Let me die

feat. Mikko et Maëlys

Nous sommes le soir, le couvre-feu s'annonce pour très bientôt et la bibliothèque se vide de ses élèves tout doucement. Assis, seul, dans un coin sombre et très tranquille, j'en étais à ruminer des pensées sombres. Plus que deux jours avant la pleine lune, je commence déjà à en sentir les effets sur mon caractère. Le loup en moi s'impatiente, il a faim… Et il fera un carnage si je ne l'arrête pas. Comment puis-je mettre un terme à cette malédiction? Comment protéger ceux que j'aime de cette bête féroce… De moi??? Selon Lukyan et Zélie, il me suffirait de prendre la potion Tue-Loup et de m'éloigner de l'école durant ces nuits fatidiques, mais… Si j'oublie la potion un soir… Si je perds le contrôle sur cette bête, qu'arrivera-t-il? Rien qu'à y penser j'en frissonne d'angoisse.

Je ne peux prendre ce risque, mes proches sont trop précieux à mes yeux pour que je me permette de jouer à la roulette russe avec leur vie. Puis il y a @Maëlys D. Emrys et Laureen… Elles sont tout pour moi… Non, non et non… Il me faut mettre un terme à tout ceci. Ça fait déjà un mois que je jongle avec l'idée de soit m'exiler, soit trouver une façon de mettre fin à mes jours. Sauf que je n'arrive pas à me décider, ni à mettre à exécution mes plans. Il y a toujours quelqu'un, quelque chose pour s'interposer, mais ma seconde pleine lune arrive à grand pas… Le loup s'agite tout doucement… Il sera bientôt là et je ne pourrai l'arrêter… J'ai… J'ai peur… Bordel que j'ai peur…

Prenant rapidement une plume et un crayon, je tentais de calmer mes émotions afin de pouvoir griffonner une lettre d'adieu à l'intention de ma famille bien-aimée. Enfin, lettre est un bien grand mot pour mes capacités du moment, je devrais plutôt dire petits mots d'adieu, parce que je ne parvenais pas à écrire quoique ce soit d'autre que ces simples mots.

"Chère famille… Adieu…"

La peur, l'angoisse, la tristesse, toutes ces émotions m'assaillaient en même temps, me prenant aux tripes et me suffoquant. Écrire m'était presque impossible tellement je peinais à me concentrer. Les yeux pleins d'eau, je regardais longuement ma feuille presque blanche, le papier de celle-ci s'imbibait plus de mes larmes que de l'encre de ma plume. Prenant de longues et lentes respirations, j'essayais de me vider la tête, de me calmer, mais dès que je fermais les yeux je revivais instantanément ma première transformation, dans les moindres détails. Complètement paniqué, j'ouvris des yeux hagards et pris la direction de la première fenêtre afin de l'ouvrir et de respirer à plein poumon l'air hivernal.

Que faire??? Comment protéger ma famille… Ma chère famille, je vous aime tant et ça me brise le cœur de devoir me séparer de vous. Je me mis alors à penser à ma très chère cousine Rowena, elle est si radieuse et sa joie contagieuse me manquait cruellement en cet instant pénible. Puis je pensa à Aiden, le grand frère protecteur, presque ma copie conforme, mais en beaucoup plus sage et avisé que moi. Cher cousin, tu iras loin dans la vie et tu sauras faire honneur à la famille, j'en suis persuadé. J'aimerais tant pouvoir te seconder dans ton proche avenir. Puis me vint à l'esprit ma chère sœur Maëlys, mon petit rayon de soleil personnel depuis que je suis petit, ma confidente et mon complément en quelque sorte. Je suis si perdu sans toi… Je t'aime tant… Si tu savais à quel point je peux t'aimer. Revoyant dans ma tête le visage de ma petite sœur, je recommençais à sangloter, l'angoisse et la peur étreignant un peu plus mon cœur.

Comme si la torture n'était déjà pas assez suffisante en soit, il fallut que je pense désormais à la douce et jolie Laureen. Ma douce Laureen… Le simple fait de penser à elle, à tout ce que ce que je n'aurai pas le bonheur de vivre avec elle eu raison de mes dernières tentatives de garder mon calme. Ma tristesse était désormais à son paroxysme. Incapable de me tenir debout plus longtemps, je me laissa choir au sol et rampais péniblement jusqu'en dessous du bureau où je me tenais précédemment. Là, recroquevillé en petite boule, je pleurai longuement, étouffant presque sous le chagrin.

