais apaisé. Je lui souris et, tout en posant une main sur sa joue, je lui dis : Merci...

Amélia, ma douce Amélia.

Elle avait évidemment pensé à tout, je suis parfois bien idiot de penser le contraire. La pension était protégée, c'était évident, certain ! Je suis pourtant au service d'Amélia depuis des années, et j'avais oublié ce détail pourtant bien imposant. Une pension comme celle de mon employeuse et amante pouvait se faire quelques ennemis, surtout lorsqu'elle avait en son sein des filles qui elles même avaient des ennemis dans leur vie passée. Amélia devait les protéger, les rassurer, leur donner un nouveau foyer et un nouvel avenir, c'est pour celq qu'elle avait pensé à tout avec son établissement. Ses filles y seraient en sécurité, jusqu'à leur départ. Je laisse échapper un petit rire et lui réponds : Oui, j'avais oublié ce détail, je suis désolé... Ca n'arrivera plus. Dans mon métier, l'oubli est impardonnable.

Amélia prit ma tête et caressa mes cheveux. La joue contre sa poitrine, j'écoute les battements de son cœur et ferme les yeux, presque bercé par sa chaleur et la douceur de ses mains. Bigarrée, mon corbeau, lissait ses plumes, ignorant royalement la scène qui se déroulait devant elle. Je m'étonne toujours de la capacité de cet oiseau à se détacher totalement de son environnement. Elle a également quelque chose de très humain, que ce soit dans le regard ou les réactions, et je dois avouer que cela m'effraie par moment. Elle est venue à moi, un beau matin, et ne m'a plus quitté. Waldener, mon ancien corbeau, venait quant à lui de l'animalerie du chemin de traverse. Bigarrée est bien différente, et c'est pour cela que je l'aime terriblement, refusant de me séparer d'elle, sauf quand elle doit porter des messages.

Amelia me ramena à la réalité quand elle posa ses lèvres sur les miennes, s'emparant voracement et presque avec désespoir de ma bouche, ses mains caressant mon dos et ma nuque. Au début, j'y réponds avec une légère hésitation, interrogeant mon propre corps sur son état de fatigue. Lorsque j'attrape sa propre nuque pour prolonger notre étreinte, je comprends que le temps du repos n'est pas encore venu. Amélia est comme une drogue pour moi, j'y suis totalement dépendant, et elle me rends fou. Je me rends alors compte de la situation, quelque peu cocasse. Moi, en caleçon et chaussettes, assis dans son hall d'entrée. Je lui demande : Heu... Veux tu que nous allions à l'étage ?

J'aurais pu être tellement plus pour elle.

Il suffisait juste qu'elle me le demande, ou qu'elle me le propose.

Mais je reste à ma place. Amélia est une femme ... Compliquée. Incroyable, superbe, telle une déesse de l'Olympe, mais à l'image de ces dernières, elle est pleine d'intrigues, de subtilités qui font qu'il n'est pas tâche aisée de vouloir la prendre pour femme. Je doute même qu'elle veuille devenir une épouse un jour. Elle a l'air satisfaite de son indépendance, de sa force et de sa vie de célibataire endurcie. Elle comble sa frustration entre les bras de son majordome. Je me doute qu'il doit y en avoir d'autres, mais qui suis je pour juger ? Je ne suis qu'un employé, et un amant qu'elle apprécie beaucoup. Je suis également un confident, mais je n'ai en aucun cas le droit d'être jaloux d'elle. Je n'ai pas ce mérite. Je me contente donc de ce que j'ai, et j'estime que c'est déjà bien suffisant. Je suis une âme blessée, une créature marquée par les cicatrices et les combats. Je n'ai pour moi plus que ma sagesse, mon expérience et mes yeux d'aigles qui me sont toujours bien utile lorsque je dois régler quelques problèmes pour Amélia. Nombreux sont ceux qui tombent de ma main.

Mes lèvres sur celles de la plus belle d'entre toutes, je me prends à souhaiter que ce moment dure éternellement. Elle sent tellement bon, sa peau est tellement douce, ses lèvres tellement chaudes. Je sens que cela me bouleverse jusqu'au plus profond de mon être. Je tremble presque, et ce n'est pas dû au froid. J'ai besoin d'elle, je la veux rien que pour moi, et je serais prêt à mourir pour cela. Je lui supplie presque de prendre une décision sur un endroit. Ce n'est pas que faire ça dans le hall me dérange, mais le regard étrangement humain de Bigarrée serait capable de me freiner dans mon élan, je le sais. Comme si elle sentait ma soudaine gêne, le grand corbeau aux plumage parcemé de blanc claqua du bec, amusé. Elle s'ébroua et claqua à nouveau du bec. J'ai l'impression que ce corbeau est bien plus que ce qu'elle prétends être.

Amélia me demanda si je serais capable de monter ou si elle devait me porter. Sa main sur ma joue me fait sourire, et je lui réponds, le sourire aux lèvres : Je vais te montrer que j'ai encore de quoi t'étonner. Je me relève, avec une grimace quand mes muscles tirèrent sur mes jeunes et nouvelles cicatrices et, tout en prenant sa main, je l'entraine a l'étage, directement dans sa chambre. Sans plus attendre, je l'allonge sur le lit et plaque mes lèvres contre les siennes. Elle est capable de me rendre fou, rien que sa voix, son regard, son odeur suffisent pour me faire perdre tout moyens