The darkest bloom
@Astrée Herrera & Marcus Hawks

Depuis l'annonce d'Astrée, Marcus essayait de faire bonne figure. Il s'était même installé chez elle avec quelques affaires seulement, brosse à dents, caleçons et tout le nécessaire qu'un Auror digne de ce nom devait avoir en sa possession. Sauf que rapidement, le Ministère lui envoya des missives urgentes à régler. La forêt interdite bordant Poudlard était infestée de braconniers. Marcus pensait gérer l'affaire rapidement. Que tout au plus, toute cette histoire prendrait deux semaines d'inspection et d'intervention. Il n'était pas seul et les meilleurs Aurors étaient sur le coup.

Sauf que le Ministère avait mal jugé la dangerosité des ces hommes et femmes, dirigés par plusieurs clans et des sorciers connaissant le terrain comme leur poche. Ce qui n'était pas le cas des hommes de mains du Ministère. Plusieurs fois, Marcus a risqué sa vie durant ces combats intrépides. Il a même du couvrir le professeur de Vol qu'on avait imposé comme binôme. Un homme talentueux, mais peut-être un peu trop vif. Il avait décapité un jeune braconnier et Marcus avait du couvrir l'affaire en prétendant à un accident. Bien sûr, Nikku n'avait fait que se défendre ... mais il existait d'autres moyens que la décapitation.

Parfois il campait dans la forêt interdite ou dormait à Pré-Au-Lard à l'auberge des Trois Balais. Il laissait ainsi, femme et enfant à naitre, seuls dans un appartement luxueux, mais terriblement silencieux. Marcus se consolait dans l'idée qu'Astrée avait probablement des journées bien chargées. Elle était Médicomage à Londres et son travail était particulièrement prenant.

Et Marcus n'aurait pas été de bonne compagnie. Mais plus il restait proche de la forêt, plus il se demandait s'il n'avait pas fait une belle connerie. Il risquait sa vie, chaque jour. Et il ne souhaitait à aucun enfant de se retrouver orphelin de père. Ni à aucune femme de se retrouver veuve avant de mettre au monde un enfant. Il choisissait sa carrière avant sa famille. Mais la fatigue montant, il se blessait plus facilement au combat. Les braconniers étaient nombreux et n'adoptaient pas tous les mêmes stratégies. Alors la chasse aux perfides sorciers devenait compliquée.

Les Centaures n'aidaient pas non plus. Ces hybrides menaient un combat contre les sorciers sur tous les fronts. Ils attaquaient aussi bien les campements, que les Aurors ou les élèves osant s'aventurer dans les parages. Marcus dut même raccompagner deux élèves qui avaient eu l'audace de récupérer un Veaudelune blessé en lisière de la forêt interdite.

Il était revenu épuisé, blessé, sale. Pendant plusieurs jours, il n'avait pas adressé un seul mot à Astrée. Non pas parce que cette longue bataille contre les braconniers l'avait éreinté, mais parce que dans quelques jours, le procès contre Crowley allait enfin être mis en place. Contre l'avis de @Loup Emrys, Marcus s'était engagé dans une poursuite contre Crowley. Il avait la preuve irréfutable qu'il était un Mangemort et il voulait que justice soit faite.

Alors il avait monté en parallèle un dossier béton, qu'il avait présenté à l'inspecteur et des Aurors étaient venus embarquer Crowley. Sauf que le procès ne s'était absolument pas passé comme prévu. Il dura deux jours. Mais ces deux journées furent une accumulation de frustration et de déception. Toutes les accusations contre Crowley s'avéraient faussent. Et le pire, fut quand on ordonna à Gaïus de montrer sa marque des ténèbres ... qui avait disparu.

L'avocat de Crowley se fit un malin plaisir à démonter Marcus. Fouillant dans son passé et le traitant d'alcoolique. Que ses idées n'étaient pas clairs et qu'il s'évertuait à précipiter n'importe quel sorcier à Azkaban juste pour que son nom soit figuré dans le tableau des honneurs au sein de la Brigade.

Marcus fut convoqué par son supérieur, démis de ses fonctions pour un temps indéterminé. Il du rendre son badge d'Auror. Ce n'était pas définitif, mais il devait régler son problème d'addiction. Sauf qu'il n'était plus alcoolique depuis bien longtemps. Personne ne voulait l'écouter. Gaïus retournait tranquillement à sa vie de professeur et le nom de Marcus était souillé par les journalistes.

