Ça n'avait pas échappé à Amore, cette transformation qui était en train de s'opérer en lui depuis le rituel. Quand le sort avait dégénéré quelque chose s'était passé, il avait sentit comme ci quelque chose avait été arraché de lui et rien qu'en quittant les lieux il pouvait sentir comme une fuite dans tout son être. Quoi qu'il se soit passé, Adrian et Winston n'avait pas été les seuls à subir des conséquences et il ne fallu pas bien longtemps pour que le garçon puisse en observer les conséquences. Lentement mais sûrement il glissait vers un autre plan, celui des spectre et autre fantômes. Ça avait été discret en premier lieu, les effets se faisant à des endroits qu'il n'observait pas forcément, mais sa chair devenait de moins en moins visible et commençait à dégager une lueur surnaturelle tandis que ses entrailles étaient révélées à la vue de tous. Un phénomène inquiétant et qui, avec le temps, ne faisait que s'étendre un peu plus. Pourtant Amore, même si il aurait été logique qu'il le fasse, ne paniquait pas. Qu'on se comprenne bien, le garçon ne souhaitait pas mourir. L'idée avait beau avoir été déjà agréable à ses yeux, celle de voir tout s'arrêter, il était encore loin d'avoir dépassé le stade où cette idée dépassait le cadre du fantasme morbide qu'il ne souhaitait pas voir réalisé. Mais voilà, il ne pensait pas sa vie en danger, pas encore dans l'immédiat. C'était inquiétant oui, ça il ne mentirait pas, mais il ne pouvait s'empêcher de trouver la chose fascinante. C'était une conséquence fascinante qu'il voulait étudier et comprendre, conforté surtout par l'idée que en classe les symptômes semblaient s'amoindrir, retrouvant un peu de sa forme physique, ceci très littéralement, confirmant l'absence de danger immédiat de la chose.

Mais pourquoi son état s'améliorait-il en cours ? Parce que Erin, tout simplement. Il l'avait déjà sentit le jour du rituel, au moment où il était partit, mais d'une manière ou d'une autre lui et elle semblait avoir été lié magiquement. Amore pouvait ressentir les effets de son absence, le vide que cela provoquait, c'était... particulier et fort. Quelle que soit sa condition, c'était forcément lié à elle, ce serait avec elle qu'il arriverait à se libérer de ce qui ressemblait en tout point à une malédiction. Mais dans ce cas pourquoi ne pas déjà être allé la voir ? Oh ça... la première raison était une curiosité un peu morbide, Amore était curieux d'étudier cette malédiction et donc il voulait vivre ses effets un peu plus longtemps et dans des circonstances un peu plus virulente pour mieux la comprendre. Mais aussi car Erin et lui... c'était compliqué. La jeune femme l'esquivait comme la peste et lui ? Lui en ce moment ne se sentait pas forcément d'humeur à devoir lui courir. Il n'était pas prêt à la laisser échapper à son emprise, mais elle avait su frapper dans son ego ces derniers temps, faisant qu'il n'était pas particulièrement presser de la retrouver. Puis il voulait vérifier une chose, vérifier si elle aussi subissait les mêmes effets que lui avant d'aller la voir, avant d'entendre ses sermonts et sa morale à deux balles si jamais il était infecté mais pas elle. Puis si elle était touché il voulait la voir elle venir vers lui, la voir ravaler sa fierté pour venir travailler avec lui. Donc oui, il était resté dans son coin en attendant à mener ses recherches.

Mais ces moments d'esquive arrivaient à leur fin. Amore s'était rendu en salle d'étude pour continuer à étudier son état. Car si il préférait normalement faire ça dans son coin, loin des regards des autres, surtout au vu des ouvrages qu'il étudiait, sa condition s'était trop aggravé ses derniers jours pour rester aussi loin. En clair il savait que Erin serait présente et il avait besoin de ralentir le processus, le faire repartir en arrière et il était convaincu que quelques heures passées en sa présence aideraient grandement. Il s'était donc installé à une place, Erin a une distance raisonnable et il était prêt à se plonger dans ses livres pour tenter de trouver une solution efficace. Il ne pensait pas faire plus, mais il semblait que ce fut un levier suffisant pour pousser Erin à franchir le pas, Amore captant ses mouvements du coin de l'oeil et donc ne sursautant pas en l'entendant lâcher son grimoire sur sa table, levant les yeux lentement vers elle.

En premier lieu Amore ne répondit rien, il était resté dans le silence le temps qu'elle dise ce qu'elle avait à dire, ne souhaitant pas l'interrompre, ne souhaitant pas mettre le feu à leur collaboration avant même qu'elle ne débute. Et il était à la fois surpris et amusé de la voir entrer aussi vivement dans le sujet. L'inquiétude ? Ou le besoin d'éviter tellement fort d'avoir de réels échanges avec lui qu'elle ne prenait pas le risque de laisser la conversion digresser sur autre chose ? Un sourire se fit sur le coin des lèvres de Amore tout en la laissant finir. Une fois fait Amore jeta un rapide coup d'oeil autours d'eux, cherchant à voir si on les observait ou non, ce qui ne semblait pas être le cas sauf pour, bien entendu, Lana mais dont très franchement Amore se fichait totalement. De là il commença à desserrer sa cravate d'un geste agile, avant de défaire les premiers boutons de sa chemise. Ouvrant largement cette dernière sur sa poitrine en écartant le tissu de ses mains, Amore révélait son propre état de disparition. Sa peau, ses muscles même, n'étaient presque plus visible, laissant simplement deviner les contours de ce qui aurait dû être là sous la forme d'un mirage ectoplasmique, tandis que Erin avait une vue totalement dégagée sur sa cage thoracique et les organes qui se trouvaient à l'intérieur. Là au moins Erin avait une preuve concrète qu'il possédait bien un cœur, ce dernier battant sous ses yeux. Et cet état s'étendait loin, jusqu'à la limite du bassin. Amore avait alors refermé sa chemise, Lana n'ayant normalement rien pu voir de concret.

« J'imagine que cela répond à ta question. » avait alors dit Amore « Et j'imagine que si tu viens m'en parler c'est pas juste car on se doute très bien de la cause, mais car tu savais que toi et moi ça nous avait lié, car sinon tu serais allé voir un des autres. Sans ça tu ne te serais même pas inquiété pour ma personne, n'est-ce pas ? » est-ce que ça le touchait qu'elle ne s'intéresse vraiment plus à lui ? Il ne saurait dire quelle idée l'énervait le plus, qu'elle ne le fasse pas ou que ça puisse l'importer ? « Dans tous les cas ne va pas à l'infirmerie, pas si tu veux éviter des ennuies en tout cas. Si ils se rendent compte de ton état ils n'auront aucun mal à deviner dans quels genre de choses tu as pu tremper. Pour les cauchemars... je pourrais te concocter des potions » ce n'était pas le genre de potion les plus difficiles à réaliser « Mais si ton cauchemar est lié à ce qui nous arrive, je ne suis pas certain que ça fera effet de toute manière. Si la cause n'est pas naturelle elle sera sans doute plus puissante que l'effet d'une potion de sommeil... et qu'est-ce que tu vois dans ce cauchemar ? » plongeant à nouveau ses yeux bleu directement dans ceux de Erin, se demandant si ses cauchemars pourraient lui apporter de nouveaux éléments. Amore n'était pas du genre à beaucoup rêver ni à faire de cauchemars en temps normal, mais depuis le rituel il avait l'impression d'en avoir totalement perdu la capacité. Des symptômes opposées dans des malédictions liées, c'était quelque chose d'intéressant et pouvait apporter des pistes sur comment régler leur mal, en plus de confirmer le fait qu'ils seraient certainement obligés de collaborer pour s'en défaire.

Quand Amore écarta sa chemise pour laisser entrevoir ses organes, Erin se raidit d’horreur. Elle détourna vivement son regard dans la direction opposée et fit un geste rapide de la main à Amore pour qu’il reboutonne sa chemise. Effectivement, ça répondait à sa question. Lui également était en train de disparaître. Quoique, son état semblait bien plus avancé que le sien.

Amore n’avait pas tort. Erin était venue vers lui surtout parce qu’elle avait senti quelque chose les liant. Depuis des semaines elle l’évitait. Elle avait juré ne plus jamais lui adresser la parole et s’était fermement opposée à l’idée qu’il puisse participer au rituel. En quelque sorte, elle en voulait beaucoup à Adrian d’avoir demandé l’aide d’un détraqué pareil. Mais depuis le Rituel, la jeune sorcière ne pouvait nier l’évidence. Lorsqu’elle était proche d’Amore, les symptômes étaient moins importants. Elle se sentait mieux. Moins anxieuse à l’idée de définitivement disparaître.

Face aux propos du Serdaigle, elle le fusilla d’un regard noir.

« Bien sûr. Tu crois quoi ? » répondit-elle avec véhémence.

Erin attrapa son gros manuel qu’elle ouvrit en le parcourant des yeux, sans réellement lire ce qui y était écrit. Amore enchaina en lui recommandant de ne pas aller à l’infirmerie afin d’éviter les ennuis. Il n’avait pas tort. Si le corps professoral était amené à découvrir ce qui lui arrivait, Erin, Adrian, Amore et Winston auraient de sérieux problèmes. Il fallait que leur malédiction reste strictement secrète et qu’ils n’en parlent à personne. Sauf qu’Erin en avait parlé à Valentin … Maintenant elle regrettait et espérait qu’il la boucle. Au pire, elle tenterait de l’oublietter … Elle ne répondit pas à Amore et posa ses coudes sur les pages jaunies de son grimoire.

« Tu ferais ça pour moi ? Une potion de sommeil ? »

Elle avait du mal à y croire. Mais de ce qu’elle avait pu voir, Amore avait un cœur. Un cœur fonctionnel en tout cas. Pas dit qu’il soit rempli d’émotions ou de sentiments … Elle avait vu son sourire pendant le rituel et cet état la pétrifiait encore d’effrois. Erin ne lui faisait pas confiance. Mais curieusement, dès qu’elle était à ses côtés, tout allait mieux. Elle ressentait comme une sensation de soulagement et de légèreté. Mais Erin n’était pas idiote et savait à qui elle parlait. Finalement, elle secoua la tête, comme pour lui signifier qu’il n’était pas obligé de confectionner une potion de sommeil. Elle pouvait très bien inventer un bobard à l’infirmière de l’école pour en obtenir une sans passer par une auscultation.

Levant les yeux au ciel, Erin se mit à réfléchir au cauchemar qui la hantait depuis des nuits. Son index s’entortilla dans les mèches rebelles de son chignon négligé, puis elle se tourna vivement vers lui, plongeant ses prunelles sombres dans les siennes.

« C’est toujours la même chose. Je rêve d’une sorte de lieu sombre … un cimetière je crois. Ca à l’air d’être dans les marais. Les arbres sont morts, noirs et tortueux. Les pierres tombales sont couvertes de mousses et de lierre. Et au centre du cimetière, une grande statue s’érige, comme sortant tout droit des entrailles de la terre. C’est une grande faucheuse, sans visage, des mains osseuses qui tiennent une faux. Et dans son dos, de grandes ailes repliées sur elles mêmes. Dans mon rêve, je me sens attiré par la statue. Et mon corps souffre de douleur, dès que je m’en approche. Des racines noires jaillissent de la terre pour s’enrouler autour de mes bras, de mes jambes. Puis la statue se recouvre d’un tas d’insectes noirs et elle se réveille dévoilant son visage. Et … là je me réveille en sueur. C’est toujours la même chose. »

Elle tourna légèrement son regard vers Lana qui les observait de loin. Perdue dans ses pensées, Erin marmonna quelques propos inaudibles.

