Les vacances de Noël avaient toujours beaucoup plu à Beth, même si pendant les premières années, elle s'était contentée de les passer à l'école. Elle savait qu'elle aurait pu revenir à l'orphelinat et que les enfants auraient sûrement été contents de la voir, mais elle savait aussi que sa présence occasionnerait du travail en plus pour tous les responsables et rester à Poudlard évitait cela. Les fêtes avaient toujours été très féériques et empruntes de cette magie que la jeune Née-Moldue avait découvert en arrivant à l'école. Mais même au milieu de cette magie, elle ne pouvait faire autrement que de se voir comme une orpheline.

Mais depuis l'année dernière, certaines choses avaient changé. Depuis son adoption par Thunder Wood, Noël était devenu une vraie fête de famille qu’elle passait à la Tête de Sanglier en compagnie de ses mères, de sa sœur et de tous les membres de la famille. Elle avait ressenti énormément de chaleur tout au long des festivités et les échanges de cadeaux avaient été magiques. Elle se sentait bien au sein de cette famille et cette année, elle avait en plus passé toutes les fêtes en compagnie de Nicolas, puisqu'ils sortaient officiellement ensemble. Ils avaient passé le début des vacances à Pré-au-Lard et été rentrés ensuite chez les Lorist pour fêter Noël avec eux.

Assise dans le train sur le chemin du retour à l'école, l'adolescente avait l'impression qu'elle n'aurait rien pu souhaiter d'autre que tout ce qu'elle avait actuellement. Elle avait enfin le sentiment qu’elle était à sa place, qu'elle avait trouvé la sienne. Ce n'était pas quelque chose d'évident il y avait encore quelques temps. Alors qu'elle contemplait le paysage, elle se tourna vers Nicolas et lui sourit avec un regard qui témoignait de toute l'affection qu'elle avait pour lui. Pendant un petit moment encore, ils étaient seuls tous les deux, et elle avait bien l'intention d'en profiter.

« Alors mon cœur, tu n'es pas trop nerveux de retourner à l'école ? On a bien profité de ces vacances tu ne trouves pas ? »

Les vacances de Noël étaient terminées et c'étaient les meilleures que j’avais pu passer de ma vie. Vous vous demandez sûrement pourquoi ? Eh bien, tout simplement parce que j’avais passé les fêtes de fin d’année en compagnie de ma petite amie et dans nos familles. Il fallait maintenant retourner au château, on serait probablement beaucoup moins ensemble puisque nous sommes dans deux maisons différentes et préfets. Nous avions donc certaines obligations cependant, il nous arrivait de faire des rondes ensemble.

À cet heure-ci, nous étions toujours dans le train et nous pouvions encore profiter un peu tous les deux avant d’arriver à la gare de Pré-au-Lard. La serdaigle me demanda alors si je n’étais pas trop nerveux de retourner à l’école. Cette dernière voulait également savoir si j’avais le même avis qu’elle concernant nos vacances.

- Ça peut aller mon ange et toi ? Lui répondis-je. J’ai quelques rondes de nuit à faire d’après ce que j’avais vu sur le planning.

J’avais fait en sort de ne pas y penser durant les vacances, car je voulais profiter de ma famille. Elles étaient passées trop vite à mon goût malheureusement et je savais que les vacances de carnaval, je ne pouvais pas rentrer. Nos parents ont décidé de partir tous les deux en vacances pour leur anniversaire de mariage.

- Elles étaient géniales, lui répondis-je, souriant. Je me rends compte aussi que Natan grandit, il change de comportement et c’est beaucoup plus agréable.

Mon petit frère et moi, c’était comme chien et chat par le passé, cependant j’ai remarqué qu’il changeait depuis son arrivée à Poudlard, l’année dernière.

Le début de l'année était toujours une période un peu compliquée pour ceux qui avaient des responsabilités comme c'était le cas pour Nicolas et Beth. C'était le moment ou des élèves avaient le plus besoin deux, surtout les petits nouveaux qui n'avaient pas l'habitude de l'école, de ses habitudes et de son organisation. Poudlard était grand et la jeune Serdaigle avait déjà plus d'une fois aidé des élèves qui se perdaient. Pourtant, elle n'était pas encore préfète à ce moment-là. Cette année, elle aurait plus de responsabilités mais ça ne la dérangeait pas forcément. Elle avait attendu ça avec impatience.

Nicolas mentionna qu'il y avait des rondes de nuit sur son planning et la jeune Serdaigle haussa les épaules. Ils avaient dû vouloir renforcer la sécurité cette année car ils avaient ajouté des mini-préfets pour les épauler dans les petites classes, mini-préfet qui n'aurait pas de ronde à faire évidemment, mais qui pourrait les épauler pour le quotidien. Et il n'y avait plus seulement deux mais quatre préfets-en-chef, un pour chaque maison. Les rondes de nuit étaient un ajout supplémentaire qui montrait qu’un regain de sécurité était nécessaire.