Ce jour là, Marcus rentra à la maison les épaules lourdes. Il avait encore quelques stigmates de ses combats acharnés sur le visage. Une balafre sur la joue droite notamment et l'oreille gauche légèrement coupée. Il remarqua la porte d'entrée entrouverte ... instinctivement, il dégaina sa baguette magique de sa veste, puis poussa la porte. Il entendait dans la cuisine, des bruits de bouteilles s'entrechoquer. Qui était là ? Astrée ?

Opal, son berger Suisse arriva dans le couloir de l'entrée en aboyant et en sautant sur les jambes solides de Marcus. S'il s'agissait d'un intrus, jamais Opal n'aurait agit de la sorte. Marcus sourit, rangea sa baguette et gratta la tête de son chien. Il enleva sa veste qu'il posa sur le garde corps de l'escalier, puis entra dans la cuisine. Astrée était là, vidant les bouteilles de vin rouge hors de prix dans l'évier. Sur le zinc, des flacons de parfum, de rhum, d'antiseptique, de vin, de bière, toutes vides. Marcus bondit sur Astrée avant qu'elle n'empoigne un Bourgogne hors de prix.

- Astrée ! Mais qu'est-ce que tu fabriques, tu es folle !!

Il récupéra la bouteille avec force.

- Tu sais combien ça m'a couté ?

Et il n'en fallut qu'un regard pour qu'il comprenne. Il reposa brusquement la bouteille sur le zinc parmi les bouteilles vides, puis se laissa tomber sur une chaise haute en se pinçant l'arrête du nez avec dépit.

- C'est à cause du procès, c'est ça ? Bon sang Astrée, je ne suis PAS alcoolique !

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Ils s'étaient plusieurs fois pris le bec pour des broutilles. Mais il suffisait d'un cadeau, d'une attention, d'un sourire charmeur ou d'une partie de jambes en l'air pour tout remettre à plat. La tempête finissait toujours par passer. Jusqu'au jour où Marcus fit un choix. Le choix de rester auprès de sa femme, Betty. Astrée l'avait très mal pris, bien évidemment. Et ils s'étaient quitté pour ne plus jamais se revoir. Jusqu'à ce jour.

A l'hôpital de Ste Mangouste. Elle s'était occupée de lui et doucement, ils avaient replongé. Tous les deux. Parce que Marcus était à nouveau libre de ses chaines et que indéniablement, ils étaient attirés l'un par l'autre. Mais au fond, Marcus avait toujours su que c'était une idée stupide. Qu'il aurait mieux fait de s'éloigner d'elle le plus loin possible. Car Astrée, ce qu'elle désirait le plus au monde, c'était de le posséder. Qu'il lui appartienne et qu'elle puisse y plonger profondément ses ongles acérés dans l'épaisseur de ses muscles.

Maintenant qu'un petit être grandissait dans ses entrailles, ils étaient liés pour la vie. Elle vivait cela comme une victoire et Marcus avait espéré aussi que les choses s'arrangent entre eux. Qu'elle laissa sa jalousie de côté, qu'il oublie Betty et qu'ils redémarrent une nouvelle vie. Mais son travail était toujours là. Prenant. Destabilisant. Difficile et dangereux. Il était rare que Marcus ne revienne pas d'une mission sans blessures. Car il avait le don de se mettre en danger. Son courage et sa bravoure lui avait valu plusieurs honneurs, mais aujourd'hui il avait tout perdu.

Son travail, ses honneurs, son nom, sa femme, sa dignité. Il était las et fatigué. Le procès l'avait épuisé et il avait l'impression d'avoir couru un marathon depuis plusieurs jours sans jamais s'arrêter. Alors entendre Astrée vociférer contre son alcoolisme et d'avoir été le plus rustre des compagnons, lui donnait la migraine. Il se pinça l'arrête du nez en tentant de garder son calme. Mais c'était difficile. Très difficile.

Elle porta finalement son doigt contre son torse et tous les muscles de l'Auror se contractèrent. Ces derniers temps, il n'avait subi qu'agression sur agression. Pas l'ombre d'un moment de tendresse. Et celle qui était censé le soutenir, lui porter réconfort, lui crachait du venin au visage.

- Astrée arrête avec ça. Tu crois vraiment à ce qui se dit dans la presse ? Ce sont des foutaises ! Gaïus a payé tous ces gens pour que ça se retourne contre nous, c'est évident ! Sa marque des ténèbres a disparu ... je ne sais pas comment il a fait, mais ... c'était la preuve irréfutable pour l'envoyer à Azkaban. Et il s'est débrouiller pour retourner la situation contre moi et Loup.