« Et il y a comme un son constant … une sorte de tic-tac d’une horloge. Une pendule dont le son devient de plus en plus assourdissant. Comme si ça indiquait le temps qui passe. Comme si c’était une sorte de compte à rebours. »

Machinalement, elle se gratta nerveusement sa main maudite. Le cœur d’Erin s’emballait malgré la quiétude qu’elle ressentait auprès d’Amore. Elle avait peur de mourir, de disparaître à tout jamais. Qui avait-il après la mort ? Deviendraient-ils des fantômes ? Auront-ils les ressources et les connaissances nécessaires pour vaincre la malédiction. Elle se retourna vers Amore, cette fois moins agressive dans le regard. Mais presque désespérée.

« Je ne veux pas mourir Amore. On est trop jeunes. Il faut qu’on trouve un moyen de guérir. Tu … tu crois que ce rêve signifie quelque chose ? Un endroit où l’on devrait aller ? Ou … c’est juste un mauvais rêve. »

L’interprétation des rêves pendant les cours de Divination était un sujet qu’Erin maitrisait que très moyennement. Elle n’avait jamais été très bonne dans cette matière, même si elle y mettait de l’investissement. Mais la Divination était une matière nébuleuse et pas toujours facile à apprivoiser. Surtout avec les professeurs loufoques qu’ils se payaient.

« Je suis nulle pour interpréter les rêves. Au dernier devoir je me suis payé un Piètre … Mais j’ai sorti ce grimoire de Divination L’Oracle des Rêves. Peut-être que ça pourra nous être utile ? »

Amore n'allait pas mentir, voir la réaction de Erin face à son état était quelque peu amusant. Petit plaisir qui lui rappelait qu'il avait encore un esprit d'adolescent parfois. Cela dit Amore savait que sa situation était critique, bien que très intéressante. Enfin... là il ne craignait pas trop pour sa vie, il se doutait qu'il avait encore du temps devant lui pour peu qu'il arrivait à calmer son état avec Erin, mais il avait conscience de cette horloge qui avançait à l'intérieur de sa tête, son terrible tic toc résonnant d'une certaine manière comme une constante dans son esprit. Il s'était alors ensuite rhabillé, n'ayant pas vraiment l'intention de se donner en spectacle plus longtemps ni que des yeux indiscret ne se rende compte de son état, avant d'exprimer ses propres pensées sur comment gérer cette situation, le tout en commençant par ne pas aller à l'infirmerie pour éviter d'autres types d'ennuis. Si vraiment elle avait besoin d'aide pour dormir, il pourrait tout à fait l'aider en lui préparant quelque chose, il avait peut être relâché ses efforts en cours, mais il était largement en avance sur leur programme, ce qui était bien la raison pour laquelle il avait commencé à décrocher d'ailleurs « Bien sûr, c'est dans mes cordes après tout et ça ne me demande pas beaucoup d'efforts. » ignorant l'évidence, à savoir le pourquoi. Et pourquoi d'ailleurs ? Car il n'avait aucune raison de lui dire non ou de la tourmenter à l'heure actuelle donc vraiment il ne voyait pas l'intérêt de le lui refuser ou de la mener en bateau.

Mais là sa curiosité avait été piqué par son histoire de cauchemars. Traumatisme ou cela pouvait-il avoir un lien avec leur situation ? Amore n'en avait pas lui. Et si c'était lié à leur malédiction, peut être était-ce pour ça que son état physique s’aggravait plus rapidement, n'ayant pas à subir ces nuits tourmentées. Amore écouta alors attentivement, sortant même un papier pour prendre quelques notes au fur et à mesure. Le garçon se tentait même à quelques croquis basés sur ses descriptions, souhaitant ainsi les aider possiblement à visualiser. Et déjà son cerveau s'attelait à analyser chaque élément, chaque objet ayant fait son apparition dans ses cauchemars pour tenter de théoriser sur le sens que ces éléments pourraient bien avoir. Pourtant plus il y pensait... plus l'endroit lui semblait familier... il n'arrivait pas encore à mettre le doigt dessus, mais il était presque persuadé d'avoir déjà vu ce lieu d'une manière ou d'une autre, ce qui répondait de cette manière à la question de si il s'agissait d'un rêve totalement métaphorique ou présentant un réel lieu. Mais où était-ce... Puis d'un coup ça le frappa, attrapant une nouvelle feuille pour faire le croquis d'un lieu bien précis, voir si elle reconnaîtrait en effet l'endroit ou pas du tout.

Et pendant tout ce temps il écoutait encore, notamment cette histoire d'horloge, de son et sa possible signification, mais aussi les craintes et les questions de Erin. Pour le moment Amore ne commentait rien, concentré sur son croquis et préférant attendre assez longtemps pour être sûr que sa camarade n'avait plus rien à ajouter, alors seulement il commença à prendre la parole, relevant son regard bleuté vers sa camarade « ça pourrait être juste un mauvais rêve, mais dans le cas des malédictions il ne faut jamais ignorer la moindre piste. Aucun détail n'est inutile ou ridicule. Et là pour le coup ce que tu viens de décrire me rappelle quelque chose... est-ce que ça ressemblait à ça ? » Amore tandis son dessin à Erin, représentant un cimetière au milieu d'un marais très proche de sa description, notamment pour ce qui était de la statue de faucheuse « C'est un cimetière à côté de Irondale dans la tourbière. C'est ici même dans la Vallée. T'y as déjà mis les pieds par le passé ou pas du tout ? Savoir si c'est ta mémoire ou autre chose. » ça permettrait de définir beaucoup plus facilement si ça avait en effet un lien avec leur malédiction, même si très franchement à ce stade il n'avait déjà plus vraiment de doutes. Surtout que les malédictions qui s'ancraient à des lieux le faisaient toujours via des lieux à proximité. Du moins pour les malédictions simples, comme là avec un rituel raté, pas les malédictions artificielles et de haut niveau.

Dans le même temps Amore avait attrapé le grimoire qu'avait sortit Erin, commençant à le feuilleté pour se le remémorer, ayant fait partit de ses biens nombreuses lectures mais ne possédant malheureusement pas de mémoire photographique malgré son haut potentiel. Il pourrait en effet leur être utile, car même si le lieu du cauchemars avait été découvert, il y avait sans doute bien d'autres indices qui se cachaient dans tous les autres éléments de ce songe. « Je vais essayer d'étudier tout ça... voir ce que ça pourrait nous apprendre de plus sur ton cauchemars... Mais je pense que là il serait vraiment bon de faire un petit tour vers Irondale. On devrait pouvoir y arriver très rapidement en balais et je pense que ça nous donnerait le plus d'informations. » même sans savoir ce qu'ils avaient à y faire encore, ça pourrait justement les aider à comprendre ce que l'on attendait d'eux. Quand au danger ? Il ne devrait pas y avoir tant de danger... enfin Amore ne croyait pas que la statue tenterait réellement de leur faire quoi que ce soit sitôt qu'ils arriveraient sur place ! « Et je l'entends d'ailleurs, tu sais... le son de l'horloge. Mais je ne pense pas qu'il se passera quoi que ce soit si on reste proche. C'est comme ci... le mécanisme s'arrêtait... se ralentissait du moins voir revenait en arrière. On ne devrait pas mourir si on ne s'éloigne pas trop et personnellement je ne suis pas trop décidé à partir si tôt. » Il était parfois très inconscient dans ses expériences, presque suicidaire, prêt à mourir pour la connaissance. Cependant il n'en était pas au point de se laisser mourir pour aucune raison quand il pouvait faire quelque chose pour l'empêcher. Et là vraiment il se sentait stimulé par cette quête, ces recherches, lui redonnant une partie de sa candeurs des années passées et cette étincelle dans son regard.

C'était tellement étrange. Erin avait presque l'impression de retrouver le Amore de ses souvenirs. Le garçon intelligent avec qui elle aimait passer du temps. Celui qui se creusait la tête sur des calculs savants et des équations magiques complexes. Celui qui voulait décortiquer les problèmes pour trouver toute une toile de solutions. Peut-être, se disait-elle, que cette malédiction aurait du bon dans leur amitié perdue. Mais Erin restait vigilante malgré le bonne volonté du Serdaigle. Elle n'avait pas oublié ce sourire étrange qui s'était figé sur ses lèvres lors du rituel. Lorsqu'il avait vu les corps d'Adrian et de Winston se tordre de douleur après l'explosion. Erin n'avait rien fait et les paroles de Winston avaient été comme des coups de poignard en plein coeur. Elle avait été cruelle, simplement pour contrer Amore. Simplement pour lui faire barrage. Mais ça n'avait pas marché.

Aujourd'hui, elle devait s'allier à lui pour lever une malédiction dont ils ne connaissaient pas vraiment les conséquences. Mais ils s'imaginaient assez bien celles-ci sur le long ou court terme. Erin n'avait pas envie de disparaitre, surtout qu'elle allait fêter ses 16 ans dans tout juste trois semaines. Plus elle se trouvait aux côtés d'Amore, mieux elle se sentait. C'était comme s'il faisait partie d'elle. Comme si il était une moitié qui lui manquait. Chose plutôt étrange, quand quelques jours plus tôt, elle ne supportait plus sa présence.

Maintenant elle le trouvait beau, intelligent, presque charmant. Il reboutonna sa chemise pour éviter d'attirer l'attention et des soupçons. Erin lui raconta son cauchemar et lui montra le manuel de Divination qu'elle avait emprunté à la bibliothèque. Amore fit rapidement travailler ses méninges et proposa l'idée d'analyser ce cauchemar. Pendant le petit monologue de la jeune sorcière, il avait griffonné sur un parchemin vierge une sorte de schéma. Erin plissa des yeux pour tenter de comprendre ce qu'il fabriquait. Il lui tendit le dessin qui représentait une sorte de cimetière au milieu d'un marais. Irondale ... ce nom lui disait vaguement quelque chose, mais elle n'y avait jamais mis les pieds. Elle secoua vivement la tête négativement.

- Non, ça ne me dit rien du tout.

Mais l'idée d'Amore n'était pas bête. Peut-être que le cauchemar était une sorte de message ? Quelque chose que le rituel essayait de faire passer. S'il revenait en boucle, chaque soir, c'était probablement lié au rituel. A cette malédiction. Amore tira le grimoire de Divination dans sa direction et commença à feuilleter les pages afin d'y découvrir quelque chose d'intéressant.

Il proposa d'aller faire un tour à Irondale pour y jeter un coup d'oeil. Erin hocha la tête, assez d'accord avec cette idée. Elle se perdit un peu dans ses songes, quand rapidement Amore lui avoua également entendre le son de l'horloge. Intriguée, elle tourna son regard vers lui. Compatissant. Elle avait presque envie de lui faire un câlin. Chose plutôt étonnante venant d'elle, mais plus elle passait de temps à ses côtés, plus elle se sentait bien. Sereine. Et le son de l'horloge n'était plus qu'un bruit sourd, presque inaudible.

- Mais tu veux aller à Irondale juste pour voir si le lieu existe vraiment ? On ne devrait pas essayer, d'abord de comprendre ce qu'est cette malédiction et tenter de la lever ? Je pensais peut-être faire un tour à la bibliothèque ... on a encore du temps avant le déjeuner.

Elle se leva et d'un coup de baguette magique referma le lourd manuel de Divination sous les yeux d'Amore.

- Je te laisse le manuel pour y faire tes recherches. On se retrouve après les cours à la bibliothèque. Je compte sur toi.

Après un bref échange de regards, Erin pivota les talons pour rejoindre Lana. Elles se plongèrent dans leurs devoirs et lorsque la cloche retenti, les deux jeunes sorcières quittèrent les lieux pour déjeuner. L'après-midi fut terriblement longue pour Erin. Elle n'écouta pas que partiellement le cours de Métamorphose, jetant furtivement des coups d'oeil par dessus son épaule pour observer Amore. En cours d'Arithmancie, elle n'écouta pas du tout les consignes des exercices et se retrouva totalement larguée. Son esprit était focalisé sur la bibliothèque.

