Amore guettait l'arrivée Emile depuis l'étage des Trois Balais. Son camarade devait le rejoindre afin de lui apprendre la langue des signes. La langue des signes... un sujet qui, en soit, pouvait réellement s'avérer intéressant pour le jeune italien qui avait un appétit féroce pour les choses qu'il ne connaissait pas. Pourtant dans le cas présent il s'agissait surtout d'une excuse afin de se rapprocher du garçon. En le voyant faire dernièrement, Amore n'avait pas pu s'empêcher de voir une possibilité de mettre en place quelque chose pour s'amuser quand bien même il n'avait rien contre le garçon. Au contraire même, il le trouvait plutôt sympa, un peu mou peut être, trop pur pour réellement lui trouver un fort intérêt mais sympa néanmoins. Donc oui, encore une fois ses actions n'était dirigé par nul autre que son ennuie. Mais hey, c'était comme ça qu'on se rapprochait des gens au final, non ? Surtout qu'il ne savait pas encore ce qu'il avait prévu avec lui, la manière dont il allait le mordre alors qui sait... peut être qu'il n'allait pas trop mal s'en sortir !

Surtout que Amore avait dû partir avec une difficulté : Emile ne l'aimait pas. Ou en tout cas il se méfiait fortement de lui. En même temps comment aurait-il pu en être autrement ? Amore n'avait pas toujours été discret en s'en prenant à ses camarades et rien que d'y penser là il en souriait encore. Mais c'était ça qui était amusant aussi, voir comment il arrivait à aliéner les gens sans totalement se faire rejeter par toute sa classe. Et comme dit précédemment, il avait vu une trop bonne opportunité d'inverser la tendance en le voyant signer, sachant très bien l'aspect personnel qu'il y avait derrière cette connaissance et en jouant pour le faire flancher. Une curiosité empreinte de compassion, feintant un intérêt sur le fait de se faire éduquer sur ce genre de questions, présentant ainsi un visage assez différent de celui qu'il avait montré l'année passé. Et au final Amore ne savait pas trop si il l'avait convaincu ou si Emile était juste trop bon pour ce monde, mais il avait craqué et accepté de lui servir de tuteur.

Le pauvre... se doutait-il seulement des blessures que Amore pouvait potentiellement lui infliger ? Lui en tout cas était ravi et pour le moment avait décidé de continuer à redorer son image, raison pour laquelle il lui avait donné rendez vous ici car c'était animé, qu'ils pourraient commander à boire et à manger et se rapprocher tranquillement dans un cadre qui sortait de l'école. Surtout que même dans ce lieu public, Amore avait fait en sorte d'investir une des tables à l'étage, une de celle caché dans les alcôves de l'endroit et qui leur offrirait quand même un semblant d'intimité sans que ce soit aussi fort qu'un tête à tête complet. Il avait même déjà prit à boire et de quoi grignoter pour eux, n'attendant plus que son camarade à qui il lâcha un « Emile ! » lui faisant un signe de main avec un immense sourire et l'invitant à monter.

Il ne savait pas pourquoi il avait fini par dire oui.

Amore ne lui inspirait aucune sympathie, juste une infinie méfiance. Depuis leur première année, ce garçon avait un don tout particulier pour rendre la vie des autres impossible. Émile s'était estimé heureux d'être passé entre les mailles du filet, jusqu'à aujourd'hui. Il avait peur, il devait le reconnaitre. Pourquoi Amore souhaitait il apprendre la langue des signes ? Cette langue, c'était celle d'Andrew, celle de l'affection, de la tendresse, des sourires au coin du feu pendant l'hiver. Émile ne se voyait pas l'apprendre à un garçon comme Amore. Il avait d'abord pensé à refuser, à l'envoyer paitre, mais il s'était alors rappelé qu'il ne devait pas juger sans connaitre. C'était ce qu'Andrew lui avait appris. Il devait se faire sa propre expérience avant de prendre une décision. Voilà pourquoi il avait fini par accepter, mais il restait méfiant. Comment oublier les larmes de ses camarades, les crises de colère ou le stress intense qui avait résulté d'une simple conversation avec Amore ?

Émile avait donc pris le chemin du point de rendez vous. C'était aux Trois Balais, Amore avait réservé une table pour eux deux, afin qu'ils puissent être tranquille et travailler en paix. Émile ne pouvait s'empêcher de penser qu'il aurait préféré être entouré, et ne pas rester seul avec  Amore, mais il n'avait pas le choix, il avait accepté, à lui d'assumer sa décision. Il inspira à fond et revêtit une chemise qu'il recouvra d'un pull en laine, un pantalon en toile beige et une paire de chaussures de ville. Maintenant qu'il avait quinze ans, il appréciait de pouvoir enfin s'habiller comme un adulte, comme son exemple à lui. Il baissa les yeux vers l'une des photos sur sa table de chevet. Andrew lui souriait, avant de sursauter et de lâcher un rire devant le flash de l'appareil photo ensorcelé. Émile sourit à son tour et murmura :   Souhaite moi bonne chance... Il attrapa enfin son sac avec à l'intérieur de l'argent, un blouson et de quoi noter, puis il prit le chemin de Pré au Lard.

Marcher sous ce froid hivernal lui fit du bien, même s'il savait que ses oreilles allaient apprécier la chaleur des Trois Balais. Il prit son temps, s'arrêtant même pour contempler le chateau et le lac noir. Il soupira. Il aimait Poudlard, mais il était constamment déchiré entre son envie de rester au chateau, et son désir de retourner veiller sur Andrew. Bien qu'il soit un adulte, doué de toutes ses capacités mentales, Émile ne pouvait s'empêcher d'être inquiet. Cela faisait cinq ans qu'il devait se débrouiller seul avec son handicap et, s'il n'en parlait pas, Émile savait que ce n'était pas facile tous les jours. Il se rappelait ces soirs où il allait l'attendre au garage, après l'école, et il faisait ses devoirs sur la banquette du véhicule qu'Andrew réparait. Les mains couvertes de graisse, la sueur au front, il travaillait sans se plaindre, mais ce n'était pas sa vocation. Il le faisait avant tout pour la maigre paye qu'il obtenait, afin d'assurer à son fils un toit et de la nourriture dans son assiette tous les jours. Il gardait le sourire malgré tout, et la langue des signes était pour eux leur jardin secret, leur seul échappatoire, leur seul lien avec le monde. Émile savait déjà qu'il montrerait les bases à Amore, à voir ce qui allait résulter ensuite.

Il entra dans l'établissement et hocha la tête vers Amore quand celui ci l'appela. Il monta le rejoindre et s'assit en face de lui. Il posa son sac et dit : Merci pour la boisson, fallait pas tu sais... Il leva enfin la tête et, tout en signant Curiosité, il demanda : Du coup... Rappelle moi pourquoi tu veux apprendre la langue des signes au juste ? Je  te préviens, je ne suis pas un expert, mon père et moi avons inventé notre langage à nous, en quelque sorte, et c'est lui que nous utilisons les trois quarts du temps. Je connais le langage des signes basique, mais je fais des erreurs parfois... T'es sur de pas vouloir demander à un spécialiste ? Voilà il était prévenu à présent. A voir ce qui allait en ressortir.