Marcus porta un regard dur vers Astrée. Il était déçu qu'elle puisse croire les délires de cette journaliste qui s'était acharnée sur son nom.

- Tu sais très bien que je ne suis pas alcoolique ! Je bois, mais comme tout le monde. Je suis ...

Il se tourna et se dirigea vers l'un des fauteuils du salon, pour se laisser choir entre deux gros coussins. Opal vint poser sa tête sur sa cuisse droite.

- Je suis fatigué ... j'ai passé un mois entier à traquer les braconniers, à déjouer des pièges, à protéger des collègues, à me faire insulter lors du procès et ... je n'ai pas envie d'entrer chez moi et de voir que ma propre compagne vide toutes mes bouteilles et me crie dessus en me prenant pour le dernier des ivrognes.

Il ne lui venait pas à l'esprit qu'Astrée s'était tout simplement inquiété pour lui. Car bien évidemment, Marcus n'avait pas donné le moindre signe de vie pendant ses trois semaines passées dans la forêt interdite. Elle l'avait juste vu, brièvement le temps du procès, mais il était resté muet comme une tombe, fermé sur lui même et terriblement désagréable.

- Là, effectivement, ce qu'il me faudrait c'est un verre.

Il tendit sa main vers Astrée, lui faisant signe qu'il se prendrait bien un verre de la bouteille de vin qu'elle avait failli vider complètement dans l'évier.

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Il était fatigué de bien des choses, mais il n'avait pas pensé, l'ombre d'un instant, qu'en rentrant chez lui, une harpie lui tomberait dessus. Astrée était folle de rage. Mais à cause de quoi finalement ? De son alcoolisme révélée suite au procès ? Probablement pas. Au fond, Marcus le savait. Elle était en colère d'avoir été abandonnée pendant ce long mois silencieux. Mais ne comprenait-elle pas que son métier était ainsi ? Risqué. Marcus ne pouvait pas se permettre de lui envoyer des lettres pendant ses missions. Parce qu'il était en planque et qu'il passait son temps à traquer, à rester aux aguets du moindre bruit, ou du moindre mouvement. Il avait peu dormi pendant ce mois horrible ... car oui, elle ne savait absolument pas ce qu'il avait vécu là-bas.

Vaincre Hegemone n'avait pas été une partie de plaisir. Et il en restait d'autres des braconniers comme celle-ci à terrasser. Bien sûr, il n'était pas le seul Auror sur les lieux et il n'avait pas à endosser toute la responsabilité. De toute manière, maintenant il était plus qu'une ombre. Démis de ses fonctions, on exigeait de lui un repos forcé. Marcus devait se reprendre en main après avoir fait honte à toute la Brigade. Après avoir mis Loup Emrys dans l'embarras face à la cour et Gaïus Crowley.

Que lui était-il passé par la tête. Pourquoi s'était-il amusé à jouer contre plus fort que lui ? Bonne question. Mais Marcus ne répondit rien à cela. Il se contenta d'adresser un regard dur à Astrée. Etait-ce ainsi qu'une femme accueillait son amant après plusieurs semaines de silence ? Probable. Il était probable que finalement, il méritait tout ce qui lui arrivait. Seul Opal avait l'air de porter un réel attachement à son maitre. Le chien avait posé sa tête sur les cuisses de Marcus et le lorgnait d'un air suppliant.

Il leva les yeux au ciel lorsqu'elle lui hurla être elle aussi fatiguée. C'est vrai qu'elle avait l'air au bout du rouleau. Quand elle porta un verre de vin blanc à ses lèvres, Marcus la regarda avec un certain courroux, prêt à bondir de son fauteuil pour le lui arracher. Mais de son oeil affuté, il remarqua qu'elle ne trempa que les lèvres. Que cherchait-elle ? A l'agacer ? Qu'il s'emporte contre elle.

- Stupide ...

Astrée enchaina rapidement en énumérant tout ce qui la tracassait et l'épuisait. Et Marcus sentait bien qu'il manquait à l'appel. Qu'il n'avait pas été présent pour elle en ce début de grossesse, la pensant assez forte pour gérer sa vie toute seule. Après tout, Astrée était une femme indépendante, autonome, forte et intelligente. Elle n'avait pas besoin d'un homme dans sa vie pour l'épauler. Du moins, c'était ce qu'il se disait. Ainsi, il déculpabilisait de partir aussi longtemps loin du foyer. Mais ils étaient un couple désormais. De futur parents en devenir. Et s'absenter aussi longtemps, en péril de sa vie, n'était pas un comportement décent pour un père de famille.

