Le mois de Février fut éprouvant pour Aaron. Parce qu'il était officiellement le petit ami de @Balam Malandro Da Lua et qu'il gardait cela secret. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il avait eu le culot de sortir avec une dénommée Estelle de Serdaigle le jour de la Saint Valentin. En jugeant, par la même occasion, que Balam se fichait bien de cette fête stupide et commerciale. Pour Aaron il n'y avait rien de mal. Il s'était fait une couverture pour qu'on ne soupçonne rien. Sauf que Balam l'a mal pris.
Et Winston ... Winston qui est malade. Aaron s'en inquiète. Et le mois de Février est passé bien trop vite. Il voit l'état de son ami Serdaigle se dégrader sans rien pouvoir faire. Heureusement, il a pu se débarrasser du pot de colle d'Estelle en se montrant ferme et méchant. Y'avait que ça qu'elle pouvait comprendre. Il n'avait clairement pas choisi le haut du panier. Aaron avait écrit plusieurs lettres à Emma pour lui parler de tout ça. Elle était l'unique personne avec qui il arrivait à parler ouvertement des choses. Sans avoir honte, ni attendre le moindre jugement de sa part. Enfin, Emma jugeait ... mais Aaron ne se sentait jamais offusqué ou pris en grippe lorsque c'était elle.
Sauf qu'Emma ne répondait pas aux lettres. Ou elle mettait beaucoup trop de temps. Maintenant qu'elle vivait sa meilleure vie à Beauxbâtons, Aaron se sentait plus seul que jamais. Pourtant, il avait toute une flopée d'amis ; Tyler, Camille, Kael, Winston, Balam, Polianna, Ren ... Mais il n'arrivait pas à être honnête avec eux.
Pendant le cours de Potions, Tyler s'était installé aux côtés d'Aaron. Ils préparaient un philtre de Paix qui leur prendrait tout le mois de mars à confectionner. Tandis que Tyler réduisait la pierre de lune en poudre, il se tourna légèrement vers Aaron qui calculait le bon dosage de liquide brun à ajouter.
- J'ai parlé avec Georgiana ... - Ah ... ça recommence ... répondit Aaron en levant les yeux au ciel d'un air excédé. - Aaron ... sérieux. Pourquoi tu ne veux pas lui parler ? - Mais tu le sais bien, elle me déteste ! - C'est faux ! C'est entièrement faux. Je ne sais pas pourquoi tu t'es mis ça en tête. Elle m'a dit qu'elle ne t'en voulait absolument pas et elle ne comprend pas pourquoi tu l'évites. - Oh si, crois moi, elle sait.
Tyler posa son mortier sur la table et considéra Aaron d'un air dépité.
- Aaron faut vraiment que t'arrêtes de te mettre tout le monde à dos. Déjà Alwyn, puis Gigi ... on est un groupe de potes, et si tu refuses de communiquer avec les autres ... tu vas te retrouver tout seul. Ou ... avec Winston. Tu veux que Winston soit ton seul ami ? Sachant qu'il a son petit groupe select. - Bah pourquoi pas ? Au moins il me fait pas chier à poser plein de questions et à me forcer à parler avec des gens que je n'aime pas. - Allez, Gigi est gentille, je te jure. - On parle bien de la meuf qui a passé plus d'un an à se foutre de ta gueule ? T'as l'air de vite oublier qui elle est ... - On avait 11 ans mec ! Fais le pour moi alors. Tu te rendras bien compte qu'elle ne t'en veut pas. Que tu te mets des trucs dans la tête qui n'ont pas de sens.
Le professeur Crowley rappela les deux garçons à l'ordre et ils terminèrent le cours de Potions en silence. La matinée continua à se dérouler tranquillement. Tyler rejoignit Liam et Lauren pour déjeuner sur le pouce et partir s'entrainer au Quidditch durant la pause de midi. Aaron en profita pour regagner la table des Gryffondors dans la Grande Salle. Il s'installa avec Camille, Polianna, Ren et Kael. Ils discutèrent de tout et de rien, rigolant bruyamment par moments. Mais dans l'esprit d'Aaron, les paroles de Tyler résonnèrent. Il se retourna vers la table des Serpentards et remarqua que Georgiana y déjeunait seule, accompagnée d'un gros manuel scolaire.
Aaron s'excusa auprès de ses amis, puis traversa la Grande Salle et s'arrêta aux côtés de Georgiana. Il ne lui adressa pas le moindre sourire.
