J'aime me dire que je suis encore capable de séduire malgré mon âge.

Je ne suis pas vieux, loin de la, mais disons plutôt que je n'ai plus la vigueur et l'assurance d'un jeune homme, mais plutôt la prudence et la sagesse de l'homme mur. Je m'estime également heureux de n'avoir que très peu de cheveux blancs. Ces derniers sont soigneusement arrachés dés qu'ils se montrent trop visible dans ma tignasse noire, semblable au plumage brillant du corbeau. Je suis encore en bonne forme également, et je suis heureux de me dire que j'ai encore de très belles années devant moi, même si le fait de voir mon fils aîné devenir un adulte et s'éloigner de moi petit à petit me fait mal. Il me rappelle le temps qui passe, inévitablement et inexorablement, et cette faucheuse qui nous attends au bout du chemin, la main tendue. Ma génération n'est plus à la page, loin de la, et je m'amuse autant que je m'effraie de ne pas comprendre ce que racontent les jeunes d'aujourd'hui.

Je parle de mon rival à la jeune femme et elle commença à s'imaginer toute une intrigue à propos de nos femmes. Je laisse échapper un rire, à la fois sincère et nerveux. Loup, qui aurait volé mon épouse, qui ne serait en vérité qu'Emily Emrys ? La bonne blague ! Jamais de la vie ! Emily est certes une femme séduisante, mais elle est comme son crétin d'époux, elle ne fait pas honneur au sang qui coule en elle, un noble sang qui plus est, quel dommage... Je la croise de temps en temps, au sein de l'école et dans la salle des professeurs. Nous nous accordons à peine un regard, encore moins un salut. C'est très bien ainsi. Je sais qu'elle doit sûrement me surveiller du coin de l'oeil et rapporter à son époux ce que je fais.

Je réponds donc à Violette : Vous n'y êtes pas du tout. Ce rival est le Comte de Brocéliande, Lord Emrys. Son épouse enseigne la botanique ici. C'est Emily Emrys, vous rappelez vous ? Ma propre épouse n'a jamais travaillé ici, et elle n'est pas partie avec mon rival. Le Comte et moi sommes ennemis simplement parce que nous sommes radicalement opposés, comme les deux faces d'une même pièce. Nous sommes faits pour nous détester. C'est ainsi. Je lui souris et pose ma main sur la sienne. Je reprends : Mais tout ceci ne doit en rien vous inquiéter. Ce ne sont que des affaires, des coups bas, des regards noirs et des poignées de main avec des sourires faux. C'est ainsi avec Emrys. Nous sommes comme chien et chat après tout

Heu...

Qu'avait elle compris dans mes propos au juste ? Voilà qu'elle me disait que j'avais bon gout au sujet d'Emily Emrys. Je fronce les sourcils un moment, cherchant un quelconque double sens à ses mots. Bon gout pour quoi ? L'amour ? La haine ? Je ne saurais le dire. Elle me dit cela en plus en hésitant, me prouvant une fois de plus qu'elle avait du mal à comprendre quelque chose dans mon histoire. Je lâche un soupir et réponds : Qu'avez vous compris, au juste, sans vouloir vous offenser, hein ? Jamais je n'irais me rapprocher d'Emily Emrys, je souhaite être clair là dessus. Son époux est mon rival, et elle ne me porte pas dans son cœur, c'est tout, et je ne la trouve pas séduisante, loin de là... Elle aurait pu l'être, en d'autres temps. J'aurais même pu l'épouser, si sa famille n'avait pas choisi cette grande perche française aux yeux gris qu'est le comte de Brocéliande. Ils ont préféré un étranger à un sorcier anglais venant d'une prestigieuse famille aussi ancienne que la leur... Allez savoir... Après tout, Emily Emrys descends de Poufsouffle, je suis un descendant de Serpentard, nos deux lignées auraient pu donner naissance à une nouvelle génération de sorciers, mais ils ont tout gâché. Je ne regrette rien, cependant. J'ai de fantastiques enfants, et pour rien au monde je ne changerais ma situation.

Elle enchaina en me disant qu'elle ne pensait pas que ma vie sentimentale était terminée. Elle me dit ensuite que la sienne n'avait pas vraiment commencé. Je me déride un peu et retrouve le sourire. Je lui dis, en hochant la tête Ne vous arrêtez pas sur vos expériences passées, Violette. Vous êtes une femme séduisante, et vous avez encore toute la vie devant vous, vous trouverez forcément chaussure à votre pied, je ne m'inquiète pas à ce sujet. Vous ne serez pas seule, soyez en certaine. Elle me demanda ensuite, de manière assez hésitante mais explicite, si elle pouvait me raconter ce qui lui était arrivé. Je comprends alors qu'elle recherche surtout une oreille attentive pour l'écouter et la soulager. Je lui réponds alors en hochant la tête : J'ai tout le temps qu'il vous faudra pour me raconter votre histoire. Si cela peut apaiser votre cœur, parlez sans fard. Léthée, mon serpent, se réveilla de sa sieste et sortit la tête de la poche de ma veste de costume, elle darda la langue, sentit l'air et me siffla : Faim. Tout en écoutant Violette d'une oreille attentive, je sors d'une petite pochette que j'avais dans une autre poche un petit morceau de souris, que mon serpent goba voracement. Elle siffla ensuite : Femelle, belle femelle. Elle parle de Violette, je gratte le menton de mon serpent, qui siffla d'aise, et écoute Violette me conter son histoire

Spoiler: