Réapprendre à vivre après la nouvelle avait quelque chose d’étonnant. Et d’infiniment triste en constatant que la vie était étrangement similaire depuis qu’il avait appris la nouvelle. Gus s’était attendu bêtement que le monde s’arrêter de tourner, qu’il y ait des aurors au manoir de son paternel pour l’arrêter. Mais le silence avait toujours le même son, et l’amertume entre ses lèvres avait un goût tout aussi similaire. La vie reprenait, et la seule chose qui changeait était qu’il ne voyait plus son père, et qu’il avait passé le plus clair de son temps à dessiner sur les murs de sa nouvelle maison. Il brûlait de colère, la laissait exploser au gré des pinceaux et de ses bombes magiques à peinture. Il peignait avec ses mains, avait même ruiné des pulls qu’il n’avait réussi à laver avec le moindre sortilège. Enfin, il sortait enfin de sa vague de haine. Il osait à nouveau sortir, revoir quelques amis pour se changer les idées. Certains s’étaient même étonnés de ne plus le voir aux soirées, en tant que membre incontesté du BDE. Il les avait même rassuré avec son habituel petit sourire en coin chaleureux, miroitant ; affirmant qu’il viendrait. Parce que parmi les ronces, parmi cette pénombre amorphe qui s’était installé dans sa vie… il avait besoin d’un petit éclat. D’un sourire, de chaleur, de la tiédeur de sa peau. De l’amour d’un Andrès qui ne l’aimerait jamais, et qu’Oengus devait s’efforcer d’oublier.

Vivre sa vie était pénible. Mais Gus n’était pas un idiot, il y avait pire, bien pire. Dont un certain Galen, qu’il s'apprêtait à rejoindre pour un devoir donné par sa fabuleuse tante bien trop sévère, et qui d’ailleurs le terrifiait un peu. La sortie l’enchantait néanmoins, parce que ça finirait par l’occuper et qu’il ne tuerait pas ses ongles à force de les ronger. Arrivant en marchant, emmitouflé sous une large cape et un bonnet pour couvrir son absence de chevelure ; Galen est reconnaissable. Il faut dire que sa tenue est particulièrement tape-à-l’oeil pour quelqu’un qui souhaitait rester autant dans l’ombre. Son masque attirait les regards indésirables, curieux et haineux. Le saluant d’un léger sourire, l’éclat d’une malice prenante affichée sur son visage, il lui répond :  

« Bah ouais, grâce à toi j’aurais la meilleure note. »

Son ton est volontairement pas sérieux, laissant même un léger rire découler de ses lèvres pour s’assurer que Galen ne se méprenait pas sur ce qu’il pensait. Parce que les notes n’étaient pas vraiment une quête pour l’héritier des Crowley, ayant dernièrement pas mal de choses auquel il devait penser. Puis sincèrement, maintenant qu’il était apprécié à son lieu d’alternance, il savait pertinemment qu’il aurait un contrat si la rumeur que son putain de père était Mangemort ne s’échappait pas. M’enfin, tout ceci pour dire qu’il s’était proposé parce que pourquoi pas. Après tout, il était un petit électron libre, se faufilant de groupe en groupe en quête de sensations et de passer un peu de temps avec chacun. Ce jour-là, c’était Galen. Et là au moins, il n’aurait pas la maudite impression de le déranger. Parce que Galen était souvent accroché dans son monde, si lointain, qu’il était pénible de l’y en sortir aux yeux de Gus.

« J’ai demandé à un pote, il m’a fourni une carte magique. » Il sort un parchemin de sa besace, qu’il ouvre… mais il est vierge. « Ah merde, y a rien dessus. »

Il déclare, loin de se douter que la carte se réveillera une fois qu’ils s’amuseront à s’enfoncer dans lesdits catacombes afin d’en percer les mystères et d’en effleurer sa magie.

« Bwarf, c’est pas grave, on fera sans. »

Parce qu’il est ainsi, à se débrouiller avec tout, à ne pas en vouloir à son pote parce le type était de bonne volonté quand il le lui avait donné. Haussant alors les épaules, il laisse gentiment le lead à Galen, parce que Gus n’était pas un homme de décisions. Il galérait déjà trop à savoir ce qu'il allait manger ce soir.

