Il y’avait une grande variété de rire, mais il y’en avait qui avait pour réflexe d’hérisser automatiquement les poils sur les bras dès la première note faussement joyeuse extirpée de certaines lèvres. Les esclaffades légères du Serpentard illustraient parfaitement cette capacité désagréable que produisait leur son, surtout quand elles étaient mêlées à quelques mots persifflés aux tympans d’Autrui. Grimaçant de réprobation aux mises en garde à peine dissimulées, l’attention se confinait plus profondément dans le mutisme pour ne pas interrompre la petite mise au point de Balthazar. Avoir déjà suggéré, une fois, au Gryffondor qu’il en faisait surement un peu trop, était déjà de trop sur le plan joliment préparé.

Un peu tout ce qui se passait actuellement semblait de trop. Usuellement il suffisait de secouer les gêneurs, de leurs coller une ou deux mandales pour qu’ils finissent en pleurs, ou en sang –ou les deux-, les empêchant de mettre de l’huile sur le feu. Mais ce Poufsouffle avait la hardiesse de ceux qui n’avait rien à perdre ou la témérité de ceux refusant l’injustice. Surprenant, voir intriguant. Haussant les sourcils en regardant ce qu’il se passait, le doute continuait son ascension faisant plisser les mirettes pour scruter ledit harceleur d’Edgard. Avec un peu plus d’analyse, Ackley conclurait que MacRaven ne débitait pas les palabres des petits faussaires d’honneur. Mais son taux de réflexion s’arrêta brutalement quand un bois clair lui fut tendu. « Hum ? ‘K.. » Le grognement qui acceptait de prendre soin de la baguette avait certainement été incompréhensible pour l’Autre, parti se mettre en position.

A trop de discutailles, les mots s’étaient perdus faisant louper l’avancement réel de la situation. A coup de menaces ridicules sur la possibilité de jouer les rapporteurs auprès des enseignants ou encore à coup de piqure de rappel sur la dignité, les deux avaient finalement trouvé un terrain d’entente : la discussion des poings. Le dialogue préféré du bouclé dont l’entrain se trouva coupé instantanément par le rafraichissement des consignes connues : interdiction d’intervenir. Esquissant un sourire en coin, tout en récupérant la seconde baguette qui lui était confié, un soupir peu discret faisait dodeliner ses mèches sombres. « Ouai, ouai » Bien sur qu’il n’allait pas bouger, il savait qu’il ne devait pas, Balthazar devait régler ses comptes seuls et puis, avec l’assurance plus que visible de valoir plus que Ryland, il ne risquait pas de broncher.

Le souffle de fierté gonflant soudainement son humeur, un sourire espiègle validait la mission qui lui était donné. «T’as compris ? Toi non plus tu bouges pas » Regard brillant et moue conquérante glissés sur le vert et argent trahissant ce que le silence ne pouvait conserver pour lui-même. « Et ouai, à moi on fait confiance d’abord ! » Le choc des premiers coups attira rapidement l’attention pour ne pas trop fanfaronner, et à la vantardise, le soutien indéfectible prenait place, lançant des « allez ! » ou même des « outch » de compassion quand Balthazar absorbait une droite. Il fallait avouer que le Emile savait se défendre et refusait de s’avouer vaincu. Impressionnant si la petite guerre des rangs de sang était prise en compte, étonnant pour celui désigné comme un pleutre qui s’en prenait à plus faible, encore plus étrange quand les conseils –réels- s’échangeaient pendant la mêlée.

Et finalement, dans une exclamation d’offuscation, aucun vrai vainqueur ne semblait s’être démarqué. Balthazar comme MacRaven étaient salement amochés, le sang coulant de leurs bouches et leurs nez, des tuméfactions s’invitant à leurs arcades sourcilières et autre pommettes. Les deux tenaient difficilement debout, et aucun n’insistait plus pour assener le dernier coup. C’était au final un étrange mélange de frustration, de satisfaction, d’enthousiasme et d’inquiétude qui accueillait les derniers mots rageurs d’un Balthazar épuisé avant de le récupérer entièrement en lui tendant un bras pour le soutenir. « Héhé, c’était bien joué ! » Attrapant sa main gauche pour la passer sur sa propre épaule et en callant correctement son bras droit pour l’enserrer vers la taille pour lui éviter de s’écrouler, Ackley arborait un sourire goguenard sans trop savoir pourquoi. Redressant les mirettes en cherchant quel serait le chemin le plus court pour tomber sur quelqu’un qui pourrait prodiguer les premiers soins, il s’arrêta en apercevant le Poufsouffle qui voulait sa baguette.

Sans un mot, les lippes courbées malicieusement pour seul signe d’aurevoir, il donna un petit coup d’épaule pour remettre Balthazar droit, lui rendre un air toujours altier même dans la douleur d’un autre pas à faire. « Hum ? » Seule l’interpellation lui avait fait quitter les yeux du sol, adressant alternativement au Poufsouffle et à Ryland des regards interrogateurs, sourcils froncés. Décidément, ce MacRaven était bien moins stupide que Balthazar ne l’avait suggéré. Même lui voyait parfaitement que quelque chose clochait chez le serpentard. Peut-être même qu’il faudra prendre le temps de lui parler... plus tard, car pour l’heure. « Infirmerie ou tu veux qu’une des filles s’occupe de toi ? » Car se trimbaler avec des potions curatives n’avait jamais été une habitude adoptée, et si l’idée de proposer à Ryland de lancer un Episkey lui avait effleurer l’esprit, avec la recommandation hurlée dans le parc, Ackley ne risquait pas de s’y résigner.

Les encouragements et l’accueil au parfum de victoire saluant la beauté du combat étaient de bien pales remèdes faces aux douleurs physiques. Ce dont avait besoin Balthazar n’était d’autre que des potions, des onguents, et quelques coups de baguettes curatrices. Rien de ce que pouvait posséder Ackley, vu qu’il y’avait une infirmerie et des blouses vertes pour s’occuper d’eux. La baguette dans la poche de pantalon pouvait être sortie pour les premiers soins, revigor ou autre, mais l’attention en cours de sortilèges n’avait jamais été parfaite. Faute aux éléments extérieurs. Au beau temps, au prochain match de quidditch, à une vanne quelconque qui lui trottait en tête… La seule chose qu’il avait sur lui était des pansements nounours, destinés à @Aurora Magnus de peur qu’elle ne se coupe pendant qu’elle pâtissait. Certes il était tout à fait possible de partager avec son meilleur ami, mais dans aucun monde un morceau de sparadrap avec des cœurs et des fleurs pouvait soulager les tuméfactions grandissantes.

Sous sa poigne, le corps endolori de Balthazar semblait lutter pour se maintenir, à chaque pas fébrile de plus, Ackley avait l’impression qu’il allait lui échapper et s’écrouler. Une pause était nécessaire et un coup de main d’autrui également. Le troupeau de filles qui minaudait auprès de Balthazar pouvait avoir une utilité, tout comme les pompoms girls, mais quand les balbutiements cherchaient à comprendre de qui il voulait parler, Ackley se sentait pris au dépourvu. « Bah.. ouai.. » Une des demoiselles qui prenaient des cours de médicomagie par exemple. Machinalement, son nez se redressait, cherchant à les apercevoir leur bouquin dans les mains. Comme si quiconque venait ici pour s’entrainer à la magie curative, ca n’avait aucun sens, même lui le voyait, et le poids pendant à son bras l’inquiétait de plus en plus.

