Prise de conscience au pied du lit
@Loup Emrys & Marcus Hawks

Cinq jours s'étaient déroulés depuis l'incident. Loup avait été envoyé à Ste Mangouste, tout comme le jeune Crowley. Marcus ne savait pas qu'au même moment où il entrait dans le Hall de l'Hôpital, le père Crowley ouvrait la porte de la chambre d'Ikarus. Il valait mieux que personne ne se rencontre. Le Hall de Ste Mangouste était particulièrement bruyant. Des patients attendaient sur des chaises en bois branlantes. L'un d'entre eux avait une trompe d'éléphant à la place du nez et un autre encore, de gros navets à la place des mains. Encore des sorciers qui ont joué avec le feu, ou qui se sont pris une malédiction en voulant dérober un objets protégé. Marcus fit la queue dans une longue file d'attente. Quand arriva son tour, il demanda la chambre de Loup Emrys à une grosse dame passablement aimable. D'un coup de baguette, elle fit apparaitre un petit papier en forme d'avion qui virevoltait autour de la tête de Marcus. Elle indiqua qu'il suffisait de suivre le bout de papier pour trouver la chambre du blessé.

Marcus connaissait bien les lieux. Il était déjà venus à plusieurs reprises dans le passé, en tant que patient et en tant que simple visiteur. Il évita soigneusement d'emprunter le couloir menant au service d'empoisonnement par potions et plantes. C'est là que travaillait la douce Astrée et il n'avait clairement pas envie de la rencontrer. Du moins, pas aujourd'hui. Il monta plusieurs escaliers pour arriver au quatrième étage. Un long couloir étroit desservait plusieurs chambres. Marcus suivit le papier jusqu'à la porte d'Emrys. Il frappa et entra.

Loup Emrys était étendu sur un lit d'hôpital. Sa chambre était lumineuse et assez spacieuse. L'autre lit était vide. Marcus adressa un sourire à son ami, déposa son manteau sur une chaise située proche de l'entrée et croisa ses bras noueux en voyant l'état de son camarade. L'avoir laissé seul face à Crowley n'avait pas été la meilleure idée du siècle. Et Marcus s'en voulait un peu. Mais peut-être que cet affrontement avait remis les idées en place de l'Auror, qui avait clairement vrillé ce jour là.

- Bonjour Loup,

Il se rapprocha du lit et d'un geste subtile de la main, Marcus attira une chaise en bois aux côtés de son ami. La magie sans baguette n'était plus un secret pour lui. Il s'installa et posa ses coudes sur ses genoux.

- C'est pas vrai ... dans quel état il t'a mis. Excuse moi de t'avoir laissé tomber ce jour là. Mais ... tu avais complètement vrillé. Je ne pouvais pas laisser toutes ces personnes subir des dommages collatéraux à cause de votre duel.

Il considéra les blessures de son ami. Loup allait se remettre sur pieds bien rapidement. Cinq jours de convalescence c'était amplement suffisant. Pour ce qui était du petit Crowley, Marcus n'était sûr de rien.

- Ca va ? Tu te remets de tes blessures ?

Prise de conscience au pied du lit
Loup Emrys & @Marcus Hawks

Cinq jours étaient passés depuis mon arrivée ici.

Blessé, couvert de sang, je n'étais cependant pas le plus à plaindre. Mes blessures étaient peu graves et je n'allais rester que quelques jours ici pour me rétablir, c'était ce que disaient les médecins. Cela fait cinq jours à présent, je devrais déjà être sorti. Mes entailles sont propres et soignées, mes bleus commencent à s'estomper... J'ai cependant vite compris pourquoi je suis encore ici, allongé sur un lit d'hôpital. Je ne suis plus assigné au service des urgences, mais dans le service psychiatrie. J'en ai pris conscience quand, après avoir émergé d'un sommeil plutôt profond, j'ai entendu un cri et un rire dans la chambre d'à côté. Les derniers événements de ces derniers jours me sont revenus à l'esprit. Crowley, notre combat, des explosions, du sang et, surtout, mon incapacité à ressentir quoi que ce soit.