La carte ne tarde pas à retrouver sa place dans l’entraille de son sac ; bien que Galen éveille l’espoir que le parchemin endormi s’éveille pour leur pourvoir quelques réponses une fois la crypte découverte. S’il n’en dit rien, Gus espère que ses longues heures de débat, et de paris un brin idiots qu’il avait dû passer avec ladite personne pour l’obtenir ne soient pas vains. C’est sans se poser de questions qu’il laisse aisément Galen prendre les devants ; son intelligence dépeinte par ses notes et son aura solitaire lui permet d’avoir cette confiance presque aveugle en ses capacités avec sa baguette. Et puis, l’idiot malmené n’est pas un fervent duelliste, ni doué pour quoique ce soit qui n’engage pas de devoir parler avec des humains. Et ce soir, ce n’était pas des vivants doués d’expression qu’ils allaient croiser sur leur chemin ; et le bruit familier d’acromentule ne tarde pas à ramener Gus à la réalité. Sa tante était définitivement folle, et manquait atrocément de lucidité, pour les jeter ainsi aux lions. Un brin d’anxiété l’avale, il a même l’impression que ses entrailles gisent sur le sol. Relevant le regard sur la main ; le signe amène l’ancien Poufsouffle à s’arrêter, et alors que Galen repose sa vie entre ses doigts… Gus n’a guère le temps de lui dire que sa baguette se montre particulièrement entêtée et belliqueuse avec lui : que parfois elle ne répond pas à ses appels, que parfois elle met un peu de temps avant de céder à former un petit jet en guise de sortilèges. Et qu’elle est parfois si puissante que la contrôler avec fiabilité n’est pas quelque chose à sa portée. Le corbeau s’est éloigné, laissant Gus seul. Rongé par son dépit, et l’inquiétude qui ne cesse de grandir pour le tourmenter.

Ses doigts serrent sa baguette avec plus de raison : le devoir qui repose sur ses épaules paraît presque étouffant. Heureusement le corbeau vole, et il lui sera plus aisé de disparaître des griffes des acromentules qui n’ont pas tardé à poursuivre la bête à plume dans l’espoir de le dévorer, ou de le mener vers l’une de ses toiles. Le sorcier s’est approché pour observer l’animagus donner des coups de bec aux araignées ; le courage dont il fait preuve est vertigineux, peut-être même suicidaire. Mais Gus n’a pas le temps de se trouver minable par rapport aux qualités innombrables qu’on pouvait citer sur Galen -si on omettait son goût douteux pour la mode-... qu’un croassement plus vif attire son attention. Le signal qui est émis réveille l’attention du Poufsouffle, insuffle un brin de courage en lui parce que les pattes poilues des créatures s’approchent parfois un peu trop du corbac. Alors, il relève sa baguette, prêt à en découdre et à mettre fin à la vie des bestioles affamées.

« Incendio ! »

Un jet de flammes manque de frapper de plein fouet le corbeau ; puis atterrit plus lointainement, manquant de peu de tuer Galen. Sans toucher une seule des deux araignées. Les acromentules ne tardent pas à remarquer la présence de Gus plus lointainement ; et le coeur de ce dernier rate un battement alors que les deux créatures se dirigent vers lui dans un cri semblable à un grognement. Figé, et peinant à savoir comment réagir : la réalité sorcière ne lui avait jamais paru aussi terrifiante qu’en cet instant.  Il était bien derrière son bureau, à faire passer des permis, à faire des stages pour récupérer des points sur les permis de transplanage. Non, vraiment, il aurait préféré être calmement en stage en cet instant.

« Confringo ! »

Il lâche dans une ultime tentative ; et cette fois-ci le sort ne tarde pas à atterrir sur l’une des araignées. Mais la deuxième est toujours présente, et s’apprête à se diriger vers lui pour l’attaquer. Oengus n’avait plus qu’à prier pour que Galen arrive à l’aider avant qu’il ne soit blessé ou mort.

