J’attrape mon balai et enfile ma tenue. Bon, j’aurais préféré qu’elle soit au couleur de ma maison. Je ne suis pas revenue sur le sujet depuis notre dernière discussion. Et je ne reviendrai pas dessus avant un moment. Je ne veux pas m’embrouiller avec lui. Et surtout, j’ai très bien entendu ce qu’il m’a dit. Je serai la fille digne de ma famille ou du moins, j’essaierai. Je sais que certaines choses pourraient ne pas lui plaire. Je ne sais parfaitement. Alors je lui cache. Je n’en suis pas fier. Mais je sais aussi que papa n’a pas toutes les qualités du monde et que s’il veut me protéger, il le fera.
Un voile de tristesse passe dans mon regard. Grant… Il ne va pas bien en ce moment. J’ai appris que sa goule était morte. Même si moi je ne suis pas empathe, je sais que ça lui fait mal. Et je ne peux rien faire pour lui. Il refuse dans parler, il fait son escargot et ce n’est pas la peine de lui parler du sujet. Alors je fais tout pour le distraire, pour lui changer les idées. Mais je ne suis pas bien pour lui. Ça en plus de cacher à Ikarus le fait que je fréquente son meilleur ami. Plus Lucinda qui commence légèrement à embistrouiller son monde. Plus le reste. Ça commence à faire beaucoup, à vrai dire. Alors bon, je me noie souvent dans la lecture ou dans mes devoirs. Mais j’ai parfois un peu de mal à gérer. Ça arrive.
Ce moment avec mon père va me faire vraiment du bien. J’ai hâte de monter sur mon balai et voler. Ce serai que de moi je partirai même de la tour, mais je crois que je me ferai sévèrement engueuler. Après avoir attaché mes cheveux, je pars d’un pas joyeux vers le terrain de Quidditch. Je ne montrerai rien à papa, pas cette fois, hors de question. Et puis, ce n’est pas moi qui vais mal de toute façon. Là, je veux juste profiter du moment présent, avec mon père. Ce n’est pas si rare, mais ça fait toujours du bien.
Je suis seule quand j’arrive. Il n’est pas encore arrivé, mais je suis assez en avance. Alors j’enfourche mon balai et commence quelques petites acrobaties en riant. Voler me fait tellement du bien ! Cette sensation de liberté est si grisante ! Je me sens si bien dans les airs, c’est parfait !
Cela doit faire... Quinze, non, seize ans que je n'ai pas enfourché un balai.
Mon travail, l'éducation des enfants, le Manoir, mes responsabilités m'ont tenus éloignés de ce loisir ô combien jouissif depuis bien des années. Debout devant mon armoire, j'avise ces équipements de vol que je n'ai pas enfilé depuis longtemps et je me demande même si je rentre encore dedans. Je sors les protections en cuir pour les avants bras et les mollets. Je constate avec soulagement que je peux les mettre, même si je suis obligé de forcer un peu. Je n'ai pas pris trop de poids, en quinze années, mais j'ai surtout vieilli, les muscles en ont pris un coup. Je ne suis plus le même que pendant ma trentaine, allez élever quatre enfants, vous verrez bien comment vous allez terminer.
Je m'occupe ensuite du balai. Ce dernier, un pur Comète 260, une vraie pièce de collection,, même si, pour les élèves d'aujourd'hui, il passe pour un modèle totalement obsolète. Il sera bien entendu difficile de surpasser l'Eclair de Feu et ses successeurs avec un Comète, mais disons qu'il tient encore la route, malgré son ancienneté. A sa sortie, il était considéré comme un véritable balai de compétition, utilisé par les meilleurs joueurs. Je prends le temps de le vernir, de le débarasser de la poussière, puis, balai en main, je descends vers le terrain. Je passe chercher la caisse avec les différentes balles de Quidditch et, lorsque j'arrive, je vois ma fille, déjà en l'air, en train d'exécuter des acrobaties.
Mon coeur de père est bouleversé, pour deux raisons. Tout d'abord, je suis fier d'elle, à en mourir, car elle a un grand talent et pourrait sans doute rivaliser avec les meilleurs joueurs de ce monde, ce qui me laisse penser que j'ai peut être pris la mauvaise décision en lui interdisant de jouer en équipe. L'autre raison est que j'ai peur pour elle ! Par la barbe de Merlin ! Elle va se briser le cou ! Quelle imprudence ! J'ai bien fais de lui interdire de jouer dans l"équipe de sa maison ! Je lâche un soupir et sors le Souafle de la caisse. Calé sous mon bras, j'enfourche le balai et décolle. Ma trajectoire est d'abord maladroite mais je retrouve vite mes réflexes d'autrefois et, rapidement, je rejoins ma fille et me place devant elle dans un geste élégant. Je lui souris et lui dis : Cherche tu à me faire faire un arrêt du coeur, ma fille ? Je salue ton talent, cependant. Je lui montre le souafle et demande : Par quoi veux tu commencer ? J'ai les autres balles dans la caisse, au cas où.
