Il avait cessé de compter les heures qu'il avait passé en retenue, à croire que la famille Rowell avait veillé à ce qu'il finisse sa scolarité ainsi.

Émile, les mains dans les poches et l'air revêche, suivait Edgar dans l'exercice de la tâche qui leur avait été assigné. Émile aurait préféré rester dans sa salle commune pour faire ses devoirs, ou alors il aurait filé à Pré au lard pour travailler en secret et gagner de quoi aider son père. Il savait qu'Andrew avait du mal en ce moment, surtout depuis qu'il avait du racheter l'appareil photo d'Edgar. Émile savait qu'il sautait les dîners et les petits déjeuners, ne privilégiant que le déjeuner pour reprendre des forces. Il avait pris également un second travail et rentrait épuisé la nuit pour se lever une voire deux heures plus tard pour aller au garage. Émile s'en voulait terriblement. Son père affrontait ce contrecoup bravement, mais c'était difficile et le pire dans tout ça, c'est qu'il ne pouvait rien faire pour l'aider. Andrew lui avait dit de continuer à s'améliorer dans ses notes mais pour Émile, c'était insuffisant.

Aujourd'hui, il devait supporter la présence d'Edgar, qui lançait ses sorts en l'ignorant superbement. Émile, juste derrière, corrigeaient ses quelques erreurs, réparait les failles. Il ne disait rien non plus, se contentant de faire son travail, inlassablement. Cependant, au bout d'un moment, Émile en eu par dessus la tête de l'incompétence de son camarade. Il baissa sa baguette, avisant les nombreuses failles dans la barrière magique. Il dit à son jeune camarade : Tu pourrais pas faire un peu plus attention ? Poudlard est loin d'être protégé avec un travail pareil.. Il lança un sort pour fermer l'une des fissures et il lui montra du doigt le reste des défauts dans la barrière. Il dit ensuite : Regarde. Mets un peu plus de Pep's dans ton protègo totalum. Il est déjà pas mal, mais pas encore parfait

Il referma une autre fissure et finit par dire : Je me suis excusé, on t'a remboursé, j'ai été puni, il te faut quoi de plus ? Que je me prosterne à tes pieds ? Que mon père et moi devenions de parfaits petits domestiques pour ta famille de sang pur ?

Bon sang, Émile n'arrivait décidément pas à comprendre ce garçon.

Edgar devrait être content, il avait gagné la partie, Émile était puni sans doute pour le reste de sa scolarité, son avenir était à jamais entaché par cet incident, son père se retrouvait à devoir sauter des repas par manque de moyens... Edgar devrait être satisfait, mais il continuait à faire la gueule comme un gamin à qui on avait pris son jouet. Cela dépassait Émile. De plus, il était décidément mauvais pour lancer ce sortilège. Protego totalum n'avait rien de compliqué pourtant. Émile en eu marre, et il le reprit, lui disant qu'il avait laissé plein de failles, et qu'il devrait faire plus attention. Il le conseilla même sur l'incantation. Émile était peut être dépité par sa situation, mais il n'allait quand même pas rester rancunier toute sa vie. Il avait meilleur à faire. Edgar lui répondit que c'était justement pour ça qu'il était, pour corriger ses erreurs. Il dit ensuite qu'il venait tout juste d'apprendre le sortilège et que c'était encore difficile de le pratiquer. Émile soupira et répondit : C'est vrai... J'ai galéré lorsque je l'ai appris. Excuse moi... J'suis un peu à cran.

Ils reprirent leur travail, en silence. Chacun était plongé dans ses réflexions et Émile tâchait de refermer chaque faille dans la barrière. Au bout d'un moment, lassé par ce silence et par le fait qu'Edgar semblait toujours bouder et ne pas se concentrer sur son travail, Émile lui demanda très franchement ce qu'il voulait de plus. Cela surprit Edgar qui lui demanda ce qu'il avait dit pour mériter pareil courroux. Émile leva un sourcil et attendit la suite. Edgar lui dit ensuite qu'il ne méritait qu'on lui parle, que sans lui, il ne serait plus à Poudlard et qu'il l'avait protégé. Émile lâcha un rire sans joie et écouta la suite. Il fut surpris quand Edgar lui dit qu'en représailles il aurait soit disant envoyé ses amies et Javier pour le frapper. Il acheva, frustré et crispé, qu'il n'était qu'un lâche qui laissait les autres faire leur travail. Émile s'arrêta et dit, surpris : Mais qu'est ce que tu racontes ? J'ai envoyé personne ! Il baissa sa baguette et réfléchit. Il dit : J'ai juste parlé de l'histoire à Erin, oui, car elle méritait de savoir ce que tu lui avais fait, mais c'est tout. Il referma une faille et reprit : Réfléchis, Edgar, je déteste Javier, tu crois que j'aurais été le voir pour lui demander de te frapper ? Nan, c'est idiot... Je suis désolé pour ce qui t'es arrivé, sincèrement, mais je peux te jurer que je n'ai envoyé personne pour te faire du mal. Si j'ai un problème avec quelqu'un, je viens le lui dire en face, t'en a fait l'expérience non ?