Le temps semble s’arrêter lorsque l'acromentule s’approche de lui, prête à fendre son coups d’un simple claquement de mâchoire. Tac, un coup vif, net et précis d’une chasseuse expérimentée. Gus sent déjà son corps perdre en tiédeur, imaginant sans mal son futur cadavre froid reposant sur un linceul ensanglanté. Puis des images se forgent dans son esprit, des souvenirs profondément ancrés qui viennent fleurir ses dernières pensées. Une créature serpentant les couloirs de manoir ; le foulard de sa tête dont les senteurs délicates s’en échappent encore ; et puis… rien. Sa vie s’attache à des souvenirs heureux qu’il n’a pas. Son existence est baignée de neutralité, de déception, et d’un brin de satisfaction.
Cette vision s’effrite aussitôt que la créature prend feu. Sauvé par le sort du corbeau, le coeur de l’ancien poufsouffle bat férocement dans sa cage thoracique ; avec tellement de ferveur qu’il manquerait presque de s’échapper. Le regard mêlé d’une terreur implicite, prunelles écarquillés, les membres du vaurien sont tellement figés que les moindres efforts semblent résolument pénibles. Tout semblait différent lorsque les créatures étaient des simulations gouvernées par des professeurs qui les surveillaient ou intervenaient pour les protéger en cas d’écart. La mort semblait tellement proche, venant l’accueillir avec tendresse… Profondément tendu, il balbutie des excuses avant de reprendre contenance. Mais Galen revient sous sa forme humaine -bien plus terrifiante que sa forme animale- ; mais pour lui c’est comme si rien ne s’était déroulé. La vie reprenait assurément son cours. La tranquillité dont il faisait preuve dépassait allègrement le savoir-faire de Gus, pourtant connu pour son calme. Mais le jeune rouquin n’avait pas pour habitude de combattre tout et n’importe quoi, encore moins n’importe quand. Ce décalage avait quelque chose d’effrayant.

« Comment peux-tu être aussi calme ? »

Un sourire daigne se peindre à nouveau sur son museau ; Gus remet un peu de soleil et de bonne humeur dans sa vie. Un peu de clarté parmi les nuages qui ont étouffé la situation. Il grimace un peu, les muscles encore noués, lorsqu’il récupère la carte dans son sac. Et cette fois-ci, le parchemin se vêtit de lignes affinées : l’entrée n’est à quelques pas. Oengus sent un frisson dévastateur courir sur son épiderme.  Un mélange d’excitation et d’une crainte pure et dure : d’autres créatures vivantes étaient forcément les sentiers étroits du caveau, et Gus craignait qu'ils n’en ressortent pas vivants. M’enfin… s’ils en sortaient vivants, c’était au moins avec quelques bonnes blessures, des os cassés, et une belle hémorragie ou même trois.  

« Je vais finir par croire que ma tante a envie de nous tuer. »

Une femme sans coeur d’une exigeance exhubérante. Les mener à leur perte devrait être interdit… Poudlard devrait vraiment revoir la manière dont ils choisissaient leurs professeurs. M’enfin, prenant son courage qui tentait de se dérober à deux mains, il jette un coup d'oeil vers l’entrée et s’y dirige. Mais alors qu’il rentre dedans… c’est une énorme pente qui le fait chuter quelques mètres plus loin qui l’accueille. Tout poussiéreux, il se redresse avant de jeter un coup d’oeil vers Galen qui a subis le même sort. Il l’aide à le relever, avant d’étudier la carte à l’aide d’un Lumos.

« Bon hm, la carte dit qu’il y a un piège là-bas. »

Il relève le regard vers ledit endroit : de nombreuses dalles sont sur le sol. Et sur chacunes d’entre une, différentes runes.

« Tu crois que si tu voles par dessus, tu peux désactiver le piège de l’autre côté ?  »