- J'peux m'installer là ? Tu révises les cours de Défense Contre les Forces du Mal ... Polianna m'a raconté comment vous avez terrassé le Golem au cours de maitrise de magie élémentaire.
Il prit place, même si Georgiana refusait toute compagnie.
- Tyler m'a parlé. Et m'a demandé de te parler ... bref, du coup comme c'est mon pote, je suis venu.
Ca faisait depuis le mois de Novembre qu'ils n'avaient pas parlé. Qu'Aaron évitait soigneusement de croiser le regard de Georgiana. Et quand il avait appris qu'elle s'était mise en couple avec Tyler, il n'avait clairement pas sauté de joie. Il l'évitait comme la peste, parce qu'il était resté bloqué sur leur dernière discussion qui n'avait pas été des plus cordiales. Il fallait bien avoué, qu'Aaron avait laissé en plan Georgiana et qu'elle avait du gérer le bal d'Halloween toute seule.
J’avais envie de déjeuner seule ce midi. Alors oui, j’aime les gens, je suis un minimum sociable, mais j’ai aussi mes limite, et si je n’ai pas un peu de solitude dans la journée, ou un punching ball en face de moi, j’explose. Du coup, je picorais dans mon assiette un peu de poulet, d’épinard et de pomme de terre en révisant ma défense et en prenant de l’avance. Je m’en sors plutôt bien dernièrement, mais ce n’est pas une raison pour que je me repose sur mes lauriers. Et il faudra que je travaille mon patronus aussi à un moment, ce serait pas mal, dans l’idée.
Toute à mes idées et à mes réflexions, je ne vois pas Aaron arriver, et sa voix me fait légèrement sursauter. Je ne lui réponds pas, plus par surprise que par animosité. Aaron ne m’a pas parlé depuis que nous nous sommes disputés à propos de la perte de son insigne de préfet en chef. Nous faisions du beau travail ensemble, et maintenant je me retrouve avec cet autre bellâtre élitiste de chez Serdaigle, qui n’est clairement pas un cadeau.
Je ferme mon livre et repousse mon assiette avant de rapprocher le plateau de fondant du chaudron. Je n’avais pas l’air hostile, au contraire, je voulais voir ce qu’il avait à dire et si la portée de son imagination était plus grosse que je ne l’imaginais. En réalité, j’apprécie Aaron, il a beaucoup de qualité et de défauts que je partage et nous nous retrouvons sur pas mal de choses. Comme l’impulsivité. Et je l’ai été, impulsive, ce jour-là, je le reconnais assez aisément. Mais nous n’en avons jamais parlé. Je ne l’évite pas spécialement, c’est lui qui me fui, enfin, c’est l’impression que j’ai.
Je le regarde et un petit sourire étire mes lèvres.
Tu viens me voir parce que Ty’ est ton pote ou pour percer l’abcès ?
Ouais, la diplomatie, c’est pas trop mon truc non plus, mais les gens y sont habitués normalement. Ce n’était pas dit sur un ton méchant au contraire, mais je me méfie. Je refuse de m’engueuler encore avec lui, donc je vais y aller molo sur les taquineries.
Tyler m’a dit que tu pensais que je t’évitais et que je t’en voulais.
J’essaie, une tentative pour l’entraîner dans cette discussion que nous aurions dû avoir il y a presque six mois, quand il a perdu son insigne. Il n’ose même pas me regarder, je ne le force pas, mais j’utilise un ton calme et posé, en espérant que ça le décoince un peu.
Ecoute… Je t’en ai voulu oui… un soir. Celui où j’ai appris que tu n’avais plus ton insigne… Le soir où on s’est disputé. Et je m’en veux pour ce que je t’ai dit alors… Je te demande pardon.
Bon, ouais, il faut l’admettre, j’ai pas franchement été sympathique avec lui. Même pas du tout. Et même si m’excuser m’écorche un peu, j’en avais besoin. Aaron est un copain à la base, qui aurait pu devenir un ami sans cette dispute. Pas cet inconnu que j’ai en face de moi. Je regrette ce qu’il s’est passé, c’est clair. Mais ça n’explique pas pourquoi il me fuit comme la peste. Encore le fait qu’il me déteste maintenant, je pourrais comprendre, mais ça ? Non, pas vraiment. Bon, je lui coupe un peu l’herbe sous le pied, mais bon. Au moins c’est dit.