Quand l'horloge sonna 17h, Erin grimpa les escaliers pour foncer en direction de la bibliothèque, laissant derrière elle Lana et Emile totalement abasourdi par si attitude étrange. Bien entendu, elle s'y retrouva bien avant Amore. Elle parcourut les rayons dédiées aux grandes malédictions et chargea ses bras de plusieurs volumes épais. Elle les posa sur une table d'étude éclairée par une lampe verte. Amore arriva quelques temps plus tard, mais Erin avait déjà parcourut plusieurs chapitres de différents grimoires. Lorsqu'elle leva ses yeux vers Amore, elle se sentit mieux. Comme flottant sur un petit nuage et elle lui sourit.

- J'ai peut-être trouvé quelque chose.

Elle lui fit signe de se rapprocher d'elle et pointa du doigt une illustration étrange représentant une faucheuse, un sablier géant et des âmes en perdition sortant d'une terre noire et boueuse.

- La malédiction du temps. Je crois qu'on est soumis à quelque chose de similaire. Selon les écrits, pour contrer la malédiction nous devons retrouver ses origines et la briser à l'aide d'une potion et d'une incantation. D'après Barnabet Clockwork, il est dit que la malédiction du temps survient lorsque l'on joue avec celle-ci. Lorsqu'on utilise un retourneur de temps et que l'on ne fait pas attention, ou lorsque l'on tente d'interagir avec les morts et le monde du vivant.

Elle tourna son regard, inquiet, vers Amore.

- C'est exactement ce qu'on a fait en voulant faire apparaitre l'esprit de Mark Goldwin ...

Erin reprit la lecture du paragraphe.

- La malédiction du temps apparait sous plusieurs formes plus ou moins variables en fonction de son exposition. Elle peut altérer notre perception du temps, infliger des dégâts corporels irréversibles ou même accélérer le processus de vieillissement ou de transformation à l'état de spectre ; menant l'individu vers une mort certaine et irréversible. La malédiction a pour but que l'individu atteint se perde dans des limbes abyssales et ne retrouve jamais son chemin pour atteindre soit le monde des morts, soit celui des vivants ...

Sa voix se perdit dans un silence inquiétant. Erin reprit sa lecture, déglutissant péniblement. Son coeur s'emballait par la crainte de disparaitre à tout jamais et d'être prisonnière dans quelque chose de terriblement angoissant.

- Toutefois, il existe une solution. Il faut retrouver la source de la malédiction. Pour cela, il vous faudra décortiquer les signes qui vous font face, savoir les analyser et en prendre conscience. Une fois fait, vous devrez mettre au point une potion de vie et l'associer au temps par le biais d'un artefact et d'une bougie bleue. Retournez sur le lieu, déversez la potion aux pieds de la bougie et sur la source, puis prononcez la formule suivante :

Tempus verto, spatium mutare, per manus mea potestas temporis flectatur.

Mettez en lumière la bougie bleue symbolisant le passé et imaginez avec précision votre objectif dans le temps tout en répétant silencieusement vos intentions sur l'avenir. Prenez entre vos mains un sablier antique préalablement purifié par l'encens approprié afin d'intensifier votre lien avec l'idée même du temps.

Le reste du chapitre rentrait dans des détails plus ou moins important, mais l'essentiel était là. Erin posa sa main sur la table. Elle aperçu que la peau de celle-ci devenait transparente, laissant entrevoir ses os, et ses muscles au travers. D'un regard inquiet, elle se tourna vers Amore.

- Tu as eu le temps d'analyser le rêve ? Tu penses qu'on pourrait aller à Irondale avant la fin de la semaine ? Confectionner une potion de vie ne devrait pas te poser trop de problème. Au pire, on peut la faire ensemble après les cours.

Pour Erin, plus vite ils se débarrassaient de problème, mieux elle se sentirait. Du moins, elle aurait l'impression d'être en sécurité. Pour l'instant, elle avait l'impression de vivre avec une épée Damoclès au dessus de la tête.

Que Erin ne connaisse pas n'était pas vraiment surprenant. Irondale n'était pas forcément la zone la plus touristique de la Vallée de Poudlard pour les élèves, même si certains aimaient justement aller se faire peur dans le marais qui s'y trouvait. Mais au delà de ça il n'y avait vraiment pas plus d'intérêt pour l'élève lambda. Au moins Amore apportait ce savoir, tandis que Erin, elle, servirait de guide via ses rêves car oui, Amore était persuadé qu'ils n'étaient pas anodins, surtout étant donné leur condition. « L'un peut aider à l'autre. Dans un sens ça ne sert à rien d'essayer de se libérer en allant directement là bas vu qu'on ne saura pas comment faire. De l'autre y aller permettra de confirmer certaines théories, notamment la réalité de tes rêves, mais aussi peut être de trouver des informations sur comment faire pour se libérer ou le lien avec ce qui nous arrive. » les mots de Amore n'étaient pas dit avec dédain, comme se moquant de son ignorance, au contraire il y avait comme un certain entrain dans ses mots, à la fois passionné et ravi de pouvoir partager ce genre de chose, comme à l'époque quand il adorait partager ses pensées et ses connaissances. Mais qu'elle ne veuille pas y aller maintenant ne le dérangeait pas, il avait en effet beaucoup à faire encore dans ses recherches sur leur malédiction et comptait bien décortiquer chaque détail de son rêve. Il avait donc simplement hoché de la tête, déjà plongé dans le livre que Erin venait de lui laisser, commençant déjà à gribouiller plusieurs notes sur une feuille à côté. Il avait enfin un défi à sa hauteur qui le stimulait, prenant même le pas sur les cours qui suivirent où clairement il n'écoutait pas mais pourquoi faire après tout ? Ce programme était de toute manière déjà connu par cœur du garçon.

Ce n'est qu'en fin de journée que Amore retrouva Erin de nouveau dans la bibliothèque. Il aurait presque pu rire du fait qu'elle y soit avant lui, ce qui était une chose rare en temps normal mais ses recherches l'avaient quelque peu ralentit, trop occupé à coucher certaines pensée et théories sur le papier. D'ailleurs il se trimballait à présent avec un cahier dont de nombreuses feuilles volantes en faisait salement gonfler le volume, rejoignant sa camarade à sa table. « Mmh ? » avait-elle vraiment trouvé quelque chose ? C'était sans doute méchant, mais Amore se méfait des découverte des autres, en tout cas de ceux de son âge. Souvent ils s'attardaient sur des détails... pas franchement utile... mais bon il l'avait dit lui même, il fallait ratisser large étant donné leur condition ! Il avait donc écouté avec attention ses paroles, observant par la même occasion l'illustration qu'elle lui montrait et les écrits à côté. « Une malédiction temporelle... » ce ne serait clairement pas là dessus qu'il aurait misé, leur condition différent sur beaucoup de points. Mais... cela n'empêchait en effet pas que ça en soit la base, affecté avec leur tentative d'accès à l'au delà. « Je vois... au moins ça nous donne une marche à suivre. » il n'avait pas grand chose à redire sur ce qui avait été écrit, si ce n'est que ça lui paraissait trop simple. S'attendait-il a une autre catastrophe ou était-il surtout déçu que la solution ait finalement été aussi simple à trouver ?

Dans tous les cas Amore tira une légère moue, avant de tourner son regard vers Erin « J'ai pu émettre quelques théories. Notamment les racines, je pense qu'il ne faut pas le voir comme un danger mais une indication. Je pense qu'il va falloir créer un lien entre nous et avec le monde par le biais d'une plante, comme pour se rattacher à la réalité. Et j'ai quelques théories sur les plantes dont on va avoir besoin pour ce lien, notamment des fleurs de la mort. » une espèce atypique, propre au monde sorcier et parente du filet du diable, mais pas si impossible à trouver. Cela restait une fleur commune autant pour les potions que pour la décoration avec son aspect lugubre mais élégant et que donc ils pourraient se procurer assez aisément « Et je pense aussi que la douleur et la faucheuse qui se réveille et dévoile son visage veut dire une chose... il va falloir que l'on soit dans un état critique. On ne va pas pouvoir juste se rendre là bas et accomplir le rituel, il faudra qu'on se trouve à la limite entre les deux mondes et donc qu'on aggrave volontairement notre condition. Sans ça pas sûr que l'on pourra couper notre lien avec l'outre monde. » il était persuadé que Erin n'allait pas apprécier cette idée, mais ça lui semblait plus que nécessaire si ils désiraient obtenir un résultat. Les malédictions étaient rarement simple à arrêter. « Mais ça ne devrait pas être trop un soucis vu que notre condition s'aggrave plus vite qu'elle ne se restaure quand on est ensembles. Pour la potion ça ne devrait pas poser de soucis en effet, j'ai déjà lu à propos de la potion de vie dans un livre de potions donc la recette sera pas compliquer à retrouver. Et de souvenir elle ne devrait pas prendre cent ans à se faire, ce n'est pas du polynectar. J'aurais de toute manière besoin de ton aide ne serait-ce que pour rassembler tous les ingrédients. » ça risquait d'être chronophage et il avait d'autres recherches à faire, notamment étudier le rituel, être sûr de pouvoir bien le réaliser mais aussi ce qu'il y aurait à modifier pour l'adapter à leur situation. Il pourrait peut être en profiter pour aller lui faire du repérage à Irondale en avance « Par contre je te préviens, il vaut mieux trouver une excuse pour se porter malade. Car si on doit aggraver notre état... disons qu'on ne pourra décemment pas se balader avec une cagoule sur la tête. » puis ça leur donnerait une bien plus grande marge de travail. Il leur suffirait de quelques produit Weasley pour y parvenir.

Et comme prévu ils avaient bossé ensembles sur les préparatifs. Il avait laissé Erin s'occuper de la majorité des ingrédients après lui avoir fournit la liste, ils avaient préparé la potion ensembles, tandis que de son côté il avait aussi travaillé à rassembler les divers objets pour le rituel, à commencer par la bougie bleue mais aussi, plutôt qu'un sablier, une montre à gousset ancienne et gravé de rune. Un changement qui l'avait frappé en allant chercher le sablier avant que le tic tac de la montre ne résonne dans son esprit au même rythme que celui de leur malédiction, l'attirant inévitablement. Bon dans le doute il avait quand même prit un petit sablier, mais il sentait que cet objet aurait une bien plus grande importance dans leur sortilège. Aussi bien entendu il avait tisser un lien avec des fleurs de la mort pour s'attacher l'un à l'autre. Après quoi, le week end arrivé, ils avaient préparé leurs affaires au crépuscule et étaient prêt à partir sur leurs balais. Car oui, ce sortilège devrait être fait de nuit ! Il ne leur fallu qu'une quinzaine de minute en balais pour atteindre Irondale, survolant la ville et faisant signe à Erin d'atterrir sur le pont qui séparait cette dernière de la tourbière. Le cimetière lui se trouvait du côté de la tourbière et autant ne pas atterrir côté habitant car la condition de Amore s'était tellement aggravé... il portait son écharpe par dessus le nez car à partir de ce dernier tout le bas de son visage laissait apparaître sa mâchoire, le tout dans une lueur surnaturelle. Il en allait de même pour toute la partie supérieur de son corps, avec seulement certaines zones ici et là où la peau avait encore son apparence normal, mais au final même ses organes internes avaient disparus. Erin devrait être dans un meilleur état, elle avait les cauchemar mais du coup une progression moins rapide que la sienne, du moins en théorie. « Le cimetières est par là, suit moi. »

Il était curieux de voir Amore dans un tel état ... d'excitation. Erin avait l'impression de retrouver son ami à travers ces recherches. Peut-être que cette malédiction avait du bon, finalement. Hormis le fait qu'ils allaient disparaitre sous peu. Elle était contente de retrouver l'ami qu'elle avait perdu et se sentait bête de lui avoir dit toutes ces choses horribles. Finalement, on pouvait changer. Mais s'ils parvenaient à lever la malédiction, est-ce qu'Amore retournerait dans ses travers ? Et si c'était le cas, est-ce qu'elle arriverait à l'apprécier comme aujourd'hui ? Erin n'en savait rien, mais elle aimait croire qu'il avait changé. Elle n'oubliait pourtant pas le regard qu'il avait eu pendant le rituel. Un regard qui lui avait glacé le sang.