La méditation dépassait les savoirs du jeune étudiant, qui face à cette réponse embuée, laissa un regard emprunt d’incrédulité sur l’animagus. Oengus ne connaissait pas le mystère qui se cachait derrière son costume, mais les paroles de celui-ci provoque un frisson qui vient traverser la colonne vertébral de l’ancien poufsouffle, et le laisse en haleine. Son esprit connecte bien vite les informations, ce tragique bec allongé était utilisé pour dissimuler un visage dévoré par les flammes, pour cacher des chaires molles et abimées, autrefois nécrosées… Gus n’aurait réussi à dire s’il ressentait une peine profonde ou un profond respect vers ce garçon de son âge qui pour faire face à la douleur aussi bien mentale que physique, avait préféré user de son esprit pour s’affuter une armure. Mais il était certain d’une chose, Galen avait réveillé une gêne équivoque face à la conversation devenue sinistre… Oengus ne s’était pas attendu à de tels aveux sortis sans préambule… tout avait explosé comme une bulle de savon.
Le Crowley n’est pas à l’aise face à ça. Il n’a rien connu d’infiniment triste dans sa vie. Il y avait bien quelques faits qui pouvaient soutirer quelques larmes à certains… sa mère l’avait abandonné dans son sillage. Son père était un criminel barbouillé de sang. Mais il n’avait jamais rencontré les douleurs les plus primitives. Alors les mots restent profondément ancré dans sa gorge, figés dans le temps, s’effaçant à mesure qu’il perdait le courage de dire quoique ce soit. Parce que face à ça, il n’y avait rien à dire.

Enfoncés dans la crypte, c’est un piège qui leur fait face. Oengus croit avoir un éclair de génie, Galen ne tarde pas à reprendre sa forme de volatile et dans un battements d’ailles… il s’arrête dans son élan face à l’assaut d’un éclair sorti de nul part. Dans un mouvement de recul, sa main ne tardant pas à couvrir sa bouche, Oengus retient un cri entre ses lèvres par crainte de recevoir le même stimulis. L’espoir de s’en sortir en défiant les lois imposées par la crypte s’efface sous leurs yeux impuissants. L’ancien poufsouffle sent une présence dans son dos, il pourrait même sentir l’haleine fétide de quelqu’un contre sa nuque… êtres fétides vivants dans ces lieux, prêts à se jeter sur eux. Une râle sonore s’entend dans leur dos, des grognements semblables à des inferis qui s’approchent petit à petit. Oengus aide à relever son camarade, s’assurant d’un regard égaré qu’il allait bien malgré l’enchantement qui l’avait foudroyé.

« Tu peux me faire un lumos ? »

Oengus se concentre sur les dalles : il est bien heureusement en cours de Magie Runique, et même s’il n’est pas le couteau le plus affûté du tiroir, il est capable de se débrouiller un brin pour comprendre les usages généraux des runes. Gus n'aurait jamais crû être l’esprit affuté d’un groupe : Galen était infiniment plus intellectuel que lui, aux réflexions plus épineuses. Mais face au danger qui manquait de les dévorer, il était préférable que le corbac soit celui qui les empêche de crever face à l’incompétence du poufsouffle face au danger.

« Et ralentir les Inferis au passage, si elles se rapprochent ?  »

Oengus prête enfin attention aux marques sur le sol. Il en reconnaît certaines, certaines lui échappent complètement. Mais il remarque une silhouette sur l’un des murs : féminine, un carquois coincé dans son dos, des joues rondes et la main sur des ramures entrelacées. Diane. La suite est presque intuitive : son coeur rate un battement lorsqu’il pose son pied sur l’une des dalles signifiant “croissant de lune”. Et en voyant qu’il était toujours en vie, il poursuit vers celle signifiant “quart de lune” et ainsi de suite. Il invite Galen à le suivre d’un discret mouvement de tête, mais ils sont suivis par les créatures infâmes qui se précipitent sur eux. Mais dès que le premier marche sur une mauvaise dalle, des pics s’enfoncent dans leurs chairs trop pâles. Une fine pellicule de sueur recouvre le visage de l’étudiant lorsqu’ils arrivent enfin de l’autre côté, peinant à déglutir, le goût de la mort a quelque chose de profondément amer. Et seul Merlin savait ce qui leur attendait ensuite…

Son coeur tambourine avec vigueur sur sa poitrine. Boum boum. Sa cadence est difficile, berce ses tympans, cette mélodie pérenne envahit ses pensées. Boum boum. Rythmé répétitif qui le noie, alors qu’il tente de reprendre le fil de la réalité… Oengus se concentre du mieux qu’il le peut, parce qu’il tient entre ses doigts leurs deux vies respectives. La situation en était presque exagérée… dans quoi s’était-il fouré pour que des créatures immondes et accessoirement d’anciens cadavres humains, soient à leurs trousses ? Un frisson d’angoisse parcourait sa colonne vertébrale dès qu’il mettait le pied sur une nouvelle dalle, s’attendant sans mal à se vider de son sang et que son souffle serait le dernier… Trop de pression pour un gars comme lui, peut-être qu’une fois sortis ils feraient une très très longue sieste. C’était ça, ou un malaise. Parce qu’il sentait déjà qu’il tournait de l’oeil.