Les bras croisés, Aaron considère Georgiana d'un air un peu sévère. Parce qu'il est toujours comme ça. Enervé. Depuis qu'il a rompu avec Alizée, que rien ne va avec Winston, Aaron est un volcan prêt à exploser au moindre pet de travers. Mais Georgiana est avant tout une amie. Elle fait partie du groupe, c'est la petite amie de Tyler, alors il ne peut pas l'éviter jusqu'à la fin de l'année scolaire. Tyler avait raison. Il était grand temps de lui parler. Sauf qu'il n'appréciait pas trop le ton donné par la Serpentard. Elle était taquine, l'avait toujours été, mais Aaron se vexait très vite. Beaucoup trop vite.
Il serra les dents, pris sur lui. Hors de question de partir dans les quarts de tour pour si peu, et au beau milieu de la Grande Salle. Il avait déjà l'impression que certaines personnes le regardaient de travers et principalement le groupe d'amis d'Estelle. La pauvre fille avait été jetée comme une malpropre après la Saint Valentin. Mais Aaron ne pouvait décidément plus jouer un rôle avec les filles, en sachant que Balam comptait clairement sur lui. Il avait fait du mal au Brésilien en se comportant de la sorte et maintenant des soupçons s'éveillaient autour d'Aaron et de ses relations.
Ca le rendait nerveux et malade.
- Oui c'est ce que je pensais.
Il leva les yeux, soupira, ses narines se dilatèrent, puis il s'installa aux côtés de Georgiana. Ca faisait longtemps. Beaucoup trop longtemps qu'ils n'avaient pas passé du temps ensemble.
- Arrête de dire n'importe quoi ... c'est à moi de te dire pardon. J'ai été con de croire que tu m'en voulais à mort. Mais ... je suis pas doué pour ça.
Il baissa les yeux vers l'assiette de Georgiana, puis posa ses mains sur la table. Automatiquement, ses doigts glissèrent vers un bout de pain et il arracha la mie, nerveusement, pour en former de petites boules au bout des doigts.
- Parler ... je préfère éviter. Et du coup, ça donne ce genre de situation.
Il esquissa un faible sourire au coin des lèvres. Estelle passa juste derrière eux avec sa meilleure amie et elles lancèrent un regard sévère dans leur direction. Elles passèrent leur chemin, mais au bout de deux mètres, l'amie d'Estelle s'arrêta et retourna sur ses pas. Elle tenait entre ses mains deux gros manuels de Métamorphose.
Julie portait les cheveux tirés en arrière attachés par une queue de cheval courte. Son uniforme de Serdaigle était parfaitement ajusté à sa morphologie aux formes généreuses. Elle avait quelques pins épinglé sur le haut de sa robe et portait de belles boucles d'oreilles argentées en forme d'aigle. Des lunettes écaillées glissaient constamment sur le bout de son nez rond.
- Fait attention Georgiana ... Aaron est un manipulateur, un menteur et surtout un briseur de coeur. Il utilise les gens. En tant que fille, je me dois de te prévenir. Il a brisé le coeur d'Estelle, alors ne te laisse pas amadouer.
Son regard noir se dirigea vers Aaron. On pouvait y lire de la colère et un profond dégout. Aaron ne rétorqua rien, se contentant de détourner son regard vers les boules de mie de pain qu'il alignait sur la table. Julie tourna les talons et rejoignit Estelle, puis les deux Serdaigles quittèrent la Grande Salle.
Aaron se contenta de garder le silence, posant le coude sur la table et la tête dans la paume de sa main, d'un air bougon.
- Pfff ...
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Georgiana M. Lee
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(# lien) Sujet: Re: Mars 2010 - Se reparler, échanger, écouter PV Georgiana 08.12.23 16:33
J’ai un léger plaisir à le voir serrer la mâchoire quelques secondes. Bien, maintenant que la pique est passée, je m’adoucis un peu. C’était franc et un peu trop direct, mais il l’avait un peu méritée celle-là quand même. Bon je ne suis pas rancunière en réalité, juste un peu piquante sur les bords, juste un peu. Rien de méchant, mais parfois, j’aime bien rappeler au gens qu’ils ne sont pas les seuls à ressentir des émotions. Bref. Je ne laisse s’installer sans un mot. Il n’est pas un poil surpris quand je lui dis que Tyler m’a parlé de son attitude. Attitude qui m’a quand même un peu blessée, il faut l’admettre. C’est lui qui a joué au con avec Winston, pas moi. Bon… ok, j’ai aussi mes torts en fait. Je lui ai parlé comme une merde, on va pas se mentir, et depuis ce soir-là, je culpabilise, sans franchement l’admettre. Alors, j’avoue, m’excuser me fait du bien et retire un poids que je portais au cœur depuis notre engueulade.
