Violette se perdait quelque peu dans les articles, les activités, les coupures de presse. Pour une activité concernant le dadaïsme , elle recherchait une documentation particulière: une documentation à laquelle ou pourrait toucher, pour en faire des collages , les remanier. C'était une technique de journalisme qui avait fait pendant des années bouger les choses , jaser et surtout amuser ceux qui le pratiquaient. Elle aimerait bien pouvoir proposer cette activité à ses élèves lors d'un cours spécial et pourquoi pas le proposer en cas de petit "cours intiatique"en club pour les élèves non formés. 

Quoi de mieux que de se rendre à la bibliothèque pour cela ? Il n'y avait même rien d'autre . Ceci dit, rien ne disait que , dans la bibliothèque de Poudlard, nous pouvions trouver des revues, magazines ou autres avec quoi il serait possible de s'adonner à ce genre de pratique mais, elle avait envie d'essayer. Et le cas échéant , elle tenterait d'opérer autrement. A l'extérieur, elle avait des contacts, ou plutôt un contact dont le père rédigeait encore quelques piges à l'occasion...

Elle entra sans faire de bruit et rechercha le responsable. Le personnel s'était comme chaque année présenté à la rentrée et , vu qu'elle se trouvait à l'aile universitaire, peut-être s'étaient-ils croisés depuis, mais vraisemblablement, guère plus. Violette n'avait rien de physionomiste, cependant lorsqu'elle le vit assis sur son fauteuil, cela ne pouvait être que lui. Elle le regarda en lui souriant et se présenta à nouveau . Normal, ils n'avaient pas eu l'occasion de se revoir. Et puis elle n'était pas aise de le reconnaître, mais si il lui semblait se rappeler de son prénom, elle n'osa pas le prononcer , mais elle n'était pas certaine de se rappeler de son nom de famille alors elle rappela les siens.

Bonjour. Je suis le professeur de journalisme à l'aile universitaire. Violette Portel. Nous nous sommes déjà présentés à la rentrée mais je pense qu'une piqure de rappel n'est pas forcément une mauvaise chose. Comment allez-vous ?


Forcément, Violette n'allait pas ainsi mettre les pieds dans le plat tout de suite, oh ça non. Elle était courtoise et polie. Elle ne lui dévoilerait le motif de sa venue qu'après avoir abordé les sujets d'usage et de courtoisie. Elle n'avait peut-être pas été bien élevée par sa mère, ni par son père ( il n'avait pas eu le temps, le pauvre ) , mais elle s'était élevée toute seule.

Non effectivement, à sa déception personnelle, elle avait oublié son identité même si elle se souvenait de lui de visu. Depuis la rentrée, ils n'avaient fait que se croiser dans les couloirs. 

« Oui , c'est la première fois, aussi étrangement que cela puisse paraître avec la matière que j'enseigne et le besoin de documents dont mon cours devrait avoir plus souvent besoin.  »



Violette prônait les discussions animées la plupart du temps. Mais il en fallait pour tous les goûts et elle était consciente que le fait d'aller aussi peu longtemps à la bibliothèque alors qu'elle enseignait le journalisme ne collait pas vraiment. Pas du tout même. Il fallait aussi savoir s'inspirer. Et sur le sujet qui l'intéressait là d'évoquer, elle manquait précisément de documentation.


« Eh bien , je dirais que ça va plutôt bien. Je suis contente que vous alliez bien aussi.»

Elle s'en voulait de ne pas se rendre plus régulièrement en ces lieux. Cela n'avait pas d'incidence sur la pertinence ou encore l'intérêt de ses élèves envers son cours, mais Violette se disait sûrement avec raison que ça ne pourrait que les rendre plus attrayants. Ils l'étaient déjà bien sûr, mais encore plus. Et puis le bibliothécaire semblait très sympathique et plutôt bien accueillant. Il ne lui tenait même pas rigueur de son manque de présence dans son domaine.

« A vrai dire, je faisais plutôt avec ma propre matière grise. Composée avec celles des étudiants, nous faisons de belles choses, mais assurément, elles auraient été bien plus précises, argumentées, si j'avais pensé à passer par ici .  »



Miss Portel n'avait pourtant pas l'impression d'y avoir perdu au change. L'échange entre elle et ses élèves était déjà bien pondérant dire il prenait déjà pas mal de place. Mais , son côté Serpentard ressortait et elle appréciait bien l'idée d'en faire encore plus.

