Sa mère, énervée le secouant d’une peur panique traduit par une colère. Elle tirait sur ses vêtements alors que Riley se débattait, la suppliant d’arrêter, les larmes brisant sa voix. Il était terrifié à ce qu’elle voit la marque mais le tissus de son t-shirt à manche longue finit de céder dans les cris, les larmes et les ébats. Elle en aperçut une partie, la gorge serrée, le coeur qui s’arrête. Elle finit par l’attraper par le haut du crâne pour qu’il arrête de gigoter, lui enfonçant ses ongles beaucoup trop long dans le cuir chevelu, une ou deux claque sur sa main tentant de cacher la marque avec desespoir. Il ne voulait pas la voir lui-même à travers les yeux de sa mère.
Il avait senti tout son effroi le traverser et cessait enfin de gigoter, la laissant constater. La marque était juste là, sur son omoplate. Elle ne sait combien de temps elle a passé sans retrouver son souffle, les larmes lui montant aux yeux.

« Papa Legba… » répétait-elle plusieurs fois dans un murmure angoissant. Le névé du l’a était là, la marque de la malédiction tatouée sous sa peau qu’elle tentait de frotter dans un acte desespéré.
« Je suis désolé… » dit-il dans ses sanglots pour seule défense.

Et pour seul réponse, il se prit la plus grosse gifle qu’il n’a jamais reçu — et il en a fait des conneries — de la part de sa mère. Il ne se mit pas à ricaner comme d’habitude ou à se révolter. Il encaissait le coup parce que oui… cette fois il avait vraiment déconné. A genoux au sol, accablé, les larmes coulaient de rage et de honte face à ceux de sa mère, totalement désemparée et bien plus encore en voyant les mutilation sur les bras de son fils. Il avait tenté en vain de se débarrasser du névé apparut sur son épiderme et briser la malédiction mais elle se déplaçait à chaque tentative que ce soit par magie, par brulure ou diverses mutilation.
Le coeur lourd, elle se jetait sur lui pour le serrer fort dans ses bras, lui caressant les cheveux en lui murmurant, voulant elle-même y croire: on trouvera une solution

Rituel, potion, ils ont tenté bien des techniques de leur culture pour essayer de contrer la malédiction mais la marque était toujours là et plus le temps passait, plus les voix rendait fou l’adolescent, si envahissantes et aliénantes, fatigantes… Envoyé direct en Louisiane pour passer entre les mains les plus expertes de sorcier vaudou. On pouvait combler les symptômes comme taire un peu ces voix harcelantes, où encore sa peau nécrosant à certain endroit. On pouvait ralentir le processus mais le diagnostic est tombé, et incapable de se le dire elle même, de le poser et reconnaitre parce que c’était son fils, elle du encaisser celui des soignants de l’hôpital magique : il était condamné. Il n’irait pas au-delà de ses 22 voire 23 ans avec de la chance.  

***
« Mais arrête de culpabiliser pour des conneries… Je suis condamné de toutes façon, c’est pas comme si on risquait de me perdre… Je suis déjà perdu. »

Mabe le regardait avec une moue suspicieuse. Il était du genre à déconner, dire de la merde et inventer des mensonges tellement gros pour se payer sa tête. Riley la connaissait bien aussi et il sentait que la petite ne voulait pas entrer dans son « jeu » sauf que c’en était pas un.

« Putain mais c’est vrai ! Elle t’a rien dis m’man ? … Qu’est-ce qu’elle t’as sorti quand j’ai été en Louisiane ? » demandait-il, pas réellement surpris que leur mère ait caché la vérité pour la protéger ou qu’elle ne voulait simplement pas admettre le diagnostic.

« Pour améliorer tes capacité en magie élémentaire… » lui répondit-elle avec une grimace lui en voulant même, ayant eu un peu des vacances. Elle aurait aimé aller à la Nouvelle-Orléan voir leur famille aussi, changer de pays et retrouver ses racines. Mais au fond… Au fond d’elle, elle avait senti que quelque chose clochait.
Ces nuits de hurlement en pleine nuit, ses yeux cernés, son air apeuré et bien moins rieur et malicieux, cette flamme dans son regard et au coin de son sourire n’était plus vraiment là. L’air abattu de leur mère aussi et bien plus froid de son père avec Riley.
Il pensait au fond qu’elle le savait, pensant qu’ils ne voulaient simplement pas en parler l’un et l’autre, des indices par ces blagues balancé à table qui ne faisait rire personne, croisant le regard meurtrier de la madone posé percutant celui de son fils alors qu’il prenait cette malédiction avec trop de légèreté.

« Je suis maudit maggle… J’ai fait des conneries, j’ai foiré un rituel pour éviter justement d’être maudit, mais faut croire que c’était écrit… On… »  il fit une pause, il avait l’air si confiant et d’un coup, son visage se brisait dans une douleur sourde et timide.

Dis le que tu vas crever ! Que t’es déjà pourri et au moindre écart, tu bouffera les pissenlit par la racine ! pwahaha !
Après tu ferais pas ta chochotte, suffirait que tu prennes quelques âmes et on te laissera tranquille !
Il n’a pas tort sur ce coup, je ne peux que le soutenir dans cette idée.

« Il… me reste au mieux, deux à trois ans à vivre. Après je dois donné mon âme à Papa Legba. » n’entrait-il pas dans tous les détails, pas pour l’instant. Il arracherait le couteau et il ferait garrot après.

Elle secouait la tête en fronçant les sourcils, elle ne voulait pas y croire.  Riley eut un léger rire nerveux, voyant sa mère dans sa fa!on de le faire. C’était dur de le dire comme ça, pas si sérieusement, pas à elle, il faisait toujours comme si ça ne le touchait pas et qu’il s’était fait à cette idée mais face aux regard de Mabel, c’était dur. Dur de voir qu’elle ne voulait pas y croire. C’était bien trop difficile à accepter.

Montre lui !
Montre lui !
Oooh oui, montre lui !
Oh oui, je veux qu’elle voit, qu’elle n’en dorme plus la nuit ! Qu’elle vienne se serrer à toi pour avoir bien chaud lors de ces insomnies, oh oui…
Et on la brule après !
— les voix dans sa tête s’excitaient, ne cessant de lui assener ces phrases en boucles.

MONTRE LUI !

« Putain mais si ! C’est pas une blague ! REGARDE !!! » avait-il  presque aboyé, assourdi par les esprits ou les voix de sa folie lui polluant le crâne. Il lui avait brusquement pris la main pour se la coller sur son énorme pectoraux là où s’était déplacé le vévé. Qu’elle cherche en lui, qu’elle aille voir sa mort. Il la dominait de toute sa hauteur et son immense carrure. Il continuait de lui crier de regarder, de le faire, la secouant légèrement, la voix éraillée par les larmes retenues avec rage, le regard fou. De toutes façons si ce n’était pas sa malédiction qui l’emportait, les voix le rendraient dingue à en vouloir la mort et le silence.
Elle ramenait sa tête partie en arrière et cherchait à se détacher, le regard perdu et le corps tremblant, apeuré par ce qu’elle venait de voir. La mort de Riley, ses dernières secondes avant d’être emporté par sa malédiction, son happé par la terre se dérobant sous ses pieds, son air cadavérique, …

Les deux enfants se dévisageaient avec une tristesse profonde. Dans les deux grands yeux de Mabel dont les larmes perlaient en silence c’est comme s’il y avait vu le reflet de sa vision.

Elle ne peut pas vivre avec ça… Soulage là.
Arrête !
Tu veux vivre ou pas toi !

Elle lui sautait dans les bras et il la serrait avec vigueur et presque désespoir, s’accrochant à une bouée. Autant son beau-père était une épine dans une blessure suintante incapable de soigner que Mabel a été son salut après la mort de son père. Elle a été là pour combler l’amour perdu de son paternel, combler ce vide et s’occuper d’elle lui a permis de penser à autre chose qu’à son absence abstraite quand on est encore enfant.

Laisse donc glisser une petite main baladeuse mon grand, on aimerait bien voir ce qu’elle cache là-dessus, laisse nous deviner.
Arrête de t’exciter toi ! Maintenant !
Sûr ?
MAINTENANT !!!

Ils profitèrent d’un moment de faiblesses, ils avaient une ouverture. Le regard noir, faisant pratiquement disparaitre tout le blanc de ses yeux, son énorme main qui vint l’attraper par le visage, plaqué sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Il n’était plus derrière ses yeux et…

« MAMAN !!!! » les hurlements de son fils la fit arriver en quelques secondes et elle pensait avoir eu peur, avoir eu mal en voyant la marque de la malédiction de son fils mais ce n’était rien à c$oté de ça.