Les deux étudiants avaient surtout hâte de boucler cette histoire. Le temps pressait et il était primordial pour eux de mettre un terme à cette malédiction. Il était vrai qu'ils auraient pu demander de l'aide à des adultes compétents. Mais souvent, les adultes ne comprenaient pas l'urgence de la situation. Ils auraient questionné, mené une enquête, tenté de comprendre, compris de travers, accusé et sermonné. Et pendant tout ce temps, ils auraient peut-être disparus. Alors il était urgent d'agir seuls. C'était peut-être bête. Sûrement précipité. Fou, même. Mais Erin ne faisait pas vraiment confiance au monde des adultes. Car elle n'avait pas l'impression que les choses bougeaient lorsqu'elle avait demandé de l'aide.

Et après ses découvertes à la bibliothèque, elle était persuadée de tenir le bon remède. Ca semblait un peu facile, mais elle avait passé plusieurs heures à fouiller. Et c'était une bonne lectrice, il ne fallait pas l'oublier. Amore aussi, avait travaillé toute la journée sur les rêves d'Erin. Au lieu d'écouter en classe, il s'était penché sur le manuel de Divination et l'interprétation des rêves. Ce n'était pas un domaine facile, mais Amore était un élève brillant, doué et terriblement pragmatique. Il savait décortiquer et analyser mieux que n'importe quel élève de sa promotion. Et ça, Erin ne pouvait pas le lui enlever. Elle l'écouta donc attentivement, se penchant un peu plus vers lui. Elle hocha de la tête en écoutant sa théorie sur les racines, mais fit une moue dubitative lorsqu'il évoqua le fait de se positionner dans un état entre vie et mort, lors du rituel.

- Ne t'inquiètes pas pour les excuses, j'ai tout prévu. Fais moi confiance.

La semaine passa doucement. Les effets de la malédiction s'aggravèrent et Erin était de plus en plus fatiguée et affaiblie. Elle refusa que @Javier Stein l'approche pendant la semaine entière, ce qui irrita particulièrement le Serpentard. Elle s'évertuait à trouver des excuses bidons et à s'enfuir dès qu'il avait les mains trop baladeuses. Chose qui n'arrangeait clairement pas leur relation déjà bancale depuis leur dispute. Erin s'en voulait de mentir à Javier et de lui cacher sa malédiction. Mais elle ne voulait pas l'inquiéter. Elle s'évertua à trouver tous les ingrédients de la potion de vie pour Amore. Ils passèrent beaucoup trop de temps ensemble, ce qui éveilla des soupçons chez Lana, @Émile McRaven et @Perry Walker. Que fabriquait Erin Gibson avec Amore Marcovaldo ? Tout le monde savait qu'ils se détestaient depuis l'incident des baveboules au mois de Janvier.

A l'approche du week-end, Erin s'enferma dans les toilettes des filles et observa son corps. Son ventre était totalement transparent. Sous sa poitrine elle pouvait voir son coeur battre et tout son bras gauche avait disparut. Elle pouvait néanmoins camoufler le tout avec des vêtements. Devenait-elle simplement transparente ? Non. Elle sentait bien que son élan vital s'égrainait au fur et à mesure que son corps disparaissait dans le décor. Des larmes coulèrent le long de ses joues. La veille du départ, elle écrivit une lettre d'adieu à sa mère, à Javier, à Emile et Lana. Elle pensait également à Joren et son père.

Le Samedi, elle fit mine de bouquiner toute la journée et de passer du temps avec Perry et Lana. Elle voulait vivre une dernière fois une vie simple, faite de rire et de bonnes blagues. A la tombée de la nuit, elle rejoint Amore dans le parc. Il tenait deux balais et un gros sac sur le dos. Ils étaient prêts à s'envoler.

Irondale n'était pas situé bien loin de Poudlard. Ils survolèrent d'abord une épaisse forêt noire, puis au bout d'une dizaine de minutes, Erin pouvait déjà apercevoir les lumières de la petite ville. Son coeur battait la chamade. De peur. Elle avait la trouille que ce nouveau rituel ne fonctionne pas. Les bourrasques de vent lui foutaient le visage. Elle n'aimait pas spécialement voler de nuit, car elle n'y voyait pas grand-chose.

Lorsqu'ils atterrirent non loin du cimetière, Erin déglutit péniblement. Elle s'approcha d'Amore. Ses mains étaient moites, sa bouche sèche et ses yeux humides. Elle sécha une larme de son doigt gelé.

- C'est à cause du vent ... Dit-elle dans un semi mensonge. Bien ... allons-y alors.

Elle suivit Amore, une peur tentaculaire au ventre. Il passa le petit portail en fer forgé qui grinça d'un air sinistre. Elle lui emboita le pas. Une légère brume enveloppait tout le cimetière tel un voile opaque et fantomatique. La nuit était noire et on y voyait pas grand-chose. Seul un lampadaire éclairait une allée mal entretenue. Les pierres tombales étaient recouvertes de mousse, de lierre ou de racines mortes. Elles étaient toutes de travers, comme si les morts avaient labouré la terre à force de se retourner dans leurs tombes. Quelques mausolée abandonnés se dressaient de part et d'autre de leur avancée.

Erin attrapa le bras d'Amore et se colla à lui. Elle n'était clairement pas rassurée et le contact avec le Serdaigle lui permettait de ne pas faire marche arrière.

- Je n'aime pas cet endroit Amore ...

Soudain, le sol fut beaucoup plus meuble. Le chemin s'enfonça dans une sorte de marécage. Les deux sorciers s'arrêtèrent et regardèrent droit devant eux. La statue de la faucheuse aux ailes d'ange existait bien vraiment. Elle se tenait sur un petit ilot au centre du marécage. A ses pieds, une tombe. Erin pointa un doigt tremblant droit vers la statue.

- Là ! La faucheuse ... elle existe ... donc mon rêve était une sorte de vision. Mais ... il faut traverser ce machin ... heu ... je te laisse passer en premier.

Amore était bien plus téméraire. Ou était-il poussé par une sorte de fascination pour toute cette histoire. Il plongea les pieds dans l'eau vaseuse et rapidement il fut immergé jusqu'à la taille. Il avançait péniblement dans cette eau noire et trouble, dont de nombreuses herbes grasses émergeait et abritaient tout un tas de crapauds et autres bestioles habitants les marécages. Dégoûtée, Erin suivit le mouvement.

Péniblement, ils escaladèrent la berge boueuse de l'ilot, qui de loin ne paraissait pas si haute que ça. Ils s'aidèrent de grosses racines noueuses pour escalader et se hissèrent sur une roche humide. La statue et la tombe prenaient presque toute la place de l'ilot. Amore posa lourdement le sac au sol et le sécha d'un coup de baguette magique. Erin s'approcha de la tombe.

- Lumos !

Elle plissa des yeux pour tenter de remarquer un indice quelconque. Elle dégagea la mousse qui avait élue domicile depuis de nombreuses années sur les gravures de la tombe. Mais Erin ne parvint pas à lire les inscriptions.

- Cette tombe doit être vraiment très ancienne. Les inscriptions sont illisibles. On commence le rituel ? Je ne veux pas trainer trop longtemps ici.

Elle présentait quelque chose de mauvais dans cet endroit. Et plus vite ils se débarrassaient du rituel, mieux elle se porterait. Elle aida Amore à sortir tout le matériel et commença le rituel. Ils allumèrent la bougie bleue qu'ils posèrent au pied de la tombe, puis la montre à gousset.

- Une montre à gousset ? Mais le rituel disait spécifiquement un sablier. Pourquoi tu ne suis jamais à la lettre ce qu'on demande de faire ?

Stressée, Erin n'aimait pas les initiatives d'Amore qui se pensait plus intelligent que les écrits. Mais il la calma aussitôt en sortant du sac un sablier. Elle secoua la tête d'un air agacé, puis ils se mirent en position, se serrant les mains et fermant les yeux. Et d'une même voix ils prononcèrent :

- Tempus verto, spatium mutare, per manus mea potestas temporis flectatur.

Un souffle glacial s'éleva dans les airs et souffla la flamme de la bougie bleue. Le tic tac qui résonnait en eux ralenti, pour ne devenir qu'un bruit sourd et angoissant, puis s'arrêta net. Erin rouvrit les yeux et desserra ses doigts de ceux d'Amore.

- C'est tout ? On est ... guérit ?

Elle considéra Amore incrédule, puis sourit doucement. Comme apaisée que tout soit enfin terminé. Elle baissa doucement son écharpe, mais remarqua avec effrois que l'intérieur de sa mâchoire était toujours visible. Ses yeux s'écarquillèrent d'horreur et le sol trembla sous ses pieds. Erin tomba en arrière et quelque chose lui agrippa la cheville pour l'entrainer dans les eaux noires du marais.

- Am ... Amore !! Au secours ! Au ... au ... sec ... our !

Elle était littéralement en train de se noyer. Erin avait beau se débattre, la chose l'entrainait en fond du marais, dans la vase. Quant à Amore, il pouvait voir des silhouettes osseuses sortir des eaux, telle une armée de zombies. Des inféris les encerclaient tout autour. Affaiblis, ils allaient devoir user de stratégies pour se sortir de là.

A bout de force, Erin jeta un dernier sortilège vers une racine de l'ilot, qu'elle grossit pour s'y agripper. Mais elle glissa et s'enfonça dans l'eau.

Le vent, bien entendu. Elle s'était surtout imaginé vivre ses derniers instants et avaient dû faire de larmoyants adieux sans vraiment le dire à ses proches comme ci elle n'allait jamais revenir. Amore trouvait ça ridicule, mais surtout car il s'était coupé depuis longtemps de ce genre d'attachement. Car certes peut être qu'elle ne reviendrait pas, mais ensuite ? Si elle revenait ? Mais Amore n'ajouta rien, se contentant de rouler des yeux mais sans commenter, ce qui était un fait assez exceptionnel. Ça aurait été n'importe qui d'autre, n'importe quelle autre situation, il se serait donné un malin plaisir à encore plus pousser la personne vers le désespoir juste car c'était marrant. Mais pour une fois il ne sentait pas du tout le besoin de se divertir de cette manière ni de faire ça à Erin particulièrement. A la place il ouvrit simplement la marche, s'éloignant de la ville pour approcher le cimetière qui avait été installé directement dans le marais. Un... choix discutable pour le dernier repos des morts trouvait le garçon, mais au moins ça collait à l'atmosphère, ça c'était certain.

Puis il sentit Erin s'accrocher à lui, observant sa camarade avec une certaine surprise, plus vraiment habitué à ce genre de contact. Il laissa cependant faire « En même temps je ne crois pas que ce soit fait pour donner envie aux vivants. Même si très franchement... je trouve le choix très douteux pour un cimetière... » il aurait cru que les gens auraient voulu quelque chose de plus proches pour leurs défunts... enfin dans un sens ils n'avaient pas tort, un mort était mort ! Alors à quoi bon ? Même si il était vrai que dans leur monde, celui de la magie, la mort n'était pas forcément une fin définitive, pas plus qu'il ne pouvaient pas en être affecté autrement, ils en étaient après tout la preuve vivante à l'heure actuelle. Rien que là Amore tenait plus du spectre ou du squelette que du vivant.

Il ne leur fallut pas bien longtemps pour trouver la fameuse statue des visions de Erin. Mais, bien entendu, elle était posée au beau milieu d'une zone bien difficile d'accès, sinon ce n'était pas drôle. Et face à la non envie de Erin de se mouiller, Amore avait de nouveau roulé des yeux « Tu sais que de toute manière tu devras y passer, hein ? » mais soit, ça ne le dérangeait pas, il avait connu bien pire parfois juste pour la recherche du savoir. Quand il s'était mit à étudier les plantes de la régions notamment il avait fini dans des coins moins alléchants encore. Il avait alors retiré sa robe de sorcier, la balançant par dessus une pierre tombale, avant d'avancer dans cette eau vaseuse, attrapant son sac et le soulevant au dessus de sa tête alors qu'il commençait à être enfoncé jusqu'à la taille. C'était difficile d'avancer, bien désagréable aussi, mais au moins le chemin n'était pas non plus très long. Il se demandait qui donc pouvait trouver le courage d'aller déposer des fleurs sur cette tombe... Et si ils auraient pu espérer que le relief remonte lentement pour sortir de l'eau tranquillement, il ne fallait pas y compter. Amore lança son sac sur la berge avant de grimper avec les moyens du bord, s'aidant de racines pour se hisser au sec... ou hors de l'eau en tout cas, ses vêtements dans un état déplorable. Il sortit alors sa baguette, faisant de son mieux pour sécher et nettoyer tout ça mais sans obtenir un résultat exceptionnel.

De là leur enquête continuait, inspectant la tombe, les inscriptions qui étaient gravés dessus. Mais en effet la tombe avait connu de meilleurs jours, tout étant presque totalement illisible. « Il ne faut pas se précipiter, c'est déjà ce qui nous a fait défaut la dernière fois. » il n'en démordrait pas, si ils avaient prit ne serait-ce que dix minutes à discuter un peu des détails, peut être que leur rituel n'aurait pas autant capoté. « Oui une montre à gousset. Chaque rituel est unique et doit être adapté à chaque situation. On ne peut pas espérer copier coller ce qui a été déjà fait en espérant que ça marche. La magie et surtout les malédictions sont très vivantes. » ce n'était pas pour se la péter ou par esprit de contradiction qu'il faisait ça, mais ça Erin semblait avoir beaucoup de mal à l'accepter « Et cette montre... elle s'est mise à résonner avec ce bruit qui est dans nos tête. » posant son index sur sa tempe « Mais t'en fais pas, j'ai aussi prit un sablier au cas où... » avait-il ensuite quand même ajouté, un air blasé sur le visage car il savait très bien que ça allait se passer ainsi. Il n'était pas certain que même à l'époque, avant qu'il ne change, elle ait réellement donné du crédit à ses décisions.

Amore avait alors placé les divers objets comme demandé dans le rituel, usant de l'objet que Erin voudrait car il n'avait clairement pas envie de se battre dans l'immédiat, cette malédiction l'usait bien trop pour ça. Ils avaient alors récité l'incantation et il sembla y avoir eut un effet mais... si Erin semblait se laisser aller au soulagement, Amore lui était sceptique d'office, il ne se sentait pas mieux... certes le tic tac dans son esprit s'était arrêté, mais il sentait que c'était seulement un sursit avant que quelque chose ne leur tombe sur la figure. Cela se confirma d'abord par la réaction de Erin, prouvant que Amore était encore avec sa mâchoire apparente, avant que le sol autours d'eux ne se mette à trembler et que des mains commencent à sortir des eaux noirs qui les entouraient. Et merde ! Était-ce en effet car ils avaient utilisé le mauvais objet ? Avaient-il raté une étape du rituel ? Ou était-ce juste une étape supplémentaire à la réalisation de ce dernier ?

Dans tous les cas Amore fit passer ses réflexion après ses réflexes, tentant d'attraper Erin mais ne parvenant pas à avoir une réelle prise sur elle, cette dernière se faisant entraîner dans l'eau. Dans le même temps de plus en plus de silhouette se soulevait, une multitude d'inferis les entourant. Amore serra des dents, sortant sa baguette et lançant immédiatement un incendio vers ceux derrière lui. Cependant le sort n'était pas aussi puissant qu'il aurait dû être, tout comme il n'incendia pas les plantes sur le bord de l'îlot, trop humide et son sort trop faible... Mais ça fit reculer juste assez les autres pour que le garçon puisse se concentrer sur Erin. N'hésita pas il se jeta à plat ventre sur le sol pour gagner en appuie sur le sol mais aussi en distance, avant de plonger son bras dans l'eau, cherchant à attraper celui de Erin. Une fois fait il tira de toute ses forces, parvenant au moins à lui faire sortir la tête de l'eau. Mais l'inferi qui se trouvait derrière elle la tenait fermement. « Aaaaaaah accroche toi ! » Tirant de toute ses forces tandis que de son autre mains il pointait sa baguette sur lui, prononçant un « Incendio ! » mais libérant une flamme encore plus faible que la précédente. Ce fut assez pour faire lâcher l'inferi, juste de quoi tirer Erin vers les racines pour qu'elle puisse remonter, mais pas assez pour le repousser. Alors voyant que sa magie ne voulait plus, il lâcha sa baguette vers les objets de leur rituel avant d'attraper une roche qu'il dégagea de la terre meuble de l'îlot et lui lança directement à la figure, le déséquilibrant. Mais derrière un autre des inferis avait fini par grimper sur l'île, attrapant Amore et le frappant violemment contre la statue. Sonné il eut juste le réflexe de mettre son bras pour se protéger du mort vivant dont les dents se plantèrent dans sa chair, lui arrachant un cri de douleur. Mais à défaut d'avoir pu le mordre à un endroit vital, l'inferi le maintenait contre la statue et ses longs doigt cadavérique entouraient son cou, tentant de l'étrangler.

Erin ne pensait pas qu’un jour elle ferait face à un tel danger. Quoique … elle avait déjà affronté des Fongieux avec Javier sur un chemin entre Pré-Au-Lard et un petit hameau habités par des sorciers dont elle ne se rappelait plus le nom. Mais cela remonté à plusieurs mois maintenant et elle n’était pas aussi fatigué qu’aujourd’hui. Des inféris. Etaient-ils aptes à s’en débarrasser ? Erin en doutait. Mais de toute manière, elle n’avait pas le temps d’y penser. Une peur tentaculaire s’emparait de tout son être. Elle sentait une main osseuse lui tenir la cheville et l’enfoncer dans les profondeurs du marécage. Elle dégaina sa baguette magique et la secoua dans tous les sens, sans parvenir à quoique ce soit. Des dernières forces qui lui restaient, elle parvint à sortir la tête de l’eau pour prendre une grande bouffée d’air. Elle cria vers Amore, sans remarquer les nombreux corps cadavériques qui émergeaient de l’eau.

Elle fut tirée une seconde fois vers le fond, encore plus fort. Mais au même moment, Amore plongea son bras pour attraper celui d’Erin. D’instinct, elle l’agrippa et s’y cramponna pour regagner la surface. Elle émit un cri étouffé, la panique se lisant dans ses yeux. Il tira fort, parvenant à hisser la jeune Ecossaise. Elle sentait les griffes de l’immonde créature se planter dans sa chair et lui arracha un cri de douleur effroyable.

De sa main valide, Amore tenta de bruler les autres Inféris présents, mais son sortilège parut bien faible. La tête de l’Inférus sortit de l’eau, juste derrière Erin. C’était la première fois qu’elle en voyait un de si près. Il ressemblait à un humain en pleine décomposition, le visage osseux, les yeux blancs, la gueule grande ouverte laissait entrevoir des dents pointues et une mâchoire à moitié pourrie. Il poussa un long râle pénible et lâcha sa prise dès que le jet de flammes vint lécher le sommet de son crâne. Erin remonta sur la berge en s’accrochant à tout ce qu’elle pouvait. Son cœur battait à tout rompre. Sous la panique, elle ne remarqua pas l’état de sa jambe.

Amore attrapa une pierre qu’il balança sur la tête de l’inférus. Il perdit l’équilibre et tomba en arrière. Erin se releva péniblement en s’appuyant contre la statue de l’ange déchu. Elle releva son regard vers Amore, l’air effrayée. Elle était trempée de la tête aux pieds, couverte de boue et son collant était tout déchiré. Sa jambe droite saignait par endroits et l’on pouvait voir de belles entailles laissées par l’inférus du fond des eaux. Mais Erin n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche, qu’un deuxième inférus monta sur l’île et plaqua Amore contre la structure de la tombe, l’agrippant par le cou. Il ouvrit grand la mâchoire, comme s’il s’apprêtait à lui dévorer le visage. Prise de panique et ne voulant pas assister à une scène aussi horrible, Erin imita Amore en attrapa une pierre anguleuse et l’envoya droit sur la tête du mort vivant. Il perdit l’équilibre et lâcha Amore qui put reprendre son souffle. Mais l’Inférus se retourna prestement vers Erin et poussa un cri de rage avant de foncer droit sur elle.

Par réflexe, Erin pointa sa baguette vers le monstre de ses deux mains et ferma les yeux en hurlant fort.

« REPULSO ! »

Une onde de choc sortit de sa baguette et le mort vivant fut envoyé dans le marais à plusieurs mètres de distance. Erin sentie une grosse perte d’énergie. Mais la peur lui envoyait des salves d’adrénaline qui lui permis de courir en boitant vers Amore. Elle se pencha sur lui, l’aidant à se relever.

« Amore ! Tu n’as rien ? Ca … ça va ? »

Une fois debout, les deux jeunes sorciers observèrent leur environnement avec appréhension. Des mains osseuses arrachaient les mottes de terre, grimpants sur l’îlot, tout en poussant des râles d’outre-tombe. Il y avait bien une dizaine d’Inféris prêts à réduire en pièces Amore et Erin. Voyant qu’ils ne seraient pas capables de tous les abattre vu leur état, Erin tira le bras d’Amore pour lui indiquer qu’ils pouvaient prendre de la hauteur. La statue était grande et large. Ils pouvaient grimper sur les ailes et prendre de la hauteur. De là haut, ils auront un champ de vision plus large et pourront mieux viser les Inféris à abattre.

Mais escalader la statue se montrait périlleux. Déjà, Erin n’avait plus de force dans les bras. Et sa jambe lui faisait horriblement mal. Elle poussa plusieurs cris de lamentation, tentant de grimper du mieux qu’elle le pouvait. Son pied ripa à plusieurs reprises et elle crut tomber en arrière, avant de se rattraper de justesse à un bout de l’aile. Un Inférus se trouvait juste derrière elle. Elle pointa sa baguette dans sa direction.

« Incendio ! »

Mais un simple pet de flammes sortit de sa baguette. Suffisant pour faire reculer l’inférus et permettre à Erin de reprendre sa montée. Amore était déjà en haut et elle attrapa sa main qu’il tendit pour la hisser. Ils étaient au moins à l’abri pour quelques instants. Mais les dix Inféris étaient à présent sur l’île, rôdant tout autour de la statue d’ange déchu. Erin s’accrocha fermement pour ne pas tomber. Elle avait terriblement peur, car elle savait que si l’un deux tombait, les inférus se jetteraient sur leur corps pour n’en laisser que des lambeaux de chair.

« On … on est … foutus … j’aurai préféré disparaître, plutôt que de mourir dévorée par des Inféris … j’ai … peur Amore … »

Elle se blottit contre lui, les larmes lui coulant sur ses joues couvertes de boue. Sa jambe commençait à la lanciner et Erin perdait un peu trop de sang, sans s’en rendre compte. Doucement, ses forces la quittaient. Elle devenait plus blême qu’avant.

« Comment va-t-on faire pour s’en débarrasser ? » demanda-t-elle tout en séchant ses larmes. Elle se pencha légèrement en avant. « Il y en a dix … ils n’ont pas l’air de vouloir grimper pour l’instant. Peut-être qu’on pourrait jeter en même temps un incendio pour tenter d’en faire un propre ? Combiner nos baguettes … »

Puis elle observa au pied de la tombe, les divers objets du rituel. Erin se rappela soudainement d’une chose intéressante concernant la potion de vie. Son visage s’illumina et elle attrapa l’épaule d’Amore.

« Amore ! La potion de vie ! Elle est inflammable non ? Tu penses réussir à la viser pour l’exploser et ensuite l’enflammer ? »

C’était une solution périlleuse. Car s’ils répandaient la potion au pied de la tombe, certes les Inférus brûleraient et ils s’en débarrasseraient, mais l’îlot prendrait feu. Et Amore et Erin seraient pris au piège, perchés sur les ailes de la statue. Mais tout autour, l’eau du marécage pouvait être leur issue de secours. Sauf qu’Erin était dans un sale état. Elle se tourna légèrement pour observer sa jambe qu’elle constata enfin. Elle poussa un petit gémissement et son pied glissa.

Amore ne pouvait même pas dire qu'il était surprit de la tournure que prenait les choses. Il savait que rien ne se passerait comme prévu, que ça ne serait pas simple, ça ne l'était jamais. Et même face à la violence de l'attaque il n'était toujours pas plus étonné que ça. Il pensait cependant qu'il pourrait un peu plus compter sur sa magie, ses sorts, mais il avait sous estimé la gravité de leur état. C'était à peine si la magie leur répondait, regrettant de ne pas avoir prit sa rapière avec lui, non pas qu'elle aurait fait une grande différence face à des êtres déjà mort, mais ça lui aurait au moins donné de l'allonge et permis de trancher quelques membres pour alléger leur peine. Mais bon, il fallait faire avec les moyens du bord ! Attrapant des pierre où il pouvait pour les lancer sur leurs agresseurs, donnant notamment assez de temps à Erin pour se hisser sur l'île et ainsi éviter de se faire entraîner vers les fonds où seule une mort certaine l'attendait.

Le problème était qu'il y avait bien trop de fronts à défendre. Ils étaient encerclé et l'attention qu'il avait donné au cadavre qui s'en prenait à son ami l'avait empêché de se prémunir contre celui qui était arrivé dans son dos, le plaquant contre la statue et lui mordant le bras à défaut d'avoir pu atteindre son cou, cou qu'il tentait cela dit d'écraser avec ses mains décharnées. Dans l'état de faiblesse dans lequel se trouvait Amore il y avait bien peu de chose qu'il aurait pu faire pour se libérer seul. Et son bras ne faisant plus l'affaire, déjà bien lacéré, c'est son visage qu'il avait bien failli perdre si ça n'avait pas été pour l'intervention de Erin qui envoya à son tour une pierre qui fit chanceler son assaillant, Amore reprenant une grande inspiration. Le mort vivant cependant ne resta pas bien longtemps sonné, mais changeant de cible en fonçant directement sur Erin qui parvint, fort heureusement, à émettre un sortilège qui le renvoya directement dans les eaux saumâtres qui les entouraient. Amore lâcha un « Merci... ça va... ça va aller... » tout en continuant de reprendre son souffle, analysant alors la situation et leurs options... des options qui étaient malheureusement bien maigre. Car jamais ils n'arriveraient à s'en sortir à ce rythme et une traversée n'était même pas envisageable.

Erin lui indiqua alors la statue, proposant de grimper. Tellement la mauvaise idée... il n'y aurait aucune échappatoire là haut. Mais... il devait reconnaître qu'ils n'avaient pas beaucoup de choix, au moins comme ça ils pourraient toujours gagner un peu de temps « Fais chier... » grogna-t-il avant de se précipiter vers la statue, ramassant sa baguette qu'il avait lancé plutôt vers les objets du rituel, se disant que ça pourrait toujours servir, mais aussi la montre qu'ils avaient utilisé pour le rituel, ce dernier étant de toute manière terminé et se disant que ça pourrait toujours servir de mini fléau si sa magie refusait toujours de répondre. L'ascension fut cependant compliqué, car le bras droit du garçon était vraiment en lambeau. L'inferius n'y était vraiment pas allé à moitié, lui ayant arraché un bon morceau de chair et, si Amore s'était toujours entraîné à pouvoir se servir des deux mains, il n'en restait pas moins un droitier. Il ne fut donc pas rapide à monter, laissant l'occasion à un autre de ces cadavres de lui attraper la jambe, de le tirer et de le mordre. Hurlant de douleur, s'accrochant autant que possible de son bras blessé, il commença a faire tourner la montre de l'autre main pour lui envoyer un coup dans la tête, ce qui fut assez pour le faire lâcher et se hisser d'un coup sous l'effet de l'adrénaline juste avant que la créature ne l'attrape à nouveau.

Il arriva finalement au sommet avant même Erin qu'il aida en lui tendant son bras valide, ses blessures saignant abondamment, y compris des zones spectrales, ce qui l'aurait bien fait rire si il avait seulement eut deux minutes pour se poser. Et maintenant ? Car c'était bien beau, ils s'étaient mit hors d'atteintes, mais les inferis étaient toujours en bas à les observer, tournant autours de la statue et qui ne tarderaient sans doute pas à comprendre qu'ils auraient juste à grimper pour les tuer. Alors, tout naturellement, Erin avait commencé à paniquer étant donné la gravité de la situation. Amore avait donc tourné la tête vers elle, ouvrant la bouche mais, pour une fois dans sa vie, sans vraiment savoir quoi répondre. La détresse était tout aussi lisible dans son regard, ne sachant pas du tout comment gérer cette situation. Alors quand elle se serra contre lui, il la serra en retour instinctivement. « On... on va s'en sortir. Il faut juste... trouver la bonne tactique... ne t'en fais pas. » Amore n'était pas du genre à rassurer, plus depuis qu'il avait changé du moins. Mais dans ce cas précis le voir se montrer à nouveau comme ça n'était pas forcément bon signe. Il était persuadé d'être insensible face à sa propre mort, pourtant la réalité venait de lui montrer qu'il n'était pas du tout prêt à crever, pas d'une telle manière en tout cas. Pourtant en voyant le sang sur la statue... leur sang qui était en train de se verser en trop grande quantité, il commençait à se dire que cette fois il avait peut être trop joué avec le feu et qu'il n'en réchapperait pas.

Car non, Amore ne croyait pas qu'ils auraient assez de puissance, même combiné, pour se débarrasser de tous les inferis définitivement. Ils étaient déjà trop faible avant à cause de leur malédiction, mais en plus maintenant ils avaient perdu trop de sang pour espérer faire quoi que ce soit de conséquent. Amore se mordait la lèvre de frustration avant d'observer la potion. Elle avait raison ! « Oui, ça peut se tenter ! Je devrais pouvoir le faire. » de toute manière vu leur situation ce n'était pas comme ci il leur restait beaucoup de choix. Mais avec leur magie limitée et leur état physique ça allait demander un tir de sniper et il n'était pas certain que son incendio, vu la puissance qu'il aurait, suffirait à détruire le flacon en même temps. Sans compter que les inferis n'arrêtaient pas de passer devant, bloquant la vue. Heureusement il avait prit un projectile avant de grimper, attrapant à nouveau la montre avant de l'observer avec curiosité. Les runes qui étaient dessus avaient commencé à briller et les aiguilles semblaient s'affoler. Se concentrant sur celle ci il commença à se rendre compte de quelque chose qui fit naître sur son visage un petit sourire au coin de ses lèvres, se sentant enfin à nouveau en confiance.

« Ok, je vais te demander de bien me tenir, qu'importe si je hurle. Et dès que je te dirais de me remonter, tu me remonteras le plus vite possible, d'accord ? » Se laissant légèrement glissé, Amore s'accrocha au cou de la statue de son bras blessé, lâchant un cri de douleur. Les inferis, juste en dessous, étaient comme une meute de loup tentant de l'attraper en vain fort heureusement. Amore appuya alors sur le sommet de la montre, l'objet commençant à produire une lumière surnaturel et le tic tac qu'ils avaient l'habitude d'entendre avant le rituel se faisant entendre à nouveau, mais accélérant de plus en plus. Il commença alors à faire tourner la montre en la tenant par la chaîne, lui faisant prendre de l'élan avant de l'envoyer quand il vit une ouverture entre les inferis. Le tir fut serré, manquant presque la cible mais parvenant à éclater le côté de la fiole. Mais surtout, quand la montre rencontra la potion puis la pierre, se brisant en passant, un énorme DING se fit entendre et une vague d'énergie violette s'en échappa, ralentissant tout ce qu'il y avait autours sauf eux. Les inferis bougeaient au ralentit, le liquide se répandait au ralentit, le tout en entendant le bruit d'une horloge allant elle même très lentement. C'était leur ouverture « Tiens moi la mains et à trois récite incendio. » pointant sa baguette vers la potion « Un... deux... trois... INCENDIO ! »

Un petit jet de flamme s'échappa de sa baguette, misérable par rapport à ce dont les deux élèves étaient capable. Mais dans les circonstances actuelle c'était amplement suffisant. Tout ce qu'ils avaient besoin c'était d'une allumette et c'était exactement le rôle que remplissait ce sort. Le jet de flamme voyagea donc directement vers la potion, les corps étant presque figé autours, pour y mettre le feu et créer un torrent de flammes, la cage temporel cédant et le temps s'écoulant à nouveau normalement, le liquide enflammé volant dans tous les sens et récouvrant chaque inferis qui se mirent à hurler, mais embrasant aussi toute l'île et la surface de l'eau où l'épais liquide se répandait. Amore se protégea des flammes et de l'éclat comme il pouvait, hurlant un « Remonte moi ! » se hissant avec douleurs avec fort heureusement pas plus de complications que quelques vêtements brûlés. Les inferis s'écroulaient un par un et les objets liés au rituel furent lentement réduit en cendre. Amore sentit alors un étrange regain d'énergie, comme ci sa force vital lui était rendu. Lentement mais sûrement son squelette disparu sous sa chair de nouveau apparente et il observa même ses mains pour s'assurer qu'il était revenu à la normal. Un sourire à la fois de joie, de soulagement, de fierté et d'émerveillement se fit sur son visage, observant Erin avec des yeux plein d'étincelles, avant de se rendre compte que leur situation n'était pas encore sans danger.

Car malédiction brisée ou pas, ils étaient toujours blessés et ils étaient toujours en proie aux flammes, bloqués sur une statue au milieu d'une île qui donnait des airs de bûcher. Surtout que, mélangé à la potion, les flammes étaient beaucoup trop violente pour espérer les traverser pour rejoindre l'eau sans payer trop cher et avec leurs jambes blessés il ne fallait pas espérer faire le grand saut. Amore pouvait sentir la chaleur monter et les flammes leur lécher les membres « Il faut qu'on fasse quelque chose... » serrant les dents, se couvrant les yeux face à toutes ces flammes et tentant de réfléchir rapidement « Faut qu'on éteigne ses flammes ! On... on devrait pouvoir lancer des sorts maintenant. » Même si ils n'en restaient pas moins blessés et donc affaiblis, mais c'était la malédiction qui les vampirisaient le plus. « Ensemble on fait monter l'eau sur l'île, ok ? T'es prête ? Maintenant ! » se concentrant avec sa baguette pour créer une énorme vague à l'aide de l'hydromancie.  

Les flammes venaient d'envelopper chaque parcelle de l'îlot. Les Inféris hurlaient de douleur dans un râle pénible et horrible. Erin observait la scène d'un air dégouté. Une odeur de cochon grillé remontait jusqu'à leurs narines. On pouvait voir des corps décharnés et osseux ramper sur le sol, la chair grillant sous les flammes. Erin observait le spectacle avec un certain soulagement. Elle retrouvait doucement de la vigueur dans ses muscles et dans son esprit. Elle sentait un flux d'énergie et de magie l'envahir, chose qu'elle n'avait pas ressenti depuis deux semaines environs. Jamais elle ne pensait y parvenir. La malédiction était levée.