Le sourire sur les lèvres de Amore s'était étendu en voyant son camarade. Le temps que ce dernier le rejoigne il avait quitté la rambarde, retournant vers la table et attendant que ce dernier arrive pour s'installer, s'asseyant une fois qu'il avait déposé ses affaires. Maintenant sur quel rythme allait-il devoir danser ? De quelle humeur allait être Emile face à lui ? Amore lui ne perdait pas ce petit sourire au coin des lèvres, levant une main pour dire que ce n'était rien quand son camarade parla de la boisson, avant de direct commencer avec une batterie de question. Dis donc, il entrait directement dans le vif du sujet, ce qui amusait beaucoup le jeune italien qui voyait très bien là sa tentative de noyer le poisson « Bonjour. Comment vas tu ? Moi très bien merci. Un peu froid mais hey... qu'est-ce qu'on peut y faire ? » avait-il commencé par dire, se faisant la conversation à lui même avant de rire, sa manière à lui de relever avec humour le côté pressé de Emile « Détends toi, on n'a pas besoin de direct entrer dans le vif du sujet ! Pose toi un peu déjà. » Son sourire se faisant presque chaleureux. « Et pour la boisson bien sûr qu'il fallait. Tu as accepté de me faire cours, je peux bien au moins faire ça pour toi. » levant les mains sur les côtés, l'air de dire que c'était une évidence. « Après pour ce qui est de tes compétences, tu penses vraiment qu'il y a meilleur expert que toi dans notre classe ? Je crois bien que tu ne te donne pas assez de mérite. Déjà rien que les bases que tu pourrais m'apprendre ce serait un très très bon début. » Son sourire s'étendant, attrapant une des chips qu'il avait aussi commandé, la glissant entre ses lèvres avant de la gober d'un coup.

Amore la jouait charmant et sociable, feintant l'énergie et l'excitation, cachant son réel manque d'entrain en réalité. « Et pourquoi ? Bah... parce que ça me paraît important en fait. Bien sûr qu'il y a un gros aspect curiosité, je ne vais pas le cacher. Après tout ce n'est pas pour rien que j'ai fini au sommet de cette tour. » comprendre chez les serdaigles, Amore appuyant ce point en faisant danser ses sourcils une fois. « Mais surtout ; et c'est te voir signer qui m'en a fait prendre conscience ; je me suis rendu compte que si pour ma part je n'ai pas le moindre soucis pour communiquer, c'est pourtant le cas de certains. Alors bien sûr on leur a offert cette possibilité, mais quel intérêt si personne ne prend la peine de l'apprendre ? Cela ne fait que créer plus de frustration encore et je trouve qu'ils en ont déjà assez, pas toi ? » au fond ce n'était pas faux, Amore croyait réellement en ses paroles, c'était juste qu'en vrai il s'en fichait royalement. A la limite ce qui l'intéressait le plus là dedans c'était de pouvoir apprendre quelque chose de nouveau et en plus de trouver un moyen de faire chier encore plus de personnes. « C'est comme là, je t'ai vu signer avant que tu commences à me poser des questions, mais je n'ai pas la moindre idée de ce que tu as pu vouloir dire. J'ai même remarqué que c'était plus souvent instinctif de ta part qu'autre chose. Et ça dure depuis longtemps en plus ! C'est lié à ton père du coup ? C'est depuis toujours ? » il n'avait pas été difficile, avant ce moment, de deviner que ça devait être lié à un membre de sa famille. C'était même une des choses qui lui avait fait se dire qu'il y avait très certainement quelque chose de fun à faire avec Emile. Mais là du coup il venait de lui confirmer que c'était vis à vis de son père. Il voulait à présent savoir un peu plus en détails la situation pour décider si il se montrait juste bêtement horrible avec lui ou si iil tentait quelque chose de plus élaboré.

Émile avait de quoi être méfiant. Il avait entendu parler d'Amore, de ce qu'il faisait, du plaisir qu'il prenait à tourmenter les plus gentils. Il se doutait qu'il allait finir par être dans son colimateur, et il s'était préparé à ce moment... Ou pas.

Erin l'a quelque peu... Déconcentré. Obnubilé par ses beaux cheveux, ses beaux yeux, occupé par le sourire et les baisers de Roméo qui lui apprenait ce qu'était l'amour et l'affection, il en était venu à oublier toute prudence. Le jeune homme avait passé des mois merveilleux, entre Erin qui le tourmentait et Roméo qui le rassurait. C'était ça, la vie d'un adolescent, des doutes, des émotions explosives, des choix à faire, des sourires et des rires. Chaque jour apportait son lot de surprise, et Émile n'avait pas hâte d'être adulte pour cette seule et unique raison. Il savait que la routine l'attendrait, une fois qu'il aurait un travail. Pour lui, tout était nouveau, tout était encore à découvrir. Il se fichait pour le moment de savoir ce qu'il ferait plus tard, il avait bien le temps de s'inquiéter pour ça... Encore deux années pour s'interroger, c'était bien suffisant.

Cependant, tout n'était pas rose dans la vie d'un adolescent. Ses congénères, tout aussi inexpérementés que lui pour la plupart, faisaient de cibles faciles pour ceux qui savaient déjà comment fonctionnait la vie, et comment profiter des autres. Amore était de ceux là, et Émile savait qu'il devait se montrer prudent. Pourquoi avait il accepté ce cours cependant ? Pour jauger la température, se faire une idée du personnage. C'était bien beau d'écouter les rumeurs, il voulait avoir son propre avis sur la question, et Dieu sait à quel point il allait le regretter par la suite. Il avait un peu peur, Amore s'était taillé une réputation qui faisait froid dans le dos, mais il était confiant. Moins il en disait, mieux ça serait. Le jeune homme arriva donc aux Trois Balais avec une certaine apréhension. Il monta rejoindre son camarade et entra d'emblée dans le vif du sujet, ne voulant pas perdre de temps.

Amore accusa le coup, et se permit même un petit monologue afin de signifier à Émile qu'il avait été quelque peu impoli. L'adolescent resta stoïque, et ne dit rien, il ne voulait pas s'excuser, il voulait en finir.  Il demanda à son camarade ses motivations pour apprendre la langue des signes, avant de l'informer sur le fait que sa pratique était quelque peu différente de la norme, car son père et lui avaient constitué leur propre langage, leur propre patois. Il se maudit instantanément d'avoir dit cela. Il s'était promis de ne jamais évoquer Andrew et voilà qu'il venait de le faire, d'emblée, dés la première phrase. Quel boulet, bravo petit blaireau ! Pas étonnant qu'il soit à Poufsouffle ! Amore lui dit qu'il souhaitait apprendre la langue des signes par curiosité et par soif d'apprendre de nouvelles choses. Il évoqua ensuite le fait qu'il se devait de l'apprendre afin d'aider ceux qui ne pouvaient pas communiquer, et que cela devait être frustrant pour ces derniers s'ils ne pouvaient pas se faire comprendre au quotidien. Émile soupira, il n'avait pas tort, combien de fois avait il vu le visage d'Andrew perdre son éternel sourire quand la personne en face de lui faisait des yeux ronds devant ses gestes vifs. Une fois, un homme avait manqué de le frapper, car il croyait que Andrew faisait le guignol devant lui et cela l'irritait. Émile répondit juste : Tu n'as pas tort, hélas... C'était donc tout à son honneur d'apprendre la langue des signes, et Émile ne pouvait pas lui refuser de le lui enseigner, malgré les risques.