« Nous en avons tous au moins une par semaine. Heureusement, avec l'intervention des nouveaux préfets-en-chef, ça fait plus de monde pour les plannings. »

Nicolas ne s'était pas vraiment rendu compte que son frère n'était plus le petit garçon avec lequel il passait son temps à se disputer mais qu'il prenait de la maturité. Le résultat, c'était qu'il se montrait moins difficile, que ce soit avec ses parents ou avec ses frères et sœurs. Beth pouvait parfaitement comprendre que cela fasse du bien à Nicolas. Mais de son côté, elle n'avait jamais eu trop de mal avec Natan parce qu'elle ne faisait pas partie de la famille et qu'il la trouvait très mignonne. Elle était tout de même contente que son petit-ami et son petit-frère se soient rabibochés. Beth trouvait ça important que les familles soient proches.

« C'est un bon petit. Il a juste du mal à trouver sa place parfois. Ça peut arriver quand on a beaucoup d'enfants autour de soi de ne pas savoir comment se faire remarquer et de le faire de la mauvaise façon. Ça se produisait avec beaucoup d'enfants à l'orphelinat. »

C’est vrai que nous en avions une par semaine au moins, mais ce n’était pas mon cas. Il y en avait beaucoup plus, peut-être même de trop. Je voulais avoir l’avis de Lizzie étant elle-même une préfète, celle-ci pourrait comparer avec le sien. J’ouvris une petite pochette qui se trouvait sur le haut de la valise et en sortis mon planning.

- Ça ne te dérangerait pas d’y jeter un œil mon cœur ? Je pense qu’il y a un souci…

Je lui tendis sans pour autant la forcer à le prendre si elle n’en avait pas envie. Je lui parlai également de mon petit frère Natan, il avait changé au point où je ne le reconnaissais pas vraiment. Le jeune Lorist grandissait et son caractère était en train de changer lui aussi. La serdaigle ayant côtoyé un orphelinat avait une belle expérience avec les jeunes enfants.

Cette dernière m’explique que s’était certainement le fait qu’on soit une famille nombreuse et qu’il avait probablement des difficultés à trouver sa place. Est-ce que c’était encore le cas de Natan à ce jour ? Si oui comment l’aider et surtout l’accepterait-il ? Tellement de questions auxquelles je n’avais pas de réponses.

- Lizzie, dis-je, hésitant. Admettons que Natan n’a pas totalement réussi à trouver sa place dans ma famille ou même ici, qu’est-ce que je pourrais envisager de faire ? On n'a pas toujours eu une bonne relation par le passé, est-ce que ça vaut la peine que j’essaye d’aller vers lui ? Je suis préfet et s’il a besoin d’aide, c’est un de mes rôles, mais…

Le début de l'année était toujours une période un peu compliquée pour ceux qui Beth ne comprenait pas ce qui taraudait autant Nicolas avec les rondes de nuit. Elle ne pouvait parfois s’empêcher de se demander si c’était une bonne chose pour lui d’être préfet. Il faisait de son mieux et on ne pouvait rien lui reprocher, mais c’était peut-être trop de pression et de fatigue pour le jeune homme. Elle n’aimait pas l’idée qu’on le force à accepter trop de responsabilité, ce qui aurait pour conséquence de l’épuiser physiquement et mentalement. Elle n’avait pas envie de le retrouver dans un état horrible, simplement à-cause de ce qu’on lui avait imposé sans lui avoir demandé.

Cela dit, en parcourant la feuille, elle trouva qu’il avait beaucoup de rondes par rapport à elle. Peut-être qu’il y avait des périodes où une personne devait en avoir un peu plus, elle ne savait pas, mais cela ne lui semblait tout-de-même pas très normal. Elle fronça les sourcils avant de regarder de côté son petit-ami. S’était-il fait avoir par quelqu’un ? C’était probable, mais pas égard pour son amour-propre, elle ne voulut pas le lui faire remarquer. Il valait mieux que ce soit quelqu’un d’autre que sa petite-amie qui le mette devant le fait accompli. Elle ne voulait pas le blesser.

« Tu as vraiment beaucoup de nuits. Tu devrais en parler avec un professeur. Il y a peut-être eu confusion. »

En dehors de ses responsabilités peut-être trop importantes, il ne pouvait s’empêcher de penser à sa famille. Il était touchant de voir combien il pensait à ses proches mais il en prenait trop sur les épaules. Ca ne servait à rien de couver Natan, cela ne ferait que le faire fuir davantage. Il avait envie que les choses s’arrangent et elle pouvait le comprendre. Mais il ne pouvait pas forcer les choses. Il y avait des choses qui ne se faisaient que petit à petit et concernant son petit-frère, il ne fallait surtout pas manquer de patience. Le plus gênant, c’était qu’il ramène ça à son rôle de préfet.

