Maëlys avait consulté plusieurs fois, du temps où elle était élève à Beauxbâtons des ouvrages sur les animagus et le processus pour en devenir un. Mais, malgré sa fascination pour cette capacité, à l’époque, elle s’était trouvé trop jeune et avait l’impression de ne pas avoir la motivation nécessaire pour suivre cet apprentissage.

Mais, avec les nombreux changements dans sa vie et le fait que son cher grand-frère, Mikko, était désormais un loup-garou, elle s’était décidée. Elle deviendrait un animagus pour pouvoir mieux le soutenir. Elle s’était donc adressée en janvier à Alice Wood. Elle avait trouvé auprès d’elle l’appui nécessaire pour avoir les papiers, les autorisations spéciales que demanderaient cet apprentissage. Parmi celle-là, figurait celle de se déplacer dans l’école de nuit, de façon exceptionnelle. Son professeur l’avait également présentée à un étudiant qui avait cette capacité pour l’aider dans son apprentissage : Galen. Elle avait également refait les recherches nécessaires à la bibliothèque de Poudlard en janvier, et recopié l’intégralité de la procédure, afin de n’oublier aucune étape, aucun détail.
Elle ne s’était pas adressée à sa tante, craignant que celle-ci ne devinât l’intégralité de ses intentions et ne fut pas d’accord pour l’aider. Elle n’était pas sûre que celle-ci approuverait l’intégralité de son idée.
Pendant tout le mois de février, entre la dernière pleine lune de janvier et celle du 28 février, la jeune fille avait gardé une feuille de mandragore dans la bouche. Il lui avait fallu un peu de temps pour s’habituer, mais elle était parvenue à ne pas l’avaler. Le 27 février, elle avait demandé une autorisation de sortie spéciale pour la nuit du 28 à son professeur d’arithmancie. Ainsi, elle pouvait se rendre dans le parc y retrouver Galen avec qui elle avait rendez-vous pour l’étape suivante.

Elle avait de la chance, ce 28 février 2010, le ciel était parfaitement clair, sans aucun nuage. Elle avait sur elle la fiole de cristal ainsi que tous les ingrédients nécessaires, qu’elle avait récolté au fil du mois de février. Elle avait donc de la rosée qu’elle était parvenue à récolter en un lieu qui n’avait été ni exposé au soleil ni fréquenté par l’homme pendant sept jours. Elle avait également récupéré une chrysalide de sphynx tête de mort.

Arrivée dans le parc, au lieu du rendez-vous, elle salua Galen.

« Bonsoir Galen. Comment vas-tu ? » fit-elle, par politesse, mais aussi du fait de son souci sincère de son prochain.

Le temps avait passé, et la jeune fille était désormais prête à passer à la suite.

Galen en avait la conviction. Elle avait travaillé dur pendant ces quelques mois et encore plus lorsqu'elle a du garder la feuille de mandragore dans la bouche. C'est l'étape la plus difficile, car le corps veut sans arrêt expulser ou avaler ce corps étranger, et il faut toute la volonté du monde pour la conserver sous la langue sans flancher, sans risquer de la déchirer avec les dents. Galen était passé par là, lui aussi, il sait ce que c'est, il sait par quoi la jeune fille est passé. Sa motivation est fort honorable et il doit reconnaitre qu'il est plus que confiant quant à sa capacité à se transformer en animal.

Il lui avait donné rendez vous dans un endroit bien particulier du parc. Cela allait se faire de nuit, comme le veut la tradition, dans un lieu qui n'avait pas été foulé par l'homme depuis longtemps. Galen, sous sa forme de corbeau, était déjà arrivé depuis plus d'une heure quand la jeune fille se présenta, mais il n'avait pas posé le pied au sol. Il se contentait de survoler la zone, jouant avec les courants d'airs, laissant ces derniers pousser sous ses ailes pour l'élever dans les cieux. Il se demandait curieusement quelle sera la forme que prendra la jeune fille. Il avait une vague idée. Elle est fidèle, dévouée envers les siens. Cela sera forcément un animal qui présente les mêmes traits de caractère. Un chien, par exemple. Si Galen avait été joueur, il aurait même parié là dessus mais il n'était pas ainsi. C'était un jour important, l'heure n'était pas à la plaisanterie.

Lorsque la jeune Emrys se présenta, Galen amorça lentement sa descente. Il croassa pour signaler sa présence et se posa à quelques mètres d'elle avant de reprendre sa forme humaine. Il se redressa et leva le bec vers elle. Comme d'habitude, elle le salua très poliment. Même en de pareils instants, elle n'oubliait pas sa noble éducation. Encore un peu, et elle pourrait même faire une révérence. Galen inclina le bec en guise de salut, ne répondant pas tout de suite. Il leva la tête vers le ciel, avisant les étoiles et la lune, puis il finit par souffler : Tu as fait du bon travail, fille de Brocéliande. Tu portes avec honneur le sang de ces terres ancestrales... J'ai lu beaucoup de légendes à leur sujet, les connais tu ? Il essayait de la détendre, même s'il n'était pas très doué pour cela.

Il garda le bec levé vers le ciel et souffla : On raconte que toute chose en ces terres possède une âme, y compris les pierres. Votre château aurait été bâti avec ces mêmes roches magiques... Il baissa la tête et reprit : Enfin. Nous y voilà donc. Es tu prête ?

Maëlys retrouva donc Galen dans le parc, pour passer avec lui à l’étape suivante. Il la salua sous sa forme de corbeau, avant d’entamer la discussion avec elle.

« Je connais quelques-unes des légendes liées à Brocéliande, comme celles impliquant la fontaine de Barenton et le val-sans-retour. Mais, je ne les connais peut-être pas toutes. En tous cas, j’apprécie beaucoup celles que j’ai pu découvrir » répondit-elle.

Si elle ne pouvait pas se plaindre au château de Poudlard, étant avec ses frères et sœurs, ses cousins, cousines, sa tante et s’y étant fait une meilleure amie en la personne d’Elizabeth Saunders, elle avait par moments la nostalgie de sa terre natale et surtout de la forêt de Brocéliande. Et si elle n’avait pas été aussi raisonnable, obéissante, à cheval sur les règles, elle aurait sans doute essayé de pallier cela en se rendant dans la forêt interdite du château. Seulement, tant que cela ne revêtait pas un caractère de nécessité à ses yeux, elle s’en abstenait.

« Oui, je connais aussi l’histoire du château Emrys, mon oncle me l’a racontée » acquiesça-t-elle.

Elle se souvenait qu’il lui avait dit que les pierres lui parlaient et l’avertissaient quand il y avait un danger ou quelque chose comme ça, même pour des sorciers, cela paraissait… surprenant, alors, elle n’entra pas dans les détails.

« Oui, je suis prête » acquiesça-t-elle.

Elle savait que cette étape allait lui demander de faire preuve d’un grand soin jusqu’au bout et qu’ensuite, elle devrait se montrer patiente, les orages n’étant pas monnaie courante en Ecosse.