Amore fit remarquer qu'Émile signait souvent, comme il venait de le faire, et que c'était souvent instinctif. Il demanda si c'était lié à son père, et si c'était depuis toujours. Andrew. Émile revoyait le visage de son père, son sourire et ses yeux pétillants de vitalité. Non, il devait l'écarter au maximum de cette conversation. Tant qu'il n'aurait pas confiance, il ne dirait rien à ce sujet. Il devait le protéger, coute que coute. Émile répondit juste : Cela fait partie de ce "patois" dont je te parlais. En plus de signer des mots, des phrases, nous signons également notre ressenti, nos émotions. J'ai signé le mot Curiosité, tout à l'heure et, tu l'as deviné, c'est instinctif. Je n'ai jamais pu vraiment l'empêcher. Cette fois ci, il ne signa pas. Il demanda ensuite, esquivant volontairement le sujet qu'il ne souhaitait pas évoquer : On peut commencer par les bases si tu veux. Cela sera déjà pas mal pour aujourd'hui. Je vais t'apprendre à saluer, à te présenter, à demander ton chemin et ainsi de suite, suivant ton aisance et ta motivation. Tu es d'accord ? Plus vite ils en auraient fini, mieux ça sera. Émile avait à peine touché aux gateaux mais avait déjà bu une ou deux gorgée de sa boisson, afin de ne pas vexer son camarade. Il ne tenait cependant pas à s'éterniser

Le regard de Amore était plongé dans celui de Emile, ne lâchant pas ce dernier d'une seconde, même quand il ne le fixait pas. Le poufsouffle était tellement sur la défensive et ça amusait grandement Amore, un sourire venant se faire au coin de ses lèvres alors qu'il réfléchissait déjà à comment réussir à le faire baisser sa garde. Car en soit il sentait que son discours avait fait mouche, mais ce n'était pas assez pour effacer tous les à priori qu'avait accumulé son camarade à force de l'observer en classe. Mais c'était ça aussi qui était marrant, se comporter comme le dernier des cons mais tout de même trouver le moyen de mettre en confiance les autres pour recommencer. Mais là surtout Amore avait tenté d'en savoir plus sur son camarade, sur son père du coup et il pouvait sentir cette retenu, cette tentative de cacher un trop plein d'informations qu'il ne souhaitait pas encore partager. Le sourire de Amore s'était étendu, sentant qu'il s'agissait donc d'un sujet important, un qu'il devait graver dans un coin de sa tête car ce serait sans doute un des points qu'il pourrait exploiter pour s'amuser un peu à ses dépend.

Mais pour le moment Amore ne le coupa pas, le laissant finir son discours qui hurlait le fait qu'il voulait en finir vite, faisant des efforts terrible pour ne pas dévier du sujet de leur présence. Amore avait attrapé son jus de citrouille, avalant quelques gorgé de ce dernier, toujours sans quitter Emile de son regard bleu. « Ok ça me va. » avait-il d'abord commencé par dire, même si il était très loin de vouloir se contenter de juste faire un cours avec son camarade, ce n'était pas ce qui l'intéressait « Mais t'es sûr d'en avoir envie ? Tu m'as l'air... tellement tendu comme un string ! J'ai vraiment l'impression que c'est une corvée pour toi. Mais dans ce cas pourquoi avoir accepté ? » Amore toujours souriant, posant son coude sur la table et passant sa main sous son menton « On devrait peut être commencer par chill un peu. C'est vrai que toi et moi on a pas forcément l'habitude de traîner ensembles. C'est fou n'empêche après quatre ans passé ensembles n'empêche. Ça pourrait permettre de briser la glace. » un rire s'était alors échappé de ses lèvres avant de dire « Je proposerais bien de me dire ce que tu signerais instinctivement en pensant à moi mais, je ne sais pas pourquoi, je sens que ce ne serait pas très charmant. Est-ce que j'ai tort ? » son rire se renouvelant, ignorant volontairement le fait que Emile avait refusé de parler de son père, gardant ça pour plus tard quand il aurait réussit à l'amadouer un peu, sentant bien que si il creusait plus maintenant tout ce qu'il parviendrait à faire c'est le braquer plus encore. « Comment tu signerais « J'ai envie d'être ton ami » ? »

Émile était rassuré. Il avait réussi à esquiver ce sujet sensible qui avait le don de le mettre hors de lui à chaque fois, surtout lorsque cela tournait mal.

Parler avec Amore représente un risque. Il le sent, il le sait. Il l'évite avec précaution depuis que son camarade a commencé à tourmenter les autres élèves, et malheureusement pour lui, il ne pouvait pas lui échapper. Amore était comme un prédateur, un lion suivant et guettant sa proie jusqu'à ce que cette dernière baisse sa garde. Il aurait fait un bon Serpentard mais il avait fini à Serdaigle, sans qu'Émile sache pourquoi. Enfin, si, il avait une idée. Amore était très intelligent, trop pour la plupart de ses camarades et il se servait de cette intelligence pour rendre la vie impossible à ses camarades. Il devait rester méfiant, se comporter comme un oiseau, toujours être vigilant, prêt à s'envoler à la moindre alerte.
Il avait baissé sa garde une fois, quand il était petit, il avait compris la leçon désormais. Maintenant, il peut se détendre avec certaines personnes, comme Erin, Roméo, Aegir, mais il ne le ferait pas avec Amore, sauf si celui ci lui donnait une bonne raison de lui faire confiance.

Amore lui demanda pourquoi il avait accepté, s'il était aussi tendu. Émile ne se détendit pas pour autant, mais il devait admettre que c'était impoli de sa part de se montrer aussi froid envers son camarade qui, techniquement, ne lui avait rien fait. Il resta silencieux tandis que l'autre lui dit qu'ils devraient rester tranquille un peu, briser la glace et parler enfin après quatre ans à s'ignorer. Il rit même en se demandant ce qu'il signait en pensant à lui et, instinctivement, Émile lâcha un petit sourire en coin et signa
: Connard tout en lui disant : Je ne te dirais pas ce que cela signifie, pas tout de suite.... L'adolescent soupira et finit par dire, sur un ton sincère : Écoute... Tu connais ta réputation, je sais ce que tu fais aux autres. J'ai déjà vu suffisamment de filles et de mecs partir en pleurs après une discussion avec toi pour savoir que je dois me méfier de toi. Quand tu m'as demandé de t'apprendre la langue des signes, je me suis demandé si je n'étais pas ta nouvelle cible et, même encore maintenant, cette idée ne me quitte pas.

