Une fois qu’elle avait été sûre que Mikko s’était réveillé, qu’il n’y avait plus qu’à le soutenir pour lui permettre de reprendre sa vie aussi bien que possible, elle avait eu vite fait de prendre une décision. Elle ferait l’apprentissage d’animagus pour pouvoir soutenir davantage son frère. Elle avait lu des choses dessus autrefois à Beauxbâtons, y compris la procédure, complexe et potentiellement douloureuse. Et si cette capacité l’avait toujours fascinée, elle n’avait pas eu de motivation suffisante pour s’engager dans ce chemin jusque-là. Elle était cependant consciente que vu son jeune âge, de l’aide lui serait utile. C’est ainsi qu’elle s’était tournée vers son professeur d’arithmancie – qui ne serait au passage pas trop surprise si elle ne participait pas plus que cela à vive voix pendant le mois de février en cours -, pour être soutenue dans son entreprise par un adulte. Alice l’avait finalement orientée par un étudiant, lui-même animagus, nommé Galen. Maëlys avait fait sa rencontre quelques jours auparavant.

En ce jour de fin janvier, la jeune Serdaigle attendait son professeur dans le parc, comme convenu, intriguée de ce qu’il avait prévu. Elle ne pourrait pas s’atteler à la première étape – garder une feuille de mandragore dans la bouche pendant un mois – qu’à partir de la prochaine pleine lune. Elle avait eu le temps de reconsulter des livres sur le processus et de le prendre intégralement en note. Ainsi, elle ne pourrait oublier ce qu’elle devait faire, quand et comment.
La jeune fille était toujours dans sa phase de déni quant à sa réaction au décès de ses parents et très secrète aussi.

« C’est vrai qu’il fait froid, mais c’est assez habituel sous ses latitudes en cette période de l’année »

Si elle connaissait mieux le climat français que celui écossais, elle avait tout de même eu l’occasion de passer des fêtes de Noël au Royaume-Uni et d’avoir une vague idée sur la question.

« Ça va. » répondit-elle.

« Et toi, comment vas-tu ? » demanda-t-elle, autant par politesse que parce qu’elle s’intéressait sincèrement à son prochain.

« Je suis curieuse de savoir ce que tu prévois pour aujourd’hui ? »

Si Maëlys n’était pas surprise du temps qu’il faisait et si elle était vêtue comme il le fallait pour la saison, elle apprécia tout de même la chaleur du feu que Galen alluma.
Après avoir échangé quelques politesses avec l’étudiant, plus sincère dans sa question quant à la manière dont il allait qu’honnête dans la réponse qu’elle avait donné à cette question, elle l’avait interrogé sur le programme de cette première séance. Elle savait que ce n’était pas aujourd’hui qu’elle devrait commencer à garder la feuille de mandragore dans la bouche. Cette nuit, la lune serait encore croissante et non pleine.  Elle écouta attentivement sa réponse à ce sujet. Le programme lui allait parfaitement. Pour partie, ce qu’il annonçait faisait partie de son programme depuis des années. Elle n’en était sans doute pas au taux de compréhension des animaux maximal ni à faire corps avec la nature, mais elle observait la faune et la flore depuis aussi souvent qu’elle pouvait s’en souvenir et se sentait dans son élément lorsqu’elle était en contact avec la nature. Et le discours de son interlocuteur lui parut d’une logique incontestable.

« Je sais que je me suis lancée dans une entreprise difficile, mais ça ne me fait pas peur »

Ce n’était d’ailleurs pas un hasard si elle ne s’y était pas lancée plus tôt ni si elle avait demandé de l’aide d’une personne plus âgée et plus expérimentée qu’elle.

« Je comprends ce que tu as dit et cela me paraît totalement logique. » répondit-elle, après l’avoir observé prendre son envol, puis se poser en reprenant forme humaine.

« Oui, je suis prête » acquiesça-t-elle.

Elle se sentait plus que prête même. Bien que fatiguée par son manque de sommeil, elle était galvanisée par l’idée que si elle aboutissait à ses fins, elle pourrait mieux soutenir son frère dans l’épreuve qu’il traversait. Pour ses proches généralement et plus spécifiquement pour Mikko, aucun obstacle ne lui paraissait insurmontable.