« Ouais, et moi je l’emmerde ma famille. »

Il grince entre ses dents, à mi-parcours, parce que s’il était pas dans sa forme la plus totale en ce moment… c’était à cause de sa famille. Alors ouais, c’était bien le dernier endroit -aussi proche de la faucheuse- dont il avait envie d’entendre son nom de famille. Gus se doutait bien que Galen ne traînait pas avec lui pour son nom… enfin, il espérait que ça ne soit pas le cas. Mais s’il espérait le complimenter en argumentant qu’il avait les mêmes qualités que son ignoble famille… ouaiiiis, il pouvait décemment s’en passer. Ce n’est qu’une fois le parcours fini qu’il argumente de sa petite voix un peu piteuse :

« Pas besoin de caractériser quelqu’un par son nom de famille. Surtout pas toi. » parce que lui c’était un camarade, il avait pas envie de traîner avec autrui pour entendre son nom dans leurs bouches. « Y a déjà tout le Ministère qui le fait. »

C’est fou comment il n’arrivait pas à se mettre en colère, ni à témoigner d’un peu de ténacité face à la critique qu’il avançait. Nan, Oengus avait un état un peu pathétique qui invoquait naturellement à l’empathie ou pire encore, à la pitié. Son regard s’était mélangé de nuages, d’une fumée légère et piteuse. Son père lui collait à la peau, et Gus n’avait aucune envie d’avoir sa morale atroce, élitique, homophobe… sans parler de son goût douteux en terme de politique. Secouant la tête, il croise les bras pour s’éviter de trembler. Il n'avait rien de courageux, ni de brave… la situation le dépassait allègrement.

« Tu crois qu’on est vraiment dans la bonne crypte… nan parce que les inferi ça me semble un peu abusé. »

C’était comme être enfermé dans un cauchemar… Oengus craignait que toutes ses peurs deviennent réalité. Donc soit sa tante avait allègrement abusé pour tester son neveu… soit ils s’étaient trompés de chemin. ET l’idée qu’ils soient en terre inconnues et inexplorées ne l’enchantait aucunement. Un petit regard curieux néanmoins se glisse vers le masque de Galen lorsqu'il le redresse un brin… inconsciemment peut-être bien : mais la pénombre qui les enveloppe ne lui permet pas de voir ce qu’il se cache sous cet étrange costume. Le sorcier ne tarde pas à allumer un lumos pour observer les environs… mais à mesure qu’ils avancent dans les couloirs, des torches accrochées aux murs s’allument. Mais ils finissent par tomber sur un mur en face d’eux. Enfin, pas exactement un mur : un large miroir qui reflétait leurs silhouettes de manière plus floues et énigmatique. Et sur le reflet vient s'écrire en pourpre ceci : “Galen Fitzgerald, Oengus Crowley… piochez votre prochaine épreuve.” Un énorme vase sort du sol, avec dedans des papiers et bon nombre de vers et asticots…. Glamour. Gus fronce du nez, baigné d’anxiété, son angoisse augmentant au fur et à mesure. Qu’est-ce que cette connerie signifiait au juste ?

« Alors, j’avoue que t’as des gants… Si tu pouvais, genre… t’en occuper ? »

L’idée de plonger ses mains dedans lui donnait l’envie de vomir.

