Les renseignements finissaient toujours dans l’oreille de la médicomage : son amour pour les potions n’était pas une simple préoccupation. ce n’était pas pour rien qu'elle s‘éclatait à trouver les moindres potions néfastes et qu’elle s’amusait elle-même à en créer pour voir leurs effets. Assembler, faire bouillir… voilà une passion qu’elle avait depuis toute petite. Son oncle l’avait baigné dedans sous l’oeil mauvais de sa mère qui n’avait malheureusement pas pu y faire grand chose. Son amour pour les potions fumantes, bouillonnantes aux grosses bulles qui faisaient un doux bruit pour ses oreilles expertes.. était né avant même que sa mère parvienne à l’en extraire. Ce n’était pas pour rien qu’Astrée se rendait aux moindres évènements qui portaient de loin ou de près sur le sujet. Elle pouvait même sans mal déclarer ces journées là comme des institutions nécessaires : bien souvent dans ce type d’endroit, il y avait des potions médicales et potions nocives dont elle devait connaître les effets : et pour cause, elle finissait toujours par avoir un patient un peu idiot incapable de suivre les précautions sur la fiole.
Astrée adorait ces journées-là. C’était un temps où elle se permettait de reposer son esprit effusif : et c’était tout ce dont elle avait besoin avec sa grossesse, et le père qui semblait toujours incessamment l’éviter. La médicomage savait pertinemment que son adorable et parfaitement musclé compagnon avait besoin d’un peu de répit, mais la sorcière était fatiguée de se réveiller dans un lit froid, de se regarder dans un miroir et voir tous ses traits se modifier, se distendre : on pouvait remarquer un ventre très léger, signe de son troisième mois de grossesse. Ses soucis n'apparaissaient jamais sur son visage et c’était souhaité : Astrée voulait conserver son visage de poupée, avec un splendide maquillage, des cheveux impeccables, une épilation particulièrement précise : tout était millimétré chez elle. Jusqu’à ses ongles parfaitement manucurés revêtu d’un vernis léger et rosâtre.

Astrée n’avait pas mis son uniforme hospitalier, mais l'événement l’avait invité si bien qu’elle possédait une petite broche sur sa poitrine avec son nom prénom, et l’illustre métier qu’elle avait. Mais en avançant dans les lieux, ses talons claquant sur le sol, quelqu’un vient la heurter avec véhémence : une véhémence qui ne tarde pas à la faire chuter à son tour. La chute n’est foncièrement pas douloureuse. La sorcière se redresse sans mal, l’oeil égaré, retenant de cracher sa salive sur la petite peste ingrate qui l’a fait tomber. Au lieu de ça elle garde son léger sourire, une bonté profondément fausse accroché au visage… parce qu’ils étaient en lieu public. La bête, le vilain petit serpent contenu dans sa poitrine, allait devoir rester sur sa cage thoracique tant que des petits yeux mauvais se dirigeaient sur les deux femmes. Même si le claquement sonore de sa main sur la joue de l’empotée n’aurait certainement pas été très désagréable pour la jeune femme.

« Vous allez bien ? »qu’elle glisse de sa voix chantante et hispannique, l’éclat de ses dents scintillant entre ses deux lèvres carmins.

La jeune femme daigne enfin porter un véritable regard vers elle : des yeux de biche, beaucoup plus vieille qu’elle. Pas si mal pour son âge, avouons-le : mais son nom trônait en bouche, lui était familier. Non, pas son nom. C’est une présence austère qui s’impose dans la rétine d’Astrée, et qui imagine sans mal une présence masculine aux côtés d’un certain Crowley. Le connard qui avait foutu son compagnon dans la merde. Et elle, c’était sûrement sa petite putain de maîtresse. Une petite garce à la peau laiteuse… il se l’était forcément tapé. Voilà des jours qu’elle se renseignait pour tenter de trouver une faille.

« Vous êtes la gagnante du débat… félicitations d’ailleurs. C’était impressionnant. » Qu’elle fanfaronne de son sourire chaleureux et de sa voix qui inspirait la confiance : et pour cause. Ses moindres mensonges étaient enrobés de vérité, si bien qu'il était difficile de savoir où étaient les pointes de fausseté. « Je crois vous connaître… le nom de Crowley vous est-il familier ? »