« Eh bien, cela fait quelques années; j'enseignais dans les murs alors que Poudlard n'avait pas encore l'aile à laquelle je suis désormais affectée, mais je peinais bien à motiver des élèves. Mon cours n'était alors qu'une option et mon prédécesseur parti sans laisser de nouvelles a démotivé les élèves qui en faisaient partie. »

La jeune professeure de journalisme eut fort à remarquer que le bibliothécaire avait une approche des choses et des gens plutôt intéressante . Elle trouvait déjà plus qu'agréable de pouvoir échanger avec lui. Pour sûr, elle allait se rendre à la bibliothèque plus souvent par la suite.

« Il est évident que si dans mon cours les langues peuvent se dépendre, avec de la documentation en plus il paraît fort à parier que l'envergure en serait plus encore agrandir . Et c'est une très bonne chose pour cette génération future mais aussi celle qu'elle engendrera. »


Pour Violette, un cours pour un cours, discuter, débattre, pour simplement, discuter et débattre n'avait rien d'intéressant. Ce qui comptait résidait dans ce qu'il en découlait, dans ce qu'il en resterait, dans ce que ça préparait, mettait en place. Il fallait de l'action. Des paroles et des actes.


« Je peux tout autant venir pour consulter ce qu'il y a et avoir un coup de coeur sur un sujet, m'en documenter afin de le développer dans mes cours, il n'y a pas vraiment d'ordre. J'ai de la chance, j'établis moi-même mon propre programme au feeling .»



Oui, Violette avait de la chance. Elle le savait. Bon nombre de professeurs avaient un programme à respecter, même dans un ordre précis et ce n'était pas son cas. Elle était libre d'aborder toutes sortes de sujets, avec les outils que et comme bon lui semblait. Et la liberté, bien sûr, faisait partie de ses sujets favoris. 

« En tout cas, oui , ça m'intéresse , j'apprécie votre proposition. »


L'ancienne Serpentard n'aimait pas trop repenser à son prédécesseur. Elle n'en avait pas eu de bons retours de ses anciens élèves à l'époque, elle ne l'avait jamais rencontré et fort heureusement d'ailleurs car ça se serait sans doute très mal passé entre eux . Un professeur , même d'option, ne devait pas abandonner ainsi ses élèves sans la moindre raison. 


« Plutôt ...J'ai hésité un temps avec le théâtre ou la psychologie . Mais déjà lorsque j'étais élève ici j'avais participé à la gazette de l'école et j'ai fait partie des jeunes sorcières qui donnaient des informations à l'extérieur alors que les mangemorts avaient pris le contrôle de Poudlard et que le mage noir avait mainmise sur le Ministère.»



Miss Portel avait fait partie des Serpentard résistants, à tous points de vue . Elle était contre l'idéologie des Sang-Pur , ne vouait aucune haine bien au contraire envers quelle qu'était l'autre maison et si elle avait toujours été ambitieuse, elle dépréciait bien volontiers toute forme de compétition. 

« Je ne suis pas certaine que l'on puisse dire qu'il soit vraiment mort . Plus personne ne l'a nourri depuis un moment donné mais si quelqu'un soufflait à nouveau sur les braises, peut-être qu'il pourrait redémarrer. Et vu la manière dont le monde tourne, ça pourrait être le bon moment . Ca vaudrait le coup de le tenter.. »


Peu à peu, l'idée, l'envie germait dans l'esprit de la plus féministe des professeurs de Poudlard.


« Et vous-même ? Est-ce que vous vous plaisez dans cette belle antre ? Je pense que si vous occupez ce poste, c'est que vous aimez lire, n'est-ce pas ? Quels sont vos centres d'intérêt ? »




Les questions furent posées tout à fait naturellement. Violette aimait être curieuse , apprendre à mieux connaître les autres.

« Je suis sûre que vous parviendrez très bien à m'aider quand le besoin s'en fera sentir ou quand je vous demanderais de l'aide ou des suggestions . Admettons que j'ai plusieurs idées je pense que vous serez également à même de me dire quel sujet vous intéresse ou vous paraît idéal d'aborder.»