Aujourd'hui, je me sens mieux, je prends régulièrement des potions qui sont sensés calmer les battements de mon coeur ainsi que mes crises d'angoisse. Hier encore, d'après le médecin, je suis reste quasiment trois heures dans un état quasi catatonique. Je ne réagissais pas quand il m'appelait, quand il me touchait. Il m'avait avoué que ces phases étaient plus que fréquentes à mon arrivée mais que, grâce à mon traitement, elles se faisaient plus rare. Je ne me souviens de rien pour ma part. Je ne me rappelle juste d'une sensation assez étrange où je flottais dans un milieu chaud et apaisant, et, lorsque j'en émergeais, plusieurs heures avaient passé. C'est étrange, mais cela me rappelle étrangement mon état lorsque j'ai été libéré après ma captivité. Le médecin pense que tout ce que j'ai accumulé pendant douze ans a jailli il y a cinq jours et que, à présent, le surplus s'écoule lentement, inlassablement, sans que je ne parvienne à le contrôler.

J'avais cependant ma méthode pour éviter de replonger, je devais travailler, occuper mon esprit. Mes blessures ne me faisaient plus mal, mais mon cerveau me torturait. Quand je n'étais pas absent, tout simplement, je m'interrogeais, je stressais et je finissais par paniquer. Les infirmiers me faisaient boire de la potion tranquilisante pour que je dorme. Je crois que, en cinq jour, j'ai sans doute plus dormi qu'en un mois de travail tout entier. J'ai demande cependant qu'on apporte mes dossiers pour que je puisse travailler, on m'a donné un puzzle, un casse tête et des coloriages. Outré, j'ai d'abord refuse d'y toucher avant de finalement m'intéresser au casse tête, fait de tiges de métal. Mes mains, constamments occupées, aidaient mon cerveau a ne pas trop penser. C'est ainsi que, lentement, je reconstruis les barrières qui m'empêchent de devenir fou. Un casse tête, une potion tranquilisante, une infirmière qui change mes pansements et m'aide à manger et à me laver, voilà mon quotidien.

J'étais en train de tenter de résoudre un nouveau casse tête quand Marcus entra. Il tira une chaise vers lui d'un simple mouvement de la main. Je le salue en retour et lui dis, en souriant : Marcus, je suis heureux de te voir ici. Il faudrait que j'apprenne à utiliser la magie sans baguettes.. Depuis que la mienne a été confisquée, je me sens aussi nu qu'un nouveau né. Marcus s'excusa pour m'avoir laissé tomber, mais il l'avait fait car j'avais complétement perdu le contrôle et qu'il ne pouvait pas laisser les autres être blessés par ma folie. Je lui réponds, avec un triste sourire : Tu as fait ce qu'il fallait, mon ami, j'ai perdu les pédales, et c'est pourquoi je suis encore ici. Un rire strident, dans la chambre d'à côté, m'interrompit et je reprends : Je répare mon esprit, lentement mais sûrement. Je devrais être prêt à retourner sur le terrain d'ici quelques semaines. Je baisse les yeux vers les petites tiges de métal que je tiens entre les mains. Je devrais en avoir constamment avec moi, ça a un effet incroyablement apaisant. Je demande à Marcus : Je ne me souviens plus de la fin du combat... Comment va Crowley ? Et son fils ? J'espère que je n'ai pas causé trop de dégâts...Bon sang, Marcus, je t'avais promis d'y aller doucement... J'ai lamentablement échoué... Je sens les larmes envahir mes yeux et couler sur mes joues. Bon sang, pas maintenant ! Je sens mon cœur s'emballer, mon regard se perds dans la chambre, cherchant un point de repère. Je ne dois pas paniquer, mais je n'arrive pas à l'empêcher de m'envahir. Que faire ?

Prise de conscience au pied du lit
@Loup Emrys & Marcus Hawks

Le voir dans cet état, dans ce service, entendre les rires fous des chambres à côté, serrait le coeur de Marcus. Il n'aimait pas voir Loup dans cet endroit. Sa place était sur le terrain, à combattre les forces du mal. Pas allongé dans un lit d'hôpital. Il inspira et sourit d'un air compatissant. Pauvre Loup. S'il savait à quel point la rage et la colère l'avait poussé dans ses retranchements. Par où commencer ? Marcus n'était pas du genre à prendre des pincettes ou à tourner autour du pot. C'était un homme direct et droit. Même si pour le coup, il avait détourner la règle. Jamais il n'aurait permis qu'un tel duel se déroule aussi proche d'une école pleine d'élèves. Aussi proche d'un village. D'ailleurs, il n'avait pas compris comment cette femme, au nom de Catherine, était arrivée là. Le hasard ? Ou bien Crowley l'avait prévenu ?

Marcus secoua la tête d'un air navré.

- Prends le temps qu'il te faut. Ca ne sert à rien de précipiter les choses.