Il passa une main dans ses cheveux et reprit, après un nouveau soupir : Mais je ne suis pas non plus un lâche, alors je me suis dit que je devais voir par moi même, me faire ma propre idée, même si une petite voix en moi me dit que je vais le regretter. Voilà pourquoi j'ai accepté. Il but une nouvelle gorgée de jus de citrouille. Il leva la tête quand Amore lui demanda comment signer : je voudrais être ton ami. L'adolescent plissa les yeux, essayant de déceler dans l'expression de son camarade une quelconque trace de malice, et il fut amèrement déçu. Amore, s'il mentait, cachait bien son jeu. Émile, après un instant d'hésitation, finit par lui montrer comment faire. Il le laissa répéter et le corrigea jusqu'à ce qu'il arrive à le faire. Émile décida alors de lui poser une question, qui risquait sans doute d'être indélicate, mais il devait en avoir le cœur net. Il dit alors : Qu'est ce qu'un ami pour toi ? En as tu au sein de l'école ? Du genre de ceux qui ont réussi à rester devant toi sans partir en chialant ? C'était dur, mais il n'avait pu s'en empêcher, et, ainsi, il l'éloignait d'autant plus d'Andrew.

Amore n'y connaissait rien au langage des signes, mais il lui était tout de même aisé de reconnaître quand on l'insultait. Un petit sourire s'était dessiné sur ses lèvres, amusé par la manière de faire du garçon qu'il approuvait totalement. Après tout ça lui ajoutait un peu de piquant, d'intérêt, Amore aimait bien ça. Pour le reste ? Amore se contenta de hausser les épaules. Après tout il ne pouvait pas faire comme ci il n'avait jamais rien fait de répréhensible, ce serait aussi ridicule que de tenter de se cacher derrière un lampadaire, personne ne se ferait avoir. Non, le tout serait de trouver comment tourner les faits pour rendre ses méfaits presque justifié et ça... ça c'était ce qui allait être marrant ! Mais le garçon laissant son camarade finir de parler avant tout, gardant cet air serein, montrant qu'il n'était vraiment pas affecté par ses accusations.

Non vraiment Amore l'écoutait attentivement, reposant toujours sa tête dans sa main, un sourire aux lèvres, tout en continuant d'avaler de son jus de citrouille. Il était si mignon tout de même, s'ouvrir ainsi, avouer aussi facilement qu'il pouvait si facilement se brûler. Il savait que c'était une mauvaise idée et il avait foncé. Non vraiment il allait au moins l'amuser pour quelques jours, Amore en était certain. Mais ses questions à la fin ? C'était excellent ! Amore lâchant un petit rire avant de prendre une pose plus décontractée contre le dossier de sa chaise « Woaw, cette image que je dois me taper n'empêche pour que ce genre de questions te viennent. Mais j'avoue que je ne suis pas surpris, les gens n'aiment pas mes manières et aiment bien me diaboliser. » nouveau rire, nouvelle gorgée avant de se rapprocher à nouveau de la table « La réponse est oui, j'ai des amis. Mais il est vrai que ceux que je peux considérer comme tel ne sont pas nombreux. Ce sont des gens important que je comprend et qui me comprennent même si on est différents. Et dans le tas notamment il y a Erin, tu as bien dû nous voir ensembles. Et tu la connais bien, non ? » son sourire s'étendant, car oui il savait très bien qu'il la connaissait et même qu'il crushait dessus, ça crevait les yeux, raison pour laquelle il avait décidé de le cibler, car dans cette relation il n'était qu'une énorme victime du désintérêt de son amie et ça le faisait marrer « Tu devrais avoir confiance en son jugement, surtout qu'elle n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds ni à mâcher ses mots quand elle désapprouve quelque chose. » mais elle avait ce putain d'instinct de sauveuse, ce qui faisait qu'elle se rattachait à Amore alors même qu'il était un sinistre connard à présent. « Et jusqu'à maintenant elle n'a jamais voulu prendre la fuite. »

Mais ce n'était pas suffisant, il savait qu'il devait essayer de le rassurer d'une manière ou d'une autre. « Après je l'avoue, je n'ai pas toujours été gentil et délicat, j'ai vraiment mérité ma réputation de connard. Mais les choses sont plus compliquées que ça et il est très facile de diaboliser une situation quand on a été contrarié. La majorité de ces gens j'ai juste été un peu trop francs et ils n'ont pas aimé. Ils sont tellement habitué à ce que tout soit enrobé de miel et qu'on aille dans leur sens que quand on dit les choses franchement ça ne passe pas. Et oui, je l'admet, je pourrais y mettre les formes... mais je trouve ça totalement hypocrite. » il avait alors haussé les épaules, comme ci c'était dommage mais qu'il ne pouvait rien y faire « Je ne sais pas toi, mais je préfère largement savoir ce que les gens en face pensent que de me demander éternellement si c'était simplement pour me brosser dans le sens du poil ou non... Du coup je comprend qu'on ne m'aime pas trop mais bon. » Une petite moue se fit sur son visage, comme ci cette situation l'attristait vraiment avant de se remettre à sourire, relevant son regard bleu vers Emile, le plongeant directement dans le siens « Après c'est normal de se méfier et d'écouter un peu ce qui se dit, mais je suis content que tu me laisses ma chance. Surtout qu'en vrai ça faisait un moment que je cherchais une raison pour qu'on puisse se rapprocher, quitte à être proche tous les deux de Erin... enfin tu vois. » son sourire se faisant doux, presque innocent même si il n'en était bien entendu rien.

Émile avait de quoi être rassuré.

Cependant, il savait qu'il ne devait pas baisser sa garde. Il ne savait pas encore quoi penser de ce garçon. Il avait entendu tellement de mal à son sujet, tellement de rumeurs qui en aurait découragé plus d'un. Il avait vu tellement de garçons et de filles en larmes après une discussion avec Amore... Il se méfiait donc, oui, c'était obligé, mais d'un autre côté, il se disait qu'il était suffisamment fort pour savoir se défendre et surtout pour savoir quand il devait laisser tomber avec ce garçon. Il décida alors de s'imposer cette limite : s'il essayait de l'éloigner de ses amis, voire pire, de son père, il l'enverrait paitre. Voilà, comme ça, il est fixé, il peut lui parler et essayer de le découvrir sans avoir à craindre pour sa vie sociale et pour le seul membre de sa famille auquel il tient plus que la vie.

Il avait d'ailleurs réussi ce qu'il estimait être un coup de maitre : il avait éloigné l'attention d'Amore et l'avait détourné d'Andrew. Il avait cru faire une gaffe en l'évoquant mais il avait réussi à tourner la conversation vers Amore lui même, évitant ainsi une fâcheuse discussion à propos d'Andrew. Émile se devait de le protéger, il se devait de l'éloigner de toute forme de conflit, car il était à ses yeux à la fois très fort et extrêmement fragile. Son handicap avait bouleversé leur vie à tous les deux, et bien qu'Andrew se montre fort au quotidien, toujours souriant, toujours de bonne humeur, ce n'était qu'une façade et Émile n'était pas dupe. Ses lettres parlaient pour lui. Il devait donc le protéger, s'assurer que rien de mal ne lui arrive.

