Eric Chadwick était un jeune homme discret. Il avait un charme certain et un esprit futé. Il n’était ni bon, ni mauvais et rien, ni personne n’aurait pu prédire l’homme qu’il allait devenir. En sortant de Poudlard, Eric avait de grandes ambitions. Mais son dossier scolaire était loin de lui permettre d’intégrer les hauts postes à responsabilités qu’il visait. Trop quelconque. Pas assez éloquent ou entreprenant. Eric était trop fade.

Venant d’un milieu modeste, il ne voulait pas embêter ses parents avec ses galères. Il quitta le cocon familial très tôt pour se trouver lui même. Mais à 18 ans, est-on assez mâture pour faire les bons choix ? Bien évidemment que non. Eric voulait s’en sortir, gagner de l’argent. C’était sa raison d’exister. Sans expérience, il trouva quelques boulots comme vendeur sur le Chemin de Traverse. Mais c’était pénible et inintéressant. Et surtout, il ne gagnait pas assez bien sa vie. Puis un jour, un homme l’aborda. Il lui parla d’un lieu qu’il connaissait mal. Dans les rues parallèle du Chemin de Traverse, au cœur de Londres, on pouvait y trouver l’allée des Embrumes. Une grande rue sinueuse, toujours plongée dans l’obscurité, crasseuse et pleine de gens louches. Des sorciers peu recommandables passaient par là. Cette allée était réputée dans le monde des sorciers pour y abriter les revendeurs d’objets interdits. Et plus les objets étaient illégaux, plus ils coûtaient chers.

Il en fallut peu pour satisfaire la curiosité d’Eric. Il quitta son boulot stable, mais mal payé, pour une vie instable, mais dans laquelle il dormirait sur un matelas bourré de gallions. Et rapidement, Eric sombra dans des affaires louches.

Durant ses jeunes années, Eric apprit à se méfier des gens et à ne compter que sur lui même. Il se forgea un véritable caractère de caïd, et amassa de l’or. Beaucoup d’or. Mais il prit également de nombreux coups. Pourtant, Eric n’en démordait pas. Pendant quelques années, il enchaina les missions, tel le larbin de grands mafieux de ce monde. Mais à l’aube de ses 25 ans, il rencontra une jolie brune. Isobel Bones. Une sorcière d’une vingtaine d’années, plus jeune, qui n’avait jamais entendu parlé de lui. C’était dans un bar, un soir de décembre. Il faisait trop froid pour trainer dehors et Isobel attendait seule au comptoir, l’arrivée d’un homme qui ne montra jamais le bout de son nez. Ainsi, Eric prit son courage à deux mains et s’imposa à elle. Rapidement, ils accrochèrent. Elle était jeune chercheuse en Botanique pour un grand Maitre des Potions dont l’empire s’étendait sur toute la Grande Bretagne.

Tout s’enchaina rapidement. La fusion fut telle, qu’Isbobel tomba enceinte un an plus tard, après un mariage peu convainquant. La famille Bones n’aimait pas Eric. Il était trop brigand et jamais clair dans ses activités. Et la relation entre Isobel et Eric se dégrada au fil des années. Jamais d’accord sur rien. Surtout, Isobel qui se rendait peu à peu compte de l’homme qu’elle avait épousé. Elle découvrit qu’il était mêlé à de sombres histoires, qu’il avait probablement tué des gens pour accumuler toute cette richesse et qu’il était capable de bien des choses pour simplement remplir ses comptes en banque. Pervers narcissique, il abusait de la naïveté d’Isobel pour la manipuler, la rejeter, la battre et la tromper. Petit à petit, Isobel prit peur de lui. Mais son fils, Roan, était trop jeune pour s’en souvenir.

C’est vers l’âge des 7 ans de Roan, que le coup de grâce tomba sur la famille Chadwick. Eric s’était pris la tête avec un clan de braconniers, chassant sur leur territoire, leur volant ainsi une grosse marchandise qui valait son pesant d’or. Mais il ne s’était pas assez renseigné sur la concurrence. Et c’est ainsi qu’il mit en danger sa femme et son fils. Un jour de printemps, alors qu’Isobel étendait du linge dans le jardin et que Roan jouait dans le salon, des hommes transplanèrent devant leur porte. Tout se passa très vite, mais Roan se rappelle encore très bien des cris de douleur de sa mère. Il se rappelle très bien de voir ces hommes vêtus de noir, saccager la maison à coups de sortilèges. Au moment où ils braquèrent leurs baguettes sur Roan, Eric débarqua et sauva sa famille.