Ce n'était pas l'état physique de Loup qui inquiétait Marcus. Il savait que l'Auror était capable de bien des prouesses et de robustesse. Mais il s'inquiétait plus sur son état mental. Loup avait accumulé trop de rage pendant douze ans, pour la laisser l'envahir et exploser contre celui qui l'avait jadis tourmenté. Et il n'était pas certain que ce combat l'ait calmé. Bien au contraire. Crowley courait toujours dans la nature, impunément, tranquille. Les actes de l'ex Mangemort avaient réduit un homme à néant. Et malgré la volonté de se faire vengeance tout seul, Loup avait échoué. Il aurait du laissé la justice se faire. Même si Crowley avait le bras long, son procès aurait été médiatisé. Sa réputation bafouée et probablement qu'on l'aurait licencié. Ses enfants auraient connu la vérité.

Marcus posa une main sur l'épaule de Loup en le considérant d'un air triste et amical.

- Personne ne peut t'en vouloir. Ce type est une ordure. Pour ce qu'il t'a fait. C'est un manipulateur ... et nous connaissons la vérité sur son compte. On sait qui il est vraiment. Tu as peut-être dépassé certaines limites et tu t'es peut-être laissé envahir par les émotions, mais tout est de sa faute Loup. Et je peux m'en vouloir également ... de ne pas t'avoir tenu tête. Un jugement aurait été plus ingénieux. On avait les preuves pour l'amener au procès. Rita Skeeter se serait fait un malin plaisir d'écrire un article salé sur lui et sa famille.

Marcus avait une haine féroce contre Crowley. Encore un Mangemort qui s'en tirait allègrement et qui jouait la victime. Certes son fils avait pris un sale coup, mais c'était entièrement de sa faute. Et on allait encore le pleurer.

- Par contre, tu as utilisé un sortilège impardonnable Loup ... et je ne suis pas le seul témoin. Tu risques d'être révoqué de tes fonctions si ça se sait. Pourquoi ? Tu es un Auror ...

Il le savait très bien, mais il voulait que Loup prenne conscience de ses actes. Qu'il avait bafoué une règle que des Aurors appliquaient consciencieusement. Aucun Auror n'avait utilisé de sortilèges impardonnables depuis la première grande guerre. Et jamais lors d'un duel. Mais Loup avait eu cette volonté de faire ressentir à Crowley ce qu'il avait vécu au fond de sa cave.

- Et pour répondre à ta question, son fils est à Ste Mangouste. Mais il va s'en sortir, ne t'inquiète pas.

Prise de conscience au pied du lit
Loup Emrys & @Marcus Hawks

J'ai conscience que me voir ici fait du mal à mon ami. Marcus m'a toujours soutenu, en tout temps et en tout lieu, et j'en ai fais de même de mon côté. Il est un frère d'arme, un collègue, un ami. Nous avons combattu ensemble, et nous avons risqués notre vie. Il est un sorcier talentueux et je le respecte énornément.

Lorsqu'il me dit que Crowley était un manipulateur et que tout était de sa faute, malgré la tournure des évènements, je ne peux m'empêcher d'être sceptique. C'est moi qui ai causé tout ce remu ménage, c'est moi qui suis interné aujourd'hui, est ce vraiment de la faute de Crowley ? Oui, dans un sens, c'est lui qui est responsable de mon état. S'il ne m'avait pas torturé, je ne serais pas là aujourd'hui mais auprès de ma famille. C'est de sa faute si mon couple ne tient plus que par un fil, si mes enfants souffrent de mon absence, si j'ai peur de mon propre esprit. Je baisse la tête et soupire. Je dis à Marcus : J'ai pensé à ses enfants... Je sais qu'il est divorcé et, même s'il mérite de finir en prison, ses enfants n'y sont pour rien dans cette histoire... Je ne voulais pas qu'ils se retrouve placés en foyer, séparés les uns des autres. Je ne le souhaite pas à mes propres enfants, voilà pourquoi je t'ai poussé à fermer les yeux, Marcus, c'était pour les enfants Crowley. Ma bonté me perdra surement.

Alors que je m'excuse, je sens les larmes et la panique m'envahir. J'entends les mots de mon ami, mais il me faut quelques longues secondes avant de parvenir à me calmer. Mon coeur bat la chamade, ma respiration se fait plus haletante, je tremble comme une feuille et mes joues sont trempées de larmes. Je devrais appeler une infirmière, mais je sais qu'elle va me faire boire une potion tranquilisante, et je ne veux pas dormir, pas tant que Marcus sera là, nous avons tant à dire. J'attrape une poignée de mes cheveux d'une main et le drap de l'autre. Je ferme les yeux et serre les dents, tentant de retrouver une respiration plus paisible. Bon sang, je déteste ça. J'y parviens heureusement et rouvre les yeux, encore tout tremblant, et lâche mes cheveux et le drap avant de pousser un profond soupir. Je souffle à mon ami, encore haletant : Je... Je suis désolé. Cela m'arrive souvent, et il me faut une potion pour me calmer d'habitude...