Acquiesçant d’un signe de tête  à la requête, en essayant de ne pas grimacer sous la courbure bancale qu’il prenait pour déposer le blessé, sa prise s’abandonnait qu’une fois l’herbe fraiche pleinement adoptée. « Dors pas ! On dit qu’il faut pas dormir ! » Le conseil devait venir d’un film télévisé, mais d’une façon ou d’une autre il avait réussi à marquer l’adolescent qui commençait presque à paniquer. «  Ryland ..? » Les mirettes glissant sur le serpentard hésitait, jamais le blond n’accepterait de servir de hibou, et Emile qui s’était bien battu lui avait quand même demandé de ne pas laisser Balthazar entre ses mains. Et sans trop de soucis, Ackley ne comptait pas revenir sur son espèce de promesse silencieuse qu’il avait pu faire. Il y’avait toujours autour de Ryland une étrange impression qui l’enveloppait, comme une aura négative –si jamais ne il avait entendu parlé des auras- et laisser Balthazar seul avec ce dernier ne ressemblait en rien à une bonne idée.

« ..Nan rien.. » Finalement, planté debout, Ackley préféra scruter l’horizon et plisser les yeux en voyant une forme passer. Sifflant entre ses doigts pour interpeller la personne qu’il ne reconnaissait pas, une voix forte intimait à l’élève qui avait eu la malchance de se promener là de venir les rejoindre. Dans un premier temps la curiosité amena la personne à eux, mais l’état de Balthazar le faisait balbutier, à son tour, tout en proposant d’aller chercher l’infirmière. Il fallut utiliser de persuation –menaces diront certains- pour envoyer l’élève de Poufsouffle chercher les filles « Et tape sur la grosse Dame jusqu’à ce qu’on te l’amène ! » En réfléchissant au mieux, la seule autre personne possédant une capacité curative était Antonia. Elle avait des plantes et donc la connaissance des bobos en tout genre. Le raccourci un peu trop direct lui avait chuchoté que c’était une bonne idée. Si Balthazar voulait s’assurer de la discrétion de son état, Antonia était discrète c’était elle qu’il fallait.

Savoir combien de temps mettrait la gamine attrapée au vol était bien impossible, aussi, en patientant Ackley essayait de faire de la conversation, pour que Balthazar ne s’endorme pas. Pas bien certain de savoir à quel niveau de sérieux il fallait prendre les films qu’il regardait avec ses parents chez lui, il optait pour une discussion sans discontinuée mêlant son analyse sur le combat a mains nues que son ami venait de jouer et des comparaisons avec certains matchs de Quidditch qu’ils avaient vu tous les deux quelques années plus tôt. S’il avait eu ne serait qu’une ou de conscience de la migraine qu’il pouvait donner au blessé il se serait tût et essayé de faire quelque chose de sa baguette –quand bien même il ne l’affectionnait pas énormément. Mais il continuait, demandant son avis à un Balthazar à moitié ensuqué s’il pensait que Emile allait raconter ce qu’il s’était passé et s’il lui en voulait encore. Car c’était dommage de lui en tenir rigueur vu l’adversaire qu’il avait été.

L’argumentation était brouillonne, mais Ackley ne pouvait s’empêcher d’exprimer que pour lui, le Mac Raven semblait innocent, il n’avait pas eu le comportement d’un coupable, ni des remarques et reponses de laches. Bien entendu ce genre d’analyse était à double tranchant, soit totalement à côté de la plaque, soit dans le vrai. Mais le jeune homme aimait à penser qu’il n’avait pas si mauvais instinct sans quoi il ne se sentirait pas si bizarre en compagnie de Ryland alors qu’il n’avait pas de souci avec son jumeau de chez Gryffondor. Certains pourrait dire que Ackley était juste trop stupide et que porte une cravate rouge et or faisait gagner à n’importe qui une partie de son respect et son affection. Mais pour lui c’était bien diffèrent. Il ne savait juste pas l’expliquer.