Père, qu'est-ce que je donnerai pour que tu sois à mes côtés en ce moment. J'aimerais tant me cacher dans tes bras, profiter de ton calme, de ta force et de ton assurance. Me sentir en sécurité comme quand j'étais tout petit, mais malheureusement tu n'es plus là, ce n'est plus possible… Papa tu me manques… Vient me chercher je t'en supplie… Vient me chercher… Aide-moi papa…

***

Dans sa profonde détresse, Mikko ne remarqua jamais que son petit mot avait disparu. Voyant l'abîme dans lequel il était entrain de s'enfoncer, Amy, une elfe de maison affectée à la famille Emrys l'avait ramassée et apportée à la seule personne capable de prendre soin du jeune loup, soit sa sœur Maëlys. Il y a déjà presqu'un mois que la brave petite Amy veille secrètement sur le jeune Emrys. Le comte de Brocéliande étant inquiet pour l'avenir du jeune louveteau, celui-ci avait assigné la petite elfe à une très discrète surveillance. Toutefois l'état dans lequel était désormais le jeune homme, lui fit craindre le pire et la força à se dévoiler auprès de la jeune sœur de celui-ci. Trouvant celle-ci seule à la sortie de la salle de musique, elle apparut devant elle et lui tendit la feuille constellée de larmes et sur laquelle se trouvaient les trois seuls unique mots qu'avait réussi à écrire Mikko.

"Mademoiselle Maëlys, venez-vite c'est votre frère…"

Conduisant la jeune Emrys jusqu'à la retraite de son frère, elle lui pointa un bureau isolé dans un coin. Il ne semblait n'y avoir personne, mais il suffisait de tendre l'oreille pour entendre de terribles sanglots étouffés provenant d'en dessous du bureau. Voyant que la jeune fille s'avançait déjà vers le lieu indiqué, Amy en profita pour s'éclipser. Connaissant très bien le frère et la sœur, elle savait qu'elle avait pris la bonne décision et que Maëlys serait la mieux placée pour prendre soin de ce vaillant petit louveteau, complètement désemparé.

Let me die

feat. Mikko et Maëlys

Alors que je tentais désespérément de contenir la digue et de rester un maximum discret dans ma profonde détresse. J'entendis des pas s'approcher de ma retraite et une voix familière se fit entendre. Ma petite sœur  @Maëlys D. Emrys  venait d'arriver et me tendit la main afin que je sorte de mon trou. Que… Que fait-elle là? Comment m'a-t-elle retrouver? Il ne faut pas qu'elle me voit dans cet état, elle a assez à faire comme-ça avec ses cours. Hors de question qu'elle materne son stupide frangin en plus de ça. Tout est de ma faute, si je n'avais pas agit comme le pire des crétins rien de tout ceci ne serait arrivé. Non… J'ai merdé, c'est à moi de gérer maintenant!!!  Cherchant alors à prendre sur moi-même, je pris un petit moment afin de mettre fin à mes sanglots et de faire disparaître au mieux mes larmes.

Une fois cela fait, je soupirai profondément et pris alors sa main. Sortant péniblement de ma retraite, l'air penaud et les yeux intensément rougis par le chagrin, je n'osais croiser le regard de ma petite sœur. Elle n'avait pas besoin de parler, je savais pertinemment qu'elle se faisait du mauvais sang pour moi. Nous sommes si proches, elle et moi que bien souvent aucune parole n'est nécessaire pour se comprendre et c'est ce qui rend Maëlys ultra importante à mes yeux. Toutefois, je ne voulais plus qu'elle s'inquiète pour moi.

"Ne… Ne t'inquiète pas pour moi, petite sœur… Un coup de fatigue… Voilà tout!!!"

Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour protéger ceux que l'on aime? Jamais auparavant je n'avais menti à ma petite sœur et voilà que ce soir, pour la première fois, j'ose cet affront. Je me détestais d'agir de la sorte et je me doutais bien de paraître très peu convaincant. Surtout que Maëlys à le don de lire dans mes yeux, c'est un peu pour cette raison que j'évite de la regarder. Je ne veux pas qu'elle y voit… Tout ce qui me pèse sur le cœur et qu'elle devine mes intentions.

Sauf que voilà qu'elle me montre soudainement mon petit mot d'adieu. Ouvrant grand les yeux, je regardais celui-ci avec une profonde appréhension. Jetant un rapide coup d'œil sur le bureau, je vis que ma feuille ne s'y trouvait plus. Flûte!!! Maëlys avait découvert le pot aux roses et il me fallait dès à présent m'expliquer, mais j'en avais guère la force. Ne parvenant à dire quoique ce soit d'élaborer, je bredouilla embarrassé :

"D'a… D'après toi???"