Je passe une main sur mon visage pour essuyer mes joues et reprends, comme si rien n'était arrivé, malgré ma voix encore brisée par la crise : Je suis soulagé pour l'enfant. Il n'y est pour rien dans cette histoire, même si ce qu'il a fait était imprudent. Je relève la tête vers lui et reviens sur le sujet de mon retour au sein des Aurors : Notre chef n'est pas encore venu, cela signifie que cela n'a pas été ébruité. Du moins, pas encore. Je ne pense pas que Crowley ira raconter ce qu'il s'est passé, il sait que je n'hésiterais pas à le dénoncer pour ce qu'il m'a fait. Non, je pense que cela va juste rester entre nous, et mes blessures seront justifiées par une altercation avec un braconnier... Cela pourrait passer... Je lève les yeux vers lui, le regardant en coin : Sauf si tu comptes me dénoncer. Je le comprendrais, tu sais, j'ai bafoué notre code d'honneur, et je devrais même démissionner pour cela, mais ce métier est une véritable drogue, tu le sais autant que moi, Marcus. Nous ne pouvons vivre sans notre dose d'adrénaline.

Prise de conscience au pied du lit
@Loup Emrys & Marcus Hawks

En regardant Loup dans cet état, Marcus se rappelait à quel point le métier d’Auror pouvait être dangereux. Pouvait esquinter une personne. Lui même avait failli ne jamais se relever de ses blessures après la Bataille de Poudlard. Mais le passé appartenait au passé. Aujourd’hui, Marcus se sentait plus fort que jamais et il était bien décidé à reprendre les armes pour nettoyer la forêt interdite du braconnage.

Ce qu’il avait laissé faire le soir du 25 février, n’était une preuve d’amitié sincère. En temps normal, jamais Marcus n’aurait permis à un collègue Auror de se faire justice soi-même. Crowley méritait la prison. Qu’il ait des enfants ou non, Marcus en avait rien à faire. Ils avaient encore une mère non ? Et qu’importe l’avenir de ces gosses, leur père était un criminel. Encore une fois, on laissait un pauvre type s’en tirer. Encore une fois, Loup devait encaisser les coups. La vie était injuste. Marcus avait laissé faire son ami, et la folie avait prit le dessus, pour un résultat décevant. Marcus gonfla la poitrine d’un air las. Il écoutait Loup sans émotion.

Les enfants … Loup était faible. Peut-être trop émotif. Et c’était ça qui le perdrait. Il s’était laissé attendrir par les gamins Crowley. Il ne répondit rien, se contentant de garder les bras croisés. Puis soudain, Loup fit une sorte de crise. Marcus se redressa, puis se leva de sa chaise. Il fronça les yeux, tendit le cou vers la porte d’entrée de la chambre, prêt à appeler une infirmière. Mais rapidement, Loup reprit ses esprits. Il informa Marcus que ce genre de crise lui arrivait souvent et qu’il avait besoin d’une potion pour la calmer.

« Tu veux que j’appelle une infirmière ? »

Mais Loup passa une main sur son visage. Il semblait soulagé pour l’enfant Crowley et également que le chef de Brigade ne soit pas encore passé dans sa chambre d’hôpital. Il avait bien raison. Seul Marcus était au courant de ce duel totalement illégal. Bien sûr, Crowley n’allait rien dire, ils avaient maintenant la preuve irréfutable qu’il était un Mangemort. Le tatouage avait été dévoilé aux enfants et à cette jeune femme dont Marcus avait oublié le nom. Une femme proche de Crowley. Mais ils pouvaient également mentir aux autorités et clamer que ce tatouage n’a jamais existé.

Bref, Marcus restait sur l’idée qu’ils auraient du embarquer Crowley et l’enfermer à Azkaban.

Marucs posa une main sur le bord du lit et considéra Loup avec un faible sourire aux coins des lèvres.

« Je ne vais pas te dénoncer mon ami. Qui serais-je si je faisais ça ? On doit se soutenir et puis … tu n’étais pas toi même ce soir là. Mais Loup, je pense que tu devrais prendre une pause. Du recul … »

Il savait que c’était un sujet délicat. Mais reprendre le service direct après sa sortie de l’hôpital n’était certainement pas judicieux. L’esprit de Loup était encore trop fragile et il risquait de le corrompre une nouvelle fois.
L’Auror eut un petit rire légèrement moqueur.