La curiosité fredonne dans son ventre alors que Galen tirait le papier après avoir dégusté un des vers. S’il n’avait réussi à cacher son dégoût lorsque le piaf avait avalé une énorme larve, il se racle distraitement la gorge en entendant ce que devait faire Galen. Se dévoiler… putain, il a un temps de latence, avant de comprendre bêtement où il voulait en venir par se dévoiler… La question n’était pas posée au hasard, loin de là. C’était purement dérangeant, et quoi qu’il aurait tiré… Galen serait tombé dessus, forcément. Oengus avait l’impression que tout ceci n’était qu’un piège qui les menait à leur perte. Leurs liens n’en seraient plus que noués et noueux ; il peut pas s'empêcher de porter un oeil sur sa main brûlée, inspire profondément par l’ambiance en devenait oppressante. Galen ne sortait jamais sans son armure d’apparat, le dévêtir était une forme d’humiliation navrante : alors, Gus détourne le regard comme demandé. Pourtant, il peut pas s’empêcher de porter un oeil vers l’autre étudiant, grignoté par la curiosité. Mais face à la vision qu’il perçoit, la chaire violacée et détruite par les flammes, il détourne aussitôt ses yeux pour faire mine de rien. Grinçant les dents, il attend le retour de Galen pour se retourner à nouveau. Mais l’image est figée dans sa rétine, gravée dans ses pensées jusqu’à la finalité de sa vie.

Une pellicule de sueur couvre le visage du rouquin, qui demande malgré tout à l’animagus d’éloigner les multiples vers avant de plonger sa main dedans. La présence de Galen, même s’il a une stature froide, le rassure. Il apparaît comme une issue de secours appréciable : jamais le Crowley n’aurait affronté tout ceci seul. L’affection qu’il lui porte fourmille, grimpe en flèche, trouvant des facettes plus appréciables encore chez l’animagus au costume effrayant. Et alors qu’il ouvre le papier, il ne sait pas s’il doit rire ou pleurer. Les deux sont étrangement tentants.

«Toi qui est dévoré par le mensonge, libère-toi de ton plus gros mensonge en posant ta main sur le miroir. » il lit, bien pâle.

Un long et étrange silence s’ensuit. Une intense réflexion, se demandant alors quel était son plus grand secret. Oengus était un homme simple, résolument peu secret. Il avait quelques secrets : celui d’être un artiste reconnu, mais c’était pas vraiment un secret, ceux qui le côtoyait le devinait aisément. Ses lettres avec sa mère, mais pouvait-on qualifier ça d’un secret ? Non, c’était plutôt une immense déception. Sauf que… tout ceci n’était pas son plus grand secret, loin de là. Son plus grand secret était quelque chose de terrifiant à avouer, qu'il n’avait confié à aucun de ses petits camarades. Il n’avait même pas réussi à l’avouer à Ikarus… alors Galen ? L’ancien poufsouffle inspire profondément pour se donner du courage, s’approche lentement de l’animagus pour glisser ses mains sur les épaules de celui-ci, tout en faisant face à son étrange bec.

« Galen, faut pas que tu répètes ce que je vais te dire. »

Sa voix est désormais plus vindicative, tentant de graver son regard dans les orbes du masque. Sans un réel succès, néanmoins, il veut s'assurer qu’il comprenne la gravité de ce qu’il allait dire, et d’à quel point ça lui brisait le coeur… Mais il n’avait guère le choix que d’avancer, le danger les attendait du pied ferme, alors si le miroir se jugeait offensé… Merlin seul savait ce qu’il pouvait leur faire subir pour cet affront.

« Mon père est un ancien Mangemort. »

Un léger silence plane dans la pièce, dans l’attente d’une confirmation de la part du miroir. Peut-être qu’un Oubliette serait envisageable… pas qu’il doutait de Galen qui était une tombe, mais il voulait pas qu’on le voit comme le fils d’un Mangemort. Alors, le miroir se brise avec fracas, dévoilant le passage qu’ils avaient aperçu au préalable. Les deux s’enfoncent dans le couloir qui débouche sur une large pièce avec une scène, sur laquelle ils montent dans l’espoir de trouver un indice dans le socle où gît un livre. Mais un bruit brutal de métal attire leur attention, un tuyau sort de l’un des murs, et de celui-ci s’écoule un étrange liquide opaque.