Finalement elle se laisse choir dans un fauteuil, le ventre légèrement rond. Marcus la dévisage sans discrétion. De sa main droite, il caresse Opal et sa main gauche est posée lourdement sur le manche du fauteuil. Astrée semble envahie par le stresse et la colère. Sa jambe tremble nerveusement et jamais il ne l'avait vu dans un tel état.

- Astrée ...

Il ne trouve pas les mots. Son ton est doux, se veut rassurant, mais ses yeux laissent entrevoir une lassitude. Les caprices de gamine il s'en passerait bien. C'était une erreur de garder cet enfant. De concevoir cette relation comme quelque chose de viable sur le long terme. Marcus était beaucoup plus âgé qu'elle et ils n'avaient pas les mêmes vies. Astrée se chargeait de sauver des gens dans un milieu stérile, clos et sécurisé. Marcus évoluait dans le danger permanent, affrontait les forces du mal et mettait sa vie en jeu à chaque fois qu'il partait en mission.

Son petit rire fit lever les yeux de Marcus. Elle exigeait de lui de ne plus boire en public. Et l'Auror ne put s'empêcher d'exprimer un lourd soupire.

- Sérieusement ?

Il arrêta de caresser Opal, mais le chien garda sa tête sur ses genoux. Marcus se passa une main lasse sur son visage avant de reprendre la parole.

- Tu ne penses qu'à l'image que l'on peut avoir de moi ? On s'en fiche pas mal de ce que pensent les gens Astrée. Tout ceci n'est qu'une machination. Je SAIS que Gaïus Crowley est coupable. C'est un ancien Mangemort, j'ai vu sa marque des ténèbres de mes propres yeux. Si le juge avait eu l'intelligence d'appeler sa fille Morrigan Crowley à la barre, elle n'aurait pas eu d'autre choix que de dire la vérité et de dénoncer son père. Tout le monde aurait cru une gamine de 12 ans ... Crowley est un perfide personnage ... et j'aurai bien voulu que tu me crois au lieu de penser que je suis alcoolique.

La déception se lisait sur son visage.

- Mais tu ne m'en veux pas que pour ça, n'est-ce pas ?

Finalement il se leva. Opal le suivi des yeux, remuant la queue en pensant peut-être que son maitre s'apprêtait à sortir pour la promenade quotidienne. Mais Marcus se dirigea vers les fenêtres du salon, les bras croisés. Il observa la rue déserte silencieusement, puis reprit la parole.

- Tu savais très bien comment les choses allaient se passer entre nous. Je suis Auror et quand je pars en mission je n'ai pas le temps de donner signe de vie. Tu le sais ... Et je suis désolé que tu te sois autant inquiété pour moi.

C'était touchant en vrai. Il se tourna finalement vers elle. D'un simple geste habile de la main, il lança un sortilège d'attraction sur le verre de vin blanc d'Astrée qu'il lui arracha des mains. Il le réceptionna et en bu une gorgée sous ses yeux stupéfait.

- J'ai été alcoolique, c'est vrai ... mais ça remonte à bien longtemps. De toute façon, tu n'auras plus à me reprocher un manque de nouvelles ou de temps. On m'a démis de mes fonctions pour une durée indéterminée ... j'aurai tout mon temps pour m'occuper de vous.

Marcus au chômage ... qu'est-ce que ça allait vraiment donner ?

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@Astrée Herrera & Marcus Hawks

Il aurait vraiment souhaité qu’elle le soutienne, ou qu’elle le croit. Bien sûr, Marcus n’était pas dupe. Il savait au fond de lui que Gaïus était intouchable. Mais il gardait le maigre espoir qu’un jour, la justice ferait son travail. Et il se jurait de mettre Gaïus derrière les barreaux, jubilerait le jour où il donnerait son baiser du Détraqueur. Voir l’empire de cet infâme personnage s’effondrer et d’apporter enfin une respiration mérité à son meilleur ami, Loup Emrys. Il secoua la tête, exaspéré par les paroles de la jeune Médicomage.

« Mais je SAIS ! Ne crois-tu pas que je suis au courant ?! J’aurai simplement voulu que tu me soutiennes … Au lieu de me réprimander pour l’image que je renvois ! Mais laisse tomber Astrée, tu sais t’occuper des gens malade, moi mon boulot c’est de coffrer les méchants. Tu ne peux pas comprendre. »

C’était un peu salaud de sa part. Il n’avait pas souhaité lui parler de l’affaire, s’enfermer comme une huitre, comme il savait si bien le faire. Marcus n’était pas du genre à parler de ses problèmes, du poids qui pesait sur ses épaules. Pendant toute cette période, il s’était contenté de passer en coup de vent, telle une ombre silencieuse, rendant l’atmosphère à peine digeste. Alors comment Astrée aurait pu le soutenir ? Lui qui ne voyait rien, qui ruminait dans son coin et qui ne lui avait prêté que peu d’attention.