« Ca tu l’as dit. On a besoin de notre dose d’adrénaline, mais je pense que tu as eu ta dose pour un moment mon vieil ami. Tu aurais pu y rester. Durant votre duel, vous auriez pu tuer ce pauvre gosse. Loup … tu n’as pas voulu m’écouter et je t’ai laissé avoir ta vengeance. Et finalement, qu’est-ce que ça t’a apporté ? Rien … regarde dans quel état tu es aujourd’hui. Tu as une famille … concentre toi là dessus. On aurait du envoyer Crowley à Azkaban, ou l’envoyer devant la justice. Même s’il aurait gagné ce procès, au moins ses enfants auraient su que leur père trempe dans de sales histoires. Cet homme garde une belle image au sein de la communauté sorcière, mais c’est un usurpateur. »

Son ton était à la fois ampli de colère et de lassitude.

« Mais c’est ton histoire. Je ne veux juste pas que tu fasses quelque chose de stupide. C’est pour cela que j’ai demandé au chef de Brigade de te suspendre pour un mois. Ca te laissera le temps de réfléchir, de te poser, de profiter de ta petite fille et de soigner ton esprit. » dit-il en pointant sa tête de son indexe.

Marcus redoutait la réaction de Loup. Mais c’était pour son bien. Il s’était déjà chargé d’expliquer auprès de la Direction ce qui s’était passé en inventant une histoire de mission qui avait mal tournée. Une histoire de braconnier.

Prise de conscience au pied du lit
Loup Emrys & @Marcus Hawks

La crise est passée, mais elle me laisse aussi tremblant qu'un chiot venant de naitre.

Elles se font certes plus rare que lorsque je me suis réveillé dans cette chambre, mais elles sont plus violentes, plus douloureuses, plus épuisantes. Ce combat aurait du me faire du bien, me guérir, au lieu de cela, il n'a fait qu'aggraver la situation tout en y apportant une nouvelle subtilité. Je vais devoir apprendre à vivre avec, et je me doute que je vais avoir un traitement à vie, à prendre quotidiennement, pour éviter de devoir revenir ici et y finir mes jours, en pyjama et la bave aux lèvres. Je vois Marcus qui, revenant vers moi, me demanda si je souhaitais qu'il appelle une infirmière. Je secoue la tête et lui réponds : Non, surement pas, elle va me faire boire une autre potion tranquillisante. Je tiens à avoir l'esprit clair. Je tente de lui sourire, afin de le rassurer, mais cela ressemble plus à une grimace forcée qu'à autre chose. Je doute que cela suffise à le convaincre que je vais bien.

Nous évoquâmes les derniers évènements, bien entendu. Et le sortilège impardonnable que j'ai lancé revient sur le tapis. Je sais désormais que, quoique je fasse, cet acte entâchera notre amitié aux yeux de Marcus, qui ne me verra plus jamais de la même manière. Mais, ah, s'il avait pu ressentir ce que cela fait de lancer un sort interdit ! Impero m'a fait me sentir, vivant, puissant, voir Crowley se lever par ma simple volonté m'a fait un bien fou... Quoique, en y réfléchissant, c'est sans doute ce qui a contribué à l'aggravement de mon état mental. La magie noire est l'une des choses que, nous, Auror, combattons depuis toujours et je n'ai pas hésité à l'utiliser contre mon ennemi. Est ce que cela fait de moi un Mage Noir ? Non, bien sur que non, mais cela peut cependant m'envoyer en prison, jeter le déshonneur sur moi. Crowley ne dira rien, il a trop à perdre. Marcus... En revanche...

Il m'avoua qu'il ne me dénoncera pas, pour mon plus grand soulagement. Je vais pouvoir continuer à exercer ! Cependant, Marcus commença à me dire que je devais prendre une pause et un peu de recul. Je garde le sourire et secoue la tête, lui répondant très franchement : Tu sais bien que je ne peux pas. Je n'attends que ça tu sais, l'adrénaline, l'action, tout cela me manque terriblement. Cela ne tiendrais qu'à moi et non pas à ces médecins, je serais déjà dehors, baguette en main ! Je perds vite mon sourire lorsque j'entends la suite. Marcus me dit que j'avais eu ma dose d'aventure pour le moment et que nous avions été trop loin avec cette histoire. Il m'avait laissé faire, mais nous avions failli tuer le gosse Crowley. Au final, d'après lui, ce combat ne m'a rien apporté, sinon l'affaiblissement significatif de mon état mental. Je baisse les yeux lorsqu'il me dit que je devrais me concentrer sur ma famille, profiter d'eux pour me ressourcer.