Oengus ne se froisse pas lorsque le brûlé n’est nullement surpris par le fait que son père soit Mangemort. Enfin, disons qu’il reçoit l’information sans un bruit, et l’ancien poufsouffle est incapable de voir s’il est surpris à cause de son masque. Nan, vraiment, c’était perturbant de ne pas voir ce qu’il ressentait, les rares gestes qu’il fournissait n’était jamais suffisant pour savoir ce qu’il pensait vraiment. Le corbac était impénétrable. Voilà les bases d’une relation de confiance qui commençait à se nouer entre eux. Galen ne dirait rien pour Gaïus, et Oengus en ferait de même sur sa peau dévorée par les flammes. Un nouveau palier dans leur relation venait d’être entamé, pour le meilleur ou pour le pire… allez savoir où allait les mener leurs étranges découvertes. L’adrénaline était désormais devenue quelque chose de commun, Gus regretterait presque le moment où il avait simplement dû parler à un miroir. Néanmoins, les récents évènements lui donnait une certaine assurance face au danger, comprenant qu’il était capable d’y réagir, et d’y faire face. Le liquide sortant du tuyau ne lui attire pas confiance ; il ressemble au pétrole qu’il voit dans certains films américains : il ne sait pas à quoi le pétrole peut servir, mais ça n’a rien d’attirant. Et le sorcier n’avait aucun désir à être enterré et englouti vivant sous cette masse âpre et immonde qui ne tarderait pas à envahir ses poumons. Galen lui affirme qu’il est corrosif, et l’os dévoré lui insuffle un frisson dévastateur emmêlé de crainte.

« Eh meeerde. Nan, vraiment, je comprends pourquoi si peu de gens y viennent. »

D’un mouvement de tête, il opine et scrute les éléments du socle. Ayant toujours son carnet à dessin sur lui pour griffonner afin de faire passer le temps ; il ne tarde pas à inscrire ce qu’il y avait sur le socle. Ce sont des inscriptions anciennes qu’il s’amusera à traduire plus tard, lorsqu’ils seront saufs et que son esprit ne sera plus occupé par l’urgence de la situation. Il en reconnaît un bon nombre, mais tout s‘emmêle, et en relevant la tête, il retrouve le corbeau. Cette fois-ci Gus lui a donné l'entièreté de la situation en mains. Il faut dire qu’il se sent capable de prêter entièrement sa confiance désormais, constatant que non seulement il était très doué, mais qu’en cas de mauvaise situation c’était probablement vers Galen qu’il se tournerait. Parce que l’animagus est particulièrement fiable malgré les apparences et sa froideur. Alors, il pousse le socle et une sortie apparaît… Tous les deux s’y enfoncent sans hésiter, mais le chemin se referme derrière eux dans un bruit brutal et particulièrement brusque. Les sourcils froncés, Gus plisse ses prunelles en constatant qu’il  a un léger liseré lumineux. Il ne sait pas depuis combien de temps ils sont à l’intérieur…

« Wow, je crois que c’est la sortie ! »

Ils s’y dirigent, et une fois sortis, des ronces épaisses viennent recouvrir à nouveau la sortie pour que personne ne puisse y passer. C’est une nuit profonde qui les accueille, débordantes d’étoiles, avec une lune discrète et camouflée. Face à la tranquillité des extérieurs, Gus inspire profondément, bien heureux d’en être sorti en vie.

« Tu as bien le grimoire ? Tu crois qu’on devrait y jeter un coup d’oeil avant de le donner à Mrs Crowley ? »

C’était certain que le grimoire abordait probablement l’une des magies troubles existantes, probablement sur la magie noire. Peut-être même que le bouquin était maudit, mais après tant d’épreuves, n’avaient-ils pas le droit à un peu d’informations sur l’objet qui leur avait valu tant de dangers ? Ou bien ceci n’était que le début d’une très très longue aventure ? En toute sincérité, Oengus avait bien aimé ce qu’il s’était passé, même si son coeur battait encore à tout rompre.

« Hein ? Il est quatre heures du matin ? »

Il sort ceci dans un hoquet de surprise en regardant sa montre… parce qu’il était certain qu’ils n’avaient pas passé autant de temps dans la crypte. Deux heures tout au plus.

« Putain, le réveil va être dur… Je bosse à huit heures. T'veux te poser chez moi ?»

Ouais, c'était purement contradictoire.