Liberté !!! Je vole, je m’envole, un oiseau parmi les siens, je ne fais qu’un avec le vent, je fends l’air à pleine vitesse. Je me sens si bien ! J’aime tellement voler. Ça me procure des sensations extraordinaires de bien être et de puissance. Je suis bien heureuse d’être là, en vrai. Parce qu’en ce moment, c’est pas la grande joie. Bien sûr, il va falloir que je joue la comédie quand papa sera là. Il ne sait rien des liens qui me lient à Grant, seulement que nous sommes amis. Je ne lui dirai rien de ma relation. Déjà parce qu’il dira sans doute que je suis trop petite. Et puis… Il est né-moldu. Moi, ça ne m’a jamais dérangée, au contraire. Mais je sais que papa pourrait avoir un peu de mal. Je ne saurai jamais sans lui dire, mais je ne préfère pas prendre le risque.
Je vois enfin papa arriver. Je lui fais de grands signes de la main, en lâchant le balai, parfaitement stabilisée. Je le laisse s’envoler et je m’approche de lui tranquillement. J’ai un petit rire quand il me félicite avec la petite pique en plus.
Quoi que je fasse d’un peu risqué, tu es au bord de la crise cardiaque, mon cher papa.
Je m’approche de lui et dépose un léger baiser sur sa joue. Je l’aime mon père. Il sacrifie son précieux temps pour moi et je sais à quel point il en a peu. Pour ça, je le remercie milles fois. Et jouer au Quidditch avec lui… C’est le rêve.
Il me montre le souaffle et je souris.
Qui fait quoi ? Tu essaies de marquer, je défends ? Ou l’inverse ?
Ouais, je ne sais pas où je serai le plus à l’aise, les deux postes me conviendraient, en réalité. Foncer sur le vif d’or, je garde ça pour la fin. C’est ce que je préfère. Et j’envie encore plus Ikarus depuis qu’il est devenu attrapeur de Serpentard.
Papa ? Tu penses que tu vas y arriver ?
Je lui tire la langue. De l’impertinence, oui. Mais ce n’est que de la taquinerie et je doute que papa m’en veuille de le titiller un peu. Ça se trouve, il va me rétamer et je ne vais rien comprendre à ma vie !
Je le constate, alors qu'elle effectue des figures sans aucune peur ni hésitation. Pendant ce temps, je retrouve mes vieux réflexes et parvient même à la rejoindre d'une manière tout à fait élégante, digne du sorcier de sang pur que je suis. Je lui fais remarquer que son comportement augmente mes chances d'avoir un infarctus et cela la fait rire. Elle me dit, tout en s'approchant de moi, que quoiqu'elle fasse de risqué, je serais au bord de la crise cardiaque. Elle déposa ensuite un baiser sur ma joue et je le lui rends tout en lui répondant : C'est le prix à payer quand on aime, mais je l'accepte avec grand plaisir, surtout si c'est pour te voir aussi heureuse. J'étais alors face à un cruel dilemme : la laisser jouer ou la préserver ? La voir heureuse ou la voir sauve. Je pense que je vais avoir besoin de temps pour réfléchir à la question.
En attendant, nous avons un match à jouer. Je lui montre le Souaffle et elle me proposa de défendre les cercles. Je lui réponds : Faisons cela. Montre moi comment tu t'en sors au poste de gardien. Nous inverserons dans... Cinq minutes ? Ça te va ma puce ? Je commence à redresser mon balai et elle me demanda, tout en me tirant la langue, si j'allais y arriver. Je lui souris et, tout en montrant les anneaux du doigt, je lui réponds : Méfie toi, jeune Crowley, tu vas avoir droit à ma botte secrète ! Pendant qu'elle se positionne, j'étire mes bras et mes mollets avec un grognement. Vais je y arriver ? Cela fait longtemps que je n'ai pas joué et ce n'est plus vraiment de mon âge tout ça. Mais je me dois de montrer à ma fille que je ne suis pas encore bon pour le la retraite. J'ai peut être quelques cheveux blancs, mais je me considère encore comme un homme jeune.
Ma fille est à présent prête. Le Souaffle sous le bras, je commence à attaquer les anneaux. J'envoie le Souaffle plusieurs fois et constate qu'elle le rattrape sans mal. En voyant son air satisfait et son sourire taquin, je souris. Ok. Passons aux choses sérieuses. Je prends de la hauteur, suffisamment pour pouvoir prendre de la vitesse avec un plongeon en piqué. Au moment où je me trouve à porté des anneaux, je retourne mon balai, me retrouvant la tête en bas et, d'un coup de pied, j'envoie le Souaffle voler vers les anneaux dans un coup puissant et précis. Essaie d'attraper ça ma fille !
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