Il écouta Amore qui lui expliquait pourquoi il avait mérité cette réputation. Il parla d'Erin, ce qui fit froncer les sourcils de l'adolescent. Erin était une fille bien, mais elle avait un gros défaut. Émile rétorqua avec un soupir : C'est bien beau tout ça, mais Erin ne sait pas s'éloigner de ceux qui lui font du mal. Cet empaffé de Javier, par exemple, est le pire choix qu'elle n'a jamais fait à mes yeux, mais qui suis je pour juger ? C'est pour cela qu'elle reste un mauvais exemple en matière de choix d'amitié. Si elle ne t'a pas encore fui, à mon avis, c'est parce qu'elle ne voit pas le mal. Tu dis qu'elle n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds ? Regarde sa relation avec Javier et reviens me voir après, d'accord ? Oui, Émile était furieux qu'Erin n'ait pas choisi d'écouter les avis de ses camarades à propos de Javier, ce mec se fout d'elle, littéralement, et elle va se faire marcher dessus. Émile en était au point où il était lassé de lui courir après, même si son cœur battait toujours la chamade quand elle apparaissait dans son champ de vision.

Amore lui parla du fait que la sincérité était bien plus importante qu'un mensonge qui n'aurait que pour seul et unique but de faire plaisir à l'autre. Pour ça, il était d'accord. Il ne put s'empêcher de rire et il dit, en haussant les épaules : Comme celle qui se croit dans un monde rempli d'amour et d'arc en ciel c'est ça ? Dis moi que tu lui as rien fait encore ! Il s'inquiétait un peu pour Rowena, c'est une gentille fille, même si elle est trop innocente et trop naïve pour ce monde de fou. A croire que ses parents n'avaient pas toute leur tête quand ils l'ont éduqué. Andrew ne lui cachait jamais rien, et, depuis l'accident, Émile savait que ce monde était bien plus dangereux qu'il ne le paraissait. Amore le tira de ses pensées en lui avouant qu'il cherchait depuis un moment une occasion de lui parler, quitte à se rapprocher d'Erin pour ça. Émile laissa échapper un rire sans joie et répondit : Bah voyons. J'ai rien d'intéressant, pourquoi ne pas se rapprocher des élèves plus populaire ? Les détruire serait plus enrichissant à tes yeux non ? Oui, il se méfiait toujours. Pour mériter sa confiance, Amore allait devoir mettre les bouchées doubles.

Le sourire de Amore ne pouvait cesser de grandir. C'était qu'il n'était pas si naïf le petit Emile ! Il était beaucoup plus lucide sur la manière d'être de sa précieuse amie. Malheureusement pour lui, rien qu'en lui répondant de cette manière il lui avait déjà donné beaucoup trop matière à jouer avec lui « Ne serais-tu pas un peu jaloux ? » son sourire s'agrandissant au coin de ses lèvres, sa tête posée dans sa main alors qu'il le regardait avec toute la malice du monde « Hahaha ! Cela dit je ne peux pas te donner totalement tort. Ce mec c'est... pfiou, un cas ! Mais c'est vrai, elle a un truc pour les bad boy, je ne peux pas nier. » haussant des épaules avant de l'observer à nouveau avec ce même air malicieux « Mais dans ce cas, qu'est-ce que ça fait de toi ? C'est peut être pour ça qu'elle ne se rend pas compte de comment toi tu la regarde. C'est dommage vraiment... » Amore faisant mine de vraiment réfléchir à la situation, faisant une petite moue d'un aire pensif avant de secouer la tête, comme ci il chassait le sujet de son esprit pour passer à la suite.

« Hahaha, non ! Mais je t'avoue je n'aurais en effet aucun scrupule à lui dire les choses franchement. Je pense que maintenir quelqu'un dans son illusion ça les aide pas, au contraire. C'est dur à entendre parfois, mais généralement c'est que pour renforcer les gens. Mais bon... je laisse ça à d'autres, je n'ai de toute manière aucune raison d'aller lui parler » Cela dit elle était clairement une cible potentielle, une qu'il se ferait un plaisir de faire tomber de son piédestal car les gens l'avaient laissé aller si haut que la chute n'en serait que plus belle. Comme quoi il ne disait pas que des conneries, c'était vraiment dangereux de trop protéger les gens. Et là un rire s'échappant des lèvres de Amore avant de répondre « Tu me prend vraiment pour un agent du chaos. » ce qu'il était totalement bien entendu, mais autant faire semblant que non « Tu crois vraiment que ce qui m'intéresse c'est la popularité des autres ? Je suis serdaigle, pas serpentard. Ce sont les gens qui m'intéressent, pas où ils peuvent m'emmener. » ce n'était même pas un mensonge « C'est comme on disait avec Erin. Il est vrai que cette dernière a franchement tendance à s'intéresser à des mauvais garçons, ça remplit un besoin chez elle. Moi je préfère les personnalités comme la tienne. T'as l'air gentil, droit dans tes baskets, tu te laisses pas pour autant faire. Je trouve ça intéressant... reposant... car tu le dis toi même, je suis exécrable avec les autres. Mais car à mes yeux c'est eux qui sont exécrables. Alors clairement quelqu'un comme toi... je sais pas... je trouve ça plus attirant. Puis j'en veux un peu à Erin justement... car je ne trouve vraiment pas ça cool comment elle te traite pour le coup ou plutôt comment elle ne te calcule pas du tout. Ça me frustre... du coup j'avais envie de compenser ce qu'elle ne fait pas d'une certaine manière, c'est à dire s'intéresser à toi. » laissant le double sens de sa phrase planer tandis qu'il prenait une nouvelle gorgée de son verre, son regard faisant mine de se perdre vers la fenêtre à côté d'eux, comme ci il ne voulait pas croiser son regard.

Mais son regard s'était vite reposé sur Emile, ses grands yeux bleus et perçant directement plongé dans ceux de son interlocuteur alors que son sourire s'agrandissait. « Mais dis moi... pourquoi Erin ? Je suis curieux de savoir ce qui a pu te faire porter ce genre de regard sur elle, quels points ont pesés dans la balance pour te faire craquer. » en vrai il en avait tellement rien à foutre, mais ça aidait au moins à briser la glace entre eux et qui sait ? Peut être que ça lui permettrait en plus de glaner quelques informations intéressantes et utiles.

Jaloux lui ?

Absolument. Émile se sentit rougir devant l'éclair de lucidité d'Amore qui avait tapé juste. Il releva les yeux quand il lui dit que Javier était un cas, un sacré cas. Il était donc au courant de ce qui se passait. D'un autre côté, qui n'était pas au courant, cela faisait partie des potins numéro un de l'école. Émile était de ceux qui assistaient, en spectateur, à ce drame amoureux qui ne pouvait que mal se terminer. Il répondit à Amore, en haussant les épaules : Je suis un ami, juste un ami. D'après ce que je sais, des amies lui auraient dit que j'en pinçais pour elle, mais elle ne les a pas crues. Il était quelque peu résigné. Erin était obstinée, et il n'y aurait pas grand chose qui la ferait changer d'avis.