Il referma encore une fois une faille, impassible, et dit ensuite : Edgar, je te déteste pas, tu sais. Mon père m'a appris qu'il n'y a ni bien, ni mal dans la vie. Il n'y a que les choix que nous faisons. Enfin.. Cela ne vaut pas pour tout le monde mais passons. J'irais voir Erin, Javier et ceux qui t'ont fait du mal, et ils ne recommenceront plus. Je te le promets, c'est le moins que je puisse faire. Comme tu dis, après tout, c'est grâce à toi si je suis encore là aujourd'hui... Il acheva, tout bas : Même si, clairement, j'aurais mieux de demander de l'aide à quelqu'un qui soutient les moldus, quelqu'un de puissant, cela aurait évité à mon père d'être ainsi humilié... Tu sais que j'envisage d'aller demander à Mikko Emrys le soutien de son oncle ? Ce n'est pas contre ta famille, elle a fait ce qui lui semblait juste pour toi, mais c'est contre l'école elle même que j'en ai... Le père Emrys fera ployer le cou de la directrice.

Edgar ne voulait décidément rien entendre.

Émile avait beau se montrer gentil, essayer de lui faire comprendre qu'il ne lui voulait pas de mal, et qu'il était même désolé pour ce qui lui arrivait. Mais c'était vain, Edgar restait ancré sur ses positions, ne croyant pas un mot de ce qu'il disait. Émile n'avait donc pas le choix, il allait devoir agir. Avec Edgar, il ne servait à rien d'essayer de négocier, de parler. Émile se dit, amer, qu'il ne devrait même pas chercher à continuer avec Edgar. Autant lui obéir et arrêter de lui parler. Émile l'écouta donc en silence. Il essaya de ne pas se vexer quand Edgar lui dit qu'il était un manipulateur. Quand il demanda comment Javier avait pu savoir pour la photo, Émile répondit juste, amer : Erin lui a dit.

Il écouta donc Edgar se lamenter sur son sort et continua à fermer les failles qu'il lui laissait. Bon sang, et dire qu'il essayait de le dérider, de lui faire comprendre qu'il ne servait à rien de continuer à bouder. Non, autant laisser tomber, Émile se fatiguait déjà bien assez à devoir suivre ses retenues tout en s'inquiètant pour Andrew. A cette pensée, le coeur d'Émile se serra. Il revoyait son visage, souriant malgré la perspective de problèmes à venir. Dans sa dernière lettre, Andrew lui assurait que tout allait bien. Mais Émile n'était pas dupe. Il savait qu'il faisait bonne figure, c'est ce qu'il faisait tout le temps. Émile essayait donc de lui envoyer quelques restes de Poudlard, des choses qui se conservaient bien, comme des gâteaux ou d'autres aliments qui pourraient aider Andrew à éviter de perdre trop de poids en ces temps difficiles. Il avait d'ailleurs attiré l'attention de ses camarades de Poufsouffle, qui l'avaient surpris en train s'emballer de la nourriture sèche dans une petite boîte. Il l'avait ensuite confié à son hibou. Émile avait donc prétexté que c'était normal, que c'était parce que sa grand mère voulait goûter les supers gâteaux de Poudlard... Ils ne l'avaient pas cru. Émile avait donc refusé toute aide, il avait sa fierté quand même, s'il devait aider son père, il devait le faire seul.