Le souffle court, le cœur en miette, je cherchais par tous les moyens de faire bonne figure, mais pour ce faire je devais à tout prix éviter le regard de ma petite sœur chérie. Je regardais le sol ou bien les murs ou encore dehors par le biais des fenêtres, bref partout ailleurs sauf les tendres prunelles de Maëlys. Tout ceci pour la simple et bonne raison que je ne pourrais pas garder le contrôle de mes émotions si j'ai le malheur de plonger dans ses yeux. Je sais que la décision que je m'apprête à prendre n'est pas la plus aisée pour ma famille, mais je n'ai pas d'autres choix. Je suis trop dangereux pour ceux que j'aime et cela me pèse énormément.

J'aimerais tant trouver une solution, croire sur parole Lukyan, Zélie et les autres, mais il suffit d'un simple petit oubli, d'un contretemps pour que je me transforme et que… Que… Sentant une énorme boule montée dans ma gorge, je n'osais penser à ce qu'il pourrait advenir. Ravalant péniblement cette boule d'émotion, je faisais tout mon possible pour ne pas m'effondrer de chagrin à nouveau. Mon cœur risque d'éclater d'une seconde à l'autre et je ne sais pas combien de temps je pourrais retenir les flots qui me rongent de l'intérieur. Il y a tellement longtemps que je garde cela pour moi, j'ai peur, terriblement peur… Je n'en dors plus… Je suis épuisé… Las… À bout de force!!! Pourquoi faut-il que tu sois là petite sœur? Tu me complique la tâche… Et je suis si à bout…

Let me die

feat. Mikko et Maëlys

Les paroles de  @Maëlys D. Emrys et surtout son ton de voix me firent l'effet d'une vraie gifle. Il est très rare qu'elle m'appelle par mon nom complet et je n'avais pas besoin de plus d'indices pour comprendre que je venais de l'offusquer, voire même profondément blesser avec mon mensonge. Accusant le coup, n'offrant aucune résistance quelconque, je tentais désespérément d'affronter mon châtiment avec le peu de dignité qu'il me restait, en me promettant bien de ne plus recommencer une telle stupidité. Comment puis-je mentir à ma sœur, elle est ma confidente de toujours, mon complément, à la fois si semblable et différent de moi… Quel lâche je fais!!!

Si je pensais m'en sortir avec un court sermon et des réprimandes de la part de ma sœur, croyant que la présence de celle-ci n'était que fortuite en cette heure tardive, je constatais très vite que cela ne sera point le cas lorsqu'elle me montra ma petite note. Merde… Merde et remerde!!! Pourquoi faut-il qu'elle l'ait en sa possession… Maintenant? Ce n'est pas ce que j'avais prévu, ils devaient recevoir ma lettre qu'après coup… Une fois que je serai… M… Mort. Ne sachant trop quoi dire, ni quoi faire, je restais pantois et profondément désolé pour ma petite sœur chérie.

La tristesse qui m'habite alors est si intense que je peine difficilement à la contenir, mais je ne dois pas m'effondrer. Si je le fais, je sens que je risque de craquer et de ne plus être en mesure de me reprendre, mais voilà comment garder le contrôle de soi en cet instant précis et surtout en présence de Maëlys? Nous nous connaissons si bien, l'un et l'autre, que bien souvent un seul regard suffit. Cherchant alors à éviter le regard inquisiteur de ma petite sœur, je tentais désespérément de trouver une explication afin de la rassurer. Sauf que cela c'était sans compter la détermination de Maëlys.

Ce fut instantanée, dès que mes yeux se posèrent dans les douces prunelles de ma chère sœur, je sentis en moi s'effondrer une immense digue. Comme Maëlys me parlait de lui expliquer la réel signification de tout ceci, je sentis déjà monter en moi les premiers signes d'un tsunami sans précédent. Les yeux larmoyants, la gorge nouée et les lèvres chevrotantes, je ne cessais de regarder ma petite sœur avec détresse et angoisse. J'aurais tant voulu parler, dire quelque chose, mais j'en fus incapable… Au lieu de cela sorti de ma gorge un cri de détresse des plus poignant et angoissant qui soit.