Émile était satisfait tout de même, il avait réussi à éloigner Andrew du sujet, l'attention d'Amore était focalisée par Erin et le triangle amoureux qui s'était formé entre elle et les deux adolescents. Il soupira doucement et passa une main dans ses cheveux, se permettant enfin de se détendre et il se permit même d'avaler une petite bouchée de biscuits. Il écouta Amore qui lui dit qu'il valait mieux dire la vérité plutôt que de laisser la personne dans l'illusion que tout allait bien. I hocha la tête et répondit :Oui je le sais, mais elle n'écoute pas, elle est dans son trip et c'est usant... Enfin, je continue d'essayer, on verra bien, elle aura peut être un déclic qui sait... Il avala une gorgée de sa boisson et lui demanda s'il s'en était pris à la petite Emrys. Amore pris cela à la rigolade et lui dit que ce qui l'intéressait ce n'était pas la popularité mais les gens eux mêmes. Émile plissa les yeux, essayant de comprendre son point de vue.

En vrai, Amore ne cherche pas vraiment à tourmenter les gens ? Si ? C'était incompréhensible. Il s'intéresse aux gens donc ? Il l'écouta lui avouer que, s'il s'était approché d'Émile, c'est parce qu'il était considéré comme quelqu'un de gentil et que c'était presque reposant de lui parler. Il lui avoua qu'il ne trouvait pas sympa qu'Erin l'ignore ainsi et que c'était pour compenser ce manquement qu'il s'était rapproché de lui. L'adolescent resta un moment silencieux, fixant son camarade en se demandant si c'était là la vérité ou juste une cruelle manipulation. Il avait envie de le croire, il avait envie de lui faire confiance, mais il était encore méfiant. Il décida enfin de lui accorder le bénéfice du doute. Il lui répondit, avec un petit sourire : Tu risques de t'ennuyer rapidement alors, je n'ai rien d'intéressant.

Amore l'interrogea sur Erin, lui demandant pourquoi il avait jeté son dévolu sur elle. L'adolescent haussa les épaules et répondit : Bah... C'est sans doute un coup de foudre du à l'adolescence et la puberté. Elle ne sera sans doute pas la femme de ma vie tu sais... J'ai réalisé très jeune qu'il vaut mieux écouter sa tête dans ce genre de cas, mon cœur est déjà pris par quelqu'un de plus important. A quoi bon être amoureux, je me dis, si cela doit arriver, cela arrivera, mais sinon, en attendant, rien ne m'empêche de m'amuser, non ? T'en penses quoi ?

Un ami, juste un ami... le sourire de Amore s'était étendu, lâchant un léger rire mais assez doux pour ne pas sonner totalement moqueur « Oui elle a un peu de mal à se rendre compte des évidences. Elle a tellement sûr d'elle même sur tout que du coup ça lui échappe. C'est autant un truc que j'admire chez elle et qui me désole. » secouant la tête avec toujours ce petit sourire amusé. « Mais dur mec, je suis désolé. » compatissant faussement au fait que Emile s'était totalement fait friendzoner. Il n'avait lui même jamais connu ce sentiment de frustration et de détresse car jamais personne ne l'avait attiré de la sorte, pas même avant qu'il ne se transforme en ce démon qu'il était devenu l'année dernière. « C'est Erin quoi. » avait-il répondu en haussant des épaules, comme ci ça résumait tout, que c'était une évidence « Mais t'as raison, faut rien lâcher de toute manière, car si t'essayes pas ça va te bouffer de te demander ce que ça aurait donné si t'avais au moins tenté. » même pas un mauvais conseil en plus ! Un a double tranchant certes, car à trop s'accrocher on se faisait du mal aussi, mais il en était loin là. Et non, Amore n'espérait pas qu'il s'accroche jusqu'à ce que ça le tourmente, marrant mais trop long, il tentait simplement de gagner des points faisant mine de l'écouter, de s'intéresser et de le conseiller.

« Faut que tu arrête de te déprécier comme ça, woaw ! T'as vraiment une confiance en toi au fond des chaussettes ma parole. » se marrant encore alors qu'il finissait enfin son verre. Car oui, Emile se sous estimait et c'était flagrant rien qu'en le regardant. Sa gestuelle, sa manière de se tenir, son regard... et c'était bien pour ça que Amore savait qu'il pourrait bien se marrer avec lui. « Si tu n'étais réellement pas intéressant personne ne te parlerait jamais. Mais t'es pas sans amis, non ? Et t'as piqué mon intérêt je te dis donc ais un peu plus d'estime pour ta personne. » un sourire en coin et un clin d'oeil, tout pour essayer de se hisser en présence positive et le charmer.

Après quoi il l'avait questionné sur Erin un peu, voulant des détails autant pour le faire parler et ainsi le pousser à se confier à lui en général, que par réel intérêt de ce qu'il pourrait tirer de ces détails. Car il n'y avait rien de plus drôle que de planter une lame dans un cœur meurtrit par des peines amoureuses. « Oui oui, mais ça c'est du discours de parents là, le genre de chose pour aider à faire passer à autre chose et tout ça. Mais ce coup de foudre, qu'est-ce qui l'a fait démarrer ? Quels éléments ont fait que d'un coup tu t'es dit « Woaw, elle est parfaite, je veux sortir avec elle ! » ? Tu vois ce que je veux dire ? » tendant une main vers lui, Amore étant du genre plutôt expressif avec ses gestes « Mais quelqu'un de plus important, hein ? Dis m'en plus là ! T'avais l'air éperdue de Erin, qui a bien pu réussir à te voler ton cœur comme ça ? » posant son menton dans sa main et affichant un air clairement intéressé « Mais ouais, là dessus je ne peux pas nier. C'est un peu mon mot d'ordre de m'amuser et voir, même si parfois c'est pas si mal de forcer un petit peu le destin. » son regard s'étant alors plongé dans celui de Emile, son sourire se faisant plus malicieux et lourd de sens que jamais.

Oui, quoiqu'il fasse, Erin ne le regarderait jamais comme un petit ami potentiel.

Javier était tellement mieux. Plus beau, plus fort, sans doute plus intelligent malgré son caractère de bouledogue mal lêché, il faisait de la danse, était populaire...Rien d'étonnant à ce qu'Erin lui tombe dans les bras. Émile se demandait s'il devait lâcher l'affaire. Il avait foutu assez de merde comme ça. Il avait quasiment réussi à séparer le couple, en vain. Il avait fait cela pour le bien d'Erin, après tout. Ce mec se foutait d'elle, c'était évident, et c'était Émile qui passait pour un enfoiré derrière ? Mais quelle ironie. Émile dit à Amore qu'il pouvait toujours essayer de séduire la jeune fille, malgré son pessimisme, il y avait peut être une chance pour que ça marche, non ? Cela fonctionnait comme ça dans les contes..Sauf qu'ils n'étaient pas dans un livre, bien entendu, ce serait trop simple sinon. Émile soupira doucement. Dans les contes, le père du héros ne devient pas sourd à cause d'un accident. Penser à Andrew lui donna suffisamment de courage pour sourire et hocher la tête devant les paroles de son camarade. Il se montrait... Compatissant. Tient donc ? Se serait il trompé sur son compte ? Émile l'avait il mal jugé ? C'était pour ça qu'il était venu, au final, pour se faire un avis sur la question. Amore avait fait pleurer bon nombre d'élèves, mais ces derniers n'ont peut être pas vu le danger arriver. Émile se dit alors qu'il pouvait essayer de sympathiser avec ce mec, mais, en toute circonstance, il devrait rester prudent.