Mais c’était trop tard pour Isobel. Se sentant en danger, elle préféra fuir son mari et ses activités illégales, puis déménagea à Bristol pour se rapprocher de sa famille et se sentir plus en sécurité.

Pendant de nombreuses années, Eric tenta de reprendre contact avec Roan. Il accusa Isobel de lui avoir volé son fils et proféra tout un tas de menaces. Avec le soutien de sa famille et de ses amis, Isobel poursuivit Eric en justice, demanda le divorce et la garde totale de Roan.

Malheureusement, la justice décida qu’il était important pour Roan de garder un contact avec son père, malgré les circonstances. Ainsi, Eric pouvait retrouver son fils une fois par mois. Chose insupportable pour Isobel.

Roan adorait sa mère. Il avait conscience qu'il était un homme dangereux et qu’il n’avait aucune valeur commune avec la famille Bones. Ainsi, Isobel s’efforça du mieux qu’elle le pouvait, de liguer son fils contre son ex mari. Mais vivre avec sa mère n’était pas facile. Elle était chercheuse et ne gagnait pour ainsi dire, pas très bien sa vie. Elle dépendait beaucoup de la pension alimentaire que devait verser Eric, chose qu’il oubliait de faire trop souvent, et des aides que les grands-parents de Roan lui versaient. Roan était privé de beaucoup de choses et apprenait à se contenter de peu. Sa mère, lui rabâchait sans cesse, que la sobriété, était la clé du bonheur. En soit, elle avait raison. Mieux valait ne pas s’attacher aux objets … mais Roan était un garçon envieux, qui désirait toujours des choses qu’il ne pourrait jamais avoir. Et son père l’avait bien compris.

Alors, à chaque fois qu’il se retrouvait seul avec son fils, il lui demandait ce qu’il désirait et il le lui offrait. Mais ce n’était jamais vraiment gratuit. En contrepartie, Roan devait aider son père à confectionner des pièges de plus en plus complexes et de plus en plus dangereux. En grandissant, Eric emmena Roan sur des lieux de chasse. Il lui montra l’art du Braconnage et bien entendu l’étendue de son clan. Rapidement, Roan comprit que son père avait agrandi ses rangs, qu’il était à la tête d’un gros trafic et qu’il était devenu un homme puissant et connu des renseignements. Roan était à la fois admiratif de son père et il en avait aussi peur.

Son père avait la capacité incroyable à lui retourner le cerveau. C’était un homme qui avait su manier l’art de la parole et de la séduction avec le temps. En vieillissant, il était devenu beau, fort, inébranlable. Un homme que la Brigade des Aurors peinait à coffrer et qu'on connaissait sous le nom de : Erichtonios.

Quand Roan entra à Poudlard, Isobel fut en quelque sorte soulagée. Parce que l’école de Sorcellerie permettrait à Roan de se détacher de l’empreinte toxique de son père. Il le verrait moins souvent et apprendrait à vivre en communauté, avec d’autres enfants.

Son intégration fut rapide. Deux parents sorciers, des grands-parents sorciers, Roan connaissait bien le monde magique. Mais il avait tout à apprendre. Il aimait raconter ses aventures à Poudlard autant à sa mère, qu’à son père. Et rapidement, en secret, son père usa de nombreux subterfuges pour interagir avec son fils, beaucoup plus souvent qu’il ne lui était autorisé. C’était « leur petit secret ». Eric flattait son fils, le brossant dans le sens du poil, pour l’amadouer.

Voyant son admiration pour les dragons, il lui proposa même d’en voir. Roan mentit à sa mère lors de son 4ème été à Poudlard. Il avait 14 ans et pour Eric, Roan devenait un homme. Il le prit sous son aile, et ils passèrent un mois dans le Nord des Highlands à la recherche de Verts Gallois. Notamment un nid situé sur une ile quasi inaccessible. Il fallait s'y rendre en bateau et la houle chaotique dirigeait les navires à s'échouer contre de dangereux récifs. Ca ne posa aucun problème à Eric d'embarquer Roan dans une entreprise aussi périlleuse. C'était un bon moyen de tester le courage et la volonté de son fils. Quand ils arrivèrent sur l'ile après avoir mis leur vie et celle de tout l'équipage en jeu, ils attaquèrent les Dragons. Eric expliqua à Roan que ces créatures terriblement dangereuses ne pouvaient pas comprendre autre chose que la violence pour être dominées, dressées et manipulées. Durant les premiers jours de braconnage, Roan avait du mal à accepter les actes de son père et du clan. Mais au fil du mois passé dans le clan, il changea peu à peu d'avis. On lui bourra le crâne de fausses informations, le convainquant qu'il était nécessaire d'agir ainsi avec les dragons.