Le verre entre les mains, Marcus aurait du se montrer plus intelligent que ça. Alcoolisme … c’était un grand mot. Il n’avait pas sombré dans l’alcool jusqu’à en être dépendant. Ca remontait à des années, une simple dépression accompagnée d’un taux d’alcool important. Mais jamais il n’était devenu dépendant. C’était ces foutus journalistes qui avaient grossi le trait. Et ces collègues, payés par Gaïus certainement, pour l’accuser à tort, l’évinçant de l’affaire pour le rendre peu crédible. Marcus avait compris le traquenard et il s’en voulait d’avoir été aussi peu vigilant.

Le verre se transforma en origami et un sourire se dessina entre ses lèvres. Joli. D’un claquement de doigts, le bateau en papier traversa la pièce dans un mouvement gracieux pour se poser doucement sur une étagère de la bibliothèque.

« Astrée … »

Il n’aimait pas ce regard plein de dédain, dur et noir. Il n’aimait pas l’image que s’était faite de lui, comme si elle découvrait sa face cachée. Marcus n’était pas cet homme qu’elle se construisait pour une obscure raison. Malgré les excuses données, malgré sa bonne foi, Astrée restait dur dans ses propos. Accusatrice. Elle voulait probablement qu’il comprenne quelque chose. Que son absence n’était pas tolérable, surtout en pleine grossesse. Qu’elle avait besoin de lui pour construire cette nouvelle vie. Et lui, s’était contenté de fuir, trouvant des excuses futiles. Et il comprenait.

Quand elle lui posa l’ultime question, Marcus se raidit. Le temps se figea pendant un bref instant. Avait-il vraiment envie de cet enfant ? De construire une vie de famille ? Bien sûr. Il voulait être un père aimant, éduquer, élever et voir Astrée s’épanouir. Mais il n’était pas dupe et savait que son travail pourrait détruire tous ces beaux projets. Avait-il envie de voir Astrée veuve, élever seule un enfant avec un métier aussi prenant que le sien ? Non. Et pourtant, il ne voyait pas abandonner une carrière aussi brillante que la sienne. Une carrière pleine d’action et de dangers. Il en avait besoin pour se sentir vivant. Du moins, c’est ce qu’il croyait.

Alors il se précipita vers elle, se mettant à genoux et posa ses mains calleuses sur son ventre, doucement, sans la heurter.

« Bien sûr ! Bien sûr que je veux être père et élever cet enfant .. »

Il leva ses yeux bleus vers son visage gracile. Marcus n’était pas réellement sûr. Mais il ne voulait pas perdre Astrée. Il ne voulait plus la voir rager, ou partir dans des colères sombres. Mais au fond de lui, une petite voix lui disait que ce n’était pas une bonne idée. Il sourit, charmeur comme il savait si bien le faire. Comme il le faisait toujours face à une jolie femme. Et Astrée était bien plus que jolie.

Il fut cependant surpris lorsqu’elle parla de son neveu. Il retira ses mains et se releva en la considérant d’un air étonné.

« Ton neveu ? Qu’a-t-il fait pour se faire expulser de Poudlard ? »

Finalement Marcus secoua la tête en ce pinçant l’arrête du nez.

« Mais oui, oui, bien sûr on s’occupera de tout ensemble. Je te l’ai dit, j’ai du temps maintenant. Ne t’en fais pas, je ne compte plus t’abandonner. J’ai été stupide et je crois que cette mission m’a un peu secoué, en plus du procès. Plus d’alcool et plus présent. Ca vous conviendra Docteur Herrera ? »

La main tendue pour l’aider à se relever, Marcus la considéra avec bienveillance. Mais ce n’était qu’une pure façade. Car au fond, il était terrifié à l’idée de ne rien faire de ses journées, de devoir s’occuper d’un adolescent attardé et de devoir affronter les sautes d’humeur d’une femme enceinte. Dans quoi s’engageait-il, lui qui pensait finir sa vie en éternel célibataire, papillonnant de femme en femme, pouvant jouir de ses charmes jusqu’à ce que la vieillesse l’emporte.

Mais il aimait aussi croire à cette vie remplie de cases cochées. Et sa mère serait plus que ravie d’apprendre que son cher fils allait enfin devenir papa.