Sa remarque me fait plaisir d’un côté mais de l’autre…
Aaron, j’ai aussi mes torts, je t’ai vraiment parlé comme une merde… Après je comprends qu’on me fuit quand on sait comment je peux être quand je l’aime pas quelqu’un… Mais ce n’est pas le cas avec toi, je t’ai toujours apprécié. D’où le fait que je me sois beaucoup interrogée ces dernières semaines.
Finalement, il finit par s’installer près de moi et je lui offre un sourire franc. Puis je soupire à ses mots.
Tu vois, je pense l’inverse, que la communication aide à tout, et ça nous aurait franchement aidé d’en parler avant, tu vois. Mais je comprends que ce soit compliqué de s’ouvrir, j’ai moi-même parfois du mal.
Je ne remarquais pas les deux serdaigles au départ. Des élèves, j’en vois passer à longueur de journée alors deux de plus ou deux de moins. Ce n’est que lorsque Julie revient vers nous et s’adresse à moi que j’y fais attention. Je hausse les sourcils avant de prendre un air condescendant. Je hais ce genre d’attitude, sérieusement. Les grognasses qui se permettent de critiquer exs et compagnie en publique, en les humiliant comme elle vient de le faire…. Je plante mon regard dans le sien.
Et quand j’aurais besoin de l’avis d’une écervelée non objective et stupide au point de descendre une personne devant son amie, je te ferai signe.
Je la laisse repartir avant de soupirer.
Bécasse….
Puis je me tourne vers Aaron, l’air de rien.
Sinon, comment tu vas ? On a pas pu discuter durant les dernières semaines donc…
Je ne reviens pas sur l’incident, sauf s’il le souhaite. Ce ne sont pas mes affaires, après tout.
Parler. Communiquer. Exprimer ses sentiments. Ce n'était pas le point fort d'Aaron. Il préférait fuir ses responsabilités, car il savait que sous le coup de la colère ou de l'impulsion, il pouvait être méchant. Blesser les gens plus que de raison. Et c'était exactement ce qu'il avait fait avec Winston, Alwyn ou même Estelle. Il avait été odieux pour les éloigner loin de sa vie. Espérant ainsi, ne plus jamais être confronté au problème. Mais c'était loin d'être la bonne stratégie à adopter.
Alwyn souffrait de cet égoïsme et de la cruauté qu'Aaron lui flanquait à la figure. Winston s'était laissé prendre à des jeux dangereux pour oublier Aaron et la colère l'avait poussé finalement, aux portes de la mort. Quant à Estelle, Aaron avait entendu dire qu'elle pleurait toutes les semaines après qu'il l'ait largué quelques jours après la Saint Valentin.
Georgiana lui rappelait que la communication était la clé d'une relation saine. Qu'en parlant plus tôt, jamais ils n'en seraient arrivés là. Bien sûr, Aaron n'avait pas l'impression que leur amitié était perdue à tout jamais. Mais si Tyler ne l'avait pas poussé à venir lui parler, alors peut-être qu'il aurait continué à esquiver Georgiana et ce, jusqu'à la fin de l'année. Chose totalement stupide.
Mais Julie, une amie proche d'Estelle vient les interrompre dans leur discussion. Aaron fait tête basse, parce qu'il sait très bien qu'elle vint pour lui. Sauf que contre toute attente, Georgiana rétorque qu'elle n'a pas besoin de son avis et lui rappelle que descendre quelqu'un en publique est tout simplement une attitude condescendante. Georgiana est Préfète-en-Cheffe. Sa parole a du pouvoir. Du sens pour les élèves respectables. Alors forcément, Julie s'offusque et ne sait quoi dire. Oser contredire un préfet en chef, c'est forcément s'attirer des ennuis. Alors elle ravale ses paroles, le rouge lui montant aux oreilles et pousse un grognement avant de partir rejoindre Estelle.