Violette restait jeune mais cependant il ne fallait pas non plus qu'elle se focalise sur le fait que les sujets qui seraient les plus à même de toucher les jeunes gens auraient plus de chance de les intéresser. Non c'était trop simpliste il lui fallait aussi faire preuve d'innovation, d'aborder des thèmes qui était moins prompts à les toucher mais qu'il vaudrait mieux tenter d'aborder afin de mettre en place une certaine prise de conscience à l'égard de ses élèves.


« Il est en effet essentiel pour moi de communiquer, d'échanger . Et aussi que ça puisse se faire, dans la mesure du possible, avec bienveillance , dans le respect des points de vue de chacun. »



Ce qui de prime abord ne semblait avoir rien de sorcier lorsque c'était prononcé, mais qui était bien entendu tellement différent sur le terrain. Cependant miss Portel , en participant aux débats d'égale à égal avec ses étudiants, parvenait beaucoup plus souvent à ses fins. Même si elle restait leur professeur et en cela avait également un certain exercice d'autorité à exercer, cette façon de faire était plutôt à la hauteur.


« Je trouve que pratiquer le théâtre est une opportunité très intéressante dans la communication. Nous étudions les mimiques, le non-verbal, nous apprenons des techniques de diction et surtout , il nous permet de réaliser que pour un feed back optimal avec notre ou nos interlocuteurs, il est important de lui parler en le regardant dans les yeux.»



Et comment faire aussi, bien entendu. Il ne s'agissait pas de le regarder en le fixant avec une tête de psychopathe bien évidemment, l'effet serait complètement différent et plutôt inefficace . 


« J'estime avoir permis de redorer le blason de la plus hautaine des maisons. Je n'ai pas honte d'avoir fait partie des Serpentard; mais j'étais contre l'idée de beaucoup qui en faisaient partie à regarder les élèves d'autres maisons de haut avec leur air supérieur. J'avais envie d'en faire partie parce que je suis très ambitieuse , mais j'aurais certainement pu faire partie de n'importe quelle autre.
Alors qu'à l'origine, je n'étais même pas vraiment destinée à étudier à Poudlard..»



La Féministe n'oubliait pas qu'étant née à Oran à l'époque où l'Algérie était encore française, ou plus ou moins , son destin au départ la reliait plutôt à Beauxbatons. 


« Je pourrais tenter à mon échelle de le relancer avec mes élèves si je parviens à les en motiver. Et vous-même ...Est-ce que cela pourrait vous tenter d'y participer ? De faire partie de cette échelle ? »



Elle lui afficha un beau sourire. Il lui semblait que le sujet pouvait l'intéresser. Et pourquoi pas même venir participer à un des cours lorsqu'elle les mettrait en place ? 


« Je dois reconnaître que je m'y rendais également régulièrement. Plutôt. 
Eh bien, c'est plutôt particulier comme goûts musicaux. Musicalement, je dirais que je suis très variée.  Je dois reconnaître que je ne connais que peu la concertina et l'acoustique folk. Je serais heureuse d'avoir l'occasion d'en entendre davantage. Je suppose que ce n'est pas trop le lieu ici..»



Elle s'amusa elle-même de ce qu'elle venait de dire. En effet, ça ne semblait pas être le lieu opportun pour jouer ce type de musique. Si de la harpe ça pouvait encore passer, mais dans une bibliothèque, il valait mieux que règnent le calme , le silence. 

« Vous pourriez, si vous le voulez , me jouer un morceau. Je m'estime très sensible à l'art et à la nature. 
Malheureusement , je suis plutôt solitaire . Ce n'est pas par choix pourtant.. Alors je n'arrive pas à m'imprégner comme je devrais, comme j'aimerais...Je me sens seule à côté des groupes qui échangent et sont heureux..»


L'ancienne Serpentard n'était pas solitaire par choix. Mais cependant, elle n'était pas non plus du genre à s'incruster dans les groupes non plus. Donc, elle abrégeait toujours les activités abordées, même si elle les pratiquait.Elle sentait le besoin de  ne plus les pratiquer seule; de pouvoir elle aussi en profiter avec d'autres, pour se sentir en plein dedans, heureuse. Avec Maithias au moins, le premier pas venait d'être franchi. Les mots sortaient enfin.