Il insista sur le fait que nous aurions du envoyer Crowley en prison. Même s'il avait gagné le procès, ses enfants l'auraient reniés et cela aurait été suffisant. Je lâche un soupir. Il n'a pas tort, mais, dans tous les cas, je n'aurais pas pu supporter de le savoir en liberté sans avoir eu ma vengeance. Marcus m'avoua ensuite qu'il avait demandé à notre chef de me suspendre pendant un mois. Je le regarde alors, surpris, bouche bée et stupéfait. Je m'y attendais, certes, mais un mois... Je lâche alors, dépité : Quoi ? Un mois, Marcus ? Mais je vais bien ! Tu le vois bien ! Je peux repartir sur le terrain ! Il ne s'agit pas de Crowley mais de notre communauté, je peux tenir le coup ! Je... Je secoue la tête, sachant pertinemment qu'il ne sert à rien d'insister avec Marcus. Je soupire et reprends : D'accord... Je... Ok...Merci. J'accepte la sentence. Cela aurait pu être pire, j'aurais pu être renvoyé et finir en prison.

Je relève les yeux vers lui et lui souffle : Mais tu as tort sur une chose. Ce duel n'a pas été vain. Non seulement Crowley va devoir faire face à ses enfants, mais il va devenir plus peureux, plus prudent, et c'est là qu'il fera une erreur. Son assurance était sa carte maitresse, elle s'est envolée désormais. Je ne peux plus le dénoncer, tout comme lui ne peux pas le faire pour moi. Nous nous tenons mutuellement enchainés. Par contre, toi, tu es libre, Marcus. Pris dans ma réflexion, je fais crisser ma barbe naissante du bout de l'ongle et reprends : Je ne suis sans doute pas la seule victime. Crowley a surement du approvisionner les autres Mangemorts, voire le Seigneur des Ténèbres lui même en potions. Il doit forcément en subsister une trace, ou des témoins. La partie ne fait que commencer. Je relève la tête vers lui : Quand je serais sorti, je vais commencer à l'attaquer sur un tout autre plan : la finance. Crowley est puissant, mais je le suis d'autant plus. Je le ferais discréditer aux yeux du Ministère, et je le pousserais à la faillite. Une fois affaibli, tu n'auras plus qu'à le cueillir et ça sera ta proie, ta victoire. Il nous faut juste un peu de patience. Je lui souris et achève sur ces mots : Le Comte de Brocéliande n'a pas dit son dernier mot, mon ami.

Prise de conscience au pied du lit
@Loup Emrys & Marcus Hawks

La sanction était dure, mais Loup avait joué avec le feu en se faisant justice lui même. C'était pour son bien, cette mise à pieds. Marcus ne voyait pas son ami reprendre le terrain. Pas dans cet état physique et mental. Il avait trop peur de le voir vriller à nouveau lors d'une mission. L'utilisation d'un sortilège impardonnable était grave et Marcus ne savait plus trop si Loup en avait conscience ou pas. Il préférait ne pas s'épancher sur le sujet, mais il était évident que Loup avait besoin de repos.

Un mois ... ça pouvait paraitre long, mais ça laissait le temps à Loup de se reconstruire. De profiter de sa famille et de prendre soin de Rowena. Elle avait bien besoin de son père cette petite. D'un père en bonne santé. Et puis, Marcus n'avait pas oublié Mikko. Après quelques recherches rapides sur le gamin, il avait vite compris qu'il s'agissait du neveu de Loup. Et vu ce qui s'était passé et dit lors de ce duel, Loup avait tout intérêt à reprendre le contact avec le jeune Gryffondor. Donc un mois de mise à pied n'était pas de trop.

Enfin, Loup souffla à Marcus qu'il n'était pas d'accord avec lui. Ce duel, selon lui, avait permis à Crowley de devenir plus faible. Moins confiant. Et qu'un deal s'était formé entre eux. Crowley ne pourrait pas s'en prendre à Loup, et Loup ne pourrait pas le dénoncer. Marcus fronça les sourcils, perplexe. Il n'aimait pas cette idée. Crowley méritait de passer en justice, devant un tribunal. Que le monde sache que les Mangemorts encore en liberté, n'avaient aucune chance de passer entre les mailles du filet. Même dix ans après les faits.

- Je suis content de voir que tu n'as pas baissé les bras dans cette affaire.