Quand Amore lui expliqua d'ailleurs les raisons de ce rendez vous, Émile ne put s'empêcher d'être étonné. Gentil, certes, il l'était peut être beaucoup trop pour son bien. Droit dans ses baskets... Mouais, bof, il avait fait un certain nombre de choses dont il n'était pas fier. Il ne se laissait pas faire, oui, ça oui. Il avait fini en retenue plusieurs fois à cause de ça. Il avait soit frappé quelqu'un, soit l'avait envoyé paitre devant un professeur. Quand Émile se défendait par la parole et par les signes, il était froid, sec, terriblement cassant et il se montrait même insultant. Il savait que cela décevait Andrew, car il ne l'avait jamais élevé dans ce sens, mais il s'était lui même forgé ce petit caractère de bête farouche, sauvage. Ce trait là ne ressortait que quand on le poussait à bout, bien entendu. Le reste du temps, il était surtout connu pour son caractère docile, placide et gentil. Amore, quand Émile lui dit qu'il n'avait rien d'intéressant, lui répondit de ne pas se dénigrer ainsi car, s'il n'était pas intéressant, il n'aurait pas d'amis et Amore ne l'aurait pas approché. Émile leva un sourcil et demanda : Ce serait quoi pour toi une personne qui n'est pas intéressante ? Il ne l'avait pas remercié pour son compliment, car il n'y croyait pas.

Émile lui avoua ensuite que cet amour pour Erin était sans doute qu'une passe, que cela allait disparaitre dans le néant de ses souvenirs et qu'il allait passer à autre chose. Amore lui demanda cependant ce qui avait pu conduire à un tel coup de foudre, car cela ne se faisait pas comme ça, selon lui. Il y avait bien quelque chose en effet. Émile haussa les épaules et répondit, en souriant : C'était au début de l'année scolaire. Elle est arrivée, toute heureuse, toute pimpante, et elle m'a fait un bisou sur la joue. Elle ne m'avait jamais fait cela auparavant. J'ai...J'ai rougi, mon coeur battait la chamade, et elle sentait si bon, je me suis retrouvé tout bête, à la regarder, sans savoir quoi répondre. Nous passions du temps ensemble auparavant, et je n'avais jamais ressenti cela... Il a suffit que d'une seule chose. Émile se souvenait de ce jour comme s'il s'était passé la veille. C'était peu de temps avant la cérémonie de répartition, elle était entrée, et puis... Elle avait tellement changé, en l'espace de deux mois, elle était devenue une jeune femme et c'était en partie cela qui avait fait basculer le coeur de l'adolescent.

Adolescent qui commis une nouvelle faute, il avoua qu'il avait déjà quelqu'un dans son coeur, et c'était pour cela qu'il préférait raisonner avec sa tête en matière d'amour. Il n'en fallait pas plus pour attirer l'attention d'Amore qui lui demanda plus d'informations. Qui avait pu voler ainsi son coeur, alors qu'il était déjà éperdu d'Erin. Émile grimaça. Oups. Il n'avait pas le choix, il devait le dire, sinon son camarade ne le lacherait pas. Il soupira et, tout en signant des excuses, il répondit : C'est pas ce que tu crois... C'est plus particulier. Il... Il s'agit de mon père. Nous sommes fusionnels, très complices et ce, depuis ma naissance. C'est lui et moi, de toute éternité et pour toujours, cela ne changera jamais. Ca parait bête, et il y en a qui trouvent cela bizarre mais... C'est comme ça. C'était gênant, il ne voulait pas mêler Andrew à la conversation, et voilà qu'il gaffait, qu'il commettait des erreurs. Il était bien obligé désormais de parler de lui, il ne pouvait pas mentir en disant que c'était une autre personne qui avait ainsi volé son coeur. Non, ce serait une insulte envers Andrew. Émile grimaça et, quand Amore lui dit que s'amuser était un peu son mot d'ordre, Émile demanda, essayant une nouvelle fois de changer de sujet : Parce que tu t'amuses beaucoup toi ?

Le sourire de Amore s'était étendu, réellement intéressé par la question que venait de poser Emile « C'est une bonne question. Une compliquée aussi ! J'ai rarement eut à l'exprimer avec des mots. » riant légèrement, ne mentant même pas pour le coup « Les gens qui essayent de se donner un genre j'imagine. Ceux qui tentent vraiment par tous les moyens de se faire passer pour exceptionnels quand ils n'ont vraiment rien d'exceptionnel. » ça c'était faux par contre, totalement faux. Car si au contraire, ils étaient particulièrement intéressant à ses yeux ! De vraies petites proies qu'il pouvait dévorer avec une aisance rare. Mais c'était mieux pour l'image qu'il voulait renvoyer à Emile que de dire les gens basiques, ceux sans histoire, sans caractère, sans intérêt, le genre à ne pas avoir la moindre faille. Oui ça il se le gardait. Mais est-ce que Emile arriverait à voir l'intérêt qu'il représentait pour Amore ? Ou en tout cas cette version déformée autours de cette gentillesse qu'il lui attribuait et cette sincérité dont il avait en fait rien à foutre ? Ce n'était pas certain mais hey, il n'était pas là pour réparer sa confiance en lui, il avait juste besoin qu'il le voit sous un autre jour pour justement la faire céder définitivement ensuite.

Et le secret pour ça c'était de le faire parler, s'intéresser tout en en profitant pour glaner un maximum d'information. Et ça pouvait paraître anodin, mais comprendre le pourquoi de ce crush sur Erin allait lui en dire énormément autant sur le garçon en lui même mais aussi sur comment il pourrait jouer avec le lien qui unissait ces deux là, histoire de s'immiscer dans ce triangle amoureux en devenir pour le rendre encore plus volatile qu'il ne s'annonçait déjà. « Mooooh, c'est tellement mims comme histoire ! » n'avait pas pu s'empêcher de commenter Amore, sa tête dans sa main et un immense sourire sur les lèvres « Sans me moquer, hein ? C'est vraiment cute au fond. Mais ouais, la limite entre l'amitié et plus est souvent tellement fine... il suffit vraiment d'un rien pour que le déclic se fasse et que l'on ne puisse plus voir la personne autrement. » Amore faisant mine de comprendre, comprenant même au fond, même si lui n'avait jamais été concerné par ce genre de révélation, mais il comprenait bien le fonctionnement et le pourquoi, même si il visualisait ça plus comme un savant observant les comportement sociaux de divers sujets d'études.