Les deux filles quittent la Grande Salle en jetant un regard de travers en direction de Georgiana et Aaron. Pendant ce temps, Aaron avait bien pris soin de leur tourner le dos. Son attention était focalisée sur les boulettes de mie de pain qu'il avait pris soin d'aligner, comme s'il s'agissait d'une activité intéressante. Georgiana brise sa carapace en lui demandant comment il va. Une question que pas grand monde lui a posé depuis un moment. Doucement, Aaron se redresse et se tourne pour adresser à la jeune asiatique, un air triste.
- Pas terrible ...
Il poussa un lourd soupire.
- Enfin, ça va. Mais ça pourrait aller mieux ...
Comment lui dire franchement les choses ? Qu'il avait rompu avec Winston, qu'après ça il s'était mis avec Balam par dépit et qu'entre temps il avait embrassé Kael ? Qu'il ne savait pas vraiment ce qu'il voulait, qu'il était perdu dans ses sentiments ? Qu'il était sorti avec Estelle le jour de la Saint Valentin, juste pour qu'on arrête de soupçonner des choses sur son orientation sexuelle ? Parce que forcément, un beau garçon comme lui ne peut pas être célibataire aussi longtemps, ça cache forcément quelque chose de louche ... qu'il a peur que Misty dévoile au grand jour ce qu'elle pense savoir de lui ? Qu'il ne sait toujours pas ce qu'il veut faire l'année prochaine et que ça le met dans un état de stress avancé ? Qu'il aimerait bien dire à ses amis, Tyler, Polly, Gigi et Ren qu'il est homo et que personne le regarde différemment pour ça ?
Son coeur bat la chamade. Ses pensées se brouillent. Il observe Georgiana, ses yeux noirs en amandes qui le fixe et il peine à déglutir convenablement.
- Non, laisse tomber. Ca va ... c'est juste que je me mets la pression pour les examens et le choix d'orientation l'année prochaine.
Encore une fois, Aaron se défile. Il n'ose pas parler. Il préfère esquiver le sujet, parce qu'il a trop peur de se confier franchement. Ca le bouffe de l'intérieur et il sait, au fond, que son comportement agressif et colérique est du à ce genre de situation. A cette marche arrière qu'il fait constamment. Embarrassé par le manque cruel d'honnêteté, Aaron détourne son regard vers le journal de la Gazette qui est posé à côté de lui. Les gros titres parlent de la forêt interdite et d'une activité de braconnage inquiétante. Aaron tire la Gazette vers lui et pose le doigt sur une photo en noir et blanc de créatures blessées. On parle de Poudlard et d'un camp de soin dressé aux abords de la forêt interdite.
- Tu as vu ? La Gazette parle d'une activité inquiétante de braconnage dans la forêt interdite. Y'a tellement de créatures blessées qu'ils ont établis un camp de soin à la lisière de la forêt ... je n'avais même pas fait attention à ça.
Et dire qu'en Février, il était allé dans la forêt interdite avec Winston et qu'ils s'étaient fait prendre par les Centaures. Ils auraient pu tomber sur bien pire.
Je fronce les sourcils en observant mon ami. Aaron a toujours eu un caractère affirmé et un peu colérique sur les bords. Disons que si je suis impulsive, lui c’est un volcan toujours sur le point de se réveiller. Mais là, il n’a pas réagi. J’aurais cru qu’il remballerait les serdaigles, mais je m’aperçois après coup qu’il s’est contenté de baisser le regard et de leur tourner le dos. Je maintiens le regard avec la dénommée Julie, qui n’a pas du tout apprécié ma remarque. Mais je m’en fiche. Sa condescendance mal placée me passe au-dessus, et elle finit par partir.
Je me concentre sur mon ami qui semble si triste. Oula… Il ne réagit plus, il est maussade, et avec les réponses et la confusion qu’il me donne… Non, ça ne va pas. Il me rappelle moi lorsque Min-Jun m’a laissée… Ou quand Julian l’a fait, aussi. Aurait-il subi une rupture douloureuse ? Même si je me pose la question, je la garde pour moi. Il s’empêche clairement de parler, et je ne suis pas là pour le brusquer et le forcer à se confier. J’attrape un des fondants dans l’assiette près de nous, en essayant de rester aussi nonchalante que possible.