Dit-il en posant une main ferme sur l'épaule de Loup. Puis un sourire sincère se dessina sur les lèvres de l'Auror. Marcus recula, puis se dirigea vers la fenêtre, les mains derrière le dos. Au dehors, le ciel était gris. Il se mettait à pleuvoir sur Londres. Marcus avait hâte que l'hiver prenne fin et que le printemps puisse enfin laisser place aux beaux jours. Mais le printemps en Angleterre n'était pas forcément signe de beaux temps.

- Toutefois, je te conseille de te concentrer sur ta famille Loup ... tu as peut-être affaibli Crowley en dévoilant sa véritable nature à ses enfants, mais je crois que ton neveu était également présent lors des faits. Mikko Emrys ... n'est-ce pas ? Ce gamin est perturbé ... et ce qu'il a vu ce soir là, n'a pas du arrangé les choses. Je ne sais pas ce qu'il a compris ou pas, mais il a vu son oncle dans un état second. Et je pense que tu devrais prendre le temps de lui parler.

Il se retourna vers Loup. Voir son ami allongé dans un lit d'hôpital lui faisait mal. Mais après la Bataille de Poudlard, les rôles étaient inversés. C'était Loup qui était venu au chevet de Marcus.

- Occupe toi de faire couler Crowley, attaque toi à la finance, tu sauras mieux gérer ça que moi. Mais n'oublie pas ta famille. C'est important.

Qu'en savait-il ? Lui même n'en avait jamais construite. Pourtant, l'occasion s'était présenté plusieurs fois avec Astrée. Et jamais Marcus n'avait voulu s'engager. Parce qu'il savait que son métier pouvait être destructeur. C'était une manière de se protéger. Mais il avait Alwyn Manderville sur qui veiller. Qu'il considérait un peu comme son fils. D'ailleurs, il serait de bon ton de lui rendre visite ou de lui écrire.

- Je mènerai mon enquête de mon côté pour dénicher des témoins sur l'affaire Crowley. Il ne peut pas s'en tirer à si bon compte. Même si ses enfants connaissent une partie de la vérité, le monde doit savoir. Les gens doivent savoir qu'il existe encore des Mangemorts en liberté et qui n'ont pas purgé leur peine. Je ne dis pas qu'on arrivera à purger notre petite bulle des forces du mal, mais si l'on peut envoyer des gens comme Crowley derrière les barreaux, pourquoi s'en priver ?

Prise de conscience au pied du lit
Loup Emrys & @Marcus Hawks

La sanction est difficile à avaler. Un mois, un mois entier sans risquer ma vie sur le terrain, à courir après les braconniers, les criminels, les mangemorts. J'aime le danger, l'adrénaline, l'action et on vient de me retirer tout ça en un instant.

Je devrais en vouloir à Marcus, et c'est un peu le cas je dois l'avouer, mais je n'y parviens pas complètement. C'est sans doute mieux d'être suspendu un mois que révoqué de mes fonctions... Marcus a agi pour mon bien, c'est ce que j'essaye de me dire. Il pense à moi, à ma famille, il veut que je me repose et que je prenne soin des miens. Il n'a pas tort, j'ai beaucoup trop laissé ma famille de côté, et ce n'est pas que ces derniers temps, c'est ainsi depuis que j'ai été libéré de ma captivité. Ma femme me l'a reproché, mes enfants en souffrent. Oui, cette suspension va sans doute me faire du bien, même si je vais sans doute en pâtir. Ce métier, plus qu'une simple passion, est une véritable drogue. Je n'en ai cependant pas besoin pour vivre, j'ai suffisamment d'argent pour plusieurs vies, mais c'est ce qui fait battre mon coeur, ce qui me fait me sentir vivant et entier. Je me sens utile, je me sens... Héroïque.

Je réfléchis alors, et me dit que je pourrais même mettre cette terrible sanction à profit. J'expose donc mon idée à Marcus, lui expliquant que je compte attaquer Crowley autrement, par une voie que je maitrise aussi bien que le combat ou la diplomatie : l'économie. Au fil des ans, j'ai appris à gérer d'énormes sommes d'argents et je sais comment les placer, comment les faire fluctuer, et je sais également comment en faire perdre à mes ennemis. Mes rivaux, en France, ceux qui ont tenté de s'approprier mes biens ou mes profits par de vaines tentatives économiques l'ont payé cher. Marcus posa une main sur mon épaule, me disant qu'il était heureux de voir que je n'ai pas abandonné le combat. Je lui souris et l'écoute me dire que je devrais d'abord faire attention à ma famille.