Mais au final le plus intéressant était surtout venu de la suite, de cette autre personne qui avait déjà ravi le cœur de ce petit Emile et c'était... pathétique... dégoulinant de guimauve à en vomir... mais intéressant ! Très même selon les critères de Amore qui voyait en cette information la clé sans doute pour le manipuler comme il le voulait. Un bon petit fils à papa... « Alors je rectifie ma réaction précédente, ça c'est vraiment trop mignon pour le coup ! » riant avec légèreté. La tentative de fuite de Emile ne lui avait pas échappé cependant, se rendant bien compte de comment il tentait de changer de sujet, mais Amore laissa faire quelques instants, comptant bien s'en servir à son avantage « Beaucoup... j'irais pas non plus jusque là ! Mais oui, disons que j'ai tendance à aimer ne pas me brider. » un sourire se faisant au coin de ses lèvres. Même si la vérité était que souvent il se rapprochait des autres émotionnellement et intimement plus par intérêt qu'autre chose. Il n'était pas réfractaire aux contacts qu'il trouvait très agréable, mais ne les recherchait pas plus que ça. Mais il avait eut la chance d'être beau garçon et il ne se privait pas pour s'en servir, espérant que... peut être... il ferait encore mouche cette fois ci « Et à forcer le destin... notamment en trouvant le moindre prétexte pour passer du temps avec quelqu'un qui me plaît. » son regard se plongeant dans celui de Emile, le coin de ses lèvres remontant lentement, alors que sa main effleura très subtilement celle de Emile, avant de faire mine que c'était pour attraper sa choppe, la ramenant vers sa bouche avec un léger rire avant de tirer une petite moue en se rappelant que son verre était déjà vide. Dommage...

Mais en reposant sa choppe sur la table, la frappant un peu fort pour créer un sursaut, il fit mine que c'était lui à présent qui voulait changer de sujet, comme ci il avait abordé quelque chose de délicat pour lui, à savoir le réel intérêt ; du moins dans la fausse réalité qu'il était en train de créer ; qu'il portait pour Emile « Donc t'es aussi fusionnel que ça avec ton père ? Après c'est vrai que tu m'avais dit que c'était avec lui que t'avais appris la langue des signes et même inventé votre propre langage. J'aimerais bien avoir une relation aussi fusionnelle avec mon père... ou au moins un de mes parents ! Les miens pensent être fusionnels alors qu'en vrai ils me voient comme eux ont envie... c'est blasant ! » soupirant pour jouer sa petite comédie. Il espérait qu'en faisant passer ça pour un sujet de fuite Emile serait moins sur la défensive tandis que germerait dans son esprit l'idée qu'il puisse lui plaire. « Comment il est ton père ? » espérant que l'empathie de Emile pour l'absence de complicité entre Amore et ses parents l'aide à céder. Car après oui les parents de Amore étaient pas particulièrement doués pour s'occuper de lui, mais Amore s'en fichait bien. Du moins il se disait qu'il s'en fichait. Alors qu'en vrai, si ils s'étaient rendu compte des particularités de leur fils, peut être qu'il aurait pu être bien différent, moins rongé par l'ennuie qui avait eut raison de ses principes.

Son histoire est... Mim's ? Emile leva un sourcil, quelque peu surpris et dépité d'entendre ça. Il y a rien de mignon en fait, c'est arrivé, c'est tout, et il n'y a rien à dire là dessus, si ce n'est que cela risque de très mal finir. Erin est amoureuse de Javier, Emile le sait et c'est pour ça qu'il ne se fait guère d'illusions... Si seulement... Il avait encore un soupçon d'espoir, bien maigre comparé à la déception qui l'attends sans doute.

Amore n'avait pas si tort cependant. La frontière entre l'amitié et le... Plus que l'amitié était mince, même si un obstacle de taille se dressait devant : Javier. Javier Stein, son corps musclé, sa popularité, sa voix forte et puissante, sa férocité. Emile ne rivaliserait jamais, même avec des années de musculation derrière. C'était ainsi. Emile répondit alors, en haussant les épaules : Le déclic, elle l'a eu pour un autre. Heureusement, l'adolescent n'était pas seul, loin de là, il y avait quelqu'un d'autre dans sa vie, quelqu'un qui l'aidait à rester debout, à avancer dans la vie. Amore se montra curieux et, forcé de répondre, Emile finit par dévoiler ce semblant de secret qui, au final, n'en était pas vraiment un. Son père, Andrew, était après tout sa fierté, son sang, son âme en quelque sorte. En plus d'être un exemple et un mentor, il était un meilleur ami, un frère, il était au final bien plus qu'un simple géniteur. Andrew remplissait tous les rôles qui auraient pu un jour faire défaut à son fils. Amore lui dit une fois de plus que c'était mignon, déclenchant une nouvelle réaction intriguée d'Emile qui leva un sourcil. Il tenta alors de changer de sujet, en vain. Amore lui répondit brièvement, lui disant qu'il n'aimait pas être bridé et qu'il aimait forcer le destin pour passer du temps avec une personne qui lui plait.

Emile allait le questionner à ce sujet quand il sentit la main d'Amore effleurer la sienne. Il sursauta, leva des yeux surpris vers son camarade. Avait il ... ? Non, il venait d'attraper sa chope de Bierraubeurre, il se faisait des idées, c'est tout. Pourquoi était donc t'il si nerveux en cet instant. Il sursauta à nouveau, mal à l'aise, quand la chope tapa la table, marquant un nouveau changement de sujet, et Amore lui demanda s'il était vraiment fusionnel avec son père, et il lui avoua qu'il lui enviait ce lien, car ses parents ne le voyaient que comme eux avaient envie. Emile hocha la tête, sans vraiment comprendre. Andrew n'était pas comme ça, ses attentes correspondaient à celles de son fils, son bonheur seul lui importait. Amore lui demanda donc une description de son père. Emile hésita un instant et répondit : Ca doit pas être sympa d'avoir des parents comme ça...Au moins, t'en a deux, j'ai jamais connu ma mère. Au final, c'est sans doute mieux comme ça. Il termina sa chope et reprit : Comment il est... Tu veux dire.. Physiquement ? Mentalement ? Bah... C'est un moldu tu sais, il bosse dans un garage, il répare des voitures. Il voudrait travailler dans une bibliothèque ou une librairie, mais son handicap l'a contraint à reprendre ce travail manuel. Et puis, l'école coute cher, le salaire du garage suffit à peine pour les livres. Enfin, c'est pas le plus important, ce qui compte, c'est qu'il est toujours là pour moi, c'est l'homme le plus fort que je connaisse, il ne flanche jamais, il a toujours le sourire, il aime la vie et tous ses bienfaits. Il aime aider son prochain, mais préfère pour sa part se débrouiller seul quand il a des emmerdes... Et... Désolé je te fais sans doute chier avec tout ça. Quand on le lançait sur le sujet "Andrew" Emile avait du mal à s'arrêter.