Enchainés, sous la peur des sortilèges, les Verts Gallois n'en menaient pas large. Et voyant la peine de son fils, Eric proposa un moment exceptionnel. Voler à dos d'un dragon. Ce fut un moment incroyable, marquant et magique pour Roan. Un moment qu'il n'oubliera jamais et qui lui redonna le sourire. Il oublia toute la souffrance qu'on avait infligé aux dragons et eut l'impression que de toute évidence, ils ne pouvaient pas faire autrement. Dans l'ombre, le clan revendait les oeufs, tuaient les plus jeunes dragons pour récupérer la peau et en faire du cuir. Les dépeçaient pour arracher leurs coeurs et en extraire les ventricules. Toute cette partie innommable, Roan ne l'a jamais vu.

A son retour de vacances, Roan n'évoqua jamais à sa mère, ce moment passé avec son père. En grandissant, son père devenait de plus en plus envahissant dans la vie de Roan. Les lettres s'accumulaient, les tentatives de contacts devenaient de plus en plus importantes et surtout, Eric voulait récupérer son fils. Il menaça Isobel à plusieurs reprises, envoya ses hommes pour lui faire peur et recommença à devenir menaçant. A 15 ans, Roan prenait conscience que son père allait trop loin et décida de mettre un terme à cette tension devenant trop lourde à supporter. Il prit le parti de sa mère, car après tout, c'était elle qui l'avait élevé et dont il se sentait le plus proche.

Ce fut la première confrontation père-fils. Un duel qui ne dura pas bien longtemps, car Eric était un puissant sorcier. Déçu par le comportement de sa progéniture, Eric disparu des environs pendant de longs mois après avoir lourdement blessé Roan. Le jeune garçon passa tout l'été de sa 5ème année alité, sa mère s'occupant de lui et refusant de l'envoyer à Ste Mangouste.

Roan garde quelques séquelles de cette bataille. Notamment une cicatrice pas très jolie sur son épaule droite et une vision trouble de l'oeil gauche. Il s'entêtera à camoufler ses blessures dès la rentrée scolaire de 2009. Durant cette année, Roan tenta de ne plus penser à son père. Mais au fond de lui, il s'en voulait. Il avait l'impression de l'avoir déçu, de l'avoir perdu à tout jamais et d'avoir aggravé les choses. Jusqu'au mois de Décembre, il n'entendit plus parlé de son père. Mais à Noël, il reçu une lettre lui disant qu'Eric était fier de l'homme qu'il était devenu. Et qu'il était prêt à se confronter à lui, s'il le désirait. Eric expliqua ses plans futurs. Il ne parla pas de la forêt interdite et de ses pièges monstrueux qu'il avait mis au point. Mais il évoqua toujours cette quête de dragons. Titillant le désir de son fils de devenir un jour, dresseur de dragons. C'était là une faiblesse chez Roan, sur laquelle Eric aimait jouer. Manipuler.

En Janvier 2010, Roan reprit contact avec son père dans la forêt interdite. Il lui montra plusieurs lieux stratégiques et lui proposa d'arrêter ses études à Poudlard pour rejoindre le clan. Mais Roan refusa. Une nouvelle tension remonta entre père et fils. Eric en profita pour accabler Roan, jouant sur la corde sensible d'un fils faible, pervertis par sa mère incapable et d'être un petit mouton bien discipliné que le Ministère s'efforçait de forger. Eric crachait sur Poudlard et son enseignement, sur le système qu'il jugeait autoritaire et clamait que le braconnage était une forme de rébelion et un moyen comme un autre de gagner sa vie. Sensible à la cause écologique, Roan avait du mal à y trouver là un véritable intérêt. Son père lui expliqua qu'il était de son devoir de "réguler" la population grandissante de la forêt interdite et que rien, ni personne ne l'en empêcherait.

Roan était donc au courant des plans de son père et des autres puissants braconniers, mais ne fit rien. Il n'avertit personne, se contentant d'attendre que ce moment vienne. Aujourd'hui, en voyant toutes les créatures blessées, Roan s'en veut de n'avoir rien dit. Mais en même temps, il est tiraillé par l'envie de briller aux yeux de son père. De le rendre fier. Et pour cela, il sait, qu'il devra participer à tout ça.