Pourtant, tout n'était pas réglé. Ils étaient perchés comme deux âmes en peine au dessus des ailes de la statue, les flammes léchant leurs semelles. Elle pouvait sentir la chaleur et la fumée lui prendre la gorge et lui piquer les yeux. Sa jambe était toujours dans un sale état. Le sang continuait à couler et Erin doutait d'avoir la force de faire quoique ce soit. Comment allaient-ils s'en sortir ? Elle observa Amore du coin de l'oeil. Il paraissait réfléchir. Son visage était éclairé par les lumières vives des flammes et elle pouvait voir dans ses yeux, le brasier s'intensifier. Il y avait quelque chose de dérangeant dans ce garçon, mais elle ne savait pas vraiment quoi. Erin espérait au fond, que cette expérience ait pu solidifier leur amitié perdue. Mais elle avait du mal à y croire. Amore avait beaucoup trop changé. Il était probablement détraqué et plus aucun retour en arrière n'était possible.

Finalement, il rompit le silence. Il serra les dents et couvrit son visage face aux flammes en tentant de réfléchir à quelque chose. Un moyen de s'échapper d'ici. Il se tourna vers Erin en lui suggérant de faire monter le niveau de l'eau sur l'île. A deux, ils pouvaient en être capable.

- Monter l'eau sur l'île ? Mais ... ça va être trop dur Amore ... je ne sais même pas si j'en suis capable !

Elle considéra sa baguette en bois d'Aulne, qui avait la sale manie de ne réagir que lorsqu'elle le souhaitait. Mais le temps pressait et il n'était plus l'heure de tergiverser ou de discuter d'une quelconque stratégie. Amore lança son sort vers les eaux saumâtres et Erin l'imita. Mais rien. Absolument rien ne sortit de sa baguette. La chaleur devenait insupportable et rapidement Erin crut que ses mains allaient rôtir à force de rester assise là trop longtemps. Elle secoua sa baguette, affolée, et se rapprocha un peu plus d'Amore. Ils étaient maintenant dos à dos, collés l'un à l'autre. Les flammes devenaient un véritable danger de mort et ils pouvaient ressentir ce que les sorciers de l'époque éprouvaient lors des bûchers au moyen âge. Erin pleurait. Elle tenait encore et encore de jeter son sort d'hydromancie, mais il ne se passait strictement rien.

- Je ... je n'y arrive pas ! On ... on va mourir Amore !

Brûlés vifs ... la pire mort qui soit. Elle avait presque envie de disparaitre. Sauf qu'Amore la secoua et lui somma de continuer. De ne pas baisser les bras. Elle pensa à Joren, à son père. Puis à Javier, Emile, Lana, sa soeur et sa mère. Elle ne pouvait pas mourir aujourd'hui. Elle ne pouvait pas abandonner. Et dans cette rage de vivre, dans cette volonté, elle pointa sa maudite baguette vers l'eau et soudain, une énorme vague se leva. Amore en profita pour donner plus d'intensité et à deux ils parvinrent à diriger cette vague pour l'amener à s'écraser contre l'îlot. Mais sous l'intensité de leur magie indomptée, la vague fut beaucoup trop grosse et trop forte.

Lorsqu'elle s'écrasa contre l'îlot, elle frappa la tombe et enveloppa la statue, emportant avec elle Amore et Erin. Leurs corps furent projeté un peu plus loin dans le marais. Erin sortit vivement la tête de l'eau pour reprendre son souffle. Paniquée, elle pataugea, tounrant la tête de droite à gauche pour voir si Amore était à côté d'elle.

- AMORE ! Amore !

Il remontait à la surface, inconscient. Alors elle nagea vers lui, aussi vite qu'elle le pouvait. Mais les vêtements lourds et détrempés l'empêchaient de nager correctement. Elle arriva finalement vers lui. Il respirait à peine. Elle prit son visage entre ses deux mains.

- Amore, réveille toi ... s'il te plait ! dit-elle en frappant son visage de petites claques sur la joue. Mais Amore ne se réveillait pas. Alors de toutes les maigres forces qui lui restait, Erin le tira sur la berge. Elle tira son corps qui semblait peser une tonne sur le sol boueux, puis elle pleura en voyant son corps inerte.

- Tu peux pas mourir espèce de goule !! Après tout ce qu'on a fait ? Tu peux pas me laisser comme ça ! Réveille toi ! Alleeeez !!

Elle pleura, hurla, puis poussa un grognement de désespoir. Que devait-elle faire ? Un sort pour le réanimer ? Elle pointa sa baguette, mais il ne se passa rien. Agacée, elle jeta sa baguette au sol. Inutile ! Pesta-t-elle entre ses dents. Puis elle s'agenouilla aux côtés du garçon, prenant son visage entre ses doigts humides.

- Amore ... je suis tellement désolée. Pour tout ce que je t'ai dit. Pour tout ce qu'on a du traverser. C'est ... c'est de ma faute tout ça. Si ... si j'avais été plus consciliante pendant le rituel, peut-être que tout ça ne serait pas arrivé. Je m'en veux tellement. Je ... je te demande pardon. Mais reviens ... s'il te plait ...

Mais Amore restait totalement inerte. Blême comme un cadavre. Alors Erin se pencha sur lui, posa ses lèvres sur les siennes et se mit à souffler. Un bouche à bouche de survie. Elle tenta l'entreprise plusieurs fois et soudain, la poitrine d'Amore se gonfla. Il eructa, cracha de l'eau et se tourna sur le côté. Erin se mit à rire, la joie se mêlant à ses larmes. Elle le serra dans ses bras.

- Tu es vivant !! J'ai eu tellement peur !

Elle tenait sa tête entre ses mains. Heureuse de le voir vivant, de ne plus être seule dans ce maudit cimetière. Un bruit sourd retient leur attention. Les deux adolescents tournèrent la tête et sous leurs yeux ébahis, l'îlot venait de disparaitre. Seule un marais banal se tenait devant eux. Derrière, les tombes avaient des allures sinistres. Des corbeaux venaient de se poser sur le portait en fer forgé, observant les deux adolescents d'un air curieux.

- Tu ... tu peux te relever ?

Erin attrapa sa baguette magique. Elle était frigorifiée. Sa robe de sorcier était trempée. Elle avait perdu son écharpe dans l'eau et sa baguette refusait de fonctionner pour un bon moment. Leurs balais étaient toujours là, posés contre un muret.

- Tu arriverais ... à ... à ... nous réchauffer ?

Elle grelottait sur place, supportant moyennement le contact mouillé de ses vêtements sur sa peau. Ils étaient dans un piteux état. Sa jambe saignait toujours et Amore n'était pas dans une grande forme non plus.

- Il faudrait rentrer au château rapidement. Avant que quelqu'un ne s'inquiète de notre absence.

Amore et Erin étaient dans une situation critique. Ils s'étaient peut être libérés de leur malédiction, mais maintenant c'était le feu qu'ils avaient utilisé pour se sauver qui allait les emporter. Pourtant la solution était toute autours d'eux, cette eau qu'ils avaient dû traverser pourrait mettre fin à ce calvaire. Et il aurait été si facile de juger ou de critiquer Erin pour son incapacité à l'aider dans le sortilège qu'ils tentaient de lancer, il aurait tellement pu se montrer méchant à propos de ses plaintes et que si elle passait plus de temps à essayer plutôt qu'à chouiner peut être qu'ils se sauveraient. Mais à dire vrai il pouvait comprendre sa panique dans cette situation. Il avait peut être un meilleur contrôle de la situation, une gestion du stress accentuer par tout ce temps à ne plus se soucier de rien, mais la vérité c'est qu'il n'en menait pas large lui non plus. C'était une chose de se dire qu'il était prêt à mourir pour la magie et à ne pas avoir peur des conséquences d'un rituel noir, s'en était une autre d'être réellement mit face à une situation mortelle qui promettait de l'emporter pas dans un certain temps, mais immédiatement. Alors non, il ne la jugea pas, ne la critiqua pas et même au contraire fit tout son possible pour la motiver, lui dire qu'elle pouvait y arriver car oui, Erin était capable, il en était persuadé. « Tu peux y arriver, ne baisse juste pas les bras. Je te promet que tu as ce qu'il faut et qu'on va s'en sortir. » des paroles qui rappelaient presque quand ils se motivaient les uns les autres à faire les quatre-cents coups, quand ils étaient encore un groupe d'amis unis.

Et Amore ne s'était pas trompé, car envers et contre tout, ils parvinrent ensembles à faire monter les eaux du marécage. Mais Amore ayant intensifié ses efforts pour compenser le manque de confiance de sa camarade, la vague qu'ils créèrent fut au final bien plus imposante qu'ils ne l'avaient prévu. Si elle mit bien fin à l'incendie de leur île, elle les percuta aussi de plein fouet, les éjectant de leur perchoir avec violence et là... ce fut le noir complet. La violence de l'impact ou avait-il rencontré quelque chose dans sa chute ? Qu'importe, car dans tous les cas c'est totalement inconscient que Amore se retrouva dans les eaux du cimetière. Ça aurait pu être la fin, une fin sans doute bien méritée. Pourtant il rouvrit quelques instant plus tard, son corps semblant reprendre ses fonctions et crachant une grande quantité d'eau, se mettant instinctivement sur le côté pour vider ses poumons. Il n'était plus dans l'eau mais bien sur la berge, vivant, Erin a ses côté qui semblait dans tous ses états. Mais impossible d'y penser, son corps était encore en train de se remettre, réagissant plus par instinct qu'autre chose tandis que son esprit lui reprenait lentement conscience de ce qui l'entourait, de ce qu'il venait de subir, de risquer. Et d'un coup une étreinte, une étreinte qui le surpris, toujours un peu perdu, mais à laquelle il fini par répondre en la serrant... et la serrant encore... encore un peu plus fort alors qu'il hoquetait encore, la peur et le soulagement se mêlant dans ses traits, enfouissant son visage contre son ami. Plus il reprenait conscience, moins il avait envie de le lâcher, se retenant de craquer de cette expérience plus traumatisante qu'il n'aurait bien voulu l'admettre, heureux d'être en vie contrairement à tout ce qu'il aurait pu penser, heureux qu'elle soit là pour le tenir.

Il lui fallu les paroles de Erin pour lâcher prise, la tenant encore un instant avant de faire oui de la tête contre elle, la libérant tout doucement. Lentement il avait alors entreprit de se relever, préférant ne pas se forcer, pas certain d'avoir récupérer toutes ses facultés encore, étant toujours blessé aussi. Il s'accrochait à Erin, autant pour ne pas s'écrouler que toujours pour se rassurer un peu. Et petit à petit les choses se stabilisait, assez pour observer autours de lui, se rendre compte que l'îlot avait disparu, écarquillant les yeux à cette découverte. Puis les paroles de Erin encore. Se réchauffer ? « Je pense... oui je devrais y arriver. » avait-il répondu en jaugeant de sa fatigue. Un sort pour se réchauffer un peu, ça ne devrait pas être grand chose... il chercha alors sa baguette mais en vain, craignant de l'avoir perdu dans les profondeurs du marais. Par chance pourtant il vit cette dernière plantée un peu plus loin dans la boue, sans doute propulsée par la vague qui les avait frappé. Il la ramassa avant de tenter de tenter un sort pour les sécher et les réchauffer. Il dû s'y reprendre à trois fois avant de se rendre à l'évidence : Il n'arriverait plus à rien avant d'avoir pu se reposer. Quand au balais ? Amore les observa avant de se tourner vers Erin « On pourra pas rentrer rapidement, c'est mort. Jamais on arrivera à tenir sur nos balais dans notre état. On va devoir rentrer à pied et c'est pas la porte à côté... » et en serait-ils seulement capable ? Entre leurs blessures et le froid, c'était un coup claquer avant même d'avoir fait la moitié du chemin « Ou rester ici pour la nuit... » et prier Merlin qu'aucun préfet ni aucun professeur n'aura remarqué leur absence.