Levant le nez machinalement vers le serpentard, le redoublant ne savait pas trop s’il devait lui demander de l’aide ou pas, les filles semblaient tarder, avec un peu de retard, il réalisa que l'orvet avait parfaitement disparu. Surprenant, contrairement au temps que prenait les filles. Vu la taille de domaine, rien d’étonnant. Mais des bruits de pas précipités finirent par se faire entendre, attirant son attention, et plisser les yeux. « Hey, ici ! » Les deux bras levés bien haut, a les agiter pour être bien visible, il faisait rapidement signe aux deux jumelles qui n’avaient ni uniforme, ni cape de sorcières. « Vous alliez au taff ? » Question brute glissant hors de sa bouche en voyant la housse de guitare, salutations oublier. « Vous pouvez faire un truc ? » Mouvement de tête vers Balthazar allongé au sol, après, suffisait qu’il arrive à marcher droit et jusqu’à la tour des Gruffondor, pas besoin de grandes cérémonies.

Si Ackley aurait bien voulu demander en quoi l’emploi du temps des 6eme année était différent, il s’abstient en glissant les yeux sur Balthazar préférant le laisser répondre aux interrogations des filles. Raconter en détail ce qu’il s’était passé n’aurait pas été correct, son ami l’aurait en premier fusillé du regard et fait bien pire par la suite, une fois son état rétabli. Pourtant, ce n’était pas l’enthousiasme qui manquait. L’envie de commenter un combat à la loyal brulait le bout de sa langue, menaçant de s’échapper d’un instant à l’autre si le mutisme rageait trop longtemps. Par chance, le blessé était encore doué de la parole et fanfaronner bien facilement. Il suffisait d’avoir deux jolies filles pour retrouver un peu de son éclat légendaire. Y’avait pas à dire, les jumelles étaient les mieux appropriée à cette mission de secours que Aurora et sa copine Misty. Inconcevable que de voir Balthazar jouer les donjuans avec sa petite-amie. Ca ne se faisait pas en plus.

Le sujet étant éloigné de la réalité, la pensée fugace d’un possible pointe de jalousie grandissante à l’idée de voir l’héritier faire les yeux doux à sa belle se volatilisa rapidement. D’autant que deux mirettes l’interrogeaient lui alors qu’il ne pouvait parler. Haussant une épaule et esquissant une moue en coin les bouclettes se contentèrent de montrer la direction du gryffondor couché dans l’herbe. Elles avaient qu’à l’écouter, l’orateur de grande famille, il savait y faire, et puis il était le seul légitime à conter son histoire comme il le désirait. Mais étrangement le brun blessé ne jouait pas les héro courageux et vaillant, laissant aux jumelles l’honneur de choisir ce qu’elles désiraient entendre. Preuve qu’elles étaient toutes deux considérées. Même Hildegarde, pourtant généralement vêtue de bleue et argent et bien plus réservé que sa sœur. A force d’attendre devant le heurtoir de serdaigle, Akley avait appris à faire la différence même s’il s’était fait avoir allègrement au début.

La tentative de faire la comparaison entre les deux artistes de rue s’arrêta net en voyant Balthazar lever le bras. Pire qu’une mère poule, Ackley s’était agenouillé prét à l’aider à se relever. « Fais doucement » A mémoire défendent – celle des accidents de quidditch et non celle de la filmatographie moldue- il ne fallait jamais se lever trop vite. Et il ne fallait pas boire couché non plus... Mais le gout particulier de la potion semblait suffisamment efficace pour laisser libre court aux étourdissement. Tant mieux, moins de risque de défaillir. Pour autant Ackley restait à coté, un bras tendu dans le dos du blessé juste au cas où. Sa présence devenait certainement plus une gêne qu’autre chose, mais il ne bougea pas pour autant, restant alerte, ignorant complètement le petit jeu de séduction dont son ami avait la force de jouer. C’était habituel, cette voix plus douce, plus enjôleuse, ces manières joueuses et séductrices, le retour du Balthazar que tout le monde pouvait connaitre. Une simple facette dont il ne se déferait jamais, prenant soin d’occulter l’autre bien plus violente à laquelle il pouvait définitivement se laisser aller. Les bruits de couloirs n’étaient pas que des bruits, mais la seule chose qui importait était très simple : Balthazar allait mieux.