Rowena se promenait dans le château, encore innocente des drames qui venaient d’avoir lieu et qui concernait directement sa famille. Elle ne savait pas qu’il venait de se préparer un affrontement sordide impliquant son père et qu’un de ses camarades avait été sévèrement touché à-cause de cela. Elle était encore innocente de tout. Bien entendu, elle savait que Ikarus avait été blessé. Il avait disparu quelques temps, et personne n’avait rien dit. Après, il n’était pas de ses proches amis. Lui et sa jumelle lui avaient toujours battu froid sans qu’elle ne sache bien pourquoi. Alors, elle n’avait pas cherché plus loin, juste heureuse de savoir qu’il était en vie.

Mais malgré tout, en voyant la pauvre Morrigan, en pleurs, dans un coin caché, Rowena sentit son cœur se serrer. Même si elles n’avaient jamais été les meilleures amies du monde, elle n’avait jamais eu d’antipathie réelle pour la fillette. De plus, en la voyant dans une telle détresse, elle ne pouvait pas faire autrement que lui tendre la main. Elle s’avança doucement, pour ne pas la surprendre. Elle ne voulait pas avoir l’air de vouloir la mettre en difficulté. Elle sortit un petit mouchoir qu’elle tendit à sa camarade Gryffondor. Un bon moyen de lui proposer cette aide.

« Morrigan… ça va aller ? »

Elle s’attendait à un regard furibond. Elle ne s’approcha donc pas trop près pour ne pas être intrusive. Elle était convaincue que cela ferait du bien à la fillette de parler, mais elle avait l’impression de s’approcher d’une bête sauvage et blessée. Imprévisible et capable de blesser sans le vouloir vraiment, simplement parce qu’elle avait mal. Rowena s’assit non loin de sa camarade. Elle lui ferait peut-être un câlin plus tard, mais pour le moment, elle voulait juste être là, sans être une menace. Ce serait déjà beaucoup à son avis. Si Morrigan acceptait cela, elle pourrait l’aider peut-être un peu.

« Tu es triste pour ton frère ? Il va mieux, je crois, non ? »

Rowena s’était un peu attendue à se faire envoyer promener par sa camarade. Depuis qu’elles étaient à Poudlard, elle avait eu le sentiment que Morrigan, comme Ikarus d’ailleurs, la tenait à distance. Elle ne voudrait peut-être pas lui parler et se confier à elle. Mais ce n’était pas le genre de la Poufsouffle de détourner le regard quand une personne pleurait, même si elle n’était pas certaine d’être bien accueillie. Au pire, elle s’en irait si vraiment la Gryffondor n’avait pas envie de partager ce qu’elle ressentait. Mais quand-même, ça pouvait aider d’avoir quelqu’un à qui parler et parfois, c’était plus facile que ce ne soit pas un membre de la famille.

Pour autant, Rowena se disait que, puisque son père était le professeur de Potions, elle aurait pu aller chercher du réconfort auprès de lui. Surtout si ça concernait l’état de son frère. Après tout, il ne devait pas être très heureux non plus que son fils ne se sente pas bien. En plus, il allait mieux. C’était une bonne nouvelle qui mit un léger sourire qui se voulait réconfortant sur le visage de la Poufsouffle. Si vraiment Ikarus allait mieux, après avoir pleuré un bon coup, elle se sentirait mieux. Sauf qu’il n’y avait apparemment pas que ça.

« Viens », murmura Rowena en l’entraînant sur les marches où elle s’assit à ses côtés. « Ca va aller. Tu peux me dire ce qui ne va pas, je vais essayer de t’aider. »

Mais au lieu de parler de sa tristesse, elle se mit à parler du père de la jeune fille. Aussitôt, celle-ci pâlit. Elle n’avait pas reçu de mauvaises nouvelles de son père, en soi, mais il était évident que la question de Morrigan impliquait qu’il s’était passé quelque chose. Et elle ne savait pas quoi. Son papa avait-il été blessé ? Que s’était-il passé ? Et pourquoi ne lui avait-on rien dit ? Pour la première fois de sa vie ou presque, Rowena se sentit en colère, pas contre Morrigan mais contre tous ceux qui lui avaient caché l’état de son père.

« Pourquoi mieux ? Il est arrivé quelque chose à mon papa ? Tu sais quelque chose, Morrigan ? Et c’est pour ça que tu es triste ? Tu es triste à-cause de mon papa ? »

Elle s’affolait complètement. Elle ne savait pas ce qui s’était passé mais Morrigan le savait et les conséquences devaient être graves si son père avait fini à l’hôpital. Est-ce qu’il était à l’hôpital ? Au fond, elle ne savait pas où il était, mais elle irait demander à sa mère, qui aurait intérêt à l’envoyer très vite auprès de lui. Si son papa était blessé, il avait besoin de sa petite Rowena, c’était certain. Il n’était pas question qu’il en soit autrement. Mais auparavant, il fallait consoler Morrigan. La Poufsouffle n’avait pas l’intention de partir tant que sa camarade n’aurait pas le cœur plus léger. Elle s’était promis d’être là si elle le lui permettait. Et elle le lui avait permis.