Quand Edgar lui dit qu'il en avait assez fait et qu'il devait arrêter de lui parler, il haussa les épaules et répondit : Tu m'as convaincu. Bon sang, Edgar était décidément le plus malheureux des garçons c'est vrai. Émile lui renvoya un regard emprunt de pitié. C'était décidément les plus aisés qui se plaignaient le plus. Pauvre bonhomme. Émile leva les yeux au ciel et continua son travail. Soudain, un cri attira son attention. Edgar le regarda, confirmant le fait que lui aussi l'avait entendu. C'était un animal, un animal qui souffrait et qui avait peur. Et le pire dans tout cela, c'est qu'ils pouvaient également en entendre les bruits de pas qui se rapprochaient et s'éloignaient.

Émile fronça les sourcils. Baguette en main, il dit à Edgar : Aussi prêt de Poudlard .. Ils n'ont décidément pas peur... Il fit un pas en direction du bois et, après un dernier regard vers l'école il soupira et dit : Boah... Une heure de retenue de plus ou de moins... Qu'est ce que ça change. Il commença à marcher vers les bruits et, juste avant de s'enfoncer dans les bois, il dit : Va prévenir les adultes, je vais essayer d'attirer les braconniers vers moi, pour les détourner de la créature. Une fois les adultes arrivés, ils ne pourront que tomber entre leurs griffes. Il pointa la baguette vers la direction où il entendait les voix humaines et lanca : "Expecto Patronum !" Une cigogne translucide émergea de sa baguette et fonça vers les origines du bruit. Peu de temps après, les voix lancèrent des exclamations. Le piège avait fonctionné. Émile connaissait le patronus que depuis peu, mais il le maîtrisait comme personne. Il suffisait de penser au sourire de son père pour que la cigogne prenne vie.

C'était sans doute idiot, très imprudent, mais l'inégalité ne pouvait rester impunie.

Cet animal n'avait rien demandé, il devait être sauvé. Émile se devait d'agir, même s'il n'était qu'un élève, même s'il n'avait pas les qualités et le talent d'un Auror. Il ne pouvait donc pas les attaquer de front, mais il pouvait au moins faire diversion et donner suffisamment de temps à la créature pour qu'elle puisse s'enfuir. Émile était confiant. Son patronus était puissant, il parviendrait sans mal jusqu'aux braconniers. Le jeune homme intima à son camarade d'aller chercher des adultes et commença à s'enfoncer dans la forêt. Etrangement, il était serein, déterminé, son cœur battait normalement. Pourtant, il était face à un danger mortel. Il était à deux doigts de rencontrer une mort atroce et il était aussi calme que devant un simple exercice de classe. Émile se surprit même à sourire. Il pouvait enfin prouver sa vraie valeur, avec un peu de chance, cela suffirait pour l'aider à se faire remarquer des somptueuses familles de sorciers qui soutenaient la cause moldue.

Il lança donc son sortilège, espérant cependant qu'Edgar avait suivi ses consignes... Hélas, c'était peine perdue. Il sentit la main de son camarade sur son épaule et il se tourna vers lui. Il le regarda du coin de l'œil tout en guettant les bruits environnants. A un moment, il dit : Chut ! Tais toi, j'entends un bruit ! Il attrapa Edgar et il alla avec lui se cacher derrière un buisson. Soudain, des pas lourds se firent entendre. Un Ethonan, un cheval ailé à la couleur brune, passa devant eux à toute vitesse. Une de ses ailes trainait au sol. Émile le montra du doigt à Edgar et sourit en lui disant : Il est magnifique ! L'animal parvint à se glisser dans le parc de Poudlard, franchissant la barrière érigée par les élèves, puis il disparut derrière la cabane du garde chasse pour s'enfoncer dans la pénombre.

Émile était heureux, il avait réussi à sauver cet animal. Malheureusement, les braconniers ne tardèrent pas à retrouver sa trace et ils se firent entendre. Émile mit un doigt sur ses lèvres pour signifier à Edgar qu'il devait se taire. Dans la pénombre, ils étaient bien cachés, ce buisson était le seul garant de leur survie. Les braconniers commencèrent à chercher dans les environs, disant avec fureur que ce patronus les avaient détournés de leur proie. Émile se figea. Il hésita à envoyer son patronus plus loin afin de les éloigner, mais il n'en eu pas besoin. Après un moment, les braconniers décidèrent de retourner sur leurs pas, dépités, lançant des jurons à tout va. Émile attendit encore quelques minutes dans le silence et dit : Retournons au château. Allons chercher les adultes, ils doivent savoir que les braconniers sont proches de l'école.

La bête était en sécurité, Émile était désormais rassuré.