Le déluge, celui que je tentais de refoulé désespérément depuis des lustres, avait atteint sa montée finale et il se déversait désormais avec fureur de tout mon être. Me laissant alors complètement tomber dans les bras de Maëlys, je tentais désespérément de m'aggripper fortement à elle, criant, hurlant et pleurant de désespoir. Je ne contenait plus rien, mon corps tout entier tremblait sous des spasmes violents. Si lors de ma première transformation, la douleur physique fût intense et ultra violente, elle n'était rien par rapport à celle que je vivais, intérieurement, présentement. Mon être, mon cœur, mon âme elle-même sont réduits en bouillie, mis en charpie avec une telle fureur… La perte de mes parents, mon accident, la folie de mon oncle et maintenant cette nouvelle nature meurtrière… Cela en faisait beaucoup trop pour mes frêles épaules d'adolescent.

Let me die

feat. Mikko et Maëlys

J’étais au bord du gouffre, totalement anéanti, dévasté et si ce n'est de la présence de ma petite sœur adorée je crois bien que je me serai écroulé au sol telle une loque humaine. La perte de mes parents, mon accident, ma nouvelle condition et la folie de mon oncle eurent raison de moi et je n’avais plus la force de me battre, ni d’avancer… À quoi bon continuer quand tous vos rêves, vos aspirations et vos modèles de vie s’envolent en fumée et se dissipent totalement.

En voyant mes piliers fondamentaux s’écrouler l’un après l’autre, je ne voyais d’autres solutions que de m’effondrer avec eux… De façon permanente et définitive, mais alors que je me retrouvais dans mes ténèbres les plus noires apparut soudainement une vive lumière, une source intarissable d’espoir et de réconfort, ma petite sœur  @Maëlys D. Emrys était là, à mes côtés. Elle est, avec notre plus jeune sœur, le pilier principal sur qui repose toute les fondations de mon être et dans ma détresse je l’avais complètement oublié.

Faire ce constat m'apporte un bien-être fou et alors que je continuais d’expulser de façon non gracieuse toutes les tensions, l'angoisse et la détresse que j’avais accumulées au fil des semaines, je serrai encore plus fort ma petite sœur. Non pas de façon à lui faire mal, mais plutôt très tendrement et presque fusionnel. Me sentant peu-à-peu vidé et épuisé, je commençais enfin à m'apaiser, me laissant bercer par le doux fredonnement de Maëlys. Celle-ci par sa façon de faire et d’agir me rappela soudainement notre mère et je revis l’espace de quelques minutes mes derniers instants avec maman. Nos paroles échangées, son regard qu'elle posa sur moi et enfin la promesse qu'elle me fit tenir.

Les yeux encore larmoyants, j’éprouvais vivement le besoin de m’asseoir. Si je retrouvais tout doucement un peu de calme, je constatais, avec mon état de fatigue, que je ne parvenais plus à tenir sur mes jambes, du moins cela devenait pénible. Ne voulant pas être un poids mort pour ma petite sœur, je mis fin alors à notre étreinte afin de m'asseoir au sol, le dos appuyé contre une étagère. Soupirant longuement, je laissa encore couler un peu de mes ressentiments tout en continuant de penser à notre mère. Quelque peu honteux et désolé, je n’osais croiser le regard de Maëlys.

“Tu… Tu lui ressemble tellement… À maman.”

Je m’étais alors exprimé en français et dans un murmure. Je ne me sentais pas la force de pousser ma voix, ni de converser en anglais. J’étais complètement lessivé et j’aurais volontiers fermé les yeux afin de récupérer un peu, mais mon cœur éprouvait le besoin de se confier et c'est dans ma langue maternelle que c'est plus facile de le faire pour lui. Relevant alors mes jambes, j’enroulais mes bras autour d’eux afin de me donner un peu de chaleur, car j’avais très froid et je grelotais encore beaucoup. Je ne sais pas ce que je donnerai pour me retrouver devant un bon feu de foyer, une grosse doudou sur mes épaules, un chocolat chaud dans les mains et ma petite sœur adorée tout contre moi, mais avec le calme revenait également ma fierté et je ne voulais pas demandé cela à ma petite sœur. Elle en fait déjà suffisamment comme-ça, sa seule présence me suffit. Prenant une autre profonde respiration, je continuais de parler tout doucement, laissant les mots sortir comme cela venait. Il était si bon de parler.

“Je la revois encore tu sais… Elle est toujours là dans ma mémoire… Soudainement paniqué de me voir apparaître dans leur chambre… Lors de cette terrible nuit… Le feu… Je voulais les sauver… J’aurais tellement voulu les sauver, mais… Mais elle a refusé… Je m’en veux petite sœur… Je m’en veux tellement d’avoir échoué… Je ne fais que cela… Échoué…”