La porte du cimetière se mit alors à grincer, Amore se retournant vivement en pointant sa baguette, de nouveau assez en alerte. Mais en voyant un vieil homme avec un bouquet de fleur dans les mains, Amore baissa immédiatement sa baguette, lâchant un très léger soupir de soulagement, n'ayant plus la force de se battre. L'homme les observa d'un air perplexe, tout tremblotants, trempés et blessés qu'ils étaient « Bon sang mais qu'est-ce qu'il vous est arrivé ? Et que font des élèves ici a une heure pareille ? » observant rapidement Erin, sentant rien qu'en lisant les traits de son visage qu'elle n'allait pas gérer la partie questionnaire, décida de prendre les devant en commençant par « C'est une histoire vraiment improbable et plus stupide que vous pouvez l'imaginer. » l'homme fronça les sourcils, avant de répondre un « Vous m'en direz tant... mais vous m'expliquerez ça à l'intérieur. Vous avez l'air frigorifié et dans un sale état, ma femme sortirait de sa tombe si je vous laissait comme ça. » par pitié non... plus de cadavre vivant... Amore avait eut sa dose d'Inferi. Ils hochèrent donc de la tête, attrapant leurs balais en passant et Amore sa cape qu'il avait eut la bonne idée de retirer avant d'aller sur l'îlot, pour suivre en boitillant l'homme jusqu'à chez lui.

A présent posée dans une petit maison en pierre qui se trouvait en bordure, le vieille homme entreprit de les sécher avec sa baguette avant de leur donner des couvertures pour rester au chaud tandis qu'il allait chercher une trousse de soin. Sans vraiment leur laisser le choix il s'occupa de leurs plaies, rien de très poussé mais les nettoyant et les bandant pour au moins stopper leur sang de couler et éviter les infections. Et c'est pendant qu'il soignait celles de Amore que ce dernier inventa un mensonge sur le tas sur ce qui était arrivé « C'est ma faute. J'ai eut cette idée stupide de vouloir récupérer certaines plantes dans le marais pour expérimenter en potion. Car j'imagine que vous le savez déjà mais il y a une très belle et unique variété de d'aquanoxia avec des propriétés mutagènes vraiment étonnantes à côté de Irondale. » Amore jouant la carte du fanatique de botanique et de potion tandis que l'homme hochait de la tête, semblant en effet voir de quoi il parlait « Et du coup on a décidé de venir après notre session de révision car bon... c'était juste ramasser des plantes, rien de fou non plus. Certes on allait devoir patauger dans l'eau mais ça aurait dû prendre quoi... quinze minutes à tout casser ? Sauf qu'on a fouillé un peu trop loin et on a dérangé le nid d'un fongieux qu'on avait pas vu. Et de là... » le vieil homme poussa un long soupir, comme ci il visualisait parfaitement « Je vois, de là vous vous êtes retrouvé dans un sacré merdier. C'est déjà un miracle que ce fongieux ne vous ait pas fait pire, ce sont des animaux extrêmement agressif et dangereux, surtout pour des jeunes comme vous. Presque aucun sort ne peut passer leur peau épaisse. » Amore était fier de lui, le mensonge semblait être passé en plus d'expliquer leur sale état mais aussi les morsures, même les petites si ils avaient dérangé un nid. Il se retint cependant de sourire. Et sans même avoir à demander quoi que ce soit de plus, le vieil homme se proposa de régler leur autre problème « Bon, je vais vous ramener à Poudlard les enfants. Je n'ai pas franchement envie de vous laisser repartir seuls avec vos balais, surtout à cette heure. Et je préviendrais bien vos professeurs, mais je sens que vous avez eut une sacré leçon bien malgré vous. Je vous laisse vous poser encore quelques instants, pendant que je prépare la calèche, et ensuite on décollera, d'accord ? » Amore hoche de la tête pendant que l'homme quittait la pièce.

Amore et Erin étaient à nouveau seuls et Amore se laissa aller à un long soupir, comme sentant la pression de cette soirée redescendre lentement. Il s'était alors tournée vers Erin, plongeant ses yeux bleu glacé dans les siens, avant de les baisser légèrement « Merci... de m'avoir sauvé tout à l'heure. De ne pas avoir baissé les bras. » sur leurs chances de survie, sur le fait de le ranimer... sur lui. Amore s’emmitoufla un peu plus dans sa couverture, plus chamboulé qu'il ne l'admettrait jamais, des mots semblant aussi lui revenir de ce moment sur la berge... même si pas certain de les avoir rêvé ou non.

Rester ici pour la nuit ? Hors de question. Avec tous les inféris qui pouvaient ressurgir à n'importe quel moment ... brrr, cette idée donna encore plus de frissons à la jeune sorcière. Elle se tenait les bras, claquant des dents, espérant ne pas mourir de froid bêtement après tout ce qu'ils venaient de traverser. Soudain, le portail en fer forgé du cimetière se mit à grincer. Erin tourna vivement la tête et aperçu un vieil homme marcher dans leur direction, un bouquet de fleurs blanches à la main. Il avait l'air plutôt gentil.

Les questionnant sur leur présence dans le cimetière à une heure pareille de la journée, Erin ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit. Fort heureusement, Amore prit les devants. Elle considéra l'homme sans prononcer le moindre mot, laissant Amore gérer la situation. Et étonnamment, le Serdaigle usa d'un mensonge qui tenait la route. Elle approuva ses propos d'un simple signe de la tête. De toute façon, Erin était trop fatiguée et frigorifiée pour dire quoique ce soit. Ce qu'elle rêvait, c'était d'une bonne douche chaude et se lover dans les draps de son lit.

Dans la maison en pierre du vieil homme, Erin se réchauffa. Elle bu un thé bien chaud et se couvrit les épaules d'un plaid en laine. Ses yeux se posèrent sur les flammes du feu qui crépitait dans l'âtre de l'imposante cheminée. Amore déballait toute une histoire sur la cueillette de plantes et l'homme semblait croire à cette info. Pour avoir combattu des fongieux avec Javier, elle savait que ces créatures pouvaient être très agressives. Alors ça se tenait.

L'homme leur proposa de les ramener à Poudlard une fois qu'ils se seront entièrement séché. Il eut même la décence d'esprit de ne pas prévenir leurs professeurs, ce qui arrangeait grandement les deux adolescents. Ils ne risquaient pas de renvoi, mais probablement un avertissement et leurs parents seraient forcément tenus au courant. Et la mère d'Erin était déjà morte d'inquiétude à cause de la disparition de son fils ainé. Elle n'avait pas besoin d'avoir encore en plus à s'inquiéter pour les aventures de sa fille à Poudlard.

- Merci Monsieur ...

Répondit simplement Erin en sirotant son eau chaude. Le vieux sorcier quitta la pièce pour aller préparer la calèche, laissant Amore et Erin seuls. Elle tourna son attention vers Amore et rougit légèrement.

- C'est normal ... je n'avais pas envie de mourir. Et jamais je ne t'aurai laisser tomber Amore. Finalement, on a réussi à lever cette malédiction. Mais je ne veux plus jamais revivre ça ... la magie noire, j'ai assez donné.

Elle eut un petit sourire en coin, puis les deux amis plongèrent dans le silence pendant une bonne vingtaine de minutes. La chaleur réconfortante de la chaumière leur rappela leur état de fatigue. Le vieil homme revint vêtu d'une parka sombre, d'un large chapeau pointu et tenait entre ses mains un petit fouet en cuir.

- Voilà jeunes gens, la calèche est prête. Nous pouvons y aller.

Il aida les adolescents à caler les balais dans le coffre et les installa à l'intérieur de la calèche. Erin remarqua que celle-ci était tirée par ... rien du tout. Comme les calèches de Poudlard. Voilà l'étonnement de la jeune fille, le vieil homme se mit à rire.

- Ce sont mes Sombrals. Depuis la mort de ma femme, ils sont apparus devant ma porte et maintenant ils font partis de ma famille. Au fait, moi c'est Alfred Rockmoon. Installez vous confortablement, on en a facile pour une heure de route.

Erin lui adressa un faible sourire, puis s'emmitoufla dans sa cape hivernale et son écharpe devenus secs. Amore était installé en face d'elle. Elle n'avait jamais remarqué l'intensité de ses yeux pâles. Allaient-ils redevenir amis ? Est-ce que la mort les avait rapprochés ? Elle n'en savait rien. Amore restait un grand mystère pour elle et elle doutait que tout ceci ait vraiment changer sa nature. Mais ils s'étaient soutenus mutuellement et il s'était peut-être rendu compte que la mort, ce n'était pas un truc aussi fun qu'il pouvait bien le croire.

- Quelle aventure ... j'arrive à peine à croire ce qu'on a traversé ... Il fait froid tu ne trouves pas ?

Erin se leva, manquant de perdre l'équilibre, puis vint se caler contre Amore. Elle lui prit le bras et lui accorda un petit sourire complice avant de poser sa tête sur son épaule.

- Je suis épuisée ... ça ne te dérange pas si je pose ma tête là ?

Elle n'attendit pas son autorisation et rapidement Erin s'endormit. Elle se réveilla brusquement lorsque la calèche s'ébranla. Albert ouvrit la porte et en leva sa tête de l'épaule d'Amore, elle vit que lui aussi s'était endormi.

- Nous voilà arrivé !
- Merci pour tout Albert.
- Oh et si vous recherchez des plantes du marais, la prochaine fois, n'hésitez pas à toquer à ma porte. J'étais botaniste avant de prendre ma retraite et je connais tous les coins d'Irondale où les Fongieux ne mettent pas les pieds.
- D'accord, c'est noté. Au plaisir de vous revoir.
- Ah Poudlard ... j'ai toujours la larme à l'oeil quand je revois ses grandes tours.

Face au grand portail, Amore et Erin firent leurs adieux à Albert, puis remontèrent le long chemin sinueux qui menait vers l'entrée du château. Erin observa le ciel couvert d'étoiles. Elle se sentait traversée d'un sentiment étrange. Etait-ce ça, devenir une véritable sorcière ? Affronter des dangers au péril de sa vie ? Elle ne l'espérait pas. Mais doucement ses pensées se dirigèrent vers son frère et son père. Joren courait-il un véritable danger ? Elle n'avait plus de ses nouvelles et elle avait prit tous ces risques pour lui. Pour le retrouver. Quand ils franchirent la lourde porte, le Hall de Poudlard était désert. Plus personne dans les parages, hormis quelques fantômes qui discutaient prêt de l'imposante fontaine. Soudain, le professeur Riopse apparut.

- Par Merlin, que faites-vous à une pareille dans les couloirs de l'école ?
- Heu ...bah ... nous ...
- Regagnez immédiatement vos salles communes avant que je ne vous enlève des points.

Erin jeta un dernier coup d'oeil en direction d'Amore. Elle aurait voulu discuter un peu avec lui de tout ce qu'ils venaient de traverser. Savoir ce qu'il en pensait et où en étaient-ils dans leur amitié. Mais elle se contenta de lui poser une main sur son épaule.

- Bonne nuit ... et à demain en cours.

Un sourire, puis Erin passa la tête dans les épaules sous le regard courroucé du professeur de Défense Contre les Forces du Mal, pour finalement se diriger vers les cahots afin de rejoindre sa salle commune.

- Allez, Monsieur Marcovaldo, je vous raccompagne jusqu'à la tour des Serdaigles. Vous avez piètre allure.

FIN