Si tu as besoin, n’hésites pas…
Il embraye sur l’orientation et je ne peux que comprendre ces doutes. Je n’en parle que peu, mais j’ai beaucoup d’hésitations. Pour certains, c’est tout tracé, mais ce n’est pas mon cas. J’ai plusieurs idées, mais rien qui ne se détache réellement. Quand c’est le cas, les autres options reviennent d’une manière ou d’une autre dans la partie. Mais, contrairement à lui, ça ne m’angoisse pas outre-mesure. Je trouverai pas voie quitte à en approfondir plus d’une. Mais j’ai encore le temps. Il la trouvera aussi, je le sais. Pour ça, il faudrait qu’il se détende un peu.
Tu ne sais pas encore quoi faire ou tu as trop de possibilités ?
Je pose la question autant pour l’aider que pour l’aider à apaiser ses craintes. S’il est possible de les apaiser. Et vu son état, je me doute que ce ne sera pas simple.
Il me montre la gazette et je fronce les sourcils en fixant l’article qu’il pointe. Du braconnage dans la forêt. Je tire la gazette pour mieux voir de quoi il me parle.
J’en ai vaguement entendu parler. C’est vrai que c’est inquiétant. Mais j’avoue ne pas avoir trop fait attention, dernièrement. Tu en sais plus ?
J’ai un peu honte. J’avoue ne pas avoir lui la gazette pendant quelques jours. Je ne veux pas insister sur les tourments de mon amis, sur sa peine, alors autant parler d’autres choses pour qu’il arrête d’y penser… Ce n’est pas moi qui le jugerai là-dessus.
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(# lien) Sujet: Re: Mars 2010 - Se reparler, échanger, écouter PV Georgiana 25.01.24 22:50
Aaron avait tellement besoin de parler. D'avoir une oreille attentive avec qui se confier. Il avait Emma, bien entendu, mais elle n'était plus à Poudlard depuis des mois, et sa vie à Beauxbâtons semblait lui prendre beaucoup de temps. Dans sa dernière lettre, elle avait promis à Aaron de lui rendre visite cet été, profiter de la piscine et du jardin des Blackwell et de rattraper le temps perdu. Mais c'était maintenant qu'il avait besoin d'elle. De ses paroles encourageantes, censées et réconfortantes. Même peut-être que son ton autoritaire et ses remarques parfois acerbes lui manquaient. Il en avait besoin. Depuis son départ, il avait eu comme la sensation que quelque chose en lui s'était brisé. Déchiré. Mais il n'avait pas pu l'empêcher de quitter Poudlard. Elle devait vivre sa vie et ses origines basques lui appartenaient.
Alors peut-être que Gigi pouvait être sa remplaçante ? Sa nouvelle meilleure amie ? Sa confidente ... non. Ce n'était pas aussi simple et Aaron se méfiait de tout et de tout le monde. Il était toujours dans cette anxiété chronique qui le bouffait de l'intérieur. Nager et le piano étaient les seuls moyens pour lui d'éviter d'exploser comme une cocotte minute. Mais l'eau du Lac Noir était beaucoup trop froide et même la combinaison magique ne lui permettait pas de passer des heures à s'exercer au crawl. L'hiver était bien trop long à son goût. Heureusement, le plus dur était passé, mais ça avait clairement miné son moral et l'avait rendu particulièrement tendu et imbuvable.
Aaron se rendait bien compte que tout l'irritait et l'accablait à la fois. Que les interrogations de ses amis, qui s'inquiétaient juste pour lui, le rendait malade. Combien de fois il s'était pris la tête avec Tyler, Polly, Ren, Camille ou Alwyn ? Alwyn ... n'en parlons pas. Leur relation était plus tendue que jamais. Dès qu'il pensait à lui, Aaron bouillait de l'intérieur.
- Oui, oui.
Répondit-il mécaniquement en balayant la main que lui tendait Georgiana. Elle ne méritait pas un tel comportement, mais c'était plus fort que lui. Il préférait ne surtout pas lui exposer ses tourments. Il n'était pas prêt et finirait forcément par lui crier dessus. Chose qu'il refusait de faire pour l'instant. Il se contenta donc d'embrayer sur un autre sujet. Plus futile ou passe partout. Mais ses doutes et ses choix torturent son esprit. Aaron est un élève doué et bosseur. Il n'a jamais eu l'impression d'être destiné pour tel ou tel domaine. De nombreuses portes s'ouvrent à lui et il ne sait absolument pas quoi choisir. Il aimerait faire de la natation sa profession. Devenir un champion international ou mondialement connu. Il se sait performant, il adore la compétition et le challenge. Le dépassement de soi ne lui fait pas peur. Ca le motive justement. Mais en même temps, il est réaliste ... beaucoup de jeunes nageurs sont bien meilleurs que lui. Beaucoup aspirent au mêmes ambitions et pourtant, ils ne vivront jamais de leur passion.