« Ce n’est pas parce que tu es préfet que tu dois essayer de l’aider, mais parce que c’est ton frère. Cela dit, il est à un âge où c’est compliqué, tu le sais. L’important, c’est qu’il sache qu’il t’a s’il a besoin de parler, mais tu dois aussi lui laisser son espace, tu comprends ? »

Ma petite amie trouve aussi que j’avais beaucoup de nuit et me conseille d’aller voir un professeur. J’y ai pensé d’aller voir un membre du personnel de Poudlard. Je voulais être certain qu’une personne avait le même avis que moi. Qui je pouvais aller voir pour en parler ? J’aurais bien dit le professeur Wood étant donné que c’est la directrice de Poufsouffle. C’était juste un peu délicat parfois étant donné que c’est une des mamans de Beth.

- Tu trouves aussi ? Je l’ai envisagé d’aller voir un professeur, c’est juste… Compliqué pour moi.

Elle avait raison, je devais faire la part des choses entre mon rôle de préfet et celui de frère en ce qui concernait Natan. Il fait aussi une crise d’adolescence et j’étais aussi passé par là, je pouvais donc le comprendre. J’étais même pire que lui en réalité à cette époque en y réfléchissant. J’en avais fait voir de toutes les couleurs à mes parents, surtout avec ma nervosité.

- Je sais, j’étais encore pire que Natan et je n’en suis pas fier au même âge. Je ne suis pas le seul à trop le couver, Marine a tendance à exagérer aussi. Elle a fait le même avec moi et mon frère commence à avoir dur à le supporter. Il ne me la pas dit, mais je le remarque et je ne sais pas comment je peux l’aide.

Je marquai une pause et je ne pus m’empêcher de soupirer légèrement.

- Je comprends autant ma sœur que mon frère, donc je ne sais pas trop comment réagir.

Nicolas avait beau être timide, Beth songeait qu'il aurait dû faire plus d'efforts en ce qui concernait le fait de contacter les adultes. Quand on était préfet, le contact avec les professeurs était essentiel pour pouvoir mener sa mission à bien. En l'occurrence, son emploi du temps avait été mal ajusté et s’il le suivait à la lettre, il ne faisait aucun doute que ça risquait de lui poser des problèmes. Évidemment, s'il ne disait rien, cela pourrait le mettre en danger et cela ne l'empêchait pourtant pas d'agir sans réfléchir à ce niveau-là. Elle soupira profondément et lui donna un conseil qui frisait à l'évidence à son avis.

« Parles-en avec ma mère. »

Alice était la directrice de Poufsouffle puisqu'elle était la mère de sa petite amie, il avait davantage de liens avec elle qu’avec n'importe quel professeur. Elle était le choix évident et Nicolas connaissait son ouverture d'esprit. C’était souvent vers elle qu'il avait dû se tourner puisqu'il était le préfet de sa maison. C'était probablement le meilleur choix et il n'y avait même pas songé. La jeune Serdaigle était de plus en plus inquiète du comportement de son petit-ami et de la façon dont il gérait les choses en ce moment.

La suite de la conversation ne la rassura pas. Non seulement il se sentait démuni pour évoquer tout ce qui avait trait à ses problèmes de préfet, mais il n'avait même plus confiance en lui en ce qui concernait ses frères et sœurs et la maîtrise qu'il pouvait avoir de leur personnalité et de leurs besoins. Il savait pertinemment que son frère et sa sœur tenaient à lui et qu'il pouvait leur parler sans détours, mais il tergiversait et faisait tout ce qu'il pouvait pour ne pas prendre la décision qui s'imposait. Soit il parlait avec chacun d'entre eux et essayait de jouer les intermédiaires comme ils l'avaient toujours fait, soit il prenait du recul et évitait de se ruer dans les brancards pour une fois. Beth savait pertinemment la solution qu'il choisirait.

« Tu sais que t'inquiéter ne sert à rien. Tu l'as toujours su. La question est de savoir si tu veux t'en mêler et essayer de jouer les négociateurs entre eux ou les laisser tranquilles et régler leurs problèmes sans toi. Tu n'es pas responsable des choix que font ton frère et ta sœur et ce n'est pas parce que toute la famille ne vit pas en harmonie 24 heures sur 24 que c'est ta faute. À un moment donné, il faut savoir proposer son aide et accepter qu'on ne la veuille pas. Il ne reste alors plus de raison de tenter de résoudre leurs problèmes. Crois-moi, même quand il s'agit d'un frère et une sœur, on ne peut pas forcément tout résoudre aussi aisément qu'on le voudrait. Je sais ce que je dis, j'aurais souhaité de tout mon cœur que ça soit possible. »