Il me parla de Mikko. Je fronce les sourcils et lâche un soupir. Je lui dis : Ce garçon est... Particulier. Je l'ai compris lorsque je l'ai retrouvé, le jour des funérailles de ses parents, avec la main en sang devant la tombe. Il prends vraiment tout à coeur. Tu as raison, je vais lui parler avant toute chose... En admettant qu'il accepte de m'adresser la parole. Tu l'as bien vu, n'est ce pas ? Il était fou de rage, et je doute que cette colère soit retombée. Il tient de mon frère, il tient de moi, tant qu'il ne sera pas plus mature il se laissera guider par ses émotions... Le fait qu'il soit un lycanthrope ne va pas arranger les choses..

Marcus me dit de m'occuper de ma famille et que, pendant ce temps, il allait enquêter sur Crowley, qu'il allait faire en sorte que le monde connaisse la vérité et que ce serait bien que mon ennemi soit entre les barreaux. Je dois avouer que cela m'inquiète. Si Crowley finit en prison, plus rien ne l'empêchera de raconter que je l'ai agressé. Je dis à Marcus : Jouons la prudence avant tout. N'oublie pas quels sont les risques derrière... Mais c'est ton affaire, maintenant, tu es le mieux placé pour savoir que faire... Je te demande juste de ne pas oublier les conséquences que pourrait avoir l'emprisonnement de Crowley sur sa famille, et la mienne. Ses enfants n'y sont pour rien. Ils n'ont plus que leur père. Crowley a de la chance d'avoir ses enfants, et que je sois aussi soucieux de leur avenir. Je suis père après tout moi aussi.

Prise de conscience au pied du lit
@Loup Emrys & Marcus Hawks

Le neveu de Loup n'était pas le problème de Marcus, mais bien celui de Loup. Il ne le connaissait pas assez pour l'aiguiller quant à l'attitude à adopter. Il avait déjà Alwyn dont il peinait à donner de bons conseils. Marcus n'était pas père pour rien. Il aimait les enfants, mais les adolescents ... c'était une toute autre pair de manche. A la réflexion de son ami, l'Auror se contenta de sourire d'un air désabusé.

- C'est certain ... mais il faut que tu lui parles.

Et Marcus était soulagé de ne pas assister à cette discussion. Mikko allait probablement accabler Loup de tous les maux du monde. Jamais Marcus n'avait vu un gamin autant en colère. A prendre des risques inconsidérés. Il se demandait d'ailleurs, comment cela se faisait-il que tous ces gamins se soient retrouvés au beau milieu du duel opposant Gaïus et Loup. Etait-ce le simple hasard ? Etrange tout de même.

Loup ne semblait pas enclin à mettre Gaïus derrière les barreaux. Il répétait encore qu'il avait une famille et que ses enfants n'y étaient pour rien. Mais Marcus n'était pas un homme aussi sentimental que Loup. Gaïus non plus. L'avait-il été les jours où il avait torturé Loup ? Probablement pas. Gaïus n'avait certainement pas songé à la famille de Loup. Cette gentillesse finirait par perdre le comte. Devant tant de naïveté de la part de son ami, Marcus se contenta de sourire. Il poussa un faible soupire, puis reprit sa veste posée sur la chaise près du lit de Loup.

- Peut-être ... mais maintenant ils savent qu'il mérite d'être jugé.

Il enfila sa veste, puis enroula son écharpe autour de son cou. Enfin, il tapota les barreaux du bout du lit de Loup.

- Repose-toi bien mon ami. Je suis soulagé de voir que tu n'as rien de grave et que tu reprendras vite pieds. Profite de ce mois d’accalmie pour te rapprocher de ta famille et ... régler toute cette affaire. Quant à moi, je te tiendrais au courant de ce que je compte faire. Mais il est pas question de laisser Gaïus s'en tirer à si bon compte. Crois moi, il va mordre la poussière.

Marcus en était convaincu. Le trainer en justice, montrer au monde des sorciers que la traque n'était pas finie et que les autres Mangemorts en liberté avaient tout intérêt à faire profil bas. Mais Marcus n'avait pas qu'un seul combat à mener ... il devait également s'occuper des braconniers de la forêt interdite. Il sourit une dernière fois à Loup, puis soudain une infirmière entra dans la chambre.

- C'est l'heure des soins Monsieur Emrys.
- Je te laisse. On se revoit à ta sortie de Ste Mangouste.

En prenant la sortie, Marcus afficha un sourire charmeur à l'infirmière qui se mit à rougir légèrement, puis il disparut dans les couloirs de l'hôpital. Il pouvait faire un petit détour pour voir Astrée, mais il préféra s’éclipser. Après tout, il avait une montagne de travail qui l'attendait.