Poudlard ne lui permet pas de progresser aussi bien qu'il le voudrait. Et le choix entre la magie et une vie d’athlète est terrible. Il sait aussi, au fond de lui, que la magie passera avant tout.
- Je dirais les deux. En fait, c'est plus compliqué que ça. J'aimerai vivre de ma passion ... la natation. Enchainer les championnats et les médailles, jusqu'à, pourquoi pas intégrer les Jeux Olympiques. Ca serait génial. Mais ça voudrait dire abandonner la magie. Car les entrainements sont intenses et qu'un tel niveau ça demande du temps et de l'investissement. Je devrais laisser la magie de côté, ne pouvant plus la pratiquer ... et je ne pense pas être capable d'un tel sacrifice. La magie c'est ... je sais pas, ça coule dans nos veines. C'est en nous et je doute qu'on puisse la refouler.
Ca donnait des genre de monstres qui finissaient par exploser. Certains sorciers avaient abandonné toute forme de magie, mais généralement ils dépérissaient ou se faisaient oublietter pour ne pas devenir dingue. Il poussa un soupire en parcourant la Gazette sans vraiment en éprouver d'intérêt.
- Et pour ce qui est d'une poursuite d'étude, c'est compliqué. Mes parents sont un peu ... à la dèche en ce moment. Mon père galère à trouver du boulot et ma mère ne travaille plus depuis deux ans. Payer Poudlard devient compliqué et c'est mon frère Joey qui finance le dernier trimestre. Donc si je veux intégrer l'Université, il faudrait que je décroche une bourse d'étude. Mais tout dépendra de mon dossier scolaire et des résultats aux ASPIC. Et tu n'es pas sans savoir, que niveau dossier scolaire c'est plutôt mal parti.
Aaron n'avait pas abandonné son post de Préfet-en-Chef de bon coeur. Surtout pour laisser sa place à Phinéas ... Ca faisait tâche sur un CV. Quitter un si bon post à cause d'une faute lourde qui aurait pu provoquer la mort de deux élèves. Parfois, Aaron en voulait terriblement à Winston. S'il ne l'avait pas suivi ce jour là, rien de tout cela ne serait arrivé. La colère montait en lui. Il fallait qu'il pense à autre chose et les gros titres de la Gazette lui permettait de passer encore à un autre sujet. Gigi prend la Gazette entre ses mains. Elle ne semblait pas vraiment au courant de l'installation du campement, ni même des activités se déroulant dans la forêt. Aaron roule des épaules pour détendre les muscles de sa nuque bien raidis par la colère montante. Il devait retomber en pression ... peut-être que des exercices de méditation lui feraient du bien.
- Non, j'en sais pas plus que toi. J'ai simplement entendu que les élèves du club de Soins aux créatures magiques sont appelés à porter main forte. Mais bon, je doute qu'ils soient vraiment utiles. A part des élèves de 7ème année, je ne vois pas qui pourra soigner un Hippogriffe blessé. Et encore, moi même je ne vois pas comment calmer une telle créature.
Tyler lui avait parlé de son expérience en 6ème année avec l'ancien prof de Soin Aux Créatures Magiques. Ca n'avait pas été de tout repos et c'était surtout le prof qui avait manipulé la bête et sauvé les fesses de Tyler lors d'un soin. Ce genre de créature était particulièrement dangereuse, surtout soumis au stress. Aaron cala ses mains sous ses fesses, puis considéra le journal d'un air un peu détaché.
- Mais bon, j'imagine que le Ministère sera dessus et qu'ils expédieront tous ces braconniers en un rien de temps ! Bon et toi sinon ? Ca se passe bien avec Tyler ? Et pour l'année prochaine tu comptes faire quoi ?
S'intéresser aux autres, voilà une bonne stratégie pour qu'elle l'oublie. Il n'avait pas encore abordé la question Quidditch. Mais l'équipe de Gryffondor ayant perdu contre Serpentard le mois dernier, Aaron n'avait pas vraiment envie d'aborder ce point.
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