Il se tourna vers Edgar qui n'avait rien loupé de la scène. Il le conseilla même de la tête quand Émile hésita à envoyer un nouveau patronus. Le jeune homme se ravisa donc, préférant se taire et intimer à son camarade d'en faire autant. S'il n'était pas idiot, ce dont il ne doutait pas, il resterait silencieux. Les braconniers n'étaient qu'à quelques pas. Ils pestaient, étaient fous de rage à cause de la perte de leur proie qui s'était enfuie dans le parc de Poudlard. Les braconniers s'en allèrent, retournant dans leur campement. Parfait, ils allaient pouvoir retourner au château sans encombres.

Émile se leva et intima à son camarade de le suivre. Mais Edgar resta immobile, planqué derrière le buisson. Il se creusait les méninges visiblement. Émile lui souffla : Qu'attends tu ? Viens Edgar, c'est dangereux par ici, il faut avertir les adultes ! Il vit Edgar hésiter, puis le garçon lui dit qu'il allait les suivre. Émile lâcha un : Edgar ! Non ! Attends ! Sans attendre plus longtemps, Edgar partit en courant, suivant la direction prise par les braconniers. Émile regarda le château. S'il allait prévenir les adultes, Edgar aurait mille fois le temps de se faire tuer, et les Rowell en feraient de même avec Andrew et lui. Non. Au risque de mourir lui aussi, il protégerait son camarade. Peut être que cette famille ignoble se montrerait plus indulgente après.

Il courut donc à la suite d'Edgar. Il le rejoins quelques minutes plus tard et il se cacha avec lui. En silence, ils observèrent le campement. Émile réfléchit. Les braconniers étaient nombreux, mais certains étaient ivres, et ils étaient inattentifs. Émile sortit sa baguette et, avec le bout, il traça des lettres magiques sur le sol : Tu connais ton Alhomora ? Il attendit la réponse de son camarade et écrivit : Bien. Je vais les distraire, avec mon Patronus et quelques explosions. Toi, va libérer les animaux. Si nous restons discrets nous pouvons y arriver. T'es prêt ? Le jeune homme désigna du doigt les braconniers qui parlaient entre eux, qui buvaient et les cages. Edgar pouvait sans problème se glisser vers elles. Il était plus petit, plus agile. Reste à savoir s'il aurait suffisamment confiance en lui. Ici, face à la mort, il n'était plus question de rancoeur et d'appareil photo, des vies étaient en jeu.

La situation était compliquée, très compliquée.

Edgar était nerveux, Émile essayait tant bien que mal de rester calme, mais c'était compliqué. Son camarade les avaient emmenés là, au devant du danger, ils ne pouvaient plus reculer. Les animaux avaient besoin d'aide après tout. Émile proposa donc un plan à son camarade, ce dernier le regarda, visiblement hésitant, avant de tracer sur le sol une approbation. C'était dangereux, risqué, ils allaient sans doute y laisser leur peau. Mais cela en valait la peine, non ? Il suffisait de voir ces pauvres Boursoufs enfermés dans leur cage, l'air misérable et le poil sale. Cela rendait Émile fou de rage, et il pensait indéniablement à Grant. Ce dernier aurait été scandalisé et il aurait sans doute tout fait pour les sortir de là. Émile se promit alors, s'ils sortaient vivant de cette histoire, de tout lui raconter. Au moins, ils avaient déjà sauvés une superbe créature qui avait pu se réfugier dans le parc de Poudlard. C'était déjà ça, mais ils n'en avaient pas encore fini.

Émile commença à s'éloigner, préparant déjà son plan pour divertir les braconniers et permettre à Edgar de libérer les animaux. Il allait lancer son patronus quand il entendit une voix retentir. Par la barbe de Merlin ! Edgar ! Il avait été découvert ! Mais quel abruti celui là ! Il n'était décidément pas très dégourdi. En même temps, c'était Edgar aussi, le courage n'était pas son point fort, tout comme la débrouillardise. Émile, interdit, regarda son pauvre camarade se faire molester par les braconniers et il serra les dents. Que faire ? Il pouvait prendre la fuite et revenir avec les adultes, mais qui sait ce qui arrivera à Edgar pendant ce temps là ? Non, il fallait qu'il tente quelque chose, il le devait, sinon son camarade allait y passer. Il le regarda encore pendant quelques secondes, réfléchissant à quoi faire. Il connaissait suffisamment de sortilèges de défense et d'attaque pour tenter quelque chose, mais ils étaient quatre, et il était seul... Après, Émile avait un avantage comparé à Edgar, il participait au cours de duel...