A genoux, en larme, berçant le corps inerte de Mabel dans ses bras, il s’étranglait dans ses sanglots en s’excusant en boucle alors que les voix dans sa tête se délectaient. Elle l’aimait mais dans la peur et l’incompréhension, le pauvre s’était pris quelques baffes mais il ne trouvait pas ça assez pour ce qu’il avait fait. Ce n’était pas pour rien que depuis qu’il est revenu de la Louisiane, il évitait sa soeur, on le lui avait fortement conseillé.
Mabel finit par se réveiller quelques minutes plus tard, vaseuse.

***

C’était bientôt la rentrée et Riley se baladait dans la maison avec un petit sourire satisfait et heureux en recevant sa lettre de Poudlard. A lui les grandes études enfin… Sa mère lui arrachait la lettre des mains et la cachait contre sa hanche en croisant les bras, secouant la tête frénétiquement. Elle ne voulait pas qu’il retourne là-bas, c’était trop dangereux et ils perdraient du temps. Il devrait rester là auprès d’elle et l’aider à trouver une solution.

« M’man… S’te plait. J’f’rais attention. De toutes façons c’est pas en gardant ma lettre que tu m’empêcheras d’y aller. C’est juste pour confirmer que je suis bien inscrit. »
« Mais bordel Riley, c’est dangereux ! T’as pas conscience de ce que tu fais risquer aux autres et pour toi ! »
« Oh mais ça va pas d'jurer comme ça ! Mais putain ! Je t’ai dis que je ferais attention, je peux le contrôler ! »
« Aaaah vraiment !!!!? » s’emportait sa mère, prête à balancer sans regret l’exemple de l’incident avec Mabel. Il a eut une crise et a tenté de lui prendre énergie vitale. Quelques heures fugaces avant de réussir à se détacher d’elle. Certes, il y avait encore quelques failles. Elle ne le dit pas mais son regard parlait pour elle.
La dispute éclatait, le verre se brisait et …. Une accalmie, un long silence de plomb mais cet appel au fond du jeune homme, plus fort que tout et son insolence peut-être mais il insistait :

« Je t’en prie m’man… Laisse moi aller étudier. »
« Mais à quoi bon si tu vas mourir comme tu dis tout le temps ! » lui dit-elle, encore un peu en colère, les larmes aux yeux.
« Laisse moi juste profiter des derniers moment qu’il me reste… C’est pour l’ambiance que j’y vais, profiter avec mes potes… Mes anciens camarades de maison… J’ai pas envie de perdre mon temps à espérer l’inespéré en fait. C’est trop cruel… Il y a un moment où faut se faire une raison et arrêter de courir après quelque chose qu’on aura pas que de profiter de ce qui reste… J’ai besoin de vivre et profiter de ma jeunesse m’man… » et il se pinçait les lèvres, venant même la mordiller nerveusement se retenant de lui dire qu’il n’avait plus la force de la voir en souffrir comme là, à l’entendre tout les soir prier les lwas et surtout Papa Legba d’épargner l’âme de son fils.

« Et pourquoi tu restes pas avec moi hein… Moi aussi je veux profiter de tes derniers… moments… » dit-elle, sa voix se brisant dans ses larmes, la gorge nouée elle ne pouvait pas accepter cette idée. C’était tellement difficile. Le dire était une torture.

Leur mains s’étaient naturellement trouvées, par amour et soutient. Riley finit par baisser la tête pour trouver le regard de sa mère et lui faire un petit sourire.

« Parce que t’es… chiante. » lui balançait-il en tentant un peu d’humour, tant de tendresse caché derrière ce rictus narquois.
Sa mère roupétait et balançait une gifle dans le vent car son fils était un pro pour éviter ses sévices. Un petit rire timide et elle vint le serrer fort contre lui, acceptant à moitié de le laisser partir.

« Je peux revenir quand je veux, je suis bien plus libre qu’écolier. Je te promets que je t’oublierai pas. T’façon t’es ma tutrice de stage, donc tu me verras souvent. Si tu crois que tu vas te débarrasser de moi comme ça, c’est mooooort. Je vais continuer de te vampiriser ta nourriture, ton argent, ton toit… J’peux pas survivre sans tes bons petits plats et ta lessive, … Aîeuh ! »

Sa mère venait de lui tirer une oreille ce qui brisait l’étreinte mais baignait la cuisine dans quelques rires.