Émile pointa sa baguette et lança en premier lieu, en chuchotant : Petrificus totalus ! L'un des braconniers se figea et tomba sur le dos. Les autres s'emparèrent de leur baguette et commencèrent à lancer des sorts à tout va. Émile tenta alors des stupéfix, des expelliarmus, mais il ne parvint qu'à toucher un des braconniers qui tomba à la renverse, inconscient. Les deux autres, plus talentueux, plus agiles, avaient découvert la position du garçon et lançaient des sorts dans sa direction. Émile sentit un sort entailler son bras et il grimaça. Non, c'était inégal, il ne devait pas continuer. Émile s'enfuit, sans demander son reste, et se cacha derrière un arbre. Les braconniers le suivaient en lançant des sorts. Émile décida alors de tenter le tout pour le tout. Il pointa sa baguette vers le ciel et lança : PERICULUM ! Un jet d'étincelles rouges jaillit de sa baguette et s'éleva dans le ciel. Il était encore libre de ses pouvements, certes, il allait sans doute se faire capturer lui aussi, mais, au moins, il avait signalé leur position à Poudlard tout entier. Reste à savoir si quelqu'un allait regarder le ciel en cet instant...

HRP : :

Citation :

Résultat du dé6 : 4 - Un braconnier fait demi-tour et surprend Edgar qui tente de s'enfuir, le braconnier neutralise Edgar.
Le cruel destin.

La fumée rouge s'éleva dans le ciel.

Bientôt, les adultes seraient la, ils seraient sauvés. Émile, caché derrière un buisson, réfléchissait à toute allure. Edgar avait essayé de s'enfuir, en vain. Il fallait donc une nouvelle diversion pour éloigner les braconniers de son camarade. Mais quoi ? Que faire ? Le jeune homme resta immobile. Un braconniers venait de passer à quelques mètres sur sa droite, pestant contre ce sale gamin qui osait s'en prendre à leurs affaires. Émile était assez fier de lui, même s'il savait que le temps n'était pas aux réjouissances. Il était en grand danger, il risquait sa peau. Il pensa pendant quelques secondes à Andrew, à son sourire, à son rire et à sa force de caractère qui le rendait si admirable aux yeux de son fils. Si Émile venait à disparaître, Andrew serait brisé. Tout comme l'inverse si cela devait se produire. Émile ne pouvait concevoir un avenir sans Andrew, même s'il savait que leur différence d'âge ne tarderait pas à les séparer définitivement. Émile chassa ces pensées, se promettant de vieillir aux côtés de son père et de contempler avec lui les couchers de soleil des collines, tous les deux assis sur une chaise à bascule.

Émile sentit qu'il avait une chance de s'en tirer. Il se glissa derrière le campement, essayant de faire le moins de bruit possible. Les braconniers le cherchaient toujours, mais ils étaient parti de l'autre côté. Il tendit donc sa baguette en direction des tentes et murmura : Revelio. Il vit que l'une des tentes n'était pas occupée par des cages d'animaux. Il se glissa derrière cette dernière et lança un Incendie. La tente s'embrasa et Émile rampa vers la direction d'Edgar. Quand les braconniers coururent dans la direction de la tente en flamme, Émile, attrapa Edgar par le col et, sans demander son reste, il le chargea comme un sac a patates sur son épaule et partit en courant. Edgar était lourd, mais Émile, boosté par la peur et l'adrénaline, ne sentait presque rien. Il courait, poursuivi par les braconniers.

Il sentit un sort égratigner son épaule et il grimaça. Il continua à courir, et manqua de tomber lorsque des silhouettes apparurent face à lui. Des braconniers ? Non, des villageois. Ces derniers dépassèrent les élèves et foncèrent vers les malfrats et, à 20 contre quelques uns, ils ne tardèrent pas à les neutraliser. Émile, soulagé, reposa Edgar et demanda : Ça va mec ? T'a été ultra courageux ! Tu as sauvé ces animaux ? Il salua de la tête les villageois qui se pressaient autour d'eux et se laissa soigner. Il souriait, ravi, soulagé, et il ne cessait de louer Edgar, afin que ce dernier puisse profiter un peu de cette gloire. Il avait beau haïr sa famille pour ce qu'ils avaient fait à son père, mais Edgar y était pour rien après tout, ce n'était